À l’heure du Mali : Dans la marche du monde, bas les mythes !

Elle a captivé l’attention du monde entier, le temps d’un éclair. Et deux mois après sa fin, qui s’en souvient encore ? Nous parlons de la désormais célèbre «guerre des 12 jours» entre l’Iran et Israël. Les conflits les plus brefs sont souvent le fruit d’une conclusion tacite sur le vainqueur ou d’un compromis autour des intérêts vitaux des puissants protagonistes.

Publié vendredi 22 août 2025 à 08:17
À l’heure du Mali : Dans la marche du monde, bas les mythes !

Deux enseignements émergent de ce choc furtif, comparé à d’autres, bien plus longs : une large partie de l’opinion internationale y a vu une victoire iranienne, et un mythe est tombé, celui de la puissance militaire israélienne, ou du moins de son arme fétiche, le «Dôme de fer».


Il faut dire que cette guerre a frappé l’État hébreu en plein doute, après l’attaque surprise du Hamas le 6 octobre, baptisée «le Déluge d’Al-Aqsa», et les otages israéliens toujours introuvables à ce jour.


Ces deux conflits ont aussi ébranlé un autre mythe, vieux de 80 ans : celui de l’Organisation des Nations unies. Née comme un messie pour semer la paix après la Seconde guerre mondiale, l’ONU devait corriger les faiblesses de sa devancière, la Société des Nations. De nombreux experts en relations internationales ont nourri de grands espoirs pour cette institution, reléguant la SDN au rang de simple forum de dialogue, tandis que l’ONU, avec son organe phare, le Conseil de sécurité, semblait taillée pour des décisions concrètes.


Cette vision a donné corps à l’objectif du maintien de la paix à travers des opérations ad hoc. En 2019, on comptait 58 missions de maintien de la paix menées par l’ONU, avec des résultats contrastés, de la première Force d’urgence sur la crise du canal de Suez en 1956 à la Minusca en Centrafrique, en passant par la Minusma au Mali.


Depuis sa création, l’ONU a longtemps entretenu la promesse d’être faiseuse de paix, sans jamais pleinement convaincre ni les citoyens du monde, premiers bénéficiaires de ses actions, ni la majorité de ses États membres, privés de statut permanent et de droit de veto. L’institution logée dans la Tour de verre de Manhattan peut se targuer d’être un haut lieu de diplomatie mondaine, mais peine à incarner une grande faiseuse de paix, croulant sous le poids des conflits violents qui n’ont épargné aucun continent.


Certes, des voix autorisées reconnaissent des succès aux opérations de maintien de la paix : la Sierra Leone, la Côte d’Ivoire, le Cambodge, le Timor oriental sont souvent cités. «Les Casques bleus réduisent la probabilité que les guerres civiles se reproduisent», affirme la professeure Lise Howard de l’Université de Georgetown, dans son ouvrage Power in Peacekeeping (Cambridge University Press, 2019). «Ils contribuent également à la conclusion d’accords de paix. Là où il y a une promesse de soldats de la paix, nous avons plus de chances de voir des accords qui tiennent», poursuit-elle.


Ces rappels montrent combien l’ONU a occupé le devant de la scène depuis 1945, entre échecs et succès, dans la construction d’une architecture de paix mondiale en perpétuelle turbulence. L’organisation a eu le temps d’écrire son histoire, avec des secrétaires généraux emblématiques comme le Suédois Dag Hammarskjöld, le Péruvien Javier Pérez de Cuéllar, le Ghanéen Kofi Annan et des sessions du Conseil de sécurité épiques, des Assemblées générales légendaires.


Mais depuis peu, l’ONU semble aphone et inaudible face au conflit russo-ukrainien déclenché en février 2022, à la guerre chronique au Proche-Orient, et surtout lors de la «guerre des 12 jours» entre Israël et l’Iran en juin dernier. Que dire de son absence dans les pourparlers actuels entre la Russie, les États-Unis, l’Europe et l’Ukraine ?


L’ONU a eu le temps de forger son mythe, qui semble aujourd’hui s’effacer sous l’accélération de l’histoire : d’abord avec la fin de la guerre froide ayant favorisé l’avènement d’un monde unipolaire dominé par l’«Occident collectif», puis avec le retour d’un monde bipolaire (l’Occident et le reste du monde), voire multipolaire (l’Occident, les BRICS, et les autres).


En ces heures présentes, c’est bas les mythes : ceux de l’Occident, d’Israël, du Dôme de fer, de l’ONU, et bien d’autres encore. Dans ce décor, il est urgent pour l’Afrique de chercher sa place et de la revendiquer, elle qui incarne l’avenir démographique, juvénile et économique du monde. L’Union africaine, censée porter cette ambition, peine à s’imposer dans les grands bouleversements géopolitiques en cours, que ce soit au sein de la Confédération des États du Sahel (AES), au Soudan, en Libye ou ailleurs.


