
Autant de sujets sur lesquels Dr Aly Tounkara, directeur du Centre des études sécuritaires et stratégiques au Sahel (CE3S), livre ici son analyse.
Sur le
dossier des 49 militaires ivoiriens arrêtés au Mali, le chercheur estime que la
libération des trois femmes est symbolique. Pour lui, c’est une manière, pour
les autorités maliennes, de démontrer leur bonne foi vis-à-vis des différentes
négociations facilitées par la République du Togo. Dr Aly Tounkara soutient que
cette libération partielle a permis de nourrir l’espoir d’arriver à un
dénouement heureux entre le Mali et la Côte d’Ivoire. Toutefois, il souligne
que le dossier de ces militaires ivoiriens est problématique du point de vue
analytique parce que les règles d’engagement d’un contingent n’ont pas été
observées par la Côte d’Ivoire.
Les récentes déclarations des autorités vont un
peu dans ce sens. Le directeur du CE3S pense qu’il faut voir ce dossier plus
sous l’œil de la diplomatie que celui du droit. Il prévient que le
rebondissement de part et d’autre dans ce dossier laisse entendre que dans les
semaines voire les mois à venir, au lieu d’assister à un dénouement heureux, on
risque plutôt d’assister à des sorties fracassantes et à des menaces qui
pourraient être brandies. D’après lui, dans une telle situation complexe, il
faut agir en termes d’efficacité et de pragmatisme.
À cet effet, il se demande
alors s’il faut maintenir ces militaires au Mali parce qu’il y a des hommes
politiques maliens ou des acteurs de la société civile qui bénéficieraient d’un
soutien ivoirien dans leur exil. Ou les libérer pour ne pas élargir le champ
des fronts auxquels le Mali est appelé à faire face et également penser à la
situation de la diaspora malienne qui vit en Côte d’Ivoire. Il rappelle que les
tensions entre les présidents Gbagbo et Ouattara ont été très coûteuses pour la
communauté malienne tant en termes de pertes en vies humaines que de pertes
matérielles. Et tout ceci devrait avoir un impact sur le cours des évènements.
CLARIFICATION-
Parlant de la 3è réunion du Groupe de suivi et de soutien à la Transition
(GST-Mali) qui s’est tenue à Lomé au Togo, Dr Aly Tounkara note que cette
rencontre a été saisie par le Mali comme une sorte d’aubaine. Selon lui, à travers
le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, la
position du Mali vis-à-vis des partenaires à travers le monde, notamment
certaines chancelleries occidentales, a été davantage clarifiée.
De même,
souligne-t-il, c’était le lieu pour l’État du Mali de dire que désormais, le
choix d’élargissement du partenariat ne doit obéir qu’à l’agenda malien. Des
propos qui, estime le chercheur, vont à coup sûr édifier un nombre important de
partenaires quant à la marche à suivre dorénavant vis-à-vis de l’État du Mali.
«Au-delà de cet exercice de clarification de la position du Mali, de ses choix
stratégiques et même géopolitiques dans le concert des nations, c’était aussi
un moyen pour l’État malien d’interroger voire réinterroger qui sont
aujourd’hui avec lui et qui seraient un peu dans une posture ambiguë ou à la
limite même de l’autre côté en termes de rapprochement entre lui et certains de
ses anciens partenaires», analyse Dr Tounkara, pour qui, l’exercice a permis
d’obtenir les résultats escomptés.
D’après le
chercheur, quand on interroge un peu l’opinion africaine et même
internationale, cette 3è réunion du GST-Mali a permis de redorer le blason de
la diplomatie malienne, d’enlever certaines formes d’équivoques qui
consisteraient à dire que le Mali s’est isolé ou est en guerre contre toute
l’humanité. «La tenue de cette rencontre a été une aubaine pour l’État du Mali
non seulement pour la clarification de sa position et pour pouvoir vendre
l’image réelle du pays et non celle souhaitée par d’autres partenaires en
particulier la France et un nombre important de pays de l’Union européenne»,
indique le directeur du CE3S.
Sur un tout
autre chapitre, il se prononce sur les raisons de la visite du président
burkinabé Paul-Henri Sandaogo Damiba à Bamako. Pour Aly Tounkara, la question
sécuritaire est une des raisons essentielles de ce voyage. Il rappelle que les
militaires bur,kinabè ont déserté depuis décembre-janvier derniers, les
localités frontalières avec le Mali. Et il n’y avait que quelques gendarmes qui
faisaient l’objet d’une présence symbolique dans certaines localités
frontalières entre les deux pays. Lesquels ont, à leur tour, regagné les
centres urbains après le coup d’état perpétré par le président Damiba.
L’universitaire rappelle que ce vide sécuritaire est toujours d’actualité entre
les frontières malienne et burkinabè. Pour lui, cette visite peut être inscrite
dans une logique de reprise des actions militaires conjointes entre les deux
pays dans les parties frontalières dans un contexte de retrait du Mali des
instances et organes du G5-Sahel.
En clair, dit-il, c’était pour le président
Damiba, une manière de réchauffer ces accords bilatéraux du point de vue de la
coopération militaire antérieure à la création de la Force conjointe du
G5-Sahel entre les deux pays. «Les semaines voire les mois à venir nous en
diront davantage si toutefois, les contours, les tenants et les aboutissants
d’une reprise de la coopération militaire vont porter leurs fruits parce que,
qui parle de coopération militaire évoque forcément les dimensions
géopolitiques et géostratégiques», analyse Dr Tounkara, qui estime que le
positionnement de la France au Burkina Faso et son possible rapprochement avec
le président Damiba sont des aspects qui pourraient difficilement permettre la
reprise de la coopération militaire entre le Mali et le Burkina Faso.
Le
chercheur reconnait cependant que cette reprise reste une nécessité absolue
pour les deux pays s’ils veulent arriver à bout de l’insécurité liée au
terrorisme. Au-delà de l’aspect militaire, Aly Tounkara fait savoir que le
président Damiba est très décrié par un nombre très important de Burkinabè
qu’ils soient du monde politique, académique et même militaire à certains
égards. Sa venue au pouvoir avait suscité une sorte de lueur d’espoir,
d’euphorie et de joie, relève-t-il.
Malheureusement au bout de quelques mois de
gouvernance, le mythe est tombé. Et le président Damiba bénéficie aujourd’hui
d’un soutien très marginal de la part de l’opinion publique burkinabè. Donc,
c’était pour lui, à défaut d’avoir toute l’estime dont bénéficie le président
Assimi Goïta dans un même contexte de transition, de montrer au peuple
burkinabè qu’il veut aussi bien faire autant que le chef d’État malien, dont
les actions sont prises en exemple par un certain nombre de Burkinabè comme
ayant amené un changement sur le plan sécuritaire.
RECUL DES
ATTAQUES- Parlant de l’évolution de la situation sécuritaire de façon globale
au Mali, Dr Aly Tounkara pense qu’il y a un recul net du nombre d’attaques. En
même temps, relève-t-il, ce sont les groupes radicaux violents, durant ces deux
derniers mois, qui s’affrontent dans la partie dite du Liptako Gourma. Selon
lui, cette zone est le théâtre d’affrontements très violents entre les éléments
d’Al-Qaeda et de l’État islamique au Grand Sahara.
Ces derniers temps,
souligne-t-il, l’État du Mali, à travers l’Armée de l’air, a fait des frappes
qui ont porté des coups durs à ces deux groupes radicaux violents. De façon
générale, le chercheur estime qu’il y a une amélioration encourageante de
l’offre et de la demande de securité ces dernières semaines. Laquelle
amélioration doit être maintenue dans la durée dans les localités en proie à
l’insécurité avec une présence militaire pérenne.
Par
ailleurs, le directeur du CE3S livre son analyse sur les relations entre le
Mali et l’Algérie. Dr Aly Tounkara rappelle que les deux pays ont décidé de
renforcer leur coopération à l’occasion de la 18è session de leur comité
bilatéral stratégique. En termes de coopération militaire, il estime que les
retombées vont être marginales. Pour lui, l’Algérie voit dans le dossier
malien, une opportunité de se positionner entre le Mali et la France. Et dans
ledit dossier, elle arrive à s’imposer comme un acteur indispensable à la fois
pour les groupes armés et pour l’État du Mali.
Mais, il prévient que
l’hypothèse qui voudrait que l’Algérie vienne en aide au Mali en termes de
fourniture d’équipements militaires ou de s’inscrire dans des actions
militaires entre les deux pays au niveau de frontières reste très marginale
pour qui connait les possibles connexions entre certains éléments d’Al-Qaeda
notamment ceux d’Iyad Ag Ghali et certains dignitaires du pouvoir militaire
algérien.
S’agissant
des aspects économiques, il soutient que l’Algérie entend être davantage
présente au Mali dans tout ce qui est énergie solaire, secteur de la
communication comme l’est aujourd’hui le Maroc. Mais en tout état de cause, il
reconnait que l’Algérie a toujours joué un rôle majeur dans le rapprochement de
l’État du Mali et ses différentes rebellions. Et au-delà de ce rapprochement,
l’immixtion du Maroc dans le secteur des télécommunications, dans les bâtiments
et travaux publics (BTP) sont aussi des situations à défaut de vexer l’Algérie,
suscitent auprès d’elle l’engouement d’être autrement présente au Mali
qu’uniquement dans le dossier des accords de paix.
En définitive, Aly Tounkara
déclare que même si l’Algérie offre des bourses à un nombre important de
bacheliers maliens, forme nos Forces de défense et de securité, tout cela ne
doit pas pousser les Maliens à tomber dans un raccourci qui consisterait à dire
qu’elle serait prête à évoluer avec le
Mali sous un comité qui va réunir les différents états-majors en vue de mener
des actions contre les entrepreneurs de la violence.
Enfin, le
directeur du CE3S donne son avis sur la souveraineté de plus en plus
affirmée de notre pays. Il rappelle que
la souveraineté du Mali avait suffisamment été martelée par le président Modibo
Keïta. Mais, par moments et par régime, elle a été sérieusement hypothéquée
pour des raisons liées à la dépendance accrue de l’État vis-à-vis des
partenaires dans tous les domaines. C’est pourquoi, Dr Tounkara pense que la
question de la souveraineté se pose entièrement dans le contexte malien.
Toutefois, il soutient que du 18 août 2020 à ce jour, il est établi par des faits que cette souveraineté s’affirme de plus en plus. Selon le chercheur, la célébration de la fête de l’indépendance va certes se dérouler dans un contexte où la crise sécuritaire liée au terrorisme est d’actualité. Mais au-delà, cette envie de s’affirmer en tant qu’État indépendant et autonome est tout à fait observable dans l’action de l’élite militaire au pouvoir. Pour Aly Tounkara, cette souveraineté est fondamentale pour l’avenir même du pays, pour les actions de développement qui vont être engagées par les régimes qui vont se succéder dans les années à venir.
Dieudonné DIAMA
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