
Le journaliste chroniqueur se projette également vers les barrages de la Coupe du monde 2022, notamment la double confrontation entre le Mali et la Tunisie
L’Essor : Comme en 2019, le Mali quitte encore
la CAN au stade des huitièmes de finale. Selon vous, qu’est-ce qui a manqué à
l’équipe ?
Gaoussou Drabo : Je crois que ce qui lui a
manqué fondamentalement, c’est d’avoir régressé par rapport à 2019. Parce qu’en
2019 le diagnostic était clair, on avait un assemblage de personnalités très
talentueuses, on avait également une phalange de footballeurs qui allaient au
risque et qui amenaient beaucoup de percussion à l’équipe.
Donc, on avait
constaté que notre faiblesse était la gestion des matches. Comment gérer nos
temps forts, nos temps faibles et l’absence d’un buteur, comme on dit dans le
temps, un buteur patenté.
Lorsque vous regardez ce qui s’est passé au Cameroun,
on se rend compte qu’on a gagné sur un seul plan, c’est celui de l’organisation
défensive. On est beaucoup moins facile à bousculer qu’avant, et du point de
vue de propreté des interventions, on est quand même mieux qu’avant. On avait également
un deuxième avantage, c’était celui d’avoir un attaquant de pointe désigné en
la personne d’Ibrahima Koné.
Etant donné que même s’il s’est révélé un peu
tard, il était bon que l’équipe se donne comme projet de créer des circuits
offensifs qui doivent permettre de valoriser le talent de la pointe. Et cela ne
s’est pas trouvé, et cela était l’un des manques majeurs, la faiblesse
offensive, surtout dans les dix-huit mètres.
Il y a un deuxième constat qui n’a
pas sauté aux yeux directement, mais qui s’est révélé à chacune des rencontres,
c’est la baisse de régime physique de l’équipe. C’est ça qui a amené le penalty
tunisien, c’est cela également qui a amené un deuxième penalty, celui des
Gambiens.
Et c’est cela qui a fait que même pendant les prolongations contre la
Guinée équatoriale, on était beaucoup plus cantonné en défense, surtout dans la
deuxième partie des prolongations, que nos adversaires qui avaient encore un
tonus mais qui n’avaient pas le talent pour exploiter ce tonus.
Je crois que la
non prise en compte des faiblesses révélées en 2019, plus un certain déficit
physique et un manque de sang froid dans la gestion des moments faibles,
ajouter les uns aux autres, ont amené l’élimination prématurée du Mali.
L’Essor : L’équipe n’a-t-elle pas progressé
par rapport à 2019 ?
Gaoussou Drabo : L’équipe a progressé sur
certains plans. Très sincèrement, j’étais confiant au début parce que je me
disais que lorsqu’on faisait les points formels de progression, on était dans
une situation plus confortable qu’en 2019.
Pour moi, par exemple la présence de
Hamari Traoré, capitaine de l’équipe nationale mais aussi capitaine de l’équipe
de Rennes, qui remplit bien son rôle, était un plus parce qu’on a besoin quand
même d’une personnalité qui marque un peu, qui sait donner son empreinte au
reste de ses partenaires.
Mais je crois qu’on a peut-être pensé qu’on a
progressé beaucoup plus dans la gestion des points faibles que ça s’est révélé
au Cameroun. Pour moi, on ne peut pas dire que l’équipe n’a pas progressé, mais
elle n’a pas suffisamment progressé.
L’Essor : En quatre matches, les Aigles n’ont
marqué qu’un seul but dans le jeu. Jugée à travers ce bilan, l’équipe méritait-elle
d’aller loin dans la compétition ?
Gaoussou Drabo : La réponse, c’est résolument
non. Regardez l’estime professionnelle que les journalistes et même les entraîneurs
étrangers portaient à l’équipe du Mali. Ils faisaient de nous une équipe qui était
pratiquement prédestinée à aller dans le carré d’as. Simplement parce qu’on a
un jeu qui était supposé être flamboyant et on avait une option offensive qui
devait nous porter vers le sommet. La réalité, c’est qu’on a marqué trois buts
sur penalty sur quatre.
L’entraîneur a fait remarquer qu’un penalty est également un danger offensif qui a été annulé par l’adversaire. Mais on aurait aimé qu’à côté de ces dangers offensifs annulés par adversaire qu’il y ait également des buts amenés par un jeu construit, par des circuits offensifs rodés, reproduits en cours de match. Je crois qu’effectivement lorsque vous marquez aussi peu et sur la basse des penaltys, vous vous exposez à la mésaventure que nous avons connue.
L’Essor : Beaucoup d’observateurs pointent du
doigt le coaching de Mohamed Magassouba. Qu’en dites-vous ?
Gaoussou Drabo : Lorsque le coach a été
interrogé par le confrère de Canal+, il a reconnu que pour lui c’est un échec.
Je crois qu’on peut lui accorder le crédit de la reconnaissance des erreurs, même
s’il n’est pas rentré dans les détails de ce qu’il aurait pu faire ou bien ce
qu’il n’aurait pas dû faire.
Je crois que fondamentalement, je parlerais moins
du coaching, mais comment ses messages passent à l’intérieur de l’équipe. Par
exemple : lorsqu’on lui a parlé du match contre la Gambie, il a dit qu’on avait
pourtant un plan de jeu très élaboré.
On savait que les gens allaient jouer de
manière compacte, donc nous, il fallait qu’on distende les lignes gambiennes en
allant beaucoup sur les côtés.
Mais lorsque vous reprenez le déroulement du
match, vous voyez que par exemple ces plongées sur les côtés, ça devait être le
travail d’appoint de Hamari Traoré et Massadio Haïdara. Mais nous avons vu que
seul Hamari a essayé de le faire.
Il faut se demander pourquoi un plan qui était
évident n’a pas été appliqué et a conduit à un match nul contre la Gambie. Il
faut également se demander pourquoi le seul vrai playmaker qu’on a, c’est-à-dire
Yves Bissouma, était sorti en cours de partie alors qu’il n’affichait pas
encore une baisse de régime.
Si l’on ajoute à cela la question sur la non
exploitation maximale d’Ibrahima Koné, je pense que le problème se pose moins
en termes de coaching que de gestion globale de l'équipe sur quatre matches. En
effet, le coaching, même gagnant, fait intervenir autant la chance que le flair
suppposé de l'entraîneur. Il ne suffit donc pas à lui seul à donner l'entière
mesure de la qualité du travail d'un coach.
L’Essor : Comment estimez-vous le travail de l’entraîneur ?
Gaoussou Drabo : Par habitude, je ne tombe pas
trop sur les entraîneurs parce je ne sais pas ce qu’ils ont dit pendant les séances
de préparation, ce qu’ils ont dit à l’avant-match. Mais je crois effectivement
qu’il y a la nécessité de s’adapter aux circonstances. Je prends l’exemple du
Burkina Faso.
La manière dont le Burkina Faso a joué contre la Tunisie, il ne
l’avait jamais fait auparavant. Ils se sont dits que sur cette défense athlétique
mais très lourde de la Tunisie, on va essayer de les épuiser en mettant beaucoup
de verticalité dans le jeu et leur imposer de courir derrière nos gens.
Ils
l’ont fait systématiquement et leur but est rentré justement sur l’une de ses
plongées d’attaquant. Donc, les vérités ne sont jamais les mêmes d’un match à
un autre.
Je pense que contre la Guinée équatoriale, sans accabler l’entraîneur,
je pense qu’il n’a pas tiré toutes les leçons du match qu’il a livré contre la
Gambie parce que l’attitude tactique de la Gambie et l’attitude tactique de la
Guinée équatoriale étaient deux tactiques jumelles, c’étaient des équipes qui
ont misé sur un blocus, ce sont des équipes qui ne sont pas spécialement
talentueuses.
Ces équipes avaient comme projet d’exploiter une petite occasion,
pour la Gambie et de tenir jusqu’aux tirs au but pour la Guinée équatoriale.
Malheureusement, l’entraîneur n’a pas estimé à leurs justes gravités les
faiblesses de l’équipe telle que celles-ci se sont révélées lors du match
contre la Gambie. La Mauritanie, pour moi c’est un match exotique, on était sûr
de les battre et on les a battus.
L’Essor : Quels commentaires faites-vous du
niveau d’ensemble des équipes de cette CAN, Cameroun 2021 ?
