Sur le vif : Mali, la proie désignée

La chasse est ouverte. Cette fois-ci, le Mali est la proie désignée par la meute des grands fauves qui règnent sur la jungle de la « communauté internationale ». Ici, la loi du plus fort est toujours la meilleure.

Publié lundi 27 décembre 2021 à 15:31
Sur le vif : Mali, la proie désignée

La raison du courroux des puissants ? Bamako a le toupet de s’écarter du « droit chemin » tracé par la puissance tutélaire. Le chef d’accusation « faire appel à des mercenaires russes » ne correspond pas à la réalité. Qu’importe ! La sentence est déjà prononcée. Implacable. Comme dans la fable de La Fontaine Le loup et l’agneau : « si ce n’est toi, c’est donc ton frère ».


S
a témérité vaut au Mali d’être montré du doigt. Sa hardiesse à vouloir troubler l’ordre établi par les maîtres du monde est intolérable. Pour sa défense, le pays tente vainement d’expliquer que sa démarche n’a d’autre but que de stopper l’inexorable aggravation de la crise. Mais ses arguments sont inaudibles, couverts par le vacarme des grands médias occidentaux, véritables tambours de guerre et machines à fabriquer des narratifs toujours à charge contre la cible à éliminer. Diabolisée et présentée comme nuisible à la « communauté internationale », celle-ci est tout juste bonne à abattre.

Les exemples de fraîche mémoire sont légion. Des prétextes ont été savamment orchestrés pour détruire des pays dont le tort était d’avoir voulu s’affranchir du diktat des puissances occidentales. Pour les cas de l’Irak, de la Libye, de la Syrie, le bon prétexte était de protéger des populations contre des tyrans. Mais combien d’Irakiens, de Libyens, de Syriens ont péri sous les bombes et du fait des guerres civiles, provoquées par les interventions de l’Occident ? La réponse est à rechercher partout sauf dans la presse occidentale, si prompte à taxer les autres de propagandistes. Alors qu’elle est la gardienne d’un ordre totalitaire ne souffrant aucun écart de conduite. Un ordre totalitaire qui ne se refuse rien, si sûr de l’impunité qu’il se paie souvent la légèreté de reconnaitre qu’il s’était trompé, après avoir provoqué des milliers de morts et transformé des pays en trous noirs. La Cour pénale internationale est obligée de regarder ailleurs, surtout du côté de l’Afrique où elle recrute la majorité de ses accusés.

On peut tirer son chapeau à la solidité du pacte qui lie les différents pays occidentaux. Tous pour un et un pour tous. Que la raison du conflit soit valable ou pas. Une belle leçon de solidarité pour les autres peuples à travers le monde et particulièrement les Africains qui continuent de faire les frais de la vieille ficelle du diviser pour régner. Dans une tentative pour isoler le Mali de ses voisins ouest-africains, un député français soutient sans rire que la pression exercée par Paris et ses alliés vise à soutenir les recommandations de la Cedeao sur la transition malienne. La manœuvre consiste à souffler sur les braises de nos dissensions avec l’organisation sous-régionale.

Que la France en soit réduite aujourd’hui à battre le rappel de ses alliés afin de lui éviter de perdre pied au Mali est un retournement de situation proprement pathétique. Dilapider le capital sympathie que l’ex-puissance coloniale s’était taillée en 2013 suite à l’opération Serval, relevait de l’exploit. La France l’a réussi en prétendant intervenir pour rétablir l’intégrité territoriale d’un pays et en même temps faire droit à des velléités irrédentistes d’une infime minorité de la population. Difficile de faire mieux dans l’incohérence. Ce grand écart a conduit l’armée française à faire de Kidal une enclave inaccessible à l’Etat central du Mali. En voulant faire plaisir à leurs « amis touaregs », les soldats français se sont retrouvés devant la mission impossible de faire le distinguo entre indépendantistes et terroristes, entre les bons et les mauvais. Les groupes islamistes ne se sont fait prier pour exploiter la faille et faire de Kidal un sanctuaire terroriste sur lequel règne en maître l’émir Iyad Ag Ghali.

Inutile de compter sur les puissants pour admettre ne serait-ce qu’une once d’erreur dans leur démarche. Or l’architecture de l’intervention de la communauté internationale dans notre pays porte la marque de la plume des diplomates français. Le schéma était le suivant : à Barkhane la traque des terroristes, à la Minusma la stabilisation des zones libérées. Plusieurs années plus tard, la quasi-totalité du territoire est métastasée par la gangrène terroriste. La Minusma ressemble davantage à une ONG géante de développement qu’à une force armée. Qui en est responsable ? Evidemment, ces Maliens forcément corrompus et incapables de se défendre, répond-on invariablement. Alors qu’au moment de dessiner l’échafaudage, « le pouvoir faible de Bamako » - c’était le vocable utilisé dans les médias pour désigner la transition dirigée par Dioncounda Traoré – n’a pas eu voix au chapitre. Dans la jungle de la « communauté internationale », l’absurdité des arguments ne les empêche pas de prospérer. Pour peu qu’ils soient portés par les puissants.

Le Mali devient aujourd’hui, à son corps défendant, un terrain d’affrontement entre l’Occident d’un côté et la Russie de l’autre. La France ne semble pas disposée à battre en retraite au Mali comme elle l’a fait en Centrafrique devant l’avancée des Russes. Il est vrai qu’elle s’est beaucoup plus investie dans notre pays mais avec un résultat mitigé du fait en grande partie des objectifs inconciliables qu’elle s’était fixée. La Russie s’engouffre dans la brèche de l’insatisfaction des Maliens et se donne ainsi l’opportunité de venir titiller les Occidentaux dans leur chasse gardée, leur rendant ainsi la monnaie des menées expansionnistes à ses frontières.

Il appartient aux Maliens de travailler à tirer profit de la diversification des partenaires avec l’objectif de doter le pays d’une armée capable de défendre efficacement le territoire national.


B. TOURE

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