
Dans
le cercle des jeunes, les stupéfiants ont conquis beaucoup de cœurs. Les
saisies régulières de l’Office central des stupéfiants (OCS) démontrent
largement l’engouement pour la consommation de ces substances euphorisantes. Le
2 mars dernier, deux personnes ont été arrêtées dans la Région de Kita en
possession de 104 sachets de cannabis. La liste de ces psychotropes est longue.
Et il faut être «un adepte du milieu» pour identifier les types de drogues.
«14» ou encore «Panneau solaire», les connaisseurs connaissent. Des quartiers
sont réputés pour être des lieux de grande consommation de ces produits
prohibés.
Lassa,
un quartier de la Commune IV du District de Bamako, est perché sur une colline.
La localité est célèbre pour son paysage touristique. Selon des habitants,
beaucoup de jeunes de ce lieu rocheux flirtent avec la drogue. Ici, cite
Hamidou, presque tous les jeunes en consomment. Le jeune habitant indique que
ces toxicomanes se méfient des personnes qu’ils ne connaissent pas. «Chaque
fois qu’ils aperçoivent une nouvelle tête en train de roder dans la zone, ils sont
persuadés que c’est un policier. Ils l’évitent», témoigne l’ouvrier.
Chaque consommateur de stupéfiants est guidé par une conviction. Le jeudi 8 février dernier, un amateur sous anonymat se dit être dans un état sobre. «Les gens oublient que la consommation des stupéfiants n’est pas nuisible quand la dose est contrôlée. J’en prends juste pour me détendre. D’autres le font pour être endurants au lit. Par exemple, le Tramadol peut jouer le rôle d’aphrodisiaque», explique le jeune homme d’une vingtaine d’années. Et de préciser que certains s’y adonnent pour stimuler le courage afin de commettre des délits et des crimes. «Dans la semaine, je consomme trois fois. Mais le week-end, je prends mes doses tout en restant à la maison. Dans le quartier, tout le monde me connaît ainsi. J’invite les gens qui consomment les stupéfiants à ne pas être violents et se comporter bien envers les autres», prévient-il.
SOLIDARITÉ
ADDICTIVE- À en croire certains parents, les jeunes consommateurs ne sont que
des victimes. Selon eux, c'est plutôt la police qui doit garantir la sécurité
de la population. «Ces jeunes sont justes victimes de notre système. C'est à
l'État d'empêcher l'importation de ces stupéfiants dans notre pays. Nous
souffrons énormément. On espère que les autorités trouveront vite une solution
à ce problème pour établir la tranquillité dans notre cité», souhaite Aly
Traoré, père de famille à Lassa. Mohamed Touré est un enfant en situation de
rue à Quinzambougou.
Ce début du mois de février, aux environs de 2 heures du matin, il squatte au niveau du
3è arrondissement avec un petit sachet contenant du chanvre indien.
L’adolescent de 15 ans est accro à toutes les drogues. Sous l’effet des
stupéfiants, il arrive avec difficulté à se tenir debout. «Tantie, ce sachet ne
pourra pas tenir jusqu'à demain. Il me faut une bonne quantité pour que je
puisse bien être à l’aise», avoue celui qui dort sur la place publique.
Depuis
2020, il a quitté le domicile familial suite à une accusation de vol d’or que
lui aurait imputé à tort sa marâtre. Dès lors, dit-il, aucun de ses parents
n’est venu le chercher y compris son père qui, selon lui, avait soutenu la
décision de sa femme. «Après le décès de ma maman en 2018 alors que j’avais à
peine 9 ans, je n’étais plus à l’aise à la maison. Ma belle-mère ne me donnait
plus à manger. Il fallait que je quitte la famille pour pouvoir trouver à
manger», se souvient-il. Pour gagner de quoi vivre, le môme nettoie les vitres
des véhicules au niveau des feux tricolores.
«Je reçois beaucoup de pièces et
cela m’aide à payer des chaussures, me laver dans les toilettes publiques,
manger et aussi payer mes doses», se réjouit le jeune toxicomane. Et d’assurer
qu’il ne vole pas parce qu’il veut honorer sa défunte maman. «Elle m’a toujours
dit que le vol n’est pas bien et qu’un voleur est capable de tout», se
rappelle-t-il avant d’affirmer que s’il manque d’argent pour payer ses doses,
ses camarades lui offrent de quoi passer la nuit. Mohamed Touré apprécie la
solidarité qui existe au sein de leur groupe constitué d’une trentaine de
personnes. Il souhaite sortir de cette situation d’enfant de la rue pour
s’épanouir.