Gaoussou Drabo : Sincèrement, c’est une des
CAN les plus faibles que j’ai vue. Il y a beaucoup d’entraîneurs qui se sont
assis pour dire qu’il n’y a plus de petites équipes. C’est-à-dire, qu’il y a
des grandes équipes qui sont devenues des équipes moyennes et qu’il y a des
petites équipes qui sont montées pour devenir des équipes moyennes. Dans tous
les matches vous voyez que c’est la faiblesse des grandes équipes qui amène des
résultats.
Elles n’ont pas le mérite des petites équipes. Il y a eu beaucoup de
matches moyens. Comme circonstance atténuante, personne n’a eu des préparations
classiques. Les meilleurs éléments ont été libérés très tard par les clubs
professionnels.
La préparation a été perturbée par les cas de la Covid-19 et
les pelouses ne sont pas très bonnes, sauf celle de Garoua. Tout ça a influé
sur la qualité de la préparation et du jeu. Mais cela a favorisé certainement
le jeu primaire des petites équipes. Parce que je continue à le dire, il y a
des petites équipes et il y a de grandes équipes. Celles-ci se rejoignent
lorsque les petites se motivent et lorsque les grandes ne jouent pas à leur
niveau.
L’Essor : Est-ce que le fait de jouer la CAN
avec 24 équipes n’a pas aussi impacté le niveau de la compétition ?
Gaoussou Drabo : Pour moi, ça joue directement
sur la qualité du jeu. Pas seulement la CAN à 24 équipes mais le repêchage des
quatre meilleurs troisièmes. Vous vous battez pendant trois matches, mais même
avec une seule victoire, vous passez.
Parce que les gens se retrouvent à 24, il
y a 16 qualifiés. C’est excessif et ça fait perdre la qualité et le suspense
dans les groupes éliminatoires.
Vous avez beau cherché en tant que journaliste vous aurez de la peine à dire ça c’est le groupe de la mort. Dans le temps on retrouvait dans un groupe trois bonnes équipes et le sort était incertain. Aujourd’hui, vous dites bon voilà les deux qualifiés logiques, il peut avoir un outsider qui va perturber et il y’a une victime la dernière équipe n’a aucune chance. Ça enlève la qualité dans la compétition, mais ça ne met pas les grandes équipes à l’abri de mauvaises surprises.
L’Essor
: Quels sont les pays qui vous ont le plus séduit depuis le début de la compétition
?
Gaoussou Drabo : Si on enlève les quatre
demi-finalistes, pour moi, les équipes qui ont joué le mieux en fonction de la
qualité de leurs effectifs et en fonction de leurs classements dans la hiérarchie
des nations, je pense d’abord aux Comores. Tout le monde pensait que
Cameroun-Comores serait une parodie de match.
Mais je pense que si vous étiez
supporteur des Comores, vous seriez fier de l’équipe. Pour moi, la deuxième équipe
qui a vraiment bien joué, c’est le Burkina Faso.
Contre la Tunisie, vous voyez un projet tactique monté par les entraîneurs et exécuté à la lettre par les joueurs. Donc c’est un très bon exemple de la manière dont on peut se montrer conquérant dans une compétition. Je peux regretter l’élimination du Maroc. Avant qu’il ne bute sur l’égypte, le Maroc était l’une des équipes les plus agréables à regarder. Maintenant, s’il faut rendre hommage au combattant, il faut rendre hommage à l’égypte.
C’est une équipe qui a une seule vedette, mais autour de cette vedette, il y a une pléiade de bons joueurs qui ont un bagage technique minimal même s’ils ne sont pas géniaux. Il y a Mohamed Salah qui est extraordinaire et autour de lui, il y a de bons soldats.
L’Essor : Pour les Aigles, le prochain
rendez-vous sera les barrages de la Coupe du monde, Qatar 2022 prévus en mars,
donc dans un mois. Comment voyez-vous la double confrontation entre notre pays
et la Tunisie ?
Gaoussou Drabo : Je crois que dans toute mésaventure,
il y a quelque chose de bon. Nous étions partis très confiants au Cameroun, à
juste titre parce que le Mali est aujourd’hui dans le haut du panier africain.
Mais nous étions partis un peu trop confiants. Vous avez entendu les premiers
commentaires lorsqu’il y a eu le tirage au sort en disant pour la première
fois, on a une chance très forte d’être qualifié pour la Coupe du monde.
