#Mali : Trafic de bois de rose : Le phénomène prend de l’ampleur entre la Chine et le Mali

Entre mai 2020 et mars 2022, la Chine a importé du Mali 220.000 arbres – soit 148.000 tonnes – d’un type de bois de rose connu sous le nom de kosso, et ce malgré l’interdiction de sa récolte et de son commerce dans ce pays d’Afrique de l’Ouest en proie à des troubles, selon un rapport publié mercredi par l’Agence d’investigation environnementale (EIA).

Publié mercredi 03 juillet 2024 à 14:27
#Mali :  Trafic de bois de rose : Le phénomène prend de l’ampleur entre la Chine et le Mali

Un chargement de bois rose au Mali

 

Ce bois est utilisé pour fabriquer des meubles de style ancien très coûteux. Il est si populaire en Chine, où il est connu sous le nom de «hongmu», ou «bois rouge», que le pays draîne quelque 90 % des exportations mondiales, selon Haibing Ma, spécialiste de la politique asiatique à l’EIA. Le Vietnam est également un acheteur clé de ce bois.

Le bois de rose est une espèce traditionnellement et culturellement appréciée par les Chinois, donc il y a presque comme une demande insatiable là-bas», a-t-il déclaré à VOA. De 2017 à 2012, la Chine a importé du Mali un demi-million de kosso, d’une valeur d’environ 220 millions de dollars, a constaté l’agence. Haibing Ma note que le commerce « a déjà causé d’énormes impacts écologiques, économiques et sociaux négatifs dans les pays d’origine»

Le bois de rose provenait principalement de l’Asie du Sud-Est, mais ces forêts étant saturées, les négociants chinois se sont tournés vers l’Afrique de l’Ouest, notamment le Mali, un pays qui a subi deux coups d’État depuis 2020 et qui lutte contre une insurrection jihadiste.

Le Mali avait déclaré une interdiction de récolte de bois de rose en 2020, mais celle-ci a été levée l’année suivante. Depuis, une « interdiction de l’exportation de bois » est en vigueur, mais les exportations vers la Chine se sont poursuivies, ont constaté les enquêteurs de l’EIA, qui estiment que plus de 5.500 conteneurs remplis de kosso ont été exportés vers la Chine de mai 2020 à mars 2022.

La majeure partie de l’exploitation forestière a lieu dans des zones protégées telles que des réserves forestières, en violation du code forestier malien.

Selon le rapport de l’EIA, tant le commerce illégal de kosso que le monopole d’exportation accordé à la Générale Industrie du Bois SARL, une société dirigée par un entrepreneur malien, s’appuieraient sur une « corruption profondément ancrée » qui inclut l’utilisation de permis non valides pour expédier le bois. Les enquêteurs de l’EIA ont également appris que des fonctionnaires recevaient des pots-de-vin pour ignorer l’exploitation et le trafic du bois.

Des camions transportent le bois de Bamako, la capitale du Mali, jusqu’au port de Dakar, au Sénégal. De là, les grumes sont expédiées en Chine. Les demandes de commentaires adressées par courrier électronique à l’ambassade de Chine à Bamako et à Mamadou Gackou, secrétaire général du ministère malien de l’Environnement, de l’assainissement et du développement durable, sont restées sans réponse.

 

Bois de rose, ivoire et jihadistes- Selon l’EIA, le trafic de bois de rose sert également à la contrebande d’autres marchandises. De l’ivoire illégal, dont une partie provient de l’abattage des éléphants du désert du Gourma, une espèce presque anéantie au Mali, a été trouvé à l’intérieur des troncs.

« Il semble que le négociant chinois connu localement sous le nom de « Frank » et son partenaire commercial, qui mènent la plus grande opération de commerce de bois de rose du pays, ont également été impliqués dans la contrebande d’ivoire entre le Mali et la Chine, à partir de 2017 jusqu’à au moins 2020 », indique le rapport. Il y a quelques mois, lorsque les enquêteurs de l’EIA ont parlé aux partenaires commerciaux de Frank, « ils étaient encore occupés à trouver comment faire sortir du pays un maximum de kosso qu’ils avaient dans le dépôt », a déclaré Raphael Edou, responsable du programme Afrique à l’EIA.

