
La reprise de Kidal
représente avant tout une victoire militaire significative pour l’Armée
malienne. Depuis 2012, cette ville était devenue le bastion des groupes
rebelles, notamment la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA). Sa
reconquête démontre une capacité opérationnelle accrue des Forces armées
maliennes (FAMa), qui ont bénéficié ces dernières années d’un important
programme de réarmement et de formation.
Rappelons que les
massacres d’Aguelhok en 2012, d’Ogossagou, de Sobane Da, ainsi que les attaques
terrifiantes contre le bateau «Tombouctou» et les camps avaient pour objectif
de démoraliser les militaires sur le plan psychologique. Ces actes visaient
également à créer une crise de confiance entre les FAMa et les populations
civiles, afin de légitimer les groupes armés.
Par conséquent, sur le plan
symbolique, cette victoire revêt une importance capitale pour le gouvernement
de transition. Elle permet de réaffirmer la souveraineté de l’État malien sur
l’ensemble de son territoire et de renforcer sa légitimité auprès de la
population. Ce succès militaire a contribué à redorer l’image de l’Armée
malienne, longtemps critiquée pour son inefficacité face aux groupes armés.
La première conséquence
de la reprise de Kidal par l’Armé a été le
rétablissement de l’autorité de l’État dans la région. C’est dans ce
sens que le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga disait : la reconquête de
Kidal marque le retour de l’État malien sur l’ensemble de son territoire. Il
ajoute que c’est une date importante.La deuxième conséquence
est d’ordre géopolitique locale et internationale. En effet, rappelons que la
reconquête est intervenue après le départ des forces internationales (Barkhane,
Minusma et Takuba). La présence de l’État dans la région se traduit par des
mutations significatives dans la lutte contre le terrorisme national, notamment
la redéfinition des modes opératoires (patrouilles aux frontières avec
l’Algérie et la Mauritanie).
Ce changement est aussi observé à travers la
conclusion de nouveaux partenariats sécuritaires notamment la création de
l’Alliance des États du Sahel (AES) et les accords avec la Russie. Une des
priorités relevées du gouvernement de Transition dans la Région de Kidal est de
rétablir la confiance et d’assurer une gouvernance inclusive. Cette idée
transparait dans la dénonciation de l’accord de 2015 et l’initiative du
Dialogue inter-Maliens.
La consolidation de la reconquête de Kidal peut se jouer dans le renforcement de la présence de l’État dans la région, la restauration des services publics de base, la coordination étroite entre les différents ministères et services de l’État (sécurité, développement, éducation, etc.) pour une approche cohérente et efficace. Un autre déterminant sera la qualité et l’ampleur de la campagne de communication et de sensibilisation auprès des populations de Kidal pour expliquer les objectifs et les bénéfices du retour de l’État dans la région. Globalement, la mutation qualitative attendue s’opérera par un changement de paradigme dans la gouvernance : gouverner par la vertu comme le commandent les traditions maliennes.
PRÉSENCE DE L’ÉTAT- La
consolidation de l’autorité étatique à Kidal passe par un déploiement
significatif de fonctionnaires. Cette présence accrue permettrait de rétablir
pleinement les services administratifs, judiciaires et sociaux essentiels au
fonctionnement normal de la région. Il est impératif que ce déploiement soit
accompagné d’une formation adéquate pour ces fonctionnaires, en mettant
l’accent sur la compréhension des spécificités culturelles et sociales de la
Région de Kidal. Une approche sensible aux réalités locales favorisera
l’acceptation de l’administration par la population et réduira les risques de
tensions.
De plus, il serait utile
de mettre en place des mécanismes de rotation pour maintenir leur motivation.
Des incitations financières et professionnelles pourraient également être
envisagées pour attirer et retenir le personnel qualifié. L’un des objectifs
majeurs de l’école malienne issus des états généraux de l’éducation est de
«Construire et entretenir des infrastructures pédagogiques adéquates,
conformément aux besoins» des populations. Un autre objectif tout aussi
important est de «Construire la personne humaine dans ses dimensions morale,
civique, sociale, intellectuelle, etc.»
