L’Inde est-elle un «roi des taxes»? Pas vraiment.

L’idée que les taxes douanières de l’Inde sont démesurément élevées est largement répandue, mais elle est fausse. Il existe des facteurs subjectifs lorsqu’il s’agit d’un pays, comme la qualité de vie, la courtoisie publique ou même la façon dont les étrangers sont accueillis. Mais les taxes sont quantifiables et il ne devrait pas y avoir de place pour la subjectivité. Examinons donc les faits de cette affaire.

Publié mercredi 10 septembre 2025 à 12:59
L’Inde est-elle un «roi des taxes»? Pas vraiment.

Mais avant cela, il peut être utile pour le lecteur moyen de savoir quelle est la fonction des droits de douane dans un pays en développement à faible revenu comme l’Inde, par opposition à un pays développé à revenu élevé comme les États-Unis d’Amérique. Traditionnellement, les pays en développement à faible revenu utilisent les droits de douane pour deux raisons : d’une part, pour protéger leur industrie nationale et, d’autre part, pour en tirer des revenus.

La protection de l’industrie nationale est un argument accepté par les économistes du monde entier, en particulier si l’industrie est naissante et que le pays a besoin de développer une base industrielle. Il y a ensuite la fonction d’accroissement des recettes, qui est illustrée par les droits de douane d’un pays sur l’alcool ou les motocyclettes de luxe, par exemple.

Les droits de douane de l’Inde, qui étaient élevés dans les années 1980, ont été considérablement réduits depuis le lancement des réformes de 1991 et pendant les négociations du cycle de l’Uruguay, qui ont abouti à la création de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Depuis lors, la tendance en Inde est à la réduction progressive des droits de douane applicables, année après année. D’un point de vue technique, les pays ont deux types de droits de douane. L’un est le droit de douane appliqué qui, comme son nom l’indique, est le droit réel (normalement ad valorem) imposé à la frontière lorsqu’un produit étranger entre dans un pays.

L’autre est le droit de douane consolidé, c’est-à-dire le droit de douane maximal qu’un pays peut imposer à un produit étranger en vertu d’une obligation légale découlant du principe de la nation la plus favorisée (NPF) qu’il a contracté dans le cadre de l’OMC.

Il va sans dire que la guerre des droits de douane lancée par les États-Unis viole les engagements pris dans le cadre des accords de l’OMC. Mais l’OMC elle-même est moribonde depuis un certain temps. Il convient également de noter que les droits de douane ne peuvent pas être les mêmes pour tous les pays. C’est un truisme de dire que les pays en développement à faible revenu auront des droits de douane plus élevés (pour les raisons mentionnées ci-dessus) que les pays du G7.

 

Quelle est donc la place de l’Inde dans tout cela ? Lorsque l’Inde est jugée sur ses droits de douane, deux paramètres sont utilisés. L’un est la moyenne simple des droits de douane, l’autre les droits de douane pondérés en fonction des échanges. Si l’on utilise le premier paramètre, les droits de douane de l’Inde semblent élevés (15,98%). Mais c’est à bien des égards théoriques, car pour la plupart des marchandises qui entrent sur le marché indien, c’est le droit de douane appliqué, pondéré en fonction des échanges, qui compte. Et le droit de douane pondéré que l’Inde applique est un taux très respectable de 4,6%.

Ce niveau de taxe fait mentir les affirmations selon lesquelles l’Inde est en quelque sorte un roi de la taxe douanière. Les simples moyennes faussent le tableau puisqu’elles traitent tous les produits de la même manière, quels que soient les volumes d’échanges. Alors, pourquoi y a-t-il une si grande différence entre le droit de douane moyen simple de l’Inde et son droit de douane pondéré en fonction des échanges commerciaux ?

L’Inde maintient des droits de douane relativement élevés dans les secteurs de l’agriculture et de l’automobile. Dans ces deux cas, l’objectif principal des droits de douane est de protéger l’industrie nationale. L’agriculture indienne est sui generis et ne ressemble à aucun autre grand pays du monde. Environ 50% de la population gigantesque de l’Inde dépend directement ou indirectement de l’agriculture.

En outre, l’agriculture indienne n’est pas mécanisée et les propriétés foncières sont si petites que l’agriculture est une question de survie et non de commerce. Demander à l’Inde d’ouvrir son secteur agricole aux importations revient à lui demander de se suicider, ce qu’aucun gouvernement élu en Inde n’accepterait. Cette demande est d’autant plus flagrante que les agriculteurs occidentaux bénéficient de subventions directes et indirectes.

Compte tenu de tout cela, l’Inde maintient des droits de douane relativement élevés pour les produits agricoles, avec des taux moyens d’environ 33% sur la viande, les produits laitiers, les fruits et les céréales. Mais cela n’est pas surprenant si l’on considère que le taux moyen de l’Union européenne est de 37,5% sur les produits laitiers, allant jusqu’à 205%, et jusqu’à 261% sur les fruits et légumes.

Comparez avec le Japon, dont le taux est de 61,3% sur les produits laitiers, allant jusqu’à 298 %, et jusqu’à 258% sur les céréales, et 160% sur la viande et les légumes. Ou encore la Corée du Sud, dont la moyenne est de 54% sur les produits agricoles, avec 800% sur les légumes et 300% sur les fruits. Qui est le roi des droits de douane dans l’agriculture ? Quant à l’automobile, ce secteur crée des emplois en masse et est donc crucial.

