
Il est 10 heures, le silence règne dans la cour de
l’Université catholique de l’Afrique de l’Ouest (UCAO). Tous les étudiants sont
en classe. Au rez-de-chaussée, dans la classe de licence II de journalisme et
communication, le Dr Jacques Mawé Dakouo écrit au tableau les principes de la
méthodologie journalistique.
Face à lui, les étudiants prennent des notes avec
application. La salle est pleine mais dans les rangs, on aperçoit plus de jupes
et de foulards de tête que de pantalons bleu nuit et de chemises blanches
(l’uniforme de l’établissement). Il y a seulement 10 garçons sur un effectif de
57 étudiants dans cette classe de deuxième année universitaire. Et en licence
III, les garçons ne sont que 5 sur 26.
Pourquoi les filles semblent-elles irrésistiblement
poussées vers ce métier ? À l’heure des travaux pratiques, dans la salle de
montage vidéo et dans le studio radio, Nènè Théra, un calepin à la main, en
pleine préparation de reportage, prend le temps de nous répondre : «Pour moi,
le métier de journalisme est purement et simplement un métier de femmes, car je
pense que toute dame est de nature curieuse, et que le journalisme est un
métier de curieux !». Dès qu’elle a passé son bac en langues et littérature,
elle a ainsi voulu devenir animatrice ou chroniqueuse télé.
Si Nènè Théra se rêve en vedette de la télévision, certaines de ses camarades préfèrent, elles, embrasser le domaine du multimédia pour devenir monteuse d’images, photographe, graphiste… Des métiers, selon elles, qui peuvent leur apporter autonomie et indépendance dans le futur.
D’autres étudiantes ont opté pour la filière par
contagion.
Comme Roseline Sebio, qui, après avoir voulu faire «transit», a été gagnée par l’enthousiasme journalistique de certaines de ses amies et s’est inscrite à l’UCAO. Un choix qu’elle ne regrette pas. Ce qui lui plaît, c’est de collecter l’information sur le terrain afin de la transmettre au monde entier. Plutôt que la télé, elle préfère se focaliser sur le multimédia par amour du numérique. «Même si je ne suis pas contre l’idée de montrer ma jolie tête un jour à la télévision», plaisante-t-elle.
17 FILLES SUR 21 PARTICIPANTS- Toutes sont motivées,
volontaires, pleines d’espoir. On peut s’en rendre compte dans les formations
et les séminaires en journalisme, où les femmes sont les plus nombreuses à
présenter leur candidature. Pour preuve, aux Ateliers du reportage initiés par
la Maison de la presse en juillet dernier (un stage de formation en enquête et
reportage), on comptait 17 filles sur 21 participants. Ce phénomène de
société gagne les universités, publiques
comme privées, où la plupart des tables bancs sont aujourd’hui occupées par des
filles. Ce qui n’a pas été toujours le cas.
En 2015, à la création de l’École supérieure de
journalisme et des sciences de la communication (ESJSC), les garçons
représentaient encore une écrasante majorité. Aujourd’hui, en classe de licence
II, il y a 12 filles pour 12 garçons (suite à l’abandon d’une étudiante). En
licence I, les filles n’ont pas pris le pouvoir mais on en compte quand même 10
sur un effectif de 24 étudiants.
En règle générale, la parité est donc
respectée, comme le souligne le directeur des études de l’ESJSC, Bréhima
Camara. Il témoigne : «Tous les ans, lors de la préparation du concours
d’entrée dans l’établissement, les filles se précipitent. Elles téléphonent, se
déplacent, se renseignent. Elles semblent beaucoup plus motivées que les
garçons. Allez les interroger, vous verrez».
Dans un couloir de l’école, nous rencontrons Suzane
Téssougué, jeune étudiante de vingt-cinq ans en licence II. Son désir de
travailler dans les médias audiovisuels est né de l’écoute de belles voix
féminines à la télé et à la radio alors qu’elle était très jeune. Poussée par ses
amies qui trouvaient qu’elle aussi a une belle voix, elle a bifurqué vers le
journalisme, après avoir obtenu une licence en allemand unilingue à la Faculté
de Badalabougou, et a été reçue au concours d’entrée à l’ESJSC. Son souhait est
de devenir journaliste reporter d’image et de travailler dans l’investigation.
Sa camarade de classe, émilie Diarra, une jeune femme
licenciée en anglais, a choisi ce métier pour faire des voyages, raconter le
monde et les merveilles de la nature : «Cette idée m’est venue en suivant tous
les jours, les documentaires animaliers à la télé. Dès que j’ai eu mon bac,
j’ai voulu devenir grand-reporter». Emilie est consciente que le journalisme,
au-delà de la passion, n’est pas toujours très rémunérateur, mais elle veut se
battre et réaliser des reportages qui gagneront «non pas un, mais plusieurs
prix !».
Mariam Coulibaly, elle, vise la célébrité que peut procurer la télévision. «Si on réussit à la télé en tant que femme, on peut même être reconnue à l’international et se constituer un riche carnet d’adresses», confie-t-elle dans un large sourire. Idem pour Blamba Koné, dont l’idole est la journaliste réputée de l’ORTM, Nianian Aliou Traoré…
VEDETTES DE TÉLÉ- Justement, Nianian Aliou Traoré
était parfaite pour comparer les motivations de ces jeunes aspirantes aux
ressorts du début de carrière de vedettes aujourd’hui confirmées. «Depuis toute
petite, explique-t-elle, j’ai toujours voulu faire quelque chose qui change les
comportements et les regards de la société. Je voulais être la voix des sans
voix, changer les mentalités sur certaines questions comme l’entrepreneuriat
féminin, la scolarisation de la jeune fille ou encore le mariage forcé. C’est
après tout ça que m’est venue l’idée de travailler dans la presse, précisément
à la télé».
Tout aussi déterminée, une autre personnalité de la
télévision publique nous raconte son parcours, d’une voix douce mais ferme.
Khadidiatou Koné, que nous rencontrons dans son bureau, est aussi belle et
coquette que lorsqu’elle apparaît à l’écran pour présenter son journal. À son
époque, il n’y avait pas encore d’école de journalisme au Mali. Elle a donc
voulu aller poursuivre ses études dans un pays voisin. Ce que son père a
refusé, jugeant qu’elle était trop jeune pour vivre seule à l’étranger. «Du
coup, raconte-t-elle, je me suis inscrite à l’Institut universitaire de gestion
(IUG) après avoir passé l’épreuve du concours d’entrée, pour avoir mon diplôme
universitaire de technologie en marketing
et communication.»
C’est ainsi qu’en 2002, elle a commencé à travailler
comme agent commercial. Ce qui l’a amenée, en décembre 2004, à mettre les pieds
pour la toute première fois à l’ORTM, lors d’un stage au service marketing. Un
an plus tard, elle a été embauchée comme animatrice radio à la Chaine 2, puis comme
journaliste présentatrice télé. Aujourd’hui, elle est chargée de mission au
département de la Communication. «J’ai donc réalisé mon rêve à 100%», se
réjouit-elle.
Des parcours qui peuvent inspirer courage et espoir aux journalistes en herbe qui se bousculent sur les bancs des écoles et des universités, en espérant, un jour, pouvoir, elles aussi, faire entendre leur voix.
Fadi CISSE
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