
Un quartier périphérique de Bankoni. Une famille recomposée
: le couple a vécu une ou plusieurs expériences de mariages antérieures.
La
famille n’est pas très aisée. Ses membres habitent, quand même, dans leur
propre maison.
Des orphelins de mère, depuis leur prime enfance, vivant avec
leur père seul.
Après le remariage de leur papa, ils partagent aujourd’hui leur
quotidien avec une nouvelle maîtresse de maison que le père a épousée pour
combler le vide laissé par la défunte première femme.
La nouvelle, à son arrivée, a installé une toute autre
ambiance dans la famille. Les petits orphelins, vivent un calvaire depuis que
cette belle-mère a mis pied dans la maison.
Et, les choses vont de mal en pis,
depuis que l’aîné de la famille s’est marié.
La femme de ce dernier, supposée
être une belle-fille, est devenue une rivale, une coépouse pour madame. Elle
voit en elle la défunte épouse de son mari.
Et bonjour les querelles, tout le
temps, et pour tout.
Elle n’hésite pas à ressaisir de son souffre-douleur
jusque derrière son mari, dans leur lit conjugal, pour la frapper.
Il y a deux mois, l’aîné de la famille qu’on surnomme Damba
est rentré du marché pour se reposer, après une journée très chargée et
fatigante.
Avec sa jeune femme, dans l’intimité de leur chambre.
C’est là que
la belle-mère fait irruption. Elle se met à battre la jeune femme avec un gros
bâton.
sans réaction- Surpris, Damba est resté sans réaction.
Il ne
put s’interposer. Il sortit de sa chambre, laissant sa femme subir le courroux
de la marâtre.
Celle-là, une fois qu’elle a fini de battre sa belle-fille,
ressort de la chambre, des insultes grossières à la bouche.
Le garçon rentra se recoucher, l’appétit coupé et demanda à
sa femme d’en faire autant sans lui poser de questions sur ce qui venait de se
passer.
Toute la scène s’est déroulée, en présence du chef de famille, le père
de Damba et l’époux de la marâtre dont nous tairons le nom.
Il n’a pipé mot, ne
serait-ce que pour prouver qu’il n’est pas sous l’emprise de sa femme.
à la mort du chef de famille, il y a quelque temps, Damba
est devenu chef de famille. Les choses pourront changer.
Cette famille est loin de faire exception. La cohabitation,
dans les familles recomposées, notamment maliennes, est plus proche de la « cohabi-tension
» alimentée par l’attitude de certaines belles-mères qui veulent s’imposer au
couple.
Elles ont tendance à vouloir tout contrôler, tout gérer en «vraie
maîtresse des lieux». À Quizambougou, la belle-mère de Kadi ressemble à ces
vieilles dames qui ont un droit de regard sur tout ce qui se passe dans la
famille.
Jeune dame, Kadi vit avec son mari dans la famille
maternelle de ce dernier. Allassane, son époux, enfant unique, a perdu sa maman
depuis sa tendre enfance.
Son père, sans moyens financiers, décide de le faire
adopter par sa grand-mère maternelle pour pouvoir s’occuper de lui-même.
Quelque temps après, le père d’Allassane rencontre une veuve
qu’il épouse. Devenu réparateur, le fils, lui, épouse Kadi, des années plus
tard.
Allassane décide que son épouse se rende, tous les jours, au Bankoni pour
faire la cuisine pour son père et sa belle-mère qui n’ont pas eu d’enfants.
En
épouse dévouée, Kadi quitte Quinzambougou, tous les matins, pour se rendre au
Bankoni à pieds. Faute de ressources.
Là-bas, la belle-mère l’accueille avec insultes et
reproches. Aussitôt arrivée, elle doit se rendre au marché.
Pour une famille de
six membres, « la popote » varie entre 500 et 750 Fcfa pour acheter du riz, du
charbon de bois et autres condiments.
Le chef de famille ne travaille plus en
raison de son âge avancé. Sa femme, elle, vend du savon au marché. Il arrive
souvent que Kadi arrive en retard.
Gare à elle si le repas n’est pas prêt à
midi. La belle-mère qui revient du marché à cette heure-là, ne se privera pas
de la sermonner. Elle l’insulte de père et de mère.
Elle se souvient : «Un jour, ma belle-mère est revenue du
marché avec son amie.
Le repas n’était pas encore prêt. Elle m’a insulté de
mère.
Ce jour-là, je lui ai demandé de ne plus jamais insulter mes parents.
Comme pour me défier, elle est venue se planter devant moi et l’a refait.
Je
n’ai rien dis. Elles ont passé toute cette journée à me bouder».
Kadi a enduré cette situation durant deux ans.
Elle n’aura
la délivrance qu’après la mort de sa belle-mère, il y a près d’un an. Depuis,
elle prépare chez elle et apporte à manger à son beau-père « qui me comprend »,
témoigne-t-elle.
Contrairement à Kadi, Aïcha vit dans sa belle famille mais
craint de se faire répudier à cause de l’autre épouse de son beau père.
Cette
dernière est déjà arrivée à mettre sa co-épouse (la mère de l’époux d’Aïcha)
dehors, elle tente d’obtenir de son mari l’expulsion du jeune couple du
domicile.
Convaincue que son beau père ne pourra résister à la pression de sa
femme, Aïcha a peur de se retrouver dehors avec son mari qui «n’a pas de
travail fixe pour le moment.
On ne pourra pas tenir, c‘est sûr», se
plaint-elle.
Le sociologue Dr Brema Ely Dicko explique qu’une famille
recomposée comprend un couple d’adultes, mariés ou non et, au moins, un enfant
né d’une union précédente de l’un des conjoints.
Consécutives à des décès, ces
unions passaient par le remariage d’un veuf ou d’une veuve.
« Jusqu’à la
seconde Guerre Mondiale, elles étaient rompues par la mort d’un des deux
conjoints alors qu’aujourd’hui la cause principale des ruptures est le divorce
(ou la séparation dans les couples non mariés)», poursuit le sociologue.
querelles quotidiennes-Les recompositions familiales
concernaient, autrefois, des orphelins, qui trouvaient ainsi un beau-père
(parâtre) ou une belle-mère (marâtre).
« Aujourd’hui, explique encore Bréma Ely
Dicko, les enfants des recompositions sont ceux des désunions.
De nos jours,
les divorces et les recompositions se font sur la base de l’aspiration et de la
volonté des personnes ».
« C’est bien l’enfant qui fait la famille. L’approche
de la famille recomposée recentre la famille sur l’enfant et pas sur le couple.
Dans une famille recomposée, si l’homme et la femme avaient chacun un ou
plusieurs enfants, on assiste souvent à des querelles quotidiennes entre les
enfants », explique-t-il.
Pour les peines encourues par les auteurs de violence au
sein de nos familles, l’avocat Me Bakary Konaté explique que les auteurs
peuvent être jugés pour « coups et blessures, violences, injures, voies de
fait, etc. » « Cet acte est puni par l’article 207 du code pénal.
Il est
passible d’un emprisonnement de 1 à 5 ans, d’une amende de 20.000 à 500.000
Fcfa », explique-t-il.
« Quand c’est suivi de mutilation, amputation, privation
de l’usage d’un membre ou d’un sens, cécité, perte d’un œil ou autres
infirmités ou maladies, la peine sera de 5 à 10 ans de réclusion.
S’il y a eu
préméditation ou guet-apens, la peine sera de 5 à 20 ans de réclusion »,
précise le juriste.
En revanche, en cas de crime avec (préméditation ou
guet-apens ou suivi de mutilation, privation de l’usage d’un membre ou d’un
sens), l’instruction et le jugement prendront plus de temps puisque, c’est la
Cour d’assises qui se prononcera.
« En moyenne, la durée peut varier entre 1 et
3 ans.
Tout dépend de ce que le client entend obtenir du tribunal puisque
plusieurs cas de figure sont à envisager
En tout état de cause, il faut retenir que nul n’a le droit
de maltraiter sa belle-fille ou son beau-fils. Daouda Goumanè, imam et
traditionaliste au Bankoni explique qu’aucun beau-parent n’a le droit de porter
la main sur sa belle fille.
En pareils cas, Il conseille au beau-fils de voir
des « personnes qui peuvent dire la vérité » pour ramener la belle- mère à de
meilleurs sentiments ou de quitter la maison paternelle et de s’installer, avec
sa femme, ailleurs.
Rokiatou Traoré
Oumar SANKARE
Certaines femmes sont souvent confrontées à des accouchements longs et difficiles. Le manque ou l’insuffisance de prise en charge adéquate génère des émotions psychologiques profondes et conduit parfois à des tragédies.