La mésaventure
qu’on a eue avec la Guinée équatoriale montre que le football est extrêmement
impitoyable pour celui qui ne mesure pas tous les défis qu’il porte. Une
qualification pour la Coupe du monde n’a rien à voir avec une qualification
pour la CAN, l’enjeu est énormément différent.
Je crois que maintenant l’équipe du Mali va se retrouver dans une situation où elle va tirer, je l’espère, de bonnes leçons de son échec camerounais. Et ensuite, se dire qu’il y a une manière de jouer contre la Tunisie qui doit être dictée par le fait que nous abritons le premier match et que nous allons jouer le retour à l’extérieur.
Ce sont des scénarios qui sont délicats à gérer.
Je suis persuadé que si on garde la tête sur les épaules et qu’on joue à 80% de
notre valeur, nous pourrons nous qualifier. Je crois que ça permet aux joueurs
et à l’encadrement de regarder autrement les éliminatoires de la Coupe du monde
et de ne pas entièrement se réjouir d’être tombés sur la Tunisie.
Contre le
Nigeria qui avait quand même beaucoup d’arguments offensifs et qui nous
ressemblaient également par certains côtés, la Tunisie a joué avec beaucoup de
sang froid. Je suis confiant en la qualification, mais j’espère que la réflexion
nécessaire sera portée.
Le début de réflexion, c’est de se dire que la
Tunisie est une équipe maghrébine mais de toutes les équipes maghrébines, c’est
la plus européenne. Lorsqu’on regarde la Tunisie jouer, on ne voit jamais ce
moment de folie et d’emballement par exemple que l’Algérie et le Maroc ont.
C’est une équipe qui joue pratiquement à l’européenne, carrée, bien organisée.
C’est cette manière de jouer à l’européenne qui a explosé contre le Burkina Faso.
Et ils n’ont pas été capables de se reconstruire pour revenir au score.
Lorsqu’on les voyait contre le Nigeria, ils ont opposé au talent et à la fougue
nigériane leur organisation. Je crois qu’il y a un plan de bataille à faire
contre la Tunisie. Et il faut que ce plan de bataille se paye par au moins deux
buts.
Je suis persuadé que s’il y a un avantage de cette dimension, le match
retour pourra se gérer avec beaucoup de sang-froid et de sérénité. Il faut
imaginer un plan de bataille comme l’a fait le Burkina Faso.
L’Essor : Un mot sur les quatre autres
affiches des barrages, à savoir, Ghana-Nigeria, Cameroun-Algérie, Egypte-Sénégal
et RD Congo-Maroc ?
Gaoussou Drabo : Il y a deux matches intéressants. Cameroun-Algérie, Egypte-Sénégal. Les défaites de l’Algérie, la chute même de ce pays, sont pour
moi, difficiles à expliquer.
Parce que d’habitude, l’Algérie est une équipe
difficile à gérer du point de vue du management des personnalités à l’intérieur.
Il y a toujours beaucoup de désordre, de paroles qui partent mais l’entraîneur
Djamel Belmadi avait réussi à pacifier l’atmosphère à l’intérieur de la sélection.
Est-ce qu’il va pouvoir remettre d’aplomb sa sélection-parce que je crois qu’il
n’a oublié personne dans la sélection-, lui faire retrouver son jeu et l’unité
de l’équipe ? C’est intéressant de voir si l’Algérie va récupérer.
Le deuxième
match, Egypte-Sénégal, c’est l’organisation contre l’un des plus riches
effectifs d’Afrique mais qui n’a pas jusqu'à présent révélé une identité
tactique.
Le Sénégal
joue sur la valeur de certaines individualités. On a vu récemment contre la
Guinée équatoriale, ce sont les remplaçants qui ont fait basculer le match,
mais pas la qualité de jeu d’ensemble.
Ghana-Nigeria, l’incertitude vient du fait que
le Nigeria est une équipe avec beaucoup d’individualités mais avec un faible
encadrement, alors que le Ghana a un meilleur encadrement mais un effectif très
faible.
Les matches ne vont pas être des grands matches, mais il y a une dose
d’incertitude. RD Congo-Maroc, je crois que la sélection congolaise est tombée
très bas mais s’est un peu ressaisie lors de ses derniers matches. Si le Maroc
arrive à se reconstituer sous la houlette de Vahid Halilhodžić, je pense que
c’est un duel déséquilibré.
Interview réalisée par
Kadidiatou OUATTARA
Rédaction Lessor
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