L’Essor : La mise en œuvre
de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger connaît,
ces derniers temps, un blocage, dû au manque de confiance entre les parties
(gouvernement et mouvements signataires). Selon vous, qu’est-ce qu’il faut
faire pour remédier à cette situation ?
Mamadou O. Sidibé :
L’Accord pour la paix et la réconciliation a été signé en 2015. Comme son nom
l’indique, c’est un accord pour la paix et non un accord de
paix. Donc, il est normal qu’il y ait des difficultés dans l’exécution
qu’il va falloir surmonter. Ça fait quand même huit ans
qu’on n’arrive pas à sortir de cette situation. S’il y a des
difficultés, il va falloir les surmonter en se parlant. Pour moi, il n’y a pas
de problèmes insurmontables. Quand on accepte de se parler, on peut trouver une
solution à tous les problèmes. Mais, depuis 2015 on a dit que cet Accord est
pratiquement inapplicable, vu tout ce qui est dans le document notamment la
partie institutionnelle.
Les gouvernements successifs ont fait ce qu’ils
pouvaient mais il y a une partie de l’Accord qui ne peut être appliquée sans un
changement de Constitution. Aujourd’hui, la Transition est en train d’aller
dans ce sens. Mais il faut dire qu’un accord, c’est entre des belligérants, des
signataires, si toutes les parties ne s’y mettent pas, il va de soi que
l’Accord tombe à l’eau. Aujourd’hui, le manque de confiance est là entre
les parties prenantes au point que l’État a suspendu le financement qu’il
accordait au Comité de suivi de l’Accord. Vous savez que l’Accord contient dans
ses dispositions sa révision. Il est temps que les
parties prenantes s’asseyent, fassent le bilan pour savoir quels
sont les points de blocage.
Parce que l’Accord, lui-même, prévoit la
révision de certains passages. Je pense qu’il faut mettre à
plat cet Accord ou plutôt essayer de faire une application
intelligente du document. N’oublions pas aussi que l’Accord pour la paix et la
réconciliation n’a été approuvé, ni par les députés, ni par le référendum. Dans
ces conditions, ça va être difficile pour le gouvernement de faire plus que ce
qu’il fait. Aujourd’hui, le blocage est là mais je pense que les gens
de bonne volonté, notamment les parties signataires de l’Accord, la communauté
internationale et l’Algérie peuvent trouver une solution idoine à ce problème
qui n’a que trop duré.
L’Essor : Quelle
lecture faites-vous de la situation socio-politique de notre pays engagé dans
une Transition depuis août 2020 ?
Mamadou O. Sidibé : Notre
pays traverse l’une des périodes les plus délicates, voire critiques de son
histoire avec une crise multidimensionnelle et ses conséquences à la
fois sociopolitique, économique, humanitaire et sécuritaire exacerbées par la
pandémie de la Covid-19, les sanctions de la Communauté économique des états de
l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et de l’Union économique et monétaire
ouest-africaine (Uemoa) et la guerre en Ukraine. Toute chose qui a mis notre
pays dans une situation fragile. À cela, s’ajoute le fait que les politiques se
regardent en chien de faïence et n’arrivent pas à accorder leurs
violons pour parler d’une même voix d’une part et d’autre part, la Transition
ne fait pas confiance à une partie de la classe politique.
Il y a aussi la méfiance de la population vis-à-vis de certains politiques. Tout cela maintient, aujourd’hui, le pays dans un climat délétère et dans cette situation critique. Les problèmes sont donc réels mais quelle que soit la situation, les gens doivent savoir qu’il faut aller vers un régime démocratique et que la Transition ne peut en aucun cas perdurer. Il faut que nous sortions de cette situation transitoire dans un bref délai. Heureusement que les autorités ont donné un délai qu’elles veulent respecter, nous espérons que ça sera ainsi.
L’Essor : Les
autorités ont récemment annoncé le report du référendum qui était initialement
prévu pour le 19 mars dernier. Ce report ne-va-t-il pas impacter les autres échéances
électorales pendant la Transition ?
Mamadou O. Sidibé : Notre
parti, depuis sa création, a toujours interpellé les acteurs politiques et
les citoyens sur les failles du système de 1991. Vous savez, les anciens
ont fait ce qu’ils pouvaient, maintenant, il faut réformer,
remodeler l’ancien système. Je pense que la Transition l’a compris et
travaille dans ce sens. La majorité des Maliens ont également compris qu’il
faut changer et remodeler si on veut un Mali Kura. Le PRVM-Fasoko a toujours été
une force de propositions et quand on tient compte des réalités sociopolitique,
économique et stratégique de notre pays, on peut dire que la voie tracée par la
Transition est bonne pour aller vers un nouveau système, une refondation
de l’État, bref un Mali Kura.
