Pr Diango Mahamane Djibo
Ces derniers temps, une vague de canicule sévit dans notre pays. Les
températures ressenties sont très souvent très élevées. Le thermomètre affiche
une moyenne qui oscille entre 40 à 45° Celsius dans la capitale voire plus dans
d’autres localtés du pays. Cette chaleur extrême serait à l’origine de nombreux
décès, notamment chez les personnes du troisième âge, c’est-à -dire les 60 et
plus.
Les chiffres fournis par le Service d’accueil des urgences (Sau) de
l’hôpital Gabriel Touré sont implacables et douloureux, mais interpellent
surtout sur la nécessité d’une sensibilisation de la population pour éviter que
la liste des victimes de la grande chaleur ne s’allonge. En tout cas, durant la
période alllant du 1er au 4 avril dernier, ce service a enregistré 102 décès et
60% des victimes étaient des personnes âgées de plus de 60 ans. Ces statistiques comparées aux 130 décès
enregistrés pour tout le mois d’avril en 2023 appellent à agir pour éviter la
catastrophe.
L’ampleur de la situation suscite des appréhensions légitimes, mais aussi
des interprétations erronées sur les réseaux sociaux. Des personnes sans
scrupule alignent des chiffres dans leurs posts qui sont loin de la réalité.
Mais, convenons-en, même un seul mort est de trop. Il n’y a aucun débat
là -dessus.
Le Centre hospitalo-universitaire (CHU) Gabriel Touré qui s’inscrit dans la
dynamique de partage de la bonne information a organisé, vendredi dernier dans
ses propres installations, une conférence de presse pour expliquer clairement
la situation qui prévaut en vue de couper court aux folles rumeurs qui gonflent
à l’hélium le nombre de décès dans les structures hospitalières pendant cette
période de canicule extrême.
Le CHU Gabriel Touré entend surtout sensibiliser la population sur les
risques encourus pendant cette période de forte poussée de chaleur par tout le
monde, particulièrement par les personnes vulnérables, notamment les 60 ans et
plus et les tout-petits, et sur les mesures à adopter pour se préserver d’un
éventuel coup de chaleur.
La conférence était animée par le chef du département de la médecine
d’urgence et d’anesthésie-réanimation, Pr Diango Mahamane Djibo. Le praticien
hospitalier dans son exposé liminaire a tenu à préciser qu’il ne faut pas
mettre ces décès sur le compte de la canicule. L’esprit cartésien qu’il demeure
toujours estime simplement qu’il faut des études pour cerner les causes réelles
de ces nombreux décès très souvent constatés à l’arrivée à l’hôpital.
Le conférencier explique aussi que
60% de ces personnes décédées durant les quatre premiers jours du mois d’avril
étaient âgées de plus de 60 ans. Selon lui, à cet âge, ces personnes sont
parfois fragilisées par des pathologies chroniques comme le diabète et
l’hypertension artérielle, entre autres.
«On est en période de canicule qui
décompense ces maladies chez les patients», souligne le Pr Diango Mahamane
Djibo. Et l’anesthésite-réanimateur d’indiquer que les enfants à bas âge sont
aussi très fragiles face à la canicule parce qu’ils n’ont pas suffisamment
d’eau dans l’organisme pour affronter les températures extrêmes.
Le toubib relève également que lorsque la température ambiante augmente,
l’organisme met en place plusieurs mécanismes pour faire baisser la
température. «Si sa capacité de défense est dépassée, cela conduit à un déficit
d’eau. Les effets secondaires de cette déshydratation sont notamment une
importante fatigabilité, des maux de têtes, des nausées et la perte de
conscience», énumère-t-il.
Pour Pr Djibo de Gabriel Touré, en raison de cette vague de canicule, la
fréquentation de son service avait atteint, il y a trois jours, plus de 100
patients par jour contre une moyenne de 70. Il invite la population surtout les
aînés et les tout-petits à observer les mesures de prévention, notamment se
soustraire à un environnement très chaud, se mettre à l’ombre et également
boire de l’eau. Le conférencier conseille tout simplement d’éviter de donner de
l’eau glacée à une personne lorsque sa température est en train de monter.
Selon le spécialiste en médecine d’urgence, la bonne attitude, c’est de lui
donner de l’eau tiède en petite quantité et à des petits intervalles pour la
réhydratation.
Le tableau n’est guère reluisant dans les autres établissements
hospitaliers de la place. Tous sont débordés. Le personnel hospitalier est un
peu partout aux petits soins pour tenter de soulager les familles qui accourent
avec leurs malades. Certains arrivent trop tard puisque ce sont des Décès
constatés à l’arrivée (DCA). Les plus chanceux sont immédiatement pris en
charge.
À l’hôpital du Mali par exemple une source hospitalière explique simplement
préférer ne pas entrer dans le jeu des chiffres. Mais, elle confirme qu’il y a
de nombreux morts parce que la capacité d’accueil de la morgue a été largement
dépassée. Cette source hospitalière explique simplement qu’un rapport a été
adressé à la ministre de la Santé et du Développement social.
À l’hôpital du Point G, c’est le même constat. Dans cet établissement hospitalier, on a enregistré dans la semaine du 1er au 6 avril 34 DCA et 26 décès au service des urgences. Ces décès coïncident en tout cas avec la période de chaleur.
Ã
l’hôpital de Kati, c’était aussi le même vécu ou presque. Selon une
source hospitalière, l’établissement a enregistré dans la semaine 19 DCA et
autant de corps déposés directement à la morgue.
Il est bon de préciser que la raison de ces nombreux décès n’est aucunement imputable aux services hospitaliers. Bien au contraire, le personnel soignant donne le meilleur de lui-même pour assurer une prise en charge correcte de ce qui subissent la vague de chaleur.
Mohamed DIAWARA
Les chefs de quartier et les services de police sont les premiers contacts des parents dans les situations d’égarement des enfants. Il ne vient à l’esprit de personne (en tout cas très peu de gens le font) de requérir l’appui des services locaux de promotion de la femme, de l’enfant et d.
La vérité des chiffres est implacable. Le paludisme représente au Mali la première cause de morbidité, soit 37,7%. Les établissements de santé dans notre pays ont recensé en 2023, un peu plus de 3,3 millions de cas de paludisme pour 1.191 décès.
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