
Une pompiste en pleine activité dans une station à Bamako
À
Hamdallaye, en Commune IV du District de Bamako, non loin du cimetière, se
trouve une station d’essence. Elle se distingue par le nombre important de ses
femmes pompistes. La huitaine de femmes vêtues en uniforme bicolore (rouge et
noir) ravitaille les automobilistes en carburants.
«Essence ou gasoil ? Combien
de litres ?», interroge l’une d’entre elles à l’arrivée d’une voiture. «Être
pompiste est un travail comme les autres. Il n’y a plus de métiers
exclusivement réservés aux hommes. L’essentiel est d’avoir confiance en
soi-même», lance Maïmouna N’Diaye, 28 ans. La titulaire d’une licence en
lettres enseignait dans une école privée avant que l’établissement ne ferme ses
portes.
Retrouver la gent féminine dans ce métier relève, pour l’instant, d’un exploit. Les regards n’étant pas habitués à voir les filles exercer ce métier : ce travail requiert des aptitudes et recèle des contraintes physiques et sanitaires en raison de la physionomie de la femme. Des téméraires ont décidé de sauter le pas en ne réfléchissant pas aux contraintes mues par l’instinct de s’extraire de l’oisiveté et de refuser la fatalité d’un métier exclusivement réservé aux hommes. Cette «intrusion» est diversement interprétée et fait aujourd’hui sensation.
ÊTRE
GÉRANTE- À l’instar de Maïmouna N’Diaye, leur motivation fascine clients et
collègues. Sa carrière de pompiste a démarré, il y a cinq mois. Lorsqu’elle
apprend par une amie qu’une station d’essence est à la recherche de femmes pour
le métier de pompiste. Au début, Maï pour les intimes, a hésité, avant de
décider de saisir cette opportunité. «Les stéréotypes ont la vie dure et
j’avais surtout peur du qu’en-dira-t-on, du jugement des autres.
Je n’ai pas
arrêté de me dire que j’allais être en contact direct avec des milliers de
personnes dont certaines pourraient avoir une mentalité rétrograde considérant
que le travail est dégradant et qu’il n’est pas fait pour les femmes»,
raconte-t-elle, avant de se réjouir qu’à ce jour, elle n’a pas été victime de
remarques désobligeantes. Au contraire, avoue-t-elle, les clients sont
sympathiques. Selon elle, cela peut se justifier par le fait qu’elle est une
femme et que son audace et sa témérité à exercer ce métier censé être réservé
aux hommes ont payé.
Neïssa
Diallo, 22 ans, est coquette. Les ongles vernis, le visage maquillé, elle
travaille de 10 à 17 heures avec une pause de 20 minutes. Les automobilistes,
en vagues ininterrompues, ne lui laissent guère de répit. Malgré un petit
gabarit, son regard vif et déterminé impose le respect. Elle manie le pistolet
avec aisance sous l’œil attentif du gérant.
«Quand on m’a proposé le métier de
pompiste, j’en ai souri parce que je ne me sentais pas capable d’assumer
la tâche. Je ne me voyais pas servir de l’essence avec des talons. Quand j’ai
accepté l’offre d’emploi, ma mère était choquée. Mais après m’avoir accompagnée
plusieurs fois à la station-service, elle a vite changé d’avis. C’est un bon
boulot qui n’a pas toutes les contraintes d’un travail de bureau. Il y a du
contact humain, des échanges aussi. Ce qui est sûr, c’est que je me sens à
l’aise», confie-t-elle. Neïssa Diallo travaillait comme secrétaire dans une
entreprise de la place. Pour s’adapter, elle a du faire beaucoup de sacrifices.
«La seule chose qui me dérangeait, c’était l’odeur de l’essence, difficile à supporter. Je sais maintenant quel carburant choisir avant que le client ne le précise. À l’odorat, je sais faire la distinction entre les deux carburants», précise notre l’interlocutrice. Interrogée sur sa perception de l’avenir, le visage de Neïssa s’illumine. Elle est optimiste, dévouée et battante. Elle souhaite gravir les échelons pour occuper le poste de gérante de leur station.
HARCÈLEMENT
DE CERTAINS CLIENTS- Pour y arriver, selon son collègue Mohamed Bomboté, il
faut qu’elle se mette dans la peau d’un homme. Cet ouvrier avec ses six années
d’expérience confie que le métier de pompiste requiert certaines aptitudes. Il
avoue être au départ contre l’idée de recruter des femmes dans la station à
cause des tâches pénibles et multiples à exécuter. «Il est demandé à l’employé
de station-service d’être un homme orchestre.
Parce qu’il est appelé à exécuter
certaines tâches comme être vulcanisateur pour vérifier le gonflage ou assurer
le démontage/montage des pneus, effectuer des opérations d’entretien courant et
de petite mécanique, nettoyer les pare-brises, contrôler l’approvisionnement en
carburants (vérifier les livraisons et les niveaux des cuves)», cite-t-il,
soulignant que certaines de ces missions ne sont pas effectuées par les femmes.