C’est une raison évidente pour la Confédération AES, qui a levé le masque de l’impérialisme, de poursuivre sa ligne souverainiste dans un monde qui dit : bas les mythes ! Et ce, à travers des partenariats bilatéraux sincères. L’AES entame la construction d’une réalité intangible : celle d’une Afrique qui assume son nouveau destin, loin de tout mythe.

Alassane Souleymane

Lire aussi : Hydrocarbures : Le CNT salue la résilience et la résistance des Maliens

Lors de la clôture de la 2e séance plénière du mois d’octobre du Conseil national de Transition (CNT) ce vendredi 31 octobre, le président Malick Diaw a livré un discours saisissant..

Lire aussi : Le Premier ministre sur l'approvisionnement du pays en carburant : " Nous allons surmonter cette crise ''

La population malienne traverse une période difficile à cause de la crise d'hydrocarbures imposée par les terroristes depuis quelques semaines. En ces moments pénibles, la sensibilisation de la population sur les efforts consentis dans l'approvisionnement du pays en carburant est cruciale..

Lire aussi : Forum national sur la justice : Hisser l'appareil judiciaire à la hauteur des enjeux et défis contemporains

-.

Lire aussi : Approvisionnement du pays en carburant : Le Premier ministre salue le patriotisme des acteurs impliqués

La rencontre hebdomadaire du comité interministériel de gestion des crises et catastrophes, tenue hier à la Primature, a été mise à profit pour faire le point de la situation, déplorer certaines pratiques d’éléments des forces de l’ordre qui entravent les efforts en cours. Le Chef du go.

Lire aussi : Amap : L'ouverture des activités de relance de l’Agence présidée par le ministre Alhamdou Ag Ilyēne

Le ministre de la Communication, de l'Economie numérique et de la Modernisation de l’Administration a présidé la cérémonie d'ouverture des Journées de relance de l’Agence nationale de la presse du Mali. C'était ce lundi matin au Centre International de Conférences de Bamako ( CICB)..

Lire aussi : Cameroun: Paul Biya réélu pour un 8è mandat

Le Conseil constitutionnel du Cameroun a proclamé, ce 27 octobre, les résultats de l'élection présidentielle du 12 octobre..

Les articles de l'auteur

À l’heure du Mali : La dignité à la puissance malienne

Depuis plusieurs semaines, notre pays vit une pénurie de carburant sans précédent. À Bamako comme dans plusieurs régions, les files d’attente s’allongent, les moteurs se taisent, et nos compatriotes subissent la crise..

Par Alassane Souleymane


Publié lundi 27 octobre 2025 à 09:14

Crise du carburant au Mali : Quand le temps confirme les prémonitions du président Assimi Goïta à Moscou

Dans le cadre de sa visite officielle en Fédération de Russie, le Président de la Transition, le Général d’armée Assimi Goïta, a rencontré le mardi 24 juin 2025, à Moscou, les membres de la communauté malienne résidant en Russie..

Par Alassane Souleymane


Publié jeudi 16 octobre 2025 à 13:54

À l’heure du Mali : Pour la souveraineté minière, la SOREM frappe fort

Le 8 octobre, alors que nos compatriotes se relevaient de quelques jours de pénurie de carburant dans la capitale et dans d’autres régions du pays, l’histoire économique du Mali écrivait une bien belle page dans l’élan de souveraineté amorcé par les plus hautes autorités..

Par Alassane Souleymane


Publié vendredi 10 octobre 2025 à 11:47

Perspectives sahéliennes : L’albinos noir vivement attendu

-.

Par Alassane Souleymane


Publié mardi 07 octobre 2025 à 09:22

Perspectives sahéliennes : Les agropoles de la souveraineté alimentaire

De la deuxième session ordinaire de l’Assemblée de l’Union africaine à Maputo (Mozambique), en juillet 2003, l’on retient l’engagement des États membres à consacrer annuellement 10 % des dépenses publiques à l’agriculture. Vingt-deux ans plus tard, seuls quelques pays, comme le Mali, ont franchi le pas. La Déclaration de Maputo sur l’agriculture et la sécurité alimentaire en Afrique a marqué le lancement officiel du Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine (PDDAA)..

Par Alassane Souleymane


Publié mardi 30 septembre 2025 à 09:38

À l’heure du Mali : L’AES à la tribune de l’ONU, entre flèches sifflantes et sagesses sahéliennes

Il semble bien lointain, ce temps où les chefs d’État du monde entier se succédaient à la tribune de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU), souvent avec un écho sourd tombant dans les oreilles des peuples qu’ils étaient censés représenter..

Par Alassane Souleymane


Publié lundi 29 septembre 2025 à 07:24

À l’heure du Mali : Un «22», d’exceptionnel à inédit

Un maître de cérémonie commentant une séquence forte lors de la partie militaire du grandiose défilé du 22 septembre 2025, a poussé l’humour jusqu’à se faire le porte-parole des spectateurs massés sur le boulevard de l’Indépendance : «Dites à nos familles que nous sommes bien partis pour passer la nuit ici»..

Par Alassane Souleymane


Publié mardi 23 septembre 2025 à 08:00

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner