Mamadou Oumar Sidibé : «L’année 2025 doit être celle du renouveau»

Dans cette interview, le président du Parti pour la restauration des valeurs du Mali (PRVM-Fasoko) revient sur quelques faits marquants de l’année qui s’achève et aborde les perspectives de 2025

Publié mardi 31 décembre 2024 à 07:28
Mamadou Oumar Sidibé : «L’année 2025 doit être celle du renouveau»

L’Essor : Quel regard portez-vous sur la situation sociopolitique du Mali ?

Mamadou Oumar Sidibé : La situation sociopolitique du Mali est marquée par de défis multidimensionnels résultant de facteurs à la fois internes et externes. D’un côté, nous faisons face à une insécurité exacerbée par les conflits armés et le terrorisme. De l’autre, le Mali traverse une période de transition politique où les attentes de la population sont immenses notamment en matière de gouvernance, de stabilité économique, de réconciliation nationale et de restauration de l’ordre constitutionnel.  

Au niveau sociétal, malgré ces défis, les Maliens ont montré une résilience admirable face à l’adversité. Toutefois, il est crucial que cette transition débouche sur un retour à l’ordre constitutionnel normal, plus inclusif, démocratique et stable.

En tant que président du Forum des partis et mouvements politiques, qui s’engage à rassembler les formations politiques en vue de mener des discussions consensuelles sur les grands enjeux d’intérêt national, je considère qu’il est plus que jamais essentiel de favoriser un dialogue ouvert et constructif entre toutes les forces vives de la nation. Ce dialogue est indispensable pour trouver des solutions durables en phase des aspirations populaires. Le bien-être des Maliens doit être au cœur des priorités de notre gouvernance et des réformes.

Je souligne également l’importance de la liberté d’expression, un pilier fondamental pour toute démocratie. Il est crucial que le gouvernement garantisse un environnement où les partis politiques, les acteurs de la société civile et les citoyens puissent s’exprimer librement et contribuer pleinement au processus de la transition. Un débat public ouvert et transparent est la clé pour un Mali démocratique et réconcilié.

L’Essor : Que retenez-vous de 2024 en termes de bilan ?

 

Mamadou Oumar Sidibé : L’année 2024 a été décisive pour le Mali marquée par des progrès mais aussi des défis. Si des avancées notables ont été réalisées notamment avec l’annonce de la tenue prochaine des élections, il reste encore beaucoup à faire pour transformer ces intentions en réalités concrètes.

Sur le plan institutionnel, des initiatives ont été prises pour réformer la justice, améliorer le système électoral et introduire des mécanismes de transparence dans la gestion des affaires publiques. Ces réformes sont essentielles mais elles nécessitent une mise en œuvre effective et sans compromis pour garantir leur succès. 

Sur le plan sécuritaire, des progrès ont été accomplis grâce au renforcement des capacités des Forces armées et de sécurité ainsi qu’à l’acquisition d’équipements sophistiqués. Cela a permis de réduire les menaces dans plusieurs zones bien que des attaques meurtrières et des violences continuent de secouer certaines régions notamment dans le Centre.

Au niveau économique, bien que des efforts aient été faits pour relancer l’agriculture et soutenir le secteur minier, la hausse des prix des denrées alimentaires a eu un impact négatif sur le pouvoir d’achat des citoyens. La question de la production d’énergie demeure également un défi majeur, malgré l’annonce de nouvelles centrales photovoltaïques qui peinent encore à démarrer. 

Concernant le renforcement des relations bilatérales, le Mali a intensifié ses partenariats avec la Russie, la Chine et la Turquie particulièrement dans les domaines militaire et diplomatique en réponse à la réduction de l’influence occidentale et cherchant à diversifier ses alliances internationales. Aussi, le Mali a renforcé la coopération avec ses voisins du Burkina Faso et du Niger dans le cadre de l’Alliance des États du Sahel (AES) visant à lutter contre le terrorisme et promouvoir la stabilité au Sahel. Cette initiative s’est consolidée en 2024 en tant que bloc régional face aux pressions extérieures.

Sur le plan politique intérieur, l’année 2024 a été marquée par la suspension des activités des partis politiques et des associations à caractère politique invoquant des préoccupations d’ordre public et la nécessité d’un dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation nationale. Cette mesure a été levée en juillet marquant un retour progressif à une vie politique plus ouverte. Cependant, l’arrestation des 11 leaders de partis politiques et mouvements signataires de la «Déclaration du 31 mars 2024», suivie de leur libération en décembre après plus de 5 mois de détention, a fragilisé le dialogue politique. Nous regrettons ces initiatives et soulignons la nécessité d’une politique plus inclusive et respectueuse des droits fondamentaux.


Pour ma part, en tant que président du Forum des partis et mouvements politiques, nous travaillons avec détermination pour assurer la cohésion et l’unité au sein de la classe politique en mettant l’accent sur la recherche du consensus autour des grandes questions nationales. Enfin, au sein du PRVM-Fasoko, 2024 a été marquée par une structuration interne réussie et un renforcement de notre influence politique avec une attention particulière portée à l’implantation de nos structures de base et à la consolidation de notre communication.

L’Essor : Le Premier ministre a engagé des concertations notamment avec la classe politique avec la perspective d’organiser des élections. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

 

Mamadou Oumar Sidibé : Je salue l’initiative du Premier ministre d’engager des concertations avec la classe politique en vue de préparer les élections à venir et rétablir l’ordre constitutionnel. Ces concertations sont primordiales pour créer un climat de confiance et d’unité nationale. C’est un pas dans la bonne direction. 

Cependant, il faut être clair : les concertations doivent aller au-delà des déclarations d’intention et se traduire par des actions tangibles. Cela nécessite la mise en place d’un fichier électoral fiable, la définition claire du calendrier électoral et l’assurance totale d’indépendance de l’Aige. 

Le PRVM-Fasoko plaide pour des élections qui reflètent la volonté populaire et qui puissent véritablement renforcer nos institutions démocratiques. Il est impératif que ces élections ne soient pas seulement un acte formel mais qu’elles constituent un véritable levier pour la refondation de notre système politique et institutionnelle.

L’Essor : Quelles sont vos attentes pour l’année 2025 ?

 

Mamadou Oumar Sidibé : L’année 2025 doit être celle du renouveau, un tournant décisif pour la transition. Nous attendons une transition réussie qui se traduise par l’organisation d’élections libres et transparentes en vue de l’instauration d’institutions solides capables de renforcer l’État de droit et la justice sociale.

Je nourris l’espoir que 2025 soit également l’année où le Mali pourra surmonter définitivement ses défis sécuritaires et rétablir l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national afin que la paix et la stabilité règnent dans toutes les régions. Sur le plan économique et social, il est urgent de relancer les projets de développement pour améliorer les conditions de vie des Maliens notamment dans les secteurs clés tels que l’électricité, l’éducation, la santé, l’agriculture et les infrastructures. L’année 2025 doit également être celle de la réconciliation nationale et de l’unité, des valeurs vitales pour surmonter les défis actuels et bâtir un avenir prospère pour le Mali.

Je profite de cette occasion pour adresser, à tous les Maliennes et Maliens, mes vœux les plus sincères pour l’année 2025. Que cette nouvelle année soit celle de la paix, de la justice, de la stabilité et de la prospérité pour notre cher Mali. En unissant nos forces, nous relèverons les défis et construirons un avenir radieux pour nos enfants et pour les générations à venir. 

 Propos recueillis par

Massa SIDIBE

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