
Les effondrements d’immeubles sont devenus presque monnaie
courante dans notre pays. Sur les causes réelles, chacun y va de son
commentaire. Est-ce un problème de qualification des ingénieurs, de qualité des
matériaux de construction ou autres ? Autant de questions auxquelles le Pr
Seydou Kanté apporte des réponses.
Ce professionnel des bâtiments et travaux
publics (BTP) en service à l’École nationale d’ingénieurs (ENI-ABT) depuis 1993,
est chargé de cours sur les structures, c’est-à-dire le calcul de résistance,
de stabilité et de rigidité des ouvrages et bâtiments. Une spécialité qui lui a
valu, dans ce temple du savoir technique, le pseudonyme de «Monsieur BTP».
L’expert estime que le paysage du secteur des BTP de notre
pays est réellement très complexe. Le problème, déplore-t-il, est que
n’importe qui se fait passer pour un spécialiste, surtout dans le domaine du bâtiment.
«Notre génie civil est régi par des normes, mais très souvent c’est le client
qui dicte aux spécialistes ce qu’ils doivent faire», déplore l’expert en calcul
de résistance des ouvrages et bâtiments.
Les effondrements d’immeubles, selon le Pr Kanté, sont dus
au non-respect des normes et des règles de bonnes pratiques. «Le laxisme au
niveau de l’exécution des travaux est à l’origine des effondrements d’immeubles
que nous vivons. Avant de construire, on doit faire des études du sol pour
savoir si l’espace en question peut supporter l’immeuble ou le bâtiment qui
sera érigé et sur quelle profondeur il faut réaliser les fondations», énonce
notre interlocuteur, ajoutant que très souvent les matériaux de construction
sont mal choisis.
Normalement, conseille-t-il, le fer utilisé pour la
construction, doit faire l’objet de réception technique pour voir ses caractéristiques
mécaniques (diamètre, nuance, etc.). Selon «Monsieur BTP», personne ne doit
construire sans faire recours au service du laboratoire agréé installé dans les
locaux de l’ENI-ABT ou s’adresser au Centre national de recherche et d’expérimentation
en bâtiments et travaux publics (Cnrex-BTP) et aux spécialistes (architectes,
ingénieurs, techniciens).
Sur le marché, les diamètres des aciers ne sont pas respectés, relève l’universitaire. Et d’expliquer que la longueur de tous les aciers doit être de 12 mètres et le diamètre indiqué doit être respecté. «On a de sérieux problèmes avec le fer qui n’est pas fabriqué selon les normes. Cette difficulté concerne aussi le ciment et les agrégats dont plusieurs facteurs ne sont pas respectés. Nous avons conseillé au gouvernement d’interdire l’utilisation des aciers non contrôlés. Il faut souligner le fait que les fabricants de matériaux de construction sont plus des commerciaux qui se soucient de leurs gains », explique-t-il.
CHOIX INADÉQUAT DES MATÉRIAUX- De l’analyse du spécialiste
des BTP, le consommateur aussi incite les fabricants à produire à des prix bas.
D’où la mauvaise qualité du fer qui entraine à son tour des dysfonctionnements
des structures, voire les effondrements. Un autre problème des constructions, énumère-t-il,
c’est la qualité du béton.
«Pour faire le béton, il faut une formule pour
savoir le dosage en ciment, le rapport gravier-sable, la granulométrie, la
consistance, la quantité d’eau et de brouettes de sable et de gravier qu’il
faut pour un sac de ciment», conseille le spécialiste, qui explique que cette
bonne formule doit être fournie par un laboratoire agréé. « Mais les
entreprises ne le font pas tant que le contrôle ne l’exige pas et la
quasi-totalité des entreprises du bâtiment font le mélange sans formules »,
déplore le spécialiste.
Seydou Kanté dénonce aussi le fait que les règles de l’art
ne sont pas respectées de façon générale, même pour la construction des routes.
Le choix des matériaux est souvent inadéquat, soutient l’expert, ajoutant que
l’État doit surveiller activement les investissements publics et privés qui
violent les lois. À cet égard, le Pr Kanté estime qu’il urge de mettre les
agents chargés du contrôle dans les conditions pour un meilleur rendement.
«L’État
n’autorise pas les constructions qui ne respectent pas les règles de l’art.
Toutefois, la lourdeur administrative fait qu’on assiste à la violation de ces
règles. Par exemple pour obtenir une autorisation de construire, le demandeur va
devoir patienter 2 à 3 mois. Pressé par les impératifs, il n’attend pas et se
met à construire. Sur une centaine de bâtiments en construction, seuls environ
60% détiennent une autorisation. Tous les autres évoluent dans l’informel, donc
ne disposent pas de document autorisant les travaux», précise le spécialiste.
Pourtant, les textes de loi en la matière obligent tout demandeur à disposer
d’un permis de construire avant d’entamer les travaux.
«Quand la direction de l’urbanisme interpelle les auteurs
des constructions sans permis, ces derniers se présentent rarement pour répondre
à la convocation. Si l’intéressé ne se présente pas à la convocation et que la
direction entame les procédures judiciaires à son encontre, la lenteur du
circuit fera que l’immeuble aura tout le temps de s’effondrer avant la fin du
processus. Ce qui fait qu’il est difficile d’organiser ce secteur pour le réglementer
et le faire sortir de l’informel», admet le spécialiste. C’est ainsi que
beaucoup de travaux sont exécutés par les intervenants qui ne respectent pas
les procédures et échappent au contrôle.
Pour préserver un bâtiment d’un éventuel effondrement et, ou
de vices de construction, le technicien préconise la collaboration entre les
intervenants dans la construction à savoir le maître d’ouvrage (bénéficiaire
des travaux), le maître d’œuvre (l’exécutant des travaux), le bureau de suivi
et celui du contrôle.
Dans tous les cas de figure, il n’est pas rare de constater un dysfonctionnement du bâtiment si l’un de ces acteurs manque ou ne joue pas son rôle. Au-delà de cette collaboration, l’État doit veiller au respect des normes de construction en vue de garantir et de préserver la vie des occupants des immeubles à usage d’habitation ou commercial et utilitaire. L’une des missions régaliennes de l’État est d’assurer la sécurité collective de tous les citoyens sur leurs lieux d’habitation, de travail ou en mouvement.
Babba COULIBALY
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