Réduction du nombre des partis politiques : Les pour et les contre

Dans le cadre de la relecture de la Charte des partis politiques, le gouvernement a initié une série de consultations des forces vives de la nation et des Maliens établis à l’Extérieur pour la mise en œuvre des recommandations des Assises nationales de la Refondation (ANR). Ces différentes rencontres commencent aujourd’hui 16 avril et se termineront demain au niveau des régions.

Publié mercredi 16 avril 2025 à 07:48
Réduction du nombre des partis politiques : Les pour et les contre

Les 28 au 29 avril 2025 verront la phase nationale de ces concertations. L’Essor a approché des personnalités de diverses sensibilités sur la réduction du nombre des partis politiques. Un sujet crucial qui domine aujourd’hui les débats politiques.

 

Fousseynou Ouattara, président du Corema : Â«Le Burkina et le Niger ayant réalisé la volonté de leurs peuples, le Mali a-t-il d’autres choix ?»

Le Mali étant le dépositaire des actes fondateurs de la Charte du Liptako Gourma ayant fondé l’Alliance des État du Sahel se doit d’être l’exemple de la solidarité au sein de la Confédération des États du Sahel. Le Burkina Faso et le Niger ont dissous les partis politiques en réponse aux vœux de leurs peuples affirmés lors des concertations nationales.


 Ces deux pays membres de la Confédération AES ont mis fin au régime transitoire par des décisions fortes en donnant le titre de Président de la République à leur Chef d’État, assorti d’un mandat de cinq ans. Le Burkina et le Niger ayant réalisé la volonté de leurs peuples, le Mali a-t-il d’autres choix ?

La voie est donc déjà tracée et le Mali ne pourra que s’aligner sur la satisfaction des vÅ“ux formulés par le peuple malien lors des différentes concertations : dissoudre les partis politiques, ériger le Président de la Transition en Président de la République assorti d’un mandat de cinq ans.

La souveraineté appartient au peuple, et que sa volonté soit.

 

Yaya Sangaré, secrétaire général de l’Adema/PASJ : «La régulation à marche forcée risque d’ouvrir la porte à une fragilisation du processus démocratique»

 

La question aurait pu être posée autrement : comment les partis politiques pourraient à la fois correspondre aux aspirations électrices des Maliens et élargir les horizons de leur perception globale et pertinente de la vie publique. Au fait, quelle est ou pourrait être la portée d’une opération de réduction à outrance des choix ?  S’il est vrai qu’il existe une crise de nombre des partis politiques, la régulation à marche forcée de ces derniers risques d’ouvrir la porte à une fragilisation du processus démocratique.


Je suis pour une régulation encadrée, sinon une réduction arbitraire comme cela se dessine à l’horizon, entraînera la fragilisation de notre processus démocratique, un recul des acquis démocratiques du 26 mars 1991. Il pourrait même ouvrir des tensions politiques aux conséquences imprévisibles. Une analyse holistique de la situation s’impose aux décideurs. Toute initiative visant à réduire ou dissoudre les partis politiques sans fondement légitime et démocratique constitue une grave atteinte aux droits de l’homme. La réduction du nombre ou la dissolution envisagée des partis politiques ne respecte le droit inaliénable du peuple malien (inscrit dans la Constitution) à choisir librement ses représentants et à s’organiser politiquement selon ses aspirations.


Me Moctar Mariko, président de l’AMDH : Â«La réduction du nombre des partis politiques est une forte recommandation des ANR et du dialogue inter-maliens»

 

Pour ce qui concerne la réduction du nombre des partis politiques, elle est une question d’actualité au Mali et une forte recommandation des Assises nationales de la refondation et du Dialogue inter maliens. En effet, les partis politiques en dépit de leur financement n’ont pas obtenu le résultat escompté c’est-à-dire l’éducation citoyenne des masses populaires au civisme et leur participation à la construction de la cité).


Nous pensons aussi que tous les partis politiques créés après les ANR doivent être dissouts comme les partis non représentatifs à l’échelle nationale, tous les partis politiques qui n’ont pas d’élus au niveau communal et législatif. 
Ces critères ci-dessus peuvent être une balise sur le chemin de la réduction du nombre des partis politiques au Mali. 


Dr Balla Fofana, enseignant-chercheur à l’université Yambo Ouologuem de Bamako : «La relecture de la charte sera un acte salutaire et contribuera à la refondation de l’État»

 

«La relecture de la Loi n°05-047 du 18 août 2005 relative à la Charte des partis politiques sera un acte salutaire et contribuera à la refondation de l’État malien à condition qu’elle soit focalisée sur le chapitre V relatif au financement public des activités des partis politiques et au chapitre VII relatif à la formation civique et politique des membres des partis politiques.

