Fraude à l’inscription à la FLSL : Stupeur et mécontentement chez les étudiants

Selon la direction de l’établissement, sur un total de 12.655 étudiants enregistrés, 5.128 ont été consignés sur les listes d’inscription sans dossier, soit 40,52% de l’effectif qui n’ont pas versé de droits d’inscription à la comptabilité. Devant l’ampleur de cette fraude, elle a demandé aux étudiants concernés de reprendre leur inscription. Évidemment, cette décision n’est pas du goût de tout le monde

Publié mercredi 15 mars 2023 à 06:29
Fraude à l’inscription à la FLSL : Stupeur et mécontentement chez les étudiants

 Des étudiants en train de se faire réinscrire

 

La Faculté des lettres, des langues et des sciences du langage (FLSL) a, récemment, demandé à des milliers d’étudiants de reprendre leur inscription. Un véritable coup de massue ! Indignés, la plupart des étudiants concernés trouvent cette décision «anormale» et «inacceptable». «Si nos inscriptions ne sont pas valables, comment se fait-il que certains d’entre nous ont pu avoir leurs trousseaux et leurs bourses scolaires?», s’interroge un étudiant en licence 1 en arabe que nous présentons sous les initiales A.K.

L’étudiant d’une vingtaine d’années fait partie de ceux dont l’inscription n’a pas été validée. Malgré cette situation, il dit avoir obtenu sa carte de transport (dont le coût s’élève à 7.200 Fcfa) avec son numéro matricule auprès du Centre national des œuvres universitaires (Cenou). Notre interlocuteur souligne également que les étudiants de la 1ère année au niveau du département arabe ont passé leur examen en décembre dernier. «Donc, on va reprendre tout ça ?», se demande-t-il, sourire aux lèvres en signe de déception.

Comme nombre de ses camarades, A.K est passé par une personne intermédiaire pour faire son inscription. Il affirme avoir donné à cet individu 15.000 Fcfa comprenant les frais d’inscription (6.000 Fcfa), dont il détient la quittance. Le jeune homme justifie cette situation par la difficulté d’accès à l’opération d’inscription mais aussi le délai, qui, selon lui, est de deux mois. «L’opération se déroulait une fois par semaine et se terminait vers 15 heures.

Certains éléments de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM) nous empêchaient de faire l’inscription afin que nous sollicitions leurs services contre de l’argent», regrette notre interlocuteur.

Lundi dernier, il est environ 11 heures 30 à la FLSL. Sous un soleil ardent, plusieurs étudiants font la queue devant une fenêtre pour leur «réinscription». S.T qui fait cette année la licence 2 en anglais en fait partie. L’étudiant pense que cette mesure de la direction est «ridicule». Pour lui, on ne doit pas se réinscrire dans une faculté publique, encore moins payer à nouveau les frais d’inscription. «On a déjà payé la somme lors de la première inscription. Si on nous demande de faire une autre inscription, on ne doit plus débourser un franc. Mais, on nous dit de le faire», déplore-t-il.

S.T affirme avoir effectué en personne son inscription à la rentrée universitaire, ajoutant que son bulletin de versement est cacheté par le tampon du comptable. Il informe que son nom figurait sur la liste des premiers résultats des examens de fin d’année. «Après, ils ont publié une liste pour dire que nos inscriptions n’ont pas été bien faites et qu’il fallait tout reprendre», regrette S.T, qui enseigne dans les écoles privées pour joindre les deux bouts.

«Imaginez-vous ce que cela peut faire : travaillez dur pour s’inscrire et après, on vous dit que votre inscription n’est pas valable et qu’il faut la reprendre», fulmine un autre arabisant en licence 2. Ce dernier se débrouille dans la couture pour faire face à ses dépenses, car selon lui, les bourses sont «insignifiantes».


Il informe que pour la «réinscription», les dossiers à fournir sont le certificat de résidence et l’ancien bulletin de versement. Ce dernier document sera récupéré par les agents chargés de l’opération. À ces deux dossiers s’ajoute le paiement des frais d’inscription (6.000 Fcfa pour les licences 1 et 3, et 5.000 Fcfa pour la licence 2).

