Livre : La fêlure d’un destin, une ode au Mali

Face aux multiples crises qui secouent notre pays depuis une décennie, le reproche a été souvent fait aux intellectuels de ne pas descendre dans l’arène. Avec le recueil de poèmes, «La fêlure d’un destin», qui vient de paraître aux éditions La Sahélienne, le journaliste Ibrahim A. Maïga verse sa contribution au débat. Le poète déclame ses angoisses et ses certitudes au regard de la situation du pays

Publié mardi 13 septembre 2022 à 05:54
Livre : La fêlure d’un destin, une ode au Mali

L’ouvrage est en vente à La Sahélienne au prix de 4.000 Fcfa

«Le patriotisme est le fil rouge qui traverse le livre d’un bout à l’autre», écrit dans la préface de ce recueil l’écrivain Ismaël Diadié Haïdara. Un résumé en une phrase qui donne la quintessence des vers d’Ibrahim A. Maïga.

Tout au long des 19 poèmes du recueil, l’auteur promène sa plume dans les méandres de son imagination. Celui d’un patriote frustré par la situation de son pays. Il évoque nombre de sujets : de l’amour au pays natal, en passant par les non-dits de la crise au Mali, et même la spiritualité de ses origines songhoy. De tout temps, la poésie engagée a été dans l’univers littéraire une arme de défense des causes nobles par la plume.


La poésie négro-africaine au XXè siècle ou encore la poésie française de la période d’occupation de la France par l’Allemagne nazie lors de 2è Guerre mondiale en sont des illustrations. L’on pense notamment au célèbre poème «Liberté» (1942) de l’écrivain français, Paul éluard, écrit lors de la guerre. Le présent recueil d’Ibrahim A. Maïga s’inscrit aisément dans cette lignée. L’écriture au service de la cause commune en vue de susciter l’éveil des consciences ou simplement l’espoir. «La fêlure d’un destin» a ceci de particulier qu’il est écrit en vers libres. Mais le recueil est également profondément réaliste, aux allures d’un récit arpentant le parcours et surtout les aspirations du poète pour son pays aimé.

«L’être aimé» tant adulé par les poètes est entièrement incarné dans la «fêlure d’un destin» par le Mali. Le poète chante alors les merveilles physiques et historiques de son pays. Pays dont «la science a franchi les limites de l’eau salée avant Colomb», écrit-il. «L’impudent» : un poème au ton engagé ouvre le recueil comme un coup de poing.

Des coups assenés à répétions à celui que l’auteur désigne comme l’«impudent» «bambin», coupable de ne pas comprendre ses fautes. «Mon pays» vient alors comme un cri du cœur face à la situation. Ici, toute la mélancolie du poète s’exprime à son paroxysme dans la phrase maintes fois répétées : «Je ne rêve plus». Pour qui connait la substance de l’inspiration poétique. Un poète qui «ne rêve plus» ?  C’est le tréfonds de la tristesse !

 

ESPOIR-L’œuvre est une véritable ode à l’honneur du Mali. L’auteur crie en effet son amour pour son pays et surtout son espoir dans l’avenir. Ce réveil tant espéré viendra-t-il au son du «Tambour royal» de Ménaka ? Une métaphore d’un appel à la mobilisation contre la «félonie».


Ceci passera par un retour aux valeurs culturelles et à la divination pour une mobilisation sur les remparts, comme le chante l’hymne national. «La fêlure d’un destin» est aussi une négation de l’intégrisme religieux incarnée par «L’étendard funeste». Le poète dénonce «les apatrides confondus aux renégats» qui sèment le désespoir dans notre pays.

L’autre prouesse de cette œuvre est d’arriver à interroger l’histoire sur des faits récents dans l’expression poétique. Le style poétique est certes difficile dans cet exercice, mais dans «La fêlure d’un destin», les mots sont justement trouvés et courageusement posés dans «Le furtif» et «Le normal». Ces poèmes questionnent sur la crise sécuritaire que connait le Mali depuis 2011 notamment l’attitude de pays étrangers censés aider au retour de la paix. Le poète prophétise des jours meilleurs pour le Mali où les aspirations seront comblées.

Une déclaration d’amour à la terre des souvenirs d’enfance dont le «panorama féerique» est dépeint avec délicatesse. «Gabero Zinda», cette bourgade située à quelques encablures de Gao, où l’auteur nous emmène dans un environnement naturel riche en faune et flore. Un clin d’œil nostalgique de l’enfance du poète où la biodiversité menacée actuellement était riche et abondante.

«L’âme des songhoy» évoque une conception du monde traditionnel antérieur à l’islam et au christianisme. Une cosmogonie décrite dans les pas de la danse des possédés, le «holey». Les 19 poèmes de ce recueil sont à lire et relire pour pénétrer la «fêlure» de ce destin éprouvé mais dont des jours meilleurs sont annoncés. Le livre est en vente à La Sahélienne au prix de 4.000 Fcfa.

Mohamed TOURE

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