Le pompiste expérimenté relève qu’elles restent centrées sur la distribution du
carburant, ainsi que la vente de produits en station (accessoires auto,
alimentation, boissons, etc.) Mohamed Bomboté renchérit que le métier de
pompiste requiert aussi du travail de nuit.
Il rappelle qu’au début, les filles
servaient dans les boutiques avant d’être pompistes. «Aujourd’hui, elles s’en
sortent bien et créent de l’ambiance. Elles sont comme des fleurs odorantes qui
attirent les abeilles, ce qui n’est pas sans risques aussi pour le métier
qu’elles exercent», assure Mohamed. Ce n’est pas Aminata Drabo, 30 ans, qui
dira le contraire, elle qui rapporte avoir été victime de harcèlement par un
client. C’est l’un de ses collègues qui va la secourir après avoir remarqué la
scène. Ce dernier la remplaçait discrètement à chaque fois que «le harceleur»
revenait à la station service.
Elle raconte aussi qu’un client a même refusé
d’être servi par une femme prétextant qu’elle est incompétente. Mais en
général, les clients, qu’elle tutoie allègrement, sont contents d’être servis
par une femme. «Un jour, un homme est descendu de sa voiture pour me faire la
révérence. Il était ravi de voir une femme pompiste», se rappelle-t-elle. «Je
reçois beaucoup de cadeaux des clients. Très souvent, à l’approche des fêtes,
certains m’offrent de l’argent.
D’autres des tissus basin et d’autres encore me
donnent le pourboire. Je m’entends bien avec le personnel de la station. Je
travaille trois fois dans la semaine de 8 heures à 15 heures et de 16 heures à
22 heures pendant le week-end», précise la pompiste. Elle invite les autres
jeunes filles à ne pas hésiter à embrasser le job de pompiste si l’opportunité
se présente. «C’est digne et réjouissant de gagner son argent à la sueur de son
front plutôt que de compter sur quelques billets venant des hommes»,
conseille-t-elle.
DÉCLOISONNER
LE MÉTIER- Lassine Diop, un usager, pense que ces jeunes femmes sont plus
motivées que des hommes. «Elles franchissent des obstacles, avancent et
acceptent tout travail décent qui leur permet de gagner honnêtement leur vie.
Se risquant à une comparaison, il pense que chacune de ces filles équivaut à
mille jeunes garçons oisifs qui passent leur temps à deviser dans les grins
autour du matériel de thé. Elles sont admiratives et forcent le respect et
n’attendent pas de vivre aux crochets de providentiels bienfaiteurs. Vraiment,
je tiens à les remercier pour leurs efforts et j’espère que leurs exemples
inspireront les autres dans les jours à venir», confie-t-il, tout en appréciant
leur accueil chaleureux et convivial.
Plusieurs
femmes veulent saisir cette opportunité d’emploi, mais il n’y a pas toujours la
garantie qu’elles soient recrutées. «Beaucoup de gens postulent pour l’emploi.
Nous les trions sur le volet et optons pour celles qui sont qualifiées, car il
y a des exigences très spécifiques pour accéder à cet emploi. Il n’est pas
toujours facile cependant d’être retenue, tant les critères de sélection
paraissent drastiques. Elles doivent aussi être présentables en plus des
compétences nécessaires pour ce travail. Autrement dit, les recruteurs ne
lésinent pas sur la physionomie de l’employée», souligne Mohamed Diarra, gérant
d’une station d’essence.
Selon
lui, l’autre revers de la médaille de cette sélection drastique est qu’il
arrive que la station soit confrontée à des employées qui au lieu de servir les
clients, passent leur temps à leur faire les yeux doux et proposent même
vertement leur numéro de téléphone aux clients. «Du coup, on prend le soin de
bien vérifier les fiches des candidates avant de les appeler. Ensuite, nous
leur faisons passer des tests avant de les recruter. C’est tout un long et
méticuleux processus avant de les envoyer à la pompe», précise le gérant
Diarra.
Pendant
la grossesse, assure-t-il, la station accorde le repos payé aux femmes
pompistes y compris pendant le congé de maternité après leur accouchement.
Mohamed Diarra assure que ces conditions matérielles et financières ne sont pas
offertes par toutes les stations d’essence privées de la place. Il est
conscient qu’une femme enceinte ne peut pas supporter l’odeur de l’essence et
du gasoil, ce qui accroît les malaises dus à l’état physiologique de la femme
enceinte. «Nous avons entendu des cas où des femmes ont dissimulé leur
grossesse pour continuer à exercer ce travail au mépris de leur santé. Ce sont
des situations compromettantes pour les stations.
C’est pourquoi, le
recrutement des femmes au niveau des stations services est problématique»,
insiste-t-il. Le courage et la détermination de ces pionnières à évoluer dans
ce créneau ont permis de démystifier ce métier et de le décloisonner pour le
bonheur de ces téméraires. Il a également permis d’ouvrir la voie à leurs
camarades réticentes en leur offrant des opportunités d’emplois à ne pas
rejeter sous le prétexte des préjugés ou des stigmatisations. Celles qui ont
accepté de sauter le pas ont contribué à briser les tabous et les barrières.
Djeneba BAGAYOGO
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