Les jihadistes au Mali utilisent la question du trafic de bois comme moyen de propagande, affirmant qu’ils sont les seuls à pouvoir mettre fin à l’exploitation des précieuses forêts du pays, a constaté l’EIA.

« Les partisans des rebelles ont exploité la crise forestière et la frustration de la population dans les provinces du Sud comme un moyen de promouvoir leur cause. Ils affirment fréquemment que seule la stricte discipline des jihadistes peut mettre fin à la crise du bois de rose et à la corruption qu’elle a alimentées », indique le rapport.

Les réponses au problème de l’exploitation forestière

Pékin, note Haibing Ma, a stipulé que tous ses investissements étrangers dans le cadre de la Nouvelle route de la soie « devraient s’en tenir au principe et aux orientations énoncés dans l’accord de Paris », le président Xi Jinping soulignant aussi que « la coopération entre la Chine et l’Afrique ne se fera jamais au détriment des intérêts des peuples africains. »

Le pays doit maintenant joindre le geste à la parole et mettre fin à l’exportation de bois illégal depuis le Mali, a déclaré Haibing Ma : « En tant que grande puissance responsable, la Chine doit faire des efforts pour nettoyer ses lignes commerciales. » La Chine a pris des mesures pour mettre fin à l’exploitation forestière au Gabon, où des entreprises chinoises ont été liées au trafic illégal de bois en 2019. À cette époque, Pékin a signé un accord pour aider à lutter contre l’exploitation forestière illégale et à développer la gestion des forêts au Gabon. Depuis que les deux pays ont commencé à coopérer, le Gabon a connu une chute spectaculaire de l’exploitation forestière illégale, selon Lee White, ministre gabonais des Eaux, des forêts, de la mer et de l’environnement, comme le rapporte le South China Morning Post.

Interrogé sur ce qu’il adviendrait des bûcherons si le commerce du bois de rose était arrêté, Raphael Edou de l’EIA a déclaré que ceux-ci viennent généralement des pays voisins et que les communautés maliennes n’apprécient pas leur présence. « D’après notre enquête, la plupart des communautés forestières du Mali ont souffert à cause de la crise du bois de rose. Le bois est couramment volé dans les zones forestières des communautés. Les dirigeants locaux ont soulevé le problème à de multiples reprises : certains font de l’argent, eux en paient le prix », a-t-il déclaré. Les résidents locaux finissent par perdre leurs forêts et ne reçoivent pas d’argent pour le bois. Certaines communautés vont jusqu’à patrouiller dans leurs forêts dans l’espoir d’attraper les bûcherons eux-mêmes.

L’enquête de l’EIA intervient alors que le secrétariat de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), décrite comme « un accord international entre gouvernements » qui vise à protéger la survie des espèces commercialisées au niveau mondial, délibère sur une interdiction du commerce régional. En mars, en réponse à la demande des pays d’Afrique de l’Ouest, une réunion de la CITES a donné aux États jusqu’au 27 avril pour démontrer que leurs exportations étaient légales ou déclarer un quota d’exportation nul.

S’ils ne le font pas, ils s’exposent à une suspension des échanges commerciaux. « Le secrétariat de la CITES analyse toutes les informations reçues. On s’attend à ce que cette analyse soit terminée d’ici la fin du mois », a déclaré David Whitbourn, porte-parole de la CITES, à VOA dans un courriel.

« Lorsque l’analyse sera terminée, une recommandation de suspension des échanges commerciaux de Pterocarpus erinaceus (bois de rose) sera mise en place pour les parties qui n’ont pas répondu ou qui n’ont pas fourni de justification satisfaisante », a-t-il ajouté.

Voaafrique.com

Rédaction Lessor

Lire aussi : Fonctions publiques au Mali : Les agents non identifiés seront radiés des effectifs après le délai de grâce

Les agents qui ne se sont pas présentés lors des opérations d'identification biométrique ont un délai de grâce de trois mois, allant du 8 septembre au 8 décembre 2025 pour régulariser leur situation administrative.

Lire aussi : Incivisme : L’artiste Black M. interpelé

De son vrai nom, Alpha Diallo, le rappeur Franco-guinéen, connu sous le nom d'artiste « Black M », en séjour en Côte d'Ivoire et se trouvant dans une situation de conduite imprudente, a été interpellé..

