
La moindre étincelle pourrait transformer le décor en scène de catastrophe
Un vendredi du mois d’avril, sous un soleil de plomb, l’air brûlant de Bamako vibre entre les tôles ondulées et les moteurs haletants. Nous sommes sur la route de Sénou, à proximité du dépôt de carburant de l’Office malien des produits pétroliers (Omap), non loin de l’Aéroport international Président Modibo Keïta de Bamako. Juste en face, sur l’autre rive de la route, dans la zone aéroportuaire. Ici, dans une chaleur suffocante, où l’odeur du gasoil et de l’huile de moteur se mêle à la poussière, le vacarme des marteaux, le ronflement des moteurs et les cris des vendeurs ambulants donnent l’illusion d’un quartier vivant et ordinaire.
Mais derrière cette animation quotidienne se cache une réalité inquiétante. Habitations précaires, garages de fortune, boutiques, étals… tout semble s’être entassé à quelques mètres seulement de ces installations hautement inflammables. La moindre étincelle pourrait transformer le décor en scène de catastrophe. Pourtant, la vie suit son cours, comme si de rien n’était. La cohabitation entre activités humaines et infrastructures sensibles frôle l’irresponsabilité. Face au silence des autorités et à l’indifférence apparente des occupants, une question s’impose : combien de temps encore avant le drame ?
Sur les bas-côtés, des citernes remplies d’hydrocarbures attendent leur dédouanement, garées en file indienne, parfois à peine surveillées.
À côté, des apprentis chauffeurs, insouciants, sirotent leur thé à l’ombre des camions, tandis que la circulation est régulièrement paralysée par le désordre ambiant. À quelques pas, des restauratrices attisent leurs fourneaux au charbon, les flammes léchant les marmites à quelques mètres des réservoirs.
Nous tentons de parler à ces occupants. Beaucoup baissent les yeux ou secouent la tête. Le silence est roi ici. «Ici, on ne parle pas aux journalistes. Un jour, un d’entre nous a parlé, le lendemain, il a été embarqué», glisse un mécanicien, les yeux rivés sur un moteur ouvert. Quelques rares voix se risquent à quelques mots, sans oser en dire davantage.
Assis sur une vieille chaise, le regard calme mais attentif, Soma Doumbia, un vulcanisateur installé depuis plus de vingt ans, regarde ses apprentis travailler. Ces derniers, les mains dans les pneus, s’activent sous l’œil bienveillant de leur patron. Installé à quelques mètres de la route principale, aligné avec les boutiques et petits commerces de Sirakoro, ce vulcanisateur expérimenté veille au grin. «À l’époque, ici c’était notre champ. On y faisait du maïs.
C’est le chef de village de Sirakoro qui a cédé l’endroit à mon père», raconte-t-il, tout en suivant le va-et-vient des camions citernes. «Quand il y a une crevaison, ils viennent ici. C’est stratégique». Pourtant, il reconnaît n’avoir jamais été sensibilisé aux risques liés à la proximité du dépôt. «Si un jour on nous demande de quitter pour notre sécurité, je partirai. Rien ne vaut la vie», dit-il avec sagesse. Chaque année, il paie 18.000 Fcfa à la mairie de Kalaban-coro, preuve qu’il ne s’est jamais senti hors la loi.
En attente de dÉdouanement- Plus loin, assis sous un abri de tôle, un mécanicien, qui a préféré garder l’anonymat, confie : «Avant, on payait 20.000 Fcfa aux paysans qui occupaient le terrain. Mais depuis une réunion, plus rien. On est là, comme ça». À ses côtés, un client venu réparer son véhicule exprime son indignation : «Il y a trop de négligence chez nous. On laisse faire, jusqu’à ce que le pire arrive.»
Un cadre de l’administration, croisé sur les lieux, témoin régulier de cette situation, se montre plus alarmant. «Cet espace jouxte l’aéroport et fait face à un dépôt de carburant. C’est une bombe à retardement. Le jour où il y aura un incendie ici, seul Dieu sait ce qu’il adviendra», s’indigne-t-il. Il dénonce le stationnement sauvage des citernes : «Le dépôt a une grande cour vide, pourtant dehors, on voit des citernes garées n’importe où, parfois même à côté des restaurants.»
Selon nos informations, ces camions n’appartiennent pas à l’Omap, mais sont stationnés en attente de dédouanement. «La cour prévue pour leur stationnement n’est pas aménagée. Certains camions ont même eu des accidents en manœuvrant, d’autres se sont renversés», confie un apprenti chauffeur. Amadou Kassambara, 2e vice-président de la plateforme de la zone aéroportuaire, déplace la responsabilité sur l’Omap lui-même. «Le vrai danger, c’est l’Omap lui-même. Rien qu’en 2024, plus de dix camions ont chaviré devant l’entrée à cause de l’état de la route. Il y a un mois, un véhicule a complètement brûlé devant le dépôt sans aucune intervention, ni des pompiers, ni du personnel de l’Omap», souligne-t-il.
De l’autre côté du mur de l’Omap, des habitations grignotent progressivement l’espace sécurisé du dépôt. Des constructions s’élèvent jusqu’au pied du mur d’enceinte du dépôt. Lors de notre passage, aucun responsable de chantier n’était présent. Le chef du département technique de l’Omap, Kié Tounkara, confirme que le problème remonte à 2014. «L’occupation anarchique a commencé vers 2014-2015. On a saisi le ministère des Domaines, qui a délimité la servitude de sécurité de 100 mètres autour du dépôt. Un titre foncier a même été établi. Mais le processus est resté bloqué, car on n’a jamais reçu la liste des occupants», explique-t-il. Et d’ajouter qu’une commission conjointe entre les ministères chargés des Domaines et de la Défense travaille actuellement sur la question.
Concernant les citernes mal stationnées, Kié Tounkara précise qu’elles ne sont pas destinées au dépôt mais attendent leur dédouanement. «La cour actuelle ne suffit pas à les accueillir toutes. On avait commencé à aménager un parking, mais le projet a été suspendu faute d’accord avec les occupants», révèle-t-il. Il convient de rappeler que l’Office national des produits pétroliers (Onap), auparavant établissement public à caractère administratif, a changé de statut pour devenir un établissement public à caractère industriel et commercial, désormais désigné sous l’appellation Omap. Sa mission principale est la commercialisation des produits pétroliers.
À ce titre, l’Office est chargé de construire les infrastructures de stockage de produits pétroliers pour répondre aux besoins du stock national de sécurité, de constituer, de conserver et de gérer ce stock, afin de pouvoir intervenir sur l’ensemble du territoire national en cas de besoin. Par ailleurs, l’Omap participe à l’élaboration de la structure des prix des produits pétroliers.
Amadou GUEGUERE
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