En effet, les partis politiques bénéficient d’une aide financière étatique dans une optique d’assurer la formation de leurs membres aux idéaux des partis et aux valeurs démocratiques. Les observateurs attentifs remarquent que les politiques maliens des trente dernières années viennent fréquemment vers leurs bases en périodes électorales. D’où une incurie dans la vie démocratique. Cette attitude est aux antipodes des valeurs démocratiques.


Conformément à l’article 29 de la Charte des partis politiques, les partis politiques bénéficient de 0,25% des recettes fiscales dans une dimension de formation et d’éducation de leurs membres aux idéaux des partis et aux valeurs démocratiques. Pour cela, le montant annuel des crédits affectés au financement des partis politiques est divisé en quatre fractions : la première fraction égale à 15% des crédits est affectée aux partis ayant participé aux élections générales : législatives ou communales ; la deuxième fraction égale à 40% des crédits est allouée aux partis politiques proportionnellement au nombre des députés ; la troisième fraction, 35% des crédits, est destinée à financer les partis politiques proportionnellement au nombre des conseillers communaux et la quatrième fraction égale à 10% des crédits est destinée à financer les partis proportionnellement au nombre des femmes élues à raison de 5% pour les députés et 5% pour les conseillères communales.

Par ailleurs, le nomadisme ou la transhumance politique est un phénomène dangereux dans la sphère politique. Cette attitude d’instabilité d’un transhumant politique affaiblit le parti d’origine de base et érode la cohésion sociale au sein dudit parti, d’où la raison pour l’État de mettre fin à cette attitude dans la sphère démocratique malienne.»


Mme Kouyaté Goundo Sissoko, présidente de la Cafo : Â«La prolifération des partis politiques révèle plutôt une fragmentation politique nuisible

à la stabilité, à la lisibilité de l’offre politique»

 

 

Refonder les partis, ce n’est pas réduire la démocratie, c’est lui redonner du sens, une réforme structurelle au service de l’intérêt général. Et cette refondation sera vaine si elle oublie les femmes.

La prolifération des partis politiques au Mali, avec plus de 200 formations recensées, ne traduit plus un véritable pluralisme démocratique. Elle révèle plutôt une fragmentation politique nuisible à la stabilité, à la lisibilité de l’offre politique et à la confiance des citoyens. Trop de partis se créent sans vision claire, sans ancrage social réel, souvent à des fins personnelles plutôt que nationales. Il est donc temps d’aller vers une rationalisation du système partisan, à travers une réforme de la loi sur les partis politiques.


Cette réforme devra établir des critères stricts de représentativité, de transparence, de fonctionnement démocratique et d’implantation territoriale. Mais cette refondation ne sera complète que si elle intègre une exigence de justice sociale : les femmes doivent y avoir toute leur place, non comme simples figurantes, mais comme actrices majeures dans la gouvernance des partis et dans la vie publique.

Moins de partis, oui. Mais surtout des partis plus crédibles, plus représentatifs, et réellement porteurs d’espoir pour les Maliens et Maliennes.

Propos recueillis par

Namory KOUYATE

Lire aussi : Mme Haïdara Aïchata Cissé dite Chato : Une contribution de 38 millions de fcfa

C’est une véritable déclaration d’amour au Drapeau national qui a résonné samedi soir lors du Téléthon national pour la CAN 2025. Marraine de la Commission nationale d'organisation et de mobilisation pour la participation du Mali à la CAN, Maroc 2025, Mme Haïdara Aïchata Cissé dite Cha.

Lire aussi : Téléthon CAN 2025 : Plus de 150 millions de fcfa récoltés

Présidé par le ministre de la Jeunesse et des Sports, chargé de l’Instruction civique et de la Construction citoyenne, Abdoul Kassim Ibrahim Fomba, l’opération a permis de lever plus de 150 millions de Fcfa, sur les 200 millions de Fcfa visés par la Commission nationale d’organisation et .

Lire aussi : Cscom day : Une belle initiative de la Fondation Orange et de l’Association Volon’Terre pour l’accès gratuit aux soins

Dans le cadre de son engagement citoyen, la Fondation Orange Mali, en partenariat avec l’Association Volon’Terre, a organisé une journée de consultations médicales gratuites, samedi dernier au Centre de santé communautaire (Cscom) de Sabalibougou, en Commune V du District de Bamako. On notai.