Lire aussi : Insolite: Neymar désigné hériter d'un autre homme que son père

Nouvelle incroyable au Brésil concernant Neymar Jr. En effet, le footballeur a été désigné hériter d'un milliardaire en dollars autre que son père. Le testament a été rédigé à son nom..

Lire aussi : Goundam : Le geste philanthropique d’El Hadj Alphamoye Haîdara

Une habitante de la ville de Goundam a vu sa maison effondrer suite aux multiples érosions et intempéries survenues au cours de la saison d’hivernage..

Lire aussi : Kayes : EDM-SA rétablit l’électricité dans le secteur des logements sociaux

Après avoir passé trois nuits dans le noir, certaines familles des logements sociaux de Kayes et ses alentours ont enfin poussé un ouf de soulagement suite au rétablissement de l’électricité dans leur secteur. Rappelons que certaines concessions de la cité ATT Bougou (logements sociaux) et .

Lire aussi : Mopti : Plusieurs points à l’ordre du jour de la 2è session ordinaire du CROCSAD 2025

La salle de conférence du gouvernorat de Mopti a abrité du lundi au mardi dernier les travaux de la 2è session ordinaire du Comité régional d’orientation, de coordination et de suivi des actions de développement (Crocsad) de la région au titre de l’année 2025..

Les articles de l'auteur

Hôpital militaire de Banankoro : Le chantier avance

Le ministre de la Défense et des Anciens combattants, le Général de corps d’armée Sadio Camara et sa collègue chargée de la Santé et du Développement social, le médecin-Colonel Assa Badiallo Touré, se sont rendus hier sur le site pour constater l’évolution des travaux.

Par Rédaction Lessor


Publié jeudi 04 septembre 2025 à 08:14

Enseignement supérieur : Restitution des résultats de l’évaluation du système de recherche en sciences sociales au Mali

-.

Par Rédaction Lessor


Publié mercredi 03 septembre 2025 à 08:05

Programme «Incubateur de talents Maliden Kura» : Le ministre Daffé reçoit les bénéficiaires de la première cohorte

La salle de conférence du ministère de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme a accueilli, le mardi 2 septembre, une rencontre entre le ministre Mamou Daffé et les lauréats du programme «Incubateur de talents Maliden Kura-ITM», un dispositif innovant inscrit dans le cadre du projet Culture Mali.

Par Rédaction Lessor


Publié mercredi 03 septembre 2025 à 07:58

Formation professionnelle : La ministre Oumou Sall Seck remet 20 machines à coudre à l’ARDCT

La ministre de l’Entrepreneuriat national, de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Mme Oumou Sall Seck, a procédé, le vendredi 29 août, à la remise de 20 machines à coudre à l’Association des ressortissants et sympathisants pour le développement du Cercle de Tombouctou (ARDCT), conduite par son secrétaire exécutif, l’ambassadeur Mahmoud Mohamed Arby..

Par Rédaction Lessor


Publié mercredi 03 septembre 2025 à 07:20

Affaires religieuses : Le ministre Koné accorde une audience au nouvel ambassadeur du Mali en Égypte

Le ministre des Affaires religieuses, du Culte et des Coutumes, Dr Mahamadou Koné, a accordé hier une audience à Samba Alhamdoulillah Baby, nouvel ambassadeur du Mali en République arabe d’Égypte..

Par Rédaction Lessor


Publié mardi 02 septembre 2025 à 07:15

Assep : Le nouveau bureau reçu par le ministre Mossa Ag Attager

Le ministre des Maliens établis à l’Extérieur et de l’Intégration africaine, Mossa Ag Attager, a reçu en audience le lundi 1er septembre, le nouveau bureau de l’Association des éditeurs de la presse privée du Mali (Assep), conduit par son président, Boubacar Yalcoye..

Par Rédaction Lessor


Publié mardi 02 septembre 2025 à 07:10

Biennale artistique et culturelle, Tombouctou 2025 : Koulikoro n’entend pas faire de la figuration

Le gouverneur de la Région de Koulikoro, le Colonel Lamine Kapory Sanogo, a présidé, vendredi dernier dans la salle de conférence du gouvernorat, une réunion sur les préparatifs de la prochaine Biennale artistique et culturelle qui doit se tenir en décembre à Tombouctou..

Par Rédaction Lessor


Publié lundi 01 septembre 2025 à 08:50

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner