À cette occasion, les propos prémonitoires que le Président avait tenus avec ses compatriotes établis en Russie se confirment aujourd’hui avec la crise du carburant. Une crise imposée au Mali pour briser son élan souverainiste. Comme l’a si bien dit le Président Assimi Goïta, cette phase n’est qu’une «zone de turbulence que nous traversons»
Il y a des phrases qui, sur le moment, paraissent symboliques. Et d’autres qui, quelque temps plus tard, prennent des allures de prophétie. Le 24 juin 2025, à Moscou, devant la communauté malienne de Russie, le président de la Transition, le Général d’armée Assimi Goïta, livrait un message de résilience. Un discours que beaucoup avaient alors entendu comme une métaphore. Aujourd’hui, ses propos résonnent comme un avertissement.
« La guerre que nous menons est une épreuve de longue haleine. Elle ne se gagnera ni en un an ni en deux. Elle ne se gagnera que dans la durée. Certains finiront par se décourager — c’est inévitable. Mais il faut tenir bon. Rien n’est jamais entièrement rose. Il y aura toujours des moments difficiles », déclarait-il, calme, dans son boubou blanc, dans une salle moscovite où flottaient à la fois la discipline militaire et la ferveur patriotique.
Quelques mois plus tard, le Mali traverse l’un de ces moments de tempête qu’il avait évoqués. Les stations-service de Bamako et de certaines régions du pays sont prises d’assaut, les files de véhicules et de motos, s’étirent souvent à perte de vue autour des quelques stations disposant encore du carburant. Le pays affronte une crise du carburant sans précédent — une crise qui n’est d’autres qu’une «guerre économique» orchestrée pour freiner l’élan souverainiste du Mali. Mais le peuple souverain du Mali a bien compris la stratégie d’asphyxie économique imposée à son pays.
L’arme silencieuse de la pénurie contre une souveraineté en construction
Depuis plusieurs semaines, les convois d’hydrocarbures à destination du Mali subissent des attaques, des blocages ou des retards. Les routes du commerce deviennent des champs de bataille. Cette pénurie instrumentalisée, qui étrangle les foyers et paralyse les activités, n’a rien d’un simple désordre logistique. Elle est le nouvel instrument d’un terrorisme économique imposé par des sponsors étatiques du terrorisme.
Le Général Assimi Goïta, lui, comme par prémonition, avait vu venir cette mutation du combat. En juin 2024, à Sikasso, il détaillait les trois formes du terrorisme que subit le Mali : «Le terrorisme armé, le terrorisme communicationnel, couramment connu sous le vocable de guerre informationnelle, et le terrorisme économique.» Cette dernière forme est la plus insidieuse — celle qui ne tue pas par les balles, mais par les pénuries orchestrées. Celle qui vise à affaiblir l’État par la frustration, à dresser le peuple contre son gouvernement, à transformer la dépendance énergétique en instrument de chantage.
Dans son allocution à Moscou, le Président Goïta avait choisi une image parlante, presque pédagogique : «C’est comme lors d’un vol en avion : le commandant de bord annonce une zone de turbulence. L’appareil tremble, les passagers s’inquiètent… puis tout redevient normal. » L’analogie vaut aujourd’hui pour le Mali. La pénurie actuelle n’est pas une fin, mais un passage obligé — une secousse sur la route d’une indépendance énergétique et politique chèrement acquise.
Car, depuis la rupture avec Paris et l’ouverture vers Moscou, Pékin, Ankara, Bamako s’est attaqué à un ordre économique ancien : celui qui faisait de ses corridors, de ses ports et de son énergie les variables d’un système postcolonial bien huilé. En s’émancipant de ce réseau, le Mali s’est attiré de multiples inimitiés visibles ou dissimulées.
Transformer l’épreuve en opportunité
Mais le chef de l’État le martèle remarquablement : dans cette lutte, il ne s’agit pas seulement de résister — il faut transformer la crise en levier. «Il faut aimer les défis, car ce sont eux qui nous forgent et donnent du sens à notre combat», insistait-il à Moscou. L’idée est de faire de la pénurie un moteur d’innovation et un point de départ pour une prise de conscience collective des enjeux, renforcer les circuits nationaux d’approvisionnement, développer les énergies locales — solaire, hydraulique, biogaz — et, surtout, détacher la souveraineté économique des aléas du marché international.
Là où d’autres verraient une asphyxie, le Général Goïta parlerait d’un test de résistance et de résilience. Une épreuve politique et morale qui déterminera si la refondation du Mali et l’accompagnement du peuple que cela nécessite ne sont qu’un discours ou une réalité historique. Dans certaines capitales voisines, certains observent avec scepticisme ce qu’ils perçoivent comme une « turbulence prolongée», tant celles-ci souhaiteraient voir le Mali s’enfoncer pour sauvegarder leurs intérêts géopolitiques. D’autres y voient, au contraire, la preuve d’une refondation en marche.
Car, au-delà du Mali, c’est tout le Sahel qui joue sa survie économique et politique sur fond de recomposition géopolitique. À Moscou, le Général d’armée Assimi Goïta avait conclu son intervention par une phrase qui marquera à jamais ses compatriotes : «Les défis génèrent toujours des opportunités. Voyons moins les défis que les opportunités qui y sont liées.» Certes, la crise persiste, le peuple souffre, mais les autorités mènent un combat de titans pour approvisionner le pays dans le strict respect de la souveraineté nationale. Car la priorité des autorités maliennes, c’est la défense des intérêts vitaux du peuple malien.
L’armée est à saluer surtout. Engagée sur les théâtres d’opérations pour pourchasser les terroristes et bandits armés jusque dans leurs «derniers retranchements», elle mène en même temps un combat titanesque contre le projet d’isolement longtemps muri, mais toujours pris à défaut. L’armée malienne escorte avec succès les convois de citernes pour éviter des sabotages, en témoigne la grande opération de sécurisation de ces convois, entamée par les Forces armées et de sécurité.
Une opération certes menée dans la discrétion, mais conduite avec une grande expertise.
Au-delà de la conduite déterminée de cette mission d’escorte, elle mène une lutte intense contre les groupes armés terroristes. Au sein de la Force unifiée de l’AES elle joue sa partition dans la neutralisation des chefs terroristes. L’armée malienne mène également de nombreuses opérations de haute intensité contre d’autres groupes armés terroristes sur toute l’étendue du territoire.
Aujourd’hui, face à une guerre hybride, le Mali tente précisément de transformer la crise du carburant en affirmation de souveraineté, avec des populations dont la résilience est admirée de par le monde. La «zone de turbulence» est là. Mais, comme dans tout vol agité, le commandant de bord n’a pas lâché le manche. Bien au contraire, devant toute la chaine de commandement, devant les hommes, il semble s’illustrer davantage dans son rôle d’ancien commandant des Forces spéciales, dont l’une des caractéristiques est l’adaptabilité à la menace.
Alassane Souleymane
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