#Mali : Harcèlement #sexuel : Les femmes visées en priorité

Certaines sont obligées d’abandonner leurs emplois face à l’insistance et aux chantages de leurs persécuteurs

Publié jeudi 08 août 2024 à 18:18
#Mali : Harcèlement #sexuel : Les femmes visées en priorité

Le travail assure l’indépendance. Cette citation de l’écrivain ivoirien Bernard B. Dadié prouve à quel point il est important de travailler. La gent féminine fait face à des défis plus complexes sur les lieux de travail. Elle doit déjouer plusieurs pièges des plus pernicieux aux plus subtils qui se dressent sur son chemin. Parmi les obstacles les plus subtils et coriaces auxquels les femmes sont confrontées figure le harcèlement sexuel.



Ce phénomène est un vice courant dans les services publics aussi bien que privés. Vendredi 14 juin dernier, notre équipe de reportage rencontre Aminata (nom d’emprunt) devant son désormais ancien lieu de stage situé au Quartier du fleuve en Commune III du District de Bamako. La trentenaire, vêtue d’un basin bleu, est coiffée d’une mèche brésilienne. La mine serrée, elle avoue avoir été harcelée par son patron hiérarchique pendant plus d’un an. «J’ai débuté mon stage dans ce service public en 2022. J’ai été confiée à un agent de cette structure pour mon encadrement. Au début, tout allait bien entre nous et à la fin de chaque mois il me donnait de l’argent pour le prix d’essence», raconte Aminata. Un jour, précise-t-elle, son patron l’a accompagnée chez elle en voiture.



 «Arrivés à la devanture de notre maison, il m’a fait des attouchements. Depuis cette nuit, je n’étais plus tranquille au bureau. Il m’a fait comprendre que si je refuse ses avances, il fera tout son possible pour que je sois mise à la porte», témoigne la journaliste qui ajoute qu’elle a finalement quitté ce service en juin dernier.

C’est la deuxième fois, regrette-t-elle, qu’elle doit dire adieu à son emploi pour échapper au harcèlement sexuel. Mme Diallo Fatoumata Cissé est domiciliée au quartier Hippodrome en Commune II du District de Bamako.



Cette  gestionnaire de formation rappelle ses mésaventures dans un service privé de la place. Dans son salon, en compagnie de ses enfants, elle nous relate en larmes les faits qui remontent à l’année dernière. «J’ai fait plus de 3 ans dans cette entreprise. Après une absence de plusieurs mois à cause de la maternité, j’ai trouvé que le service m’a remplacé par mon assistante. Mais, j’ignorais qu’elle sortait avec le patron de notre boîte», dit-elle. Un jour, poursuit la dame, cette dernière a été congédiée.



«Après le départ de celle-ci, le patron, m’a fait des avances et a prévenu que mon refus me coûtera aussi mon poste. On avait un contrat à durée déterminée c’est pourquoi il prenait du plaisir à renvoyer ses employées», raconte Mme Diallo Fatoumata Cissé dont la réponse négative lui a valu un renvoi en bonne et due forme. «On ne me donnait pas de tâches à exécuter. Jusqu’à ce que j’ai décidé de quitter la société», confie la gestionnaire. «Je n’avais envie de rien lorsque j’ai quitté ce service. Plus tard, j’ai été contactée par une banque de la place. Là également je n’ai pas échappé au harcèlement. C’était de mal en pis. Finalement, mon époux m’a offert deux congélateurs qui me permettent de vendre de la glace. Ce commerce ne marche plus à cause des coupures d’électricité»,  renchérit celle qui vend également des pagnes wax qui lui permettent de joindre les deux bouts.


 

DE BOURREAU À PROIE- La patronne d’une  entreprise de la place, sous anonymat, témoigne que notre société est corrompue. «La morale est en décadence et certains recruteurs conditionnent l’obtention d’un emploi à la satisfaction des vices et caprices notamment les faveurs sexuelles du chef. Une femme bien éduquée ne cède jamais à ce genre de chantage», explique-t-elle. Du coup, poursuit la cheffe d’entreprise, certaines se voient refuser des emplois même si elles sont à compétences égales ou même supérieures à certains hommes. «Dans mon service, pour le moment, je n’ai pas connaissance de cas de harcèlement sexuel. En tant que femme, je protège mes sœurs. Je ne ferai pas de cadeau aux personnes qui se livrent à cette pratique», assure notre source.



Un agent de la direction régionale du travail du District de Bamako affirme que le Code du travail traite sur le même pied les hommes et les femmes face aux opportunités d’emplois. «Il n’y a pas de ségrégation en ce qui concerne les femmes et les hommes. Quand ils ont les mêmes diplômes, les mêmes compétences, un traitement salarial équitable est appliqué. La loi est juste et équitable en matière de traitement des hommes et des femmes», soutient-il.



Dr Modibo Touré sociologue  confirme que le harcèlement sexuel est une pratique courante dans les administrations. Selon lui, le phénomène est considéré comme un enchaînement d’agissements hostiles et à connotation sexuelle dont la répétition est de nature à perturber une personne par rapport à son travail et à son équilibre psychologique et moral.

Dans une administration, indique-t-il, un patron peut faire du harcèlement systématique une arme de pression en brandissant par exemple l’étendue de son pouvoir de décision et de son pouvoir matériel, surtout financier pour influencer une personne et la soumettre à ses caprices. à ce moment, fait-il savoir, ce harcèlement devient intéressé, car à la longue la victime peut être attirée par l’appât du gain facile et succomber à la tentation.



Dr Touré affirme aussi qu’on peut retrouver une autre forme de harcèlement qu’on appelle «la promotion canapé» qui est l’obtention d’une promotion, d’une nomination, contre une faveur sexuelle. La victime peut être ainsi amenée à se livrer à son patron pour voir sa situation administrative améliorée. Le sociologue souligne que ces relations conduisent la femme mariée à vivre une sorte de polyandrie et peut l’exposer aux maladies sexuellement transmissibles (MST) et générer de l’instabilité dans le service.



Il faut rappeler que dans certains cas de figure, le bourreau peut devenir la proie de la victime. Si certaines femmes se soumettent volontiers aux plaisirs du chef et retournent la situation en leur faveur en préférant garder l’omerta sur cette relation pourvu qu’elles bénéficient de certains privilèges, d’autres par contre en font une arme de domination voire de confrontation avec des collègues.



C’est ainsi que la femme qui a conquiert le cœur du responsable croit pouvoir imposer sa vision à une partie du personnel à qui elle ne se gêne pas de faire comprendre à tous ceux qui veulent la contrarier qu’elle est dans les bonnes grâces du chef.



Cette posture de vouloir dicter sa volonté aux autres génère des tensions permanentes entre collègues et cette dernière. Souvent, le responsable est très mal placé pour remettre de l’ordre dans son entreprise une fois qu’il est tombé dans son propre panneau en nouant des relations amoureuses avec une collègue. Ceci est le revers de la médaille de cette relation coupable et répréhensible.


Le substitut du procureur près le Tribunal de la Commune I, Moussa Drissa Guindo, nous enseigne que notre pays ne dispose pas pour le moment de loi interdisant le harcèlement sexuel. Toutefois, assure-t-il la nouvelle loi en projet a pris en compte cette infraction.

Djeneba BAGAYOGO

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