
Une brave paysanne dans son champ à Nonibougou
C’est demain la Journée
internationale de la femme rurale qui se tiendra sous le thème évocateur :
«Femmes rurales, actrices incontournables
pour une meilleure sécurité alimentaire et nutritionnelle dans un contexte de crise multidimensionnelle». Il
s’agit d’amener autorités et partenaires à garder à l’esprit que ces femmes
sont aussi utiles au service de la communauté et qu’elles doivent aussi être
prises en compte dans les politiques et programmes de développement.
Elles exercent des
activités agricoles comme le maraichage, la production du beurre de karité et le petit commerce afin de
contribuer aux dépenses de la famille, mais aussi de subvenir à leurs besoins
financiers et matériels. Pour se rendre compte de l’importance de ces braves
femmes et leurs intenses activités, notre équipe de reportage s’est rendue dans
la Commune rurale de Baguinéda, notamment à
à Nonibougou pour voir à l’œuvre
Awa Diabaté dans son périmètre maraicher.
La quinquagénaire porte une robe
assortie à un foulard récolte son
gombo.
Elle cultive dans son jardin cette plante herbacée, mais aussi de l’oignon et des choux. La paysanne se confie et explique que le maraichage est la principale source de revenus des femmes de Nonibougou. «Mes gains me permettent d’assurer la popote pour ma famille, mais aussi aux frais scolaires de ma progéniture et de subvenir à mes besoins personnels». Celle qui fulmine contre l’inaccessibilité des femmes rurales aux engrais de qualité, mais aussi l’insuffisance d’eau pendant la saison sèche, en appelle à l’aide des autorités compétentes. Pour ces raisons qu’elle invoque, beaucoup de femmes de la localité abandonnent la culture de contre saison. Les plus chanceuses se retrouvent avec une récolte insuffisante.
Exode rural-Awa
Diabaté pense que la famine s’accroit pendant la saison sèche tout comme
l’oisiveté. C’est une des raisons qui justifient l’exode rural. Elle souhaite
qu’on réunisse les conditions pour éviter le départ massif des bras valides des
campagnes vers les grandes agglomérations à la recherche de biens matériels (trousseaux de mariage pour
les jeunes filles), mais aussi d’espèces sonnantes et trébuchantes pour les garçons
afin de faire face à des aspirations juvéniles comme s’acheter une moto. Awa
est un exemple parmi une cohorte de braves femmes à Nonibougou. Aminata Samaké,
que nous avons rencontrée sur le chemin de retour de son champ est une jeune
dame de 26 ans.
Cette mère de trois enfants qui portait un fagot de bois sur la
tête explique vendre la majeure partie de ses produits à des clients qui
viennent de Bamako. «Deux fois par jour, je parcours mon champ. J’ai peur qu’on
me le retire un jour parce qu’on manque de terres arables. Certains se rendent
dans les villages voisins pour avoir temporairement des terres cultivables».
Celle qui a le courage de ses opinions explique à qui veut l’entendre que ce
sont les femmes qui assurent les dépenses quotidiennes, notamment la pitance,
les frais de scolarité des enfants. «Chez nous les hommes sont des polygames et
chaque femme se débrouille pour nourrir ses enfants». Et de lancer un cri de cœur
pour la construction des forages pour le village, mais aussi pour
l’accessibilité des terres pour les femmes.
Assise dans sa cour,
en compagnie de sa petite fille, Djénéba Coulibaly observe sa marmite de beurre
de karité posée sur le feu. La grand-mère de 63 ans rappelle que la fabrication
du beurre de karité était l’une des activités phares des femmes de Nonibougou.
Mais actuellement, précise-t-elle, elles sont seulement trois vieilles femmes
au village à évoluer dans cette activité.
Selon elle, cette situation s’explique par le fait que des autorités locales ont coupé tous les arbres du village dans le but d’attribuer des terres à usage d’habitation. «Si les mesures drastiques ne sont pas prises pour lutter contre cette déforestation, nous les femmes rurales seront confrontées à la famine et les enfants contraints à l’exode rural», estime la vielle Djénéba Coulibaly.
Problème d’accès à
l’eau-À Kobarakoro II, un village non loin de Nonibougou, Oumou Konta, la
trentenaire indique que le maraichage est l’activité principale des femmes.
Pour des ennuis de santé, la jeune dame a abandonné cette activité pour
s’occuper des travaux ménagers. Elle confirme que les difficultés d’accès à
l’eau et à l’engrais démotivent beaucoup de femmes. «Nous n’avons même pas
assez d’eau pour notre propre consommation et les besoins des travaux
domestiques.
La majeure partie des puits sont taris ou inutilisables»,
regrette-t-elle. Et de dire qu’il faut parcourir de longues distances pour
trouver de l’eau dans les puits afin d’arroser les plantes. Oumou Konta
souligne qu’il y a 6 ans, un projet avait construit une pompe dans leur
village. Cette borne fontaine d’eau n’a fonctionné que durant 4 ans.
Actuellement, Kobarakoro ne dispose pas d’un seul forage ; donc de l’eau
potable en quantité insuffisante.
La présidente des
femmes de ce village, Fatoumata Doumbia, attend une voiture pour se rendre à
Niamana (Commune rurale de Kalaban Coro). Elle achète des légumes avec les
maraichères pour ensuite les écouler à Niamana. Elle fait ce voyage au moins
trois fois par semaine. «Je viens vendre à Niamana. Ce petit commerce lui
permet de joindre les deux bouts.
La présidente des femmes de Kobarakoro II soutient que les maraichères doivent relever de nombreux défis, en termes d’accès à l’eau et à l’engrais. Elle propose que d’autres activités génératrices de revenus soient créées pour les femmes comme la fabrication du savon, la transformation des produits agricoles.
«Il y a 3 ans de cela, nous avions bénéficié de matériels de production de savon. Après 2 productions, ces équipements sont tombés en panne», dit-elle avec une pointe d’amertume. Ajoutant qu’en plus de ces problèmes, les femmes sont confrontées à des soucis de prise en charge de la scolarité des enfants. Pour elle, le village n’a aucune école publique et aucun centre de santé. Cette situation a pour conséquence le faible taux de scolarisation des enfants. Et dans les situations de référence-évacuation, des femmes enceintes perdent la vie. Et de lancer un appel à l’amélioration des conditions de vie dans les deux localités.
Baya TRAORé
Malgré leur rôle crucial dans le développement, Les FEMMES font face à plusieurs défis
Dans notre pays, la
femme rurale est au cœur de la vie sociale et économique. Elles évoluent entre
les tâches ménagères et les activités économiques. Elles jouent un rôle central
au sein des ménages et de la société. Malgré leurs apports considérables, la
contribution des femmes à l’économie rurale est largement sous-estimée car leur
rôle dans l’agriculture de subsistance n’est souvent pas rémunéré. Il faut
reconnaître que dépit des nombreuses initiatives et stratégies, les femmes
rurales restent toujours confrontées à des défis.
Les femmes représentant
51% de la population malienne et 70% de la population active agricole et plus
précisément celles rurales, actrices incontournables, ne jouissent pas
effectivement de leurs droits. Elles souffrent d’analphabétisme qui se répercute
sur leur statut et leur savoir-faire.
Elles sont, cependant, sous représentées dans les instances de décisions. La plupart d’entre elles ne sont pas propriétaires de terre cultivable (24% sont propriétaires terriennes, dont 5,1% ont des entreprises formelles). Elles ont d’énormes difficultés par rapport à la sécurisation des superficies qu’elles mettent en valeur, et manquent de moyens suffisants pour subvenir à leurs besoins. Elles sont confrontées également aux difficultés d’organisation, d’éducation, d’information, de formation, telles que la non scolarisation, le non accès à la terre, aux nouvelles techniques et technologies, aux crédits.
TABLEAU PEU RÉLUISANT.
Il existe 106.000 femmes rurales chefs de ménage selon le rapport Informations
statistiques (Infostat 2022). Or, ce sont ces femmes rurales qui effectuent
plus de 80% des tâches liées à la production alimentaire. C’est avec ce tableau
peu reluisant que notre pays célèbre ce 15 octobre la Journée dédiée à la femme
rurale. Partagées entre les travaux champêtres et le travail domestique, les
femmes rurales font également du maraîchage, la cueillette et la transformation
de produits forestiers. Pour surmonter leurs difficultés financières, elles
s’organisent pour la plupart en coopératives. Au sein de cette organisation,
elles peuvent bénéficier de crédits pour financer certaines de leurs activités.
Activités pourtant nécessaires
pour lutter contre la pauvreté notamment rurale et la faim. À cet égard, il est
essentiel d’améliorer la vie des femmes rurales. Il s’agit de donner aux femmes
les mêmes opportunités qu’aux hommes. Ce qui permettra d’augmenter la
production agricole et de réduire le nombre de personnes sous-alimentées.
Cependant, des barrières
structurelles et des standards sociaux discriminatoires continuent de
restreindre le pouvoir de décision et la participation des femmes au sein des
foyers et communautés en zone rurale. Au Mali, malgré la volonté des autorités
l’accès des femmes et des filles rurales aux moyens de production, aux services
publics, tels que l’éducation et la santé, aux infrastructures comme l’eau et
les services d’assainissement reste inférieur à celui des hommes.
Cet état de fait, explique Boubacar Diabaté, fermier et acteur du monde rural, accentue la pauvreté féminine dans les zones rurales. Notre interlocuteur indique également qu’en plus de la pauvreté, l’exclusion et les effets du changement climatique touchent plus de femmes que d’hommes dans le milieu rural. Selon lui, malgré les efforts déployés par l’État, les femmes rurales continuent de faire face à beaucoup de difficultés.
DES MESURES POUR AMÉLIORER
LES CONDITIONS DES FEMMES RURALES. «L’accès des femmes au pouvoir décisionnel
reste limité, poursuit-il, non sans relever que les indicateurs restent préoccupants,
nécessitant des efforts supplémentaires». Pourtant ce ne sont pas des stratégies
qui manquent pour renverser la tendance. En effet, le gouvernement a pris
plusieurs mesures législatives afin d’améliorer les conditions des femmes
rurales. Parmi ses dispositions, on peut citer la Loi d’orientation agricole
(LOA). Cette mesure octroie 10% des terres cultivables aux femmes et aux jeunes
lors des aménagements réalisés par l’État. Ce n’est pas tout. On peut aussi se
réjouir du renforcement des mécanismes de promotion de la femme et du genre et
des programmes d’allègement des travaux des femmes.
Cependant, Boubacar
Diabaté souhaite une touche ingénieuse afin de donner aux femmes rurales des
opportunités de bien-être et de développement durable. À cet effet,
soutient-il, l’accès des femmes rurales aux équipements à travers la promotion
de leurs compétences entrepreneuriales, est une initiative à soutenir pour une
meilleure contribution au développement économique et à la lutte contre la
crise alimentaire dans notre pays. Il est reconnu que lorsqu’elles sont économiquement
et socialement autonomes, les femmes deviennent de puissants vecteurs de
changement.
Loin des grandes rencontres,
déclarations et propagandes, les difficultés socio-économiques de la femme
rurale au Mali continuent de sévir. Actuellement, l’heure doit être à l’action,
à la mobilisation générale en faveur de la femme rurales. Qui doit être non
seulement célébrée mais aussi accompagnée. Que l’on retient que le développement
socio-économique de notre pays passe par l’épanouissement économique de la
femme rurale car elle est le pilier de la population rurale. La prospérité et la
croissance des communautés pauvres passent donc par la satisfaction des besoins
des femmes et le respect de leurs droits.
Mariam A. TRAORÉ
Rédaction Lessor
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