Légitimités traditionnelles : Une meilleure implication dans la gouvernance

La Journée nationale constitue une occasion pour les autorités de la Transition de confirmer la considération qu’elles ont toujours témoignée à l’égard de ces leaders qui tirent leur légitimité de nos us et coutumes. Une manière de renforcer leur rôle dans la conduite des affaires publiques au plan local

Publié mardi 08 novembre 2022 à 06:49
Légitimités traditionnelles : Une meilleure implication dans la gouvernance

Remise symbolique des insignes et certificats aux chefs de quartier du district de Bamako, le 18 juillet 2022

Les légitimités traditionnelles sont des maillons essentiels dans la société malienne et sont incontournables dans la conduite de la réconciliation nationale et la régulation sociale. En raison du rôle important qu’elles jouent dans la vie de la nation, dans le cadre du processus de refondation de l’État en cours et dans le but d’engager un développement harmonieux du pays, le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, a consacré le 11 novembre, Journée nationale des légitimités traditionnelles.

Le thème central retenu pour la première édition est : «Place et rôle des légitimités traditionnelles dans la réconciliation nationale, la promotion de la paix, de la cohésion sociale et la refondation de l’État». L’objectif général visé est de contribuer à une meilleure exploitation du système de gouvernance de ces légitimités pour promouvoir la paix, la cohésion sociale, le vivre-ensemble et soutenir la refondation de l’État.

L’initiative du chef de l’État a été appréciée par d’éminentes personnalités. Dans une interview accordée à L’Essor, le président du Cercle de réflexion et d’information pour la consolidation de la démocratie au Mali (Cri-2002), Dr Abdoulaye Sall, a fait savoir que cette décision est une opportunité historique que le pays doit saisir pour ressourcer notre système démocratique. Mais aussi notre dispositif de l’État de droit à la lumière des légitimités traditionnelles qui sont les détentrices de notre culture.

L’enseignant chercheur à l’Université des sciences juridiques et politiques de Bamako (USJPB) et analyste politique, Pr Abdoul Sogodogo abonde dans le même sens. Selon lui l’instauration de la Journée des légitimités traditionnelles est la preuve de la prise de conscience des autorités sur la nécessite d’impliquer davantage tous les acteurs dans la gouvernance du pays. Il ajoutera que cette journée peut aussi contribuer à une meilleure compréhension et participation des légitimités traditionnelles à la gouvernance pour promouvoir la paix, la cohésion sociale, le vivre-ensemble.

Dr Bouréma Kansaye, enseignant-chercheur à l’USJPB juge le thème pertinent. À son avis, une telle journée est à encourager pour permettre l’expression de toutes les bonnes volontés. «Elle va certainement être l’occasion pour éclaircir les contenus de cette expression qui me semble avoir un contour assez flou», a-t-il indiqué. Pour l’universitaire, cette journée permettra de connaître «qui peut et a le droit de se réclamer légitimité traditionnelle».

RETOUR DE LA PAIX- Rappelant le contexte de crise complexe que connait notre pays, Bouréma Kansaye dira que les légitimités traditionnelles peuvent jouer un rôle important dans le retour de la paix. Mais, conseille-t-il, les «autorités doivent rester vigilantes à propos de cette initiative pour qu’elle ne cristallise pas des frustrations et ne ravive pas des antagonismes anciens et des revendications en activant des dynamiques conflictuelles locales».


Pr Abdoul Sogodogo est du même avis et met en garde contre «l’instrumentalisation» des légitimés traditionnelles qui ont parfois servi de caution morale à l’autocratie et à la dictature d’une élite soucieuse de son maintien dans les sphères de décisions.

Le coordinateur des chefs de quartier de Bamako, Bamoussa Touré, estime pour sa part que «c’est un jour qui nous interpelle et qui nous concerne beaucoup… Ce sera un grand jour et nous allons présenter d’autres doléances». Il a ensuite adressé ses remerciements au président Assimi Goïta pour ce qu’il est en train de faire pour la chefferie traditionnelle, pour le Mali et pour la cohésion sociale.

Bamoussa Touré s’est dit convaincu que le chef de l’État accueillera avec beaucoup d’indulgence les doléances des légitimités traditionnelles et les traduira en «actes favorables à l’émergence des chefs traditionnels». Le coordinateur des chefs de quartier a réitéré le soutien et l’accompagnement des chefs de quartier, de village et de fraction au président de la Transition dans sa difficile mission de diriger le pays.

10.000 INSIGNES- Conformément aux dispositions de l’arrêté n° 2018-2279/MATD-SG du 5 juillet 2018, le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisations a confectionné, le 18 juillet dernier, 10.000 insignes et autant de certificats pour les chefs de village. Le département de tutelle a fait 664 insignes et 5.000 certificats pour les chefs de fraction. Il était également prévu 8.223 insignes et 10.000 certificats pour les chefs de quartier.

«Nous étions des chefs de village, maintenant nous sommes des Dougoutiki pleins», s’est réjoui le coordinateur Bamoussa Touré. Les légitimés en étaient d’autant plus fiers que ces insignes les investissaient de l’autorité qui leur « permet de se faire entendre et de se faire respecter par l’ensemble des populations maliennes», selon Bamoussa Touré.

Lors de la remise symbolique des insignes et certificats, le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta a remercié les légitimités traditionnelles pour le rôle qu’elles jouent dans la gestion des structures administratives de base. Elles sont, en effet, des relais de l’administration, aident dans la gestion des affaires publiques.

Le colonel Assimi Goïta a indiqué que les chefs de village, de quartier et de fraction sont aussi le garant de la cohésion sociale, de la stabilité et du vivre-ensemble. Ils interviennent régulièrement dans prévention et la gestion des conflits dans leurs localités respectives.

Lors d’une conférence de presse, le ministre en charge de la Culture, Andogoly Guindo, a expliqué que la Journée des légitimités traditionnelles traduit la volonté des autorités de la Transition de conférer une gouvernance vertueuse, ancrée dans les valeurs sociétales de notre pays.

Selon lui, il s’agit en substance de revaloriser ceux qui ont toujours joué un rôle de régulateur social au sein de leurs communautés et qui se sont investis pour amorcer le développement socio-économique et culturel de leurs localités. Il a ajouté que les attributions et rôles des chefs de village, de fraction et quartier sont adossées aux dispositions législatives et réglementaires qui consacrent la prééminence des us et coutumes du pays dans les conditions de désignation de ces autorités.

Dans son article 185, l’avant-projet de Constitution stipule que les légitimités traditionnelles, gardiennes des valeurs de la société, contribuent au renforcement de la cohésion sociale et à la gestion des conflits.

Selon le même document, les différentes catégories de légitimités traditionnelles, leurs rôles et les modalités de leur intervention sont déterminés par la loi. Pour le Pr Abdoul Sogodogo, cette sacralisation par la Constitution fera des légitimités traditionnelles de véritables institutions de l’État.

«Cette constitutionnalisation des légitimités traditionnelles est en soi un changement de paradigme, car elle marque une appropriation de l’État wébérien», a dit l’analyste politique. Et d’ajouter que cette démarche de création d’une symbiose entre les pouvoirs (traditionnels et formels) consolide la cohésion sociale et garantit la bonne gouvernance par l’adaptation des institutions et les règles aux réalités.

Souleymane SIDIBE

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