Le chercheur a d’abord rappelé que les groupes radicaux violents avaient annoncé lors de leur avant-dernière réunion qui se tient tous les six mois, qu’ils allaient changer de posture. Pour Dr Aly Tounkara, le fait pour eux de s’attaquer aujourd’hui à des sources de ravitaillement en carburant dénote que ces groupes sont acculés dans leurs zones initiales de prédilection. «Ces attaques contre les citernes de carburant, contre les biens des particuliers illustrent à combien l’agenda des groupes radicaux violents est ambigu, très volatile et peine à avoir un horizon constant et cohérent dans le temps et dans l’espace», souligne Aly Tounkara.
D’après lui, l’Armée malienne a eu, il y a plus de trois ans, à procéder à un maillage du territoire national par la multiplication des unités ou des camps dans des zones qui lui étaient inaccessibles. Cette multiplication de la présence de l’Armée a eu des répercussions sur la présence des groupes radicaux violents tant dans les régions dites du Centre que dans celles dites du Nord du Mali. C’est ainsi que ces groupes vont s’inscrire dans une sorte d’enveloppement stratégique, c’est-à-dire chercher à s’implanter dans les localités qui connaitraient une faible présence de l’Armée en termes d’effectifs et d’équipements.
Pour le spécialiste, cet enveloppement stratégique illustre bien que les groupes ont perdu en termes d’intensité de combat, de nombre d’hommes qu’ils avaient auparavant, mais ont su étendre la menace. «Nous assistons à une réduction nette de l’intensité des conflits. Mais dans le même temps, il y a une extension de l’étendue du conflit», nuance Dr Aly Tounkara, qui dira que lorsque les groupes radicaux sont acculés dans leurs zones initiales, ils vont forcément se diriger vers de nouvelles zones. Toutefois, il soutient que ces nouvelles zones sont des champs où ils n’ont pas suffisamment d’hommes, mais vont continuer avec des attaques sporadiques ou opportunistes qui ont une incidence psychologique importante sur les populations. Le chercheur précise qu’à l’analyse, ces attaques sont faibles d’intensité comparativement à celles de ces groupes il y a deux voire trois ans.
RECETTES LOCALES- Face à cette situation, le directeur exécutif du CE3S exhorte l’Etat à continuer à assurer ce maillage du territoire non pas forcement en multipliant le nombre des camps, mais en ayant des camps suffisamment outillés, équipés avec des hommes en nombre. Parce que pour lui, toute tentative d’émiettement des camps pourrait aussi affaiblir les éléments des Forces de défense et de sécurité. Selon Aly Tounkara, il s’agit de continuer avec le maillage sécuritaire rationnel du territoire en cours et élargir le champ à d’autres réponses. «Il est important de coupler à ce maillage sécuritaire, des réponses comme des dialogues intra et intercommunautaires», conseille le chercheur, qui estime que ces dialogues devraient avoir aujourd’hui une sorte de cohérence et de constance.
Il déplore que lesdits dialogues soient menés aujourd’hui par des acteurs un peu hybrides. «Tantôt, ce sont les communautés elles-mêmes qui le mènent avec ou sans l’accord de l’Etat, tantôt ce sont les éléments relevant du ministère en charge de la Réconciliation qui sont dans ce dialogue ou les courtiers du développement c’est-à-dire les organisations non gouvernementales», souligne Dr Tounkara. D’après lui, il sied aujourd’hui que le gouvernement chapeaute l’ensemble des initiatives allant dans le sens de ces dialogues. Aussi, dans le cadre de ces dialogues, il estime qu’il est urgent que l’État parte par foyer de tension. Car «il absurde de penser que ce qui se passe à Macina serait la même chose qu’on observerait à Ménaka, à Niono, Nioro ou à Sikasso».
Aly Tounkara propose de greffer à ces dialogues, des recettes locales qui sont jugées efficaces, pertinentes et légitimes à l’action militaire. «Une fois que cela est fait, cela pourrait permettre à l’État d’assécher les réservoirs de recrutement», indiqué-t-il, ajoutant que l’urgence aujourd’hui est comment isoler les combattants des leaders terroristes. Pour cela, il dira que l’histoire montre que les initiatives locales sont une arme redoutable à cet effet.
CONTEXTES DIFFÉRENTS- Parlant des chaines étrangères qui annoncent que Bamako serait encerclé ou que la capitale malienne tombera dans les heures qui suivent, Aly Tounkara a expliqué que ce sont des commentaires qui ne reflètent pas la réalité. Pour lui, ces commentaires sont nourris et orientés par des compétitions géopolitiques et géostratégiques. Il dira que si Bamako était encerclé, les routes aériennes et terrestres allaient être toutes bloquées. Or, que ce soient avec les moyens aériens ou terrestres, Bamako reste accessible, même s’il reconnait certes que des attaques ont été à un moment dirigées contre des camions citernes aux alentours de Bamako.
Aly Tounkara pense que ces médias occidentaux devraient aussi avoir le courage de dire qu’il y a plus de 10 jours que ces attaques sont en grande partie contenues. «Même si quelques mines sont posées sur certains axes, la attaques proprement dites venant du groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans, connaissent un net recul grâce aux différents efforts que consentent les Forces de défense et de sécurité», souligne Aly Tounkara. Répondant à ceux qui comparent le Jnim aux terroristes syriens et aux talibans, le chercheur dira que c’est de méconnaître la sociologue du Jnim. Selon Dr Tounkara, le Jnim a pu majoritairement mobiliser des acteurs ruraux qui sont déshérités de toute connaissance savante.
D’après lui, ce sont des éléments qui n’ont pas fréquenté l’école classique, qui ont une connaissance très abrupte de l’enseignement confessionnel musulman. Or en Syrie, les éléments qui sous-tendaient le terrorisme dans le contexte syrien avaient une adhésion populaire des populations car une famille avait régné pondant des décennies. Et dans le même temps, ces éléments étaient également outillés intellectuellement pour gouverner un pays. Tandis que dans le cas malien, le spécialiste fait remarquer que les éléments du Jnim ne sont ni outillés et n’ont pas l’adhésion populaire.
Car partout où ils règnent, ils le font avec imposition et contrainte. Pour le cas des talibans, il rappelle que ceux-ci ont eu l’expérience de pratiquer l’État, mais ils étaient plus engagés dans un conflit avec les États-Unis et n’ont d’ailleurs aucunement eu l’ambition d’étendre leur manière d’appliquer la charia à d’autres pays. Car ils le font uniquement en Afghanistan et entre afghans. Au regard de tous ces éléments, Dr Aly Tounkara est formel : les talibans, la Syrie et le Mali ont des sociologies très antagoniques du point de vue du profilage. Aussi, ce sont des contextes très distants et très différents avec des circonstances qui ne peuvent aucunement aboutir aux mêmes résultats.
Parlant des actions à mener par l’État face aux fausses informations qui circulent sur le Mali, le chercheur estime que lorsque des informations contradictoires inondent les réseaux sociaux, arrivent à mettre les populations dans un embarras, il est extrêmement important que l’État décuple les efforts en faveur du fake-cheking et que des journalistes habilités à cet effet créent des plateformes leur permettant de donner la bonne information aux populations dans les langues nationales.
D’après Dr Tounkara, chaque information ambiante d’une certaine teneur mérite une analyse approfondie de cette plateforme qui pourrait être mise en place par l’Etat. Laquelle plateforme sera dédiée uniquement à détecter ces fausses informations et les mettre en évidence afin que les populations puissent différencier le commentaire du fait.
Dieudonné DIAMA
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