Par rapport au report de l’élection référendaire,
les autorités actuelles, avec leur tête le président Assimi Goïta,
ont donné un calendrier provisoire de toutes les élections y compris
celle référendaire de mars 2023 à février 2024. Un engagement a été pris avec
la communauté internationale de respecter ces délais. Bien sûr le report de l’élection
référendaire peut impacter le calendrier, voire un glissement de la
fin de la Transition.
Le PRVM-Fasoko suggère aux autorités de la Transition, à défaut d’organiser toutes les élections inscrites dans le calendrier, de se focaliser sur l’élection présidentielle qui doit être crédible, apaisée, transparente et acceptée par toutes les parties prenantes. Nous sommes dans un régime présidentiel et l’élection présidentielle est, à mon avis, le plus grand défi des autorités de la Transition.
L’Essor : Le président
de la Transition a reçu il y a quelques semaines les membres de la Commission
de finalisation du projet de Constitution. Selon vous, quelles sont les
avancées et les insuffisances de ce document ?
Mamadou O. Sidibé : Le
PRVM-Fasoko a, depuis sa création, inscrit dans son agenda l’avènement de la 4è
République pour refonder l’État. Déjà dans son projet de société de 2018 notre
parti faisait de la révision constitutionnelle un impératif pour un nouveau départ pour
notre patrie. Nous avons remis à la Commission de rédaction de
l’avant-projet de Constitution, à sa demande, un document intitulé «propositions
du PRVM-Fasoko sur l’élaboration de l’avant-projet de Constitution».
Une large
partie de nos préoccupations n’ont pas été prises en compte comme le régime
politique, l’Autorité indépendante de gestion des élections (Aige) comme organe
institutionnel, le rôle et le mode de désignation des membres de la Cour constitutionnelle,
etc. Vous savez, tout document produit par les humains reste imparfait avec ses
avancées et ses insuffisances. Pour le reste, la Loi fondamentale qui doit
régir la vie de toute une nation sur le long terme doit aussi être
consensuelle que possible et surtout comprise par la population à laquelle elle
s’applique dans son entièreté.
Elle doit rassembler et non diviser. Donc, nous
osons espérer que les autorités de la Transition trouveront des voies et moyens
pour convaincre les partis politiques, la société civile et une frange
importante de nos autorités coutumières et traditionnelles à adhérer à ce
projet. Sans l’adhésion de la majorité des Maliens, toutes catégories sociales
confondues, ça va être difficile d’aller à un référendum digne de ce nom.
L’Essor : Certains
leaders musulmans s’insurgent contre le maintien de la laïcité dans le projet
de Constitution, préférant, en lieu et place, le terme ‘’État
multiconfessionnel’’. Quel est votre avis ?
Mamadou O. Sidibé : La Loi fondamentale doit donner des orientations sur l’organisation de l’État. Les autres lois comme la loi organique et la loi ordinaire peuvent prendre en charge certains concepts, définitions et les objectifs de certains mots. Vouloir remplacer le mot laïcité par le terme État multiconfessionnel peut créer des problèmes. Il faut placer les mots dans leur contexte et faire une lecture du projet de Constitution du préambule jusqu’à son dernier article. La plupart des Constitutions du monde ne contiennent ni l’un ni l’autre. Donc, à nous de voir ce qui peut rassembler la population et non la diviser. Ces concepts laïcité et Etat multiconfessionnel ne sont pas de nous, ils viennent d’ailleurs. Je pense qu’il faut rester cohérent et humble, avec cela, nous trouverons la solution.
L’Essor : La Russie
vient de prendre la tête du Conseil de sécurité de l’Onu. D’aucuns pensent que
c’est une aubaine pour notre pays de pouvoir saisir l’organisation onusienne en
vue de la présentation des preuves contre la France dans sa complicité avec les
groupes terroristes. Qu’en pensez-vous ?
Mamadou O. Sidibé : Comme
on le dit, les pays n’ont pas d’amis mais des intérêts. Aujourd’hui, nous
pensons que les relations russo-maliennes sont au beau fixe. Les autorités
de la Transition peuvent profiter de cette situation pour saisir le Conseil de
sécurité pour l’acceptation de la présentation des preuves qu’elles détiennent
contre la France. Cependant, il ne faut pas oublier que la France est membre
permanent du Conseil de sécurité et peut poser son droit de veto. Il faut alors
se demander si une telle demande de notre pays a des chances d’aboutir
avec ce statut de la France.
À mon avis, ça va être très compliqué, mais
on peut toujours essayer, surtout que les autorités de la Transition se disent
convaincues de l’existence de la complicité de la France avec les forces du mal
qui sèment la terreur dans notre pays depuis plusieurs années. Nous devons tout
faire pour que ces terroristes et leurs complices répondent, un jour, de leurs
actes.
Propos recueillis par
Bembablin DOUMBIA
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