Un autre étudiant que nous désignons sous les initiales I.A, fait la 1ère année au niveau du département allemand à la FLSL. Pour lui, il y a eu un manque de précision dans cette affaire. «Parce qu’il y a tant d’étudiants qui ont fait leurs inscriptions physiques à la rentrée universitaire. Maintenant, on dit que ces inscriptions sont rejetées.

Cette situation nous met mal à l’aise et nous décourage», regrette notre interlocuteur. Assis à l’ombre d’un arbre, I.A attend son bulletin de versement pour reprendre son inscription. L’apprenant reconnaît qu’il y a des étudiants qui sont passés par des membres de l’AEEM pour faire leur première inscription. «Maintenant, on ne sait pas si ce sont ces membres de l’AEEM qui ont détourné leurs frais d’inscription ou les agents de l’administration chargés de l’inscription», se demande-t-il.

 

FRAUDE À L’INSCRIPTION- Dans un communiqué, le Recteur de l’Université des lettres et des sciences humaines de Bamako (ULSHB), Pr Idrissa Soïba Traoré, révèle que la première phase de l’opération spéciale d’audit de l’effectif des étudiants a permis de mettre au grand jour un système de fraude à l’inscription très sophistiqué par lequel passaient de nombreux apprenants depuis quelques années au niveau de la FLSL.


Devant l’ampleur du phénomène, une Commission ad hoc de vérification et de contrôle a été mise en place sous la supervision du doyen de ladite Faculté. Toutes affaires cessantes, elle a été chargée d’examiner les dossiers d’inscription de l’année universitaire 2020-2021, ceux des années précédentes étant déjà éteints.

Au terme de son travail, la Commission a remarqué que sur un total de 12.655 étudiants enregistrés à la scolarité de la FLSL, 5.128 ont été consignés sur les listes d’inscription sans dossier, soit 40,52% de l’effectif qui n’ont pas versé de droits d’inscription à la comptabilité de l’établissement universitaire. Aussi la Commission a-t-elle décelé de nombreux étudiants professionnels qui se sont inscrits en payant 5.000 Fcfa au lieu de 50.000 Fcfa exigés par les textes.

Selon le communiqué, les premiers éléments de l’enquête interne laissent indiquer une collusion entre certains membres de l’AEEM et des travailleurs du Service de la scolarité de la FLSL. «Des sanctions règlementaires, à la hauteur de la faute commise, ont été immédiatement prises contre les agents impliqués», fait savoir le Pr Idrissa Soïba Traoré, ajoutant que l’enquête se poursuit à l’interne pour faire toute la lumière sur cette situation et rassembler les éléments nécessaires avant de transférer le dossier à la justice.

En attendant, un conseil des professeurs extraordinaire s’est tenu le 16 février dernier à la FLSL pour dégager urgemment des pistes de solution. C’est ainsi qu’il a décidé de privilégier la voie de la sensibilisation vis-à-vis des étudiants concernés, en les invitant à venir s’inscrire de manière régulière. Toutefois, il n’est plus question pour le Service de la scolarité de se contenter du seul bulletin de versement des droits comme preuve de l’inscription d’un étudiant. La quittance du Trésor public sera désormais exigée sur chaque dossier (physique) lors de l’inscription.

Ce faisant, 800 étudiants en situation de fraude au titre de 2020-2021 sur les 5.128 détectés ont pu être diligemment pris en charge dans le cadre d’une opération d’inscription exclusivement initiée à cet effet, et qui se poursuit jusqu’au 17 mars prochain. «Passé ce délai, aucun dossier faisant partie de ce lot ne sera accepté», précise le communiqué.


Selon les responsables de la FLSL, les numéros matricules actuels des étudiants ne seront pas changés. La deuxième phase de l’opération spéciale d’audit des effectifs d’étudiants de l’ULSHB va concerner la Faculté des sciences humaines et des sciences de l’éducation (FSHSE).

Bembablin DOUMBIA

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