3è édition de la Semaine nationale de la justice : Une vision et des reformes

La mise en œuvre de la refondation de l’État dans le secteur de la justice s’est révélée par un important renversement de l’indice de confiance de la population à l’institution judiciaire passant de moins 30% avant la Transition à 72% en 2024, soit une augmentation de 18% de 2023 à 2024

Publié mardi 14 janvier 2025 à 07:16
3è édition de la Semaine nationale de la justice : Une vision et des  reformes

 La Semaine nationale de la justice vise à rapprocher davantage la justice des justiciables et renforcer la visibilité de ses actions

 

Ces informations émanent des responsables du ministère de la Justice, des Droits de l’Homme. Elles ont été fournies, hier au Centre international de conférences de Bamako (CICB), à l’occasion du lancement officiel de la 3è édition de la Semaine nationale de la justice, sous la présidence du ministre Mamoudou Kassogué.

Quatre membres du gouvernement, dont le ministre de la Communication, de l’Économie numérique et de la Modernisation de l’Administration, Alhamdou Ag Ilyène, ont assisté à l’événement, en présence des acteurs de la justice de notre pays et des partenaires techniques et financiers.

La Semaine nationale de la justice vise à rapprocher davantage la justice des justiciables, à renforcer la visibilité de ses actions. Mais aussi à amener l’institution judiciaire à s’acquitter de son devoir de redevabilité et de reddition de comptes auprès de nos concitoyens, voire du peuple au nom duquel la justice est rendue. Le thème choisi cette année est : «La justice à l’ère des reformes».  

Le ministre Kassogué rappellera que la confiance placée en la justice par les autorités de la Transition pour jouer un rôle majeur dans la refondation de notre État a conduit son département à se donner une vision et un programme. Dont la mise en œuvre, en trois années d’exercice, a permis à la justice d’amorcer un nouveau virage dont il convient, selon lui, de mentionner les grandes lignes en quatre points. 

En premier lieu, les défis de notre justice, en matière de lutte contre la corruption, la délinquance économique et financière, de lutte contre l’impunité, de protection de nos mœurs et de nos valeurs sociales et culturelles, ont amené le département à engager des réformes. Lesquelles ont abouti, a-t-il expliqué, à la création et à l’opérationnalisation du Pôle national économique et financier, du Pôle national de lutte contre la cybercriminalité, de l’Agence de recouvrement et de gestion des avoirs saisis ou confisqués et du Parquet spécialisé de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée.

En deuxième lieu, mentionnera le ministre chargé de la Justice, l’une des tares de notre système de justice pénale était liée à l’arsenal juridique. Ces imperfections étaient caractérisées par des vides juridiques, des insuffisances et son anachronisme, expliquant en grande partie la lourdeur, l’inefficacité, la lenteur dans le traitement des dossiers et l’impunité dans certaines matières.

Des réformes engagées dans le domaine ont permis d’enregistrer des avancées majeures avec la promulgation du nouveau Code pénal et du nouveau Code de procédure pénale. «Deux textes répressifs fondamentaux et générationnels, de portée majeure et historique, qui ont introduit des innovations donnant un nouveau visage à la justice pénale de notre pays», a apprécié Mamoudou Kassogué.

 

MODERNISATION- Le patron du département de la justice malienne a annoncé que 2025 sera certainement la première année d’implémentation de cette réforme d’envergure juridique dont l’une des innovations majeures est la suppression des cours d’assises. Ce qui est synonyme de fin de calvaire pour les justiciables qui étaient, jadis, soumis à de longues années d’attente pour voir se tenir des procès concernant les affaires criminelles à cause de la lourdeur de cette juridiction.

En troisième lieu du bilan, le programme conduit avec méthode et pragmatisme a mis l’accent sur les ressources humaines. Elles constituent un pan important dans la transformation positive de notre justice en jouant essentiellement sur deux leviers : le recrutement de personnel dans des conditions de crédibilité et de transparence attestées et vérifiables. Aussi bien que le changement qualitatif de comportements pour la stricte observance des règles d’éthique et de déontologie par les acteurs judiciaires.


Sur ce volet, a noté Mamoudou Kassogué, notre département, avec le soutien des autorités, a écrit, avec une légitime fierté, une des pages les plus glorieuses de la justice de notre pays depuis son accession à l’indépendance. «En trois ans, il a été recruté 316 auditeurs de justice, 240 greffiers en chef, 125 fonctionnaires de l’administration pénitentiaire et de l’éducation surveillée», a-t-il évoqué. Et de se réjouir que le nombre d’auditeurs de justice recrutés, en 3 ans, dépasse la moitié des effectifs actuels de magistrats, soit environ 250. Une attention particulière et un traitement adéquat seront toujours accordés aux dénonciations et aux observations des justiciables à travers le numéro vert gratuit, 36 111, «Binkani Kunafoni» installé au niveau de l’Inspection des services judiciaires.

Le Garde des Sceaux a fait mention de la modernisation de l’appareil judiciaire pour une bonne administration et distribution de la justice, à travers la dématérialisation des services judiciaires. La bonne nouvelle, pour l’institution judiciaire notamment, a-t-il annoncé, c’est la disponibilité d’un logiciel, presque déjà prêt. Il est conçu par l’Agence des technologies de l’information et de la communication du Mali (Agetic) en collaboration avec les acteurs judiciaires et les informaticiens du département, et sera déployé, dans les semaines voire mois à venir.


Ce logiciel permettra le traitement informatisé des dossiers judiciaires, chaine civile, chaine pénale, casier judiciaire, certificat de nationale, avec une interconnexion de l’ensemble des services judiciaires. Le président de la Commission nationale d’organisation de la Semaine nationale de la justice, non moins secrétaire général du ministère de la Justice, a fait la genèse de l’institutionnalisation de l’évènement. Dr Boubacar S. Diarrah s’étalera également sur les prouesses engrangées suite aux réformes en cours dans le système judiciaire.

Oumar DIAKITE

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