Mohan Kumar

Ancien ambassadeur

 indien et Directeur

général de l’Institut

Jadeja Motwani pour les études américaines

Rédaction Lessor

Lire aussi : Maouloud 2025 : Les journées du jeudi 11 et vendredi 12 septembre chômées et payées

Le ministère du Travail, de la Fonction publique et du Dialogue social informe, à travers un communiqué signé ce mercredi 10 septembre 2025, que les journées du jeudi 11 septembre..

Lire aussi : Koulikoro : Interdiction des « soirées Dior » et pratiques assimilées

Le gouverneur de la Région de Koulikoro, le colonel Lamine Kapory Sanogo, a pris une décision interdisant l’organisation des manifestations publiques dites « soirées Dior » ainsi que toute pratique assimilée jugée contraire aux bonnes mœurs..

Lire aussi : Ravitaillement en eau potable : Qui a dit que le pousse-pousse s’arrête au mur

Dans certains quartiers de Bamako, l’eau potable est livrée en pousse-pousse par des revendeurs. Ce travail pénible rythme le quotidien de certains jeunes venus de la campagne. Nous nous sommes intéressés à certains d’entre eux, à Lafiabougou, un quartier populaire de la Commune IV du Dist.

Lire aussi : Certificat d’état-major : Fin de formation pour la 6è promotion

Depuis sa création en 2020, ce stage a permis de former 149 officiers maliens. La promotion de cette année est composée de 24 officiers supérieurs dont un personnel féminin, issus des différents états-majors et directions de services.

Lire aussi : Activités citoyennes des vacances : Les pupilles de la République à la rencontre du ministre de la Défense

Dans le cadre des activités citoyennes des vacances, une forte délégation composée d’une centaine de pupilles de la République a rendu visite, hier au ministre de la Défense et des Anciens combattants, le Général de corps d’armée Sadio Camara, dans les locaux de son département. La dé.

Lire aussi : Koulouba : Le Chef de l’État reçoit deux policiers, ex-otages des groupes terroristes

Kidnappés par des hommes armés le 6 août dernier au niveau de Bambara-Maoudé sur l'axe Tombouctou-Douentza, le Sergent-chef de police Abdrhamane Dembélé et le Sergent de police Boubacar Dabo sont revenus parmi les leurs, sains et saufs, le lundi 8 septembre 2025.

Les articles de l'auteur

Ravitaillement en eau potable : Qui a dit que le pousse-pousse s’arrête au mur

Dans certains quartiers de Bamako, l’eau potable est livrée en pousse-pousse par des revendeurs. Ce travail pénible rythme le quotidien de certains jeunes venus de la campagne. Nous nous sommes intéressés à certains d’entre eux, à Lafiabougou, un quartier populaire de la Commune IV du District de Bamako.

Par Rédaction Lessor


Publié mercredi 10 septembre 2025 à 13:14

Année de la Culture : Ami Koïta, marraine du mois de septembre

Pendant 30 jours, elle partagera ses expériences avec la jeunesse dans le cadre de la mise en œuvre du projet Culture 2025.

Par Rédaction Lessor


Publié mercredi 10 septembre 2025 à 13:03

Tour cycliste de Côte d’Ivoire : Le Mali sur le podium

La 31è édition du Tour cycliste de Côte d'Ivoire a connu son épilogue, samedi dernier, avec le sacre de Steve Ngueguim. Le jeune prodige du cyclisme camerounais, 24 ans seulement, s'est hissé sur la première marche du podium en bouclant les 7 étapes (767 kilomètres) de la course avec un chrono de 55 h 47 min 41 sec..

Par Rédaction Lessor


Publié mardi 09 septembre 2025 à 08:47

Mali Kura Netaasira Ka Ben San 2063 : Les patrons du Mali engagés à accompagner l’État

L’exécution de cette première phase va nécessiter plus de 6.000 milliards de Fcfa par an. Le gouvernement, dans le souci de préserver la souveraineté de notre pays, entend faire en sorte que les ressources nationales puissent garantir au maximum la prise en charge de ce vaste chantier.

Par Rédaction Lessor


Publié mardi 09 septembre 2025 à 08:43

Macina : La localité s’inscrit dans la prévention des catastrophes

Le préfet de Macina, le Lieutenant-colonel Albaraka Ag Amarizag, a échangé avec les membres du Comité de veille et ceux du Comité des crises et catastrophes pour faire le point sur la situation globale du cercle, mais aussi passer en revue les activités menées dans le cadre de la prévention des crises et catastrophes. C’était en présence du maire adjoint de Macina, Dian Diallo, des représentants des Forces de défense et de sécurité et des chefs des services techniques..

Par Rédaction Lessor


Publié mardi 09 septembre 2025 à 08:32

Siama : L’édition de l’année de la culture officiellement lancée

-.

Par Rédaction Lessor


Publié lundi 08 septembre 2025 à 07:59

Recrudescence des attaques terroristes : Les FAMa engagent une offensive d’envergure

Les groupes armés terroristes ont décidé de s’attaquer aux camions transportant les hydrocarbures et aux bus de la Compagnie Diarra Transport pour toucher le cœur de l’économie nationale. Face à la détermination des Forces de défense et de sécurité, leur projet funeste sera étouffé dans l’œuf.

Par Rédaction Lessor


Publié lundi 08 septembre 2025 à 07:47

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner