
Le commerce illicite au niveau des différentes frontières a entraîné une prolifération d’armes dans notre pays. Si des paisibles citoyens entrent en possession d’armes pour se protéger, les bandits et autres criminels s’en servent pour commettre leurs forfaits. Le phénomène n’épargne pas non plus l’espace universitaire où des étudiants armés sèment la terreur
Outre les régions du Centre où nombre de nos compatriotes se procurent illégalement des armes pour se défendre, la course pour entrer en possession de cet outil de défense devient de plus en plus fréquente à Bamako. Des bandits comme des citoyens ordinaires y font, désormais, recours.
Si les premiers s’en servent pour leurs forfaits contre les paisibles populations, les seconds l’utilisent pour se protéger et protéger leurs familles ainsi que leurs biens.
Depuis un certain temps, des voleurs de motos Djakarta appelées «popoman» évoluent aussi avec des armes à feu qu’ils n’hésitent pas à utiliser contre leurs victimes qui tentent de résister. M. T habite dans un quartier de la rive gauche de Bamako. Le jeune homme d’une trentaine d’années, sans être porteur d’uniforme, détient un pistolet automatique (PA) de type «bloc 36».
Notre interlocuteur s’est procuré une arme très facilement. «On peut avoir une arme à tous les prix, là où on veut et quand on veut», confie-t-il. Le jeune homme nous montre, fièrement, dans son téléphone, une photo où il tient son PA.
Il explique l’avoir eu à travers un lien familial, sans préciser le prix. «Mon objectif, en portant cette arme, est d’assurer ma propre protection et celle de ma famille», se justifie-t-il, ajoutant que sa maison a été plusieurs fois cambriolée. «Quelqu’un qui est capable de rentrer chez toi et prendre ta moto peut être armé. Et dans ce cas, il faut pouvoir se défendre», pense le jeune homme.
M. T avoue qu’il n’a pas l’autorisation pour porter une arme. « Je ne peux pas chercher un permis de port d’arme parce que la manière dont j’ai eu mon arme, ne me permet pas d’avoir un papier», avoue le trentenaire, qui n’ignore pas les conséquences de son acte. M. T. saisit, par ailleurs, l’occasion pour inviter les autorités à faciliter l’accès aux armes pour ceux qui sont dans le besoin.
ATTAQUES DES BANDITS- A.C possédait une arme de petit calibre de 12 coups. Vendeur de véhicules de son état, il affirme l’avoir acquise pour se protéger contre d’éventuelles attaques des bandits.
«Je voyageais beaucoup à l’époque. Je partais prendre les voitures dans les pays voisins. Et au cours des trajets, il y avait le risque de tomber sur des malfrats», raconte notre interlocuteur. A. C a dû se débarrasser de son arme à cause de sa famille qui, selon lui, était exposée du fait de la présence de cet outil à la maison.
La détention d’arme illégale est devenue un fait banal dans nos universités. Beaucoup d’étudiants détiennent frauduleusement des armes à feu surtout certains qui se réclament de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM). Certains s’en servent lors des élections des membres du bureau de l’AEEM.
L’on se rappelle qu’en 2017, il y a eu un affrontement sanglant entre deux clans rivaux à la Faculté des sciences et techniques de Bamako (FAST) qui s’était soldé par la mort d’un étudiant par balle. Deux autres ont été blessés, selon des sources officielles. Par la suite, il y a eu l’interpellation de 16 personnes et la saisie de quatre pistolets automatiques de fabrication artisanale par la police.
LE PERMIS DU PORT D’ARME- Sur la question, le directeur de la sécurité publique, le contrôleur général de police, El Hadj Youssouf Maïga, explique que la sécurité des personnes et de leurs biens incombe à l’État. Cependant, d’après lui, la situation actuelle que vit notre pays, fait qu’il y a des endroits où les forces de défense et de sécurité sont absentes. Ce qui, dit-il, a amené beaucoup de personnes à entrer illégalement en possession d’armes à feu pour se protéger.