Lire aussi : Cinq plans d’affaires primés sur 208

Les rideaux sont tombés, vendredi dernier, au stade du 26 Mars, sur la 1ère édition du Salon international de l’entrepreneuriat-AES (SIE-AES) avec la remise des prix aux cinq meilleurs plans d’affaires..

Lire aussi : Mali: La reprise du service premium du «e-passeport AES»

Dans un communiqué fait le 20 novembre 2025, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile a informé la population de la reprise officielle des activités au niveau du service prémium du « e-passeport AES », dès le lundi 24 novembre 2025 à partir de 7 heures 30 minutes..

Lire aussi : Kangaba : Consultation publique sur l’EIES

Il y a eu une première rencontre d’information et de sensibilisation qualifiée de préconsultation. Puis la consultation publique proprement dite relative à l’Étude d’impact environnemental et social (EIES) pour l’exploitation d’or et des substances minérales du groupe 2 du permis dâ€.

Les articles de l'auteur

Salon international de l’entrepreneuriat-AES : Le président Goïta reçoit les ministres de l’espace et le représentant du Ghana

Le Président de la Transition, le Général d’armée Assimi Goïta, également Président de la Confédération des États du Sahel, a accordé, hier dans la matinée au Palais de Koulouba, une audience aux ministres de cet espace venus participer au Salon international de l’entrepreneuriat-AES qui prend fin aujourd’hui..

Par Namory KOUYATE


Publié vendredi 21 novembre 2025 à 11:03

El Hadj Adama Issa Sacko : «J’ai remarqué que la culture Khassonké est en voie de disparition»

L’écrivain traditionnaliste, à travers son livre, intitulé : «Le Khasso traditionnel : coutumes et mœurs», lancé le 17 juillet dernier, met en lumière les repères culturels de cet espace linguistique dont il est le «Djeli», de par la bataille de Tumbifara. Dans cet ouvrage de 162 pages, El Hadj Adama Issa Sacko de Kayes fait revivre le Khasso dans son entièreté pour qu’il ne tombe dans l’oubli.

Par Namory KOUYATE


Publié vendredi 21 novembre 2025 à 10:08

Mécanisme d’investissement en consolidation de la paix au Mali : Plus de 75 milliards de FCFA pour 10 projets

La protection des femmes et des filles, la lutte contre les violences basées sur le genre, la réintégration socio-économique des femmes déplacées et victimes de conflits sont parmi les domaines ciblés.

Par Namory KOUYATE


Publié lundi 17 novembre 2025 à 08:30

Général Elhadj Gamou sur la situation à Kidal : «Nous sommes dans les activités de développement»

Dans le cadre de la célébration du 2è anniversaire de la prise de Kidal (14 novembre 2023) par les Forces armées maliennes (FAMa), le gouverneur de la région, le Général de division Elhadj Gamou, nous a accordé un entretien téléphonique au cours duquel il a noté des avancées significatives dans plusieurs domaines..

Par Namory KOUYATE


Publié vendredi 14 novembre 2025 à 11:33

Autorités et légitimités traditionnelles : Des acteurs incontournables dans l’éducation et la construction du Maliden kura

La journée qui leur est dédiée, a été marquée hier par des conférences-débats, des jeux-concours, des expositions photos et des consultations médicales ophtalmologiques et en géronto-gériatrie à Bamako et à l’intérieur du pays.

Par Namory KOUYATE


Publié mercredi 12 novembre 2025 à 09:39

Spéculation sur les produits pétroliers : Un terreau favorable pour les criminels

Qu’est-ce que la spéculation ? Comment cette pratique est-t-elle traitée par la législation en vigueur ? Comment est protégé le consommateur face à ce genre de situation ? Quelles sont les actions entreprises par le gouvernement dans ce sens ? Voilà autant de questions auxquelles Dr Boubacar Bocoum,.

Par Namory KOUYATE


Publié mardi 11 novembre 2025 à 08:32

Koulouba : Le nouveau bureau du CNJ présenté au chef de l’Etat

Composé de 33 membres, le bureau national du Conseil national de la jeunesse (CNJ) est dirigé par Sory Ibrahim Cissé pour un mandat de trois ans. L’organisation est représentée dans les 815 communes, les 19 régions et le District de Bamako.

Par Namory KOUYATE


Publié vendredi 17 octobre 2025 à 12:28

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner