Hommage à Yoro Bouaré, mon premier maître d’école

Prof. Macki Samaké

Publié mardi 04 janvier 2022 à 07:16
Hommage à Yoro Bouaré, mon premier maître d’école

Il y a des souvenirs qui remontent toujours à la surface et qui nous rappellent les vertes années, épisodes de notre vie d’enfance heureuse enfouis dans nos mémoires comme un bracelet en acier inoxydable. Qui de ma génération à l’école régionale de San ne se rappelle M. Yoro Bouaré (1917-1988), appelé affectueusement Monsieur Doulôkiba (grand boubou) par les élèves, en référence aux grands boubous qu’il portait fièrement ? Ancien chef de canton colonial, son  «grand boubou» paraît comme une relique des grandes heures de l’autorité traditionnelle qu’il incarna.

Il y a 60 ans, Monsieur Bouaré dont je garderai un souvenir indélébile, fut  mon maître au cours préparatoire première année (CP1). Il était un personnage fascinant, qui nous aimait et nous a fait aimer l’école, le savoir. Il était un bon père pour ses élèves qu’il n’hésitait pas à punir afin de ramener les brebis galeuses à adopter un meilleur comportement. Il avait une main de fer dans un gant de velours.

M. Bouaré était un spécialiste hors pair de la méthode syllabique, une approche pédagogique de l’enseignement et de l’apprentissage du lire-écrire qui consiste à associer les phonèmes (sons) et les graphèmes (lettres). Très tôt,  il nous a transmis le goût et l’amour de la lecture.

À la fin du cours préparatoire première année, sans exagération aucune, nous étions déjà initiés aux basiques des quatre compétences d’apprentissage : savoir lire, savoir écrire, savoir écouter, savoir parler. Le manuel scolaire de lecture Mamadou et Bineta du célèbre écrivain et enseignant français André Davesne, en usage au primaire en Afrique francophone, est ultra-efficace pour apprendre aux locuteurs non natifs à lire et à écrire.

Bon nombre d’enseignants à l’indépendance du Mali en 1960 ont été formés à la première École normale de formation d’instituteurs William Ponty et dans les Cours normaux de Banankoro, Markala, Sévaré et Diré qui furent transformés par décret du 31 août 1963 en Centre pédagogique rural (CPR).

L’École normale secondaire de Katibougou formait en deux ans des enseignants pour le second cycle de l’enseignement fondamental. Ces maîtres qui embrassèrent la carrière enseignante par vocation, rayonnaient par la passion, le dévouement au travail, le sens civique et moral. Ils ont aimé et respecté la fonction enseignante toute leur vie.  Enseignants dans le sens noble du terme, ils étaient exemplaires dans leurs faits et gestes, assurément dignes d’être imités. Nos maîtres étaient à la fois enseignants et éducateurs.

Au-delà de la transmission des connaissances (enseigner), ils ont développé en nous le sens des valeurs sociales nécessaires à la formation du citoyen de demain (éduquer). En devenant enseignants, ils ont fait le choix de s’engager dans une entreprise plus grande et plus noble pour faire la différence avec les autres corps de métier. Absolument, l’enseignement n’est pas un métier comme les autres. Ces instituteurs et institutrices que nous avons connus et admirés étaient des pédagogues à multiples talents : musiciens, artistes plasticiens, comédiens, sportifs, peintres, photographes, etc...  Ce qui les caractérise tous, sans exception, est d’avoir les connaissances minimales requises et d’exercer avec beaucoup d’amour, ce métier difficile, exigeant et passionnant.

Je partage la citation positive et inspirante ci-dessous de Lee Iococca1 qui illustre bien l’importance de l’école et des enseignants dans la vie d’une nation. Je comprends encore davantage tout le sens de cette citation depuis que je suis devenu moi-même enseignant, il y a quarante-deux ans : «In a completely rational society, the best of us would be teachers and the rest of us would have to settle for something less, because passing, civilization from one generation to the next ought to be of the highest honor and the highest responsibility any of us could have.»
(Dans un pays véritablement lucide, les meilleurs d’entre nous devraient aspirer à devenir enseignants. Les autres devraient se résoudre à faire autres choses de moins bien, car la transmission d’une civilisation d’une génération à une autre devrait être d’un honneur ultime et de la plus haute responsabilité possible.) Lee Iococca
Les enseignants de la génération de Monsieur Bouaré ont tout donné à l’école du Soudan français et plus tard à celle du Mali indépendant, sans rien attendre en retour. Quelle noblesse d’âme ! Chers maîtres, vous avez pleinement réussi votre mission de formation des cœurs et des intelligences des êtres frêles et turbulents que nous fûmes. La flamme que vous avez allumée, et reprise par vos élèves, éclairera à jamais les ténèbres de l’obscurantisme.

Prof. Macki Samaké
Ancien recteur
à la retraite

1 Lee Anthony Iococca (1924-2019), homme d’affaires américain principalement connu pour avoir dirigé Ford Motor Company de 1970 à 1978, puis Chrysler de 1978 à 1992. Il est une légende de l’industrie automobile.

Rédaction Lessor

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