Il explique que dans notre pays, la détention d’arme est règlementée par une nouvelle loi. Il s’agit de la loi n° 2021-028 dont le décret d’application autorise les civils à détenir une certaine catégorie d’armes sous réserve d’avoir le permis du port d’arme. Ces armes sont, notamment les pistolets, les revolvers et les fusils de chasse.
Notre interlocuteur ajoutera que cette autorisation est donnée par le ministère en charge de la Sécurité. «Toutefois, la détention des armes dites de guerre est formellement interdite aux civils», précise l’officier supérieur de police.
Pour avoir l’autorisation, précise-t-il, il faut avoir au moins 18 ans. Mais aussi, des raisons valables pour ce faire. À ce propos, le directeur de la sécurité publique dira que lorsqu’on mène certaines activités, on peut être souvent exposé à un certain nombre de dangers, pouvant amener à se procurer une arme.
Comme par exemple, les personnes qui font de grands retraits au niveau des banques ou qui exercent des activités qui les laissent, souvent, en possession de beaucoup de liquidités, explique El Hadj Youssouf Maïga. Avant d’ajouter que lorsqu’on détient une arme sans en avoir la qualité et l’autorisation, on doit être traduit devant les juridictions compétentes. « Quand les services de sécurité se rendent compte que quelqu’un détient une arme, ils l’interpellent et le présentent au juge », assure notre interlocuteur.
Pour El Hadj Youssouf Maïga, les armes qui circulent proviennent du commerce illicite au niveau des différentes frontières. Mais également, elles sont infiltrées par les groupes terroristes et les groupes d’autodéfense en plus de celles subtilisées dans les stocks nationaux d’armes par des agents véreux.
«Lors de plusieurs évènements au Mali, il y a eu beaucoup de magasins d’armes qui ont été pillés», reconnaît-il. Il ajoute les armes fabriquées et vendues illégalement par les fabricants d’armes artisanales qui ne respectent pas souvent les règles de vente en la matière.
«Nous sommes en train de chercher à inverser la tendance avec le maillage territorial en occupant pratiquement l’ensemble du territoire national», assure le directeur de la sécurité publique.
Bakary Diawara, le grand armurier de la place
En dehors du tatami où il s’est fait une renommée, Bakary Diawara dit Yankee, ceinture noire, 7è dan en taekwondo, est un armurier de métier. Il fabrique, vend et entretient des armes. Assis sur une chaise en fil élastique un peu élevée, le sexagénaire nous accueille devant sa boutique, sise à Bamako-Coura en Commune III du District. Ici, on vend plusieurs catégories d’armes, notamment des fusils de chasse, des fusils à pompe, des carabines de chasse et des pistolets semi-automatiques.
Sa boutique fournit aussi des balles de fusil. « Nous ne vendons pas les armes de guerre », tient à préciser Bakary Diawara. Notre interlocuteur informe qu’il a commencé ce travail depuis 1968. « Je suis le premier armurier au Mali après le départ des Blancs », déclare celui qui a été formé par le Français Dupé, le premier armurier de la sous-région.
Yankee précise par ailleurs qu’il ne vend pas ses armes sans autorisation. « Il faut être autorisé pour que je te les vende. Personne n’a accès à mes armes sans une autorisation», renchérit-il. Dans sa boutique, les prix des armes varient.
« Il y a des fusils qui coûtent par exemple 250 000 Fcfa, d’autres un million », fait-il savoir. Bakary Diawara et ses huit agents réparent également les armes. Pour cela, affirme-t-il, il faut que l’arme soit identifiée.
« Si tu as un permis de port d’armes, tu peux venir et on répare ton arme. À défaut, nous ne pourrons pas te satisfaire », souligne celui qui est chevalier de l’Ordre national depuis 2015. « Souvent, les clients nous trouvent un peu rigoureux, mais c’est la méthode du travail. Il y en a qui pensent qu’on peut acheter les fusils de chasse sans autorisation comme en Europe. Mais, cela n’est pas permis au Mali», explique Yankee qui précise que chaque pays à sa loi sur la détention d’arme.
B. D.
Bembablin DOUMBIA
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