DÉMANTELER
LES RÉSEAUX- Le père de Mohamed Touré est domicilié à Bagadadji en Commune II
du District de Bamako. Le dimanche 12 février à 19 heures, le patriarche, l’air
fatigué, porte un pantalon noir et une chemise orange. «Je ne vous cache rien
ma fille. Mohamed était un enfant très timide et était collé à sa maman qui a
perdu la vie suite à une hypertension. Depuis ce jour, il a changé. Il n’était
plus comme avant et se disputait sans arrêt avec sa marâtre», témoigne le
menuisier. Il soutient avoir trouvé la chaîne d’or de son épouse dans le
pantalon de son fils. «Je vous assure j’ai failli m’évanouir. Je voulais le
frapper et c’est ce jour qu’il est parti de la maison», indique le
quinquagénaire qui souffre d’une déficience visuelle. Il dit avoir retrouvé son
fils après deux ans de recherches. Ce dernier, dit-il, a refusé de revenir à la
maison malgré leur insistance. «En tout cas, je ferai de mon mieux pour qu’il
rentre. Maintenant il a des remords. Il souhaite revenir à la maison sinon il
n’allait pas vous remettre mon numéro», se réjouit l’ouvrier.
La
belle-mère de Mohamed Touré se dit heureuse que son fils change d’avis. «C’est
vrai que le torchon a brûlé entre nous.
Je partage la responsabilité de cette mésentente. Il n’a pas aimé mon mariage
avec son père parce qu’il est l’enfant unique de sa mère biologique», confesse
Mme Touré Badiallo Guissé. Et d’insister qu’elle ne veut pas le voir dans la
rue et encore moins qu’il consomme des produits nuisibles pour la santé. À
Quinzambougou, notre équipe de reportage coïncide avec une patrouille des
forces de l'ordre. Interrogé, un policier confie que la consommation des
stupéfiants est un sérieux problème contre lequel les forces de sécurité
luttent sans arrêt et tous les jours pour démanteler les réseaux.
Notre
interlocuteur rapporte que 90% des personnes interpellées pour des crimes sont
des jeunes qui se droguent. «À travers nos patrouilles, nos descentes et
beaucoup d'autres opérations de police, nous avons démantelé certains réseaux
mères. Mais il reste beaucoup à faire», souligne l'officier ajoutant que le
côté social joue beaucoup sur leur travail, car les parents qui dénoncent ces
drogués sont les mêmes qui retirent leurs plaintes et les supplient de libérer
les délinquants. «Nous ne voulons pas voir nos enfants derrière les barreaux,
c’est juste à titre correctionnel qu’on les amène ici», cite notre
interlocuteur à titre d’exemple de requête des parents auprès de la police.
CONSEILS AVISÉS- Selon le médecin généraliste d’une clinique de la place, Boubacar Diarra, la consommation de drogue entraîne des dommages à court et à long terme. À court terme, le toubib explique que les principaux effets sont les violences en tant que victime ou auteur.
Il cite
les rapports sexuels non consentis et non protégés, les accidents de la route,
les blessures dues à des chutes ou des noyades. Sur le long terme, indique le
praticien, la consommation de stupéfiants et d'alcool entraine des dommages
irréversibles sur le développement du cerveau, la survenue de pathologies comme
la schizophrénie, la dépression, l’hypertension artérielle et des accidents
cardiovasculaires. S’y ajoute le risque de développement de cancers
particulièrement ceux des voies aéro-digestives et des poumons, de pathologies
pulmonaires et cardiovasculaires.
Le
psychologue Mohamed T. Konaré propose aux parents de maintenir le dialogue et
s’intéresser aux activités de leur enfant. «Savoir ne pas être loin, sans être
trop proche. Être son ami, dialoguer avec lui sans arrêt, se maîtriser pour que
la communication puisse être très longue», détaille-t-il. Et de recommander le
suivi de l’enfant souffrant d’addiction par des spécialistes qui proposent un
programme d’arrêt en cas de consommation modérée ou un traitement de
substitution en cas d’usage plus important, notamment d’opiacés. Le psychologue
explique que le sevrage peut être
ambulatoire ou en hospitalisation, selon le choix du jeune consommateur et
l'importance de sa dépendance.
Le spécialiste en psychologie affirme que le
suivi à distance d'un sevrage est primordial pour éviter les rechutes. Selon
lui, il n’y a pas de drogue douce.
Celle dite «naturelle» ne veut pas dire sans danger, prévient le psy. Le Dr Konaré indique que l’enfant doit être informé sur les risques juridiques de la toxicomanie et les conséquences sur la santé. Ce phénomène compromet l’éducation de la jeunesse. Il urge de multiplier les mesures préventives et dissuasives pour protéger les jeunes.
Djeneba BAGAYOGO
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