L’implémentation de ces
recommandations des états généraux de l’éducation pourrait amener l’État à :
recruter et former des enseignants locaux pour assurer une meilleure
compréhension du contexte culturel et linguistique ; intégrer l’enseignement
des langues locales, y compris le tamasheq, dans le curriculum pour valoriser
la culture locale et faciliter l’apprentissage ; développer des programmes de
formation professionnelle adaptés aux opportunités économiques de la région
(élevage, artisanat, énergies renouvelables) ; mettre en place des programmes
de bourses pour encourager les jeunes de Kidal à poursuivre des études
supérieures, avec l’engagement de revenir travailler dans leur région.
LUTTE CONTRE LA
CORRUPTION- L’installation d’un bureau spécial de l’Office central de lutte
contre l’enrichissement illicite (Oclei) à Kidal, serait un signal fort. Il
serait bénéfique dans le contexte actuel de doter les services adéquats de
moyens humains et matériels conséquents, y compris des enquêteurs spécialisés
dans les formes de corruption spécifiques à la région (trafics
transfrontaliers, détournement d’aide humanitaire, etc.).
Aussi, mettre en
place un système de dénonciation anonyme et sécurisé pour encourager la
population à signaler les cas de corruption sans crainte de représailles. En
plus, il serait utile d’organiser des campagnes de sensibilisation sur les méfaits
de la corruption et l'importance de l'intégrité dans la reconstruction de la
région. De même, les autorités peuvent instaurer des mécanismes de transparence
dans l'attribution et la gestion des contrats publics, notamment pour les
projets de reconstruction et de développement.
Enfin, le gouvernement
peut envisager de collaborer étroitement avec les autorités traditionnelles et
religieuses pour promouvoir une culture de l'intégrité ancrée dans les valeurs
locales. Poursuivre l’élan du Dialogue inter-Maliens par la promotion du
dialogue intercommunautaire dans la Région de Kidal. L’État pourrait créer des
forums de dialogue réguliers entre les différentes communautés de Kidal, en
impliquant les autorités traditionnelles et religieuses. Ces espaces d'échanges
permettront d'aborder les questions qui divisent, de faciliter la compréhension
mutuelle et de trouver des solutions concertées aux défis identifiés.
On peut
aussi penser à impliquer activement les jeunes dans ces processus de dialogue,
car ils jouent un rôle crucial dans la réconciliation au niveau local. Leur
participation favorisera une vision inclusive et de la paix. Il me semble
fondamental de poursuivre les initiatives de justice transitionnelle au Mali
(CVJR), pour faire la lumière sur les violations passées et permettre un
véritable processus de guérison collective. Aussi, avec la montée de la
manipulation de l’information et la désinformation (infoguerre), il faut
peut-être encourager les médias locaux à jouer un rôle constructif dans la
promotion du dialogue intercommunautaire, en veillant à une couverture
équitable et apaisante des enjeux sensibles.
COOPÉRATION
INTER-SAHÉLIENNE- Au-delà des efforts nationaux, une coopération renforcée avec
les pays sahéliens sera profitable pour assurer la sécurité et le développement
de la Région de Kidal. Ainsi, dans le cadre du Comité d’état-major opérationnel
conjoint (Cemoc) ou d’autres initiatives, on pourrait intensifier les échanges
d’informations et d’expertise en matière de lutte contre le terrorisme et les
trafics illicites avec l’Algérie, le Niger et la Mauritanie. Surtout,
encourager des mécanismes de patrouilles transfrontalières conjointes pour
sécuriser les zones frontalières et prévenir les incursions de groupes armés.
La coopération régionale
peut permettre de développer des projets de développement économique régionaux,
notamment dans les domaines de l’élevage, de l’exploitation des ressources
naturelles et des énergies, afin de créer des opportunités d’emploi et de
revenus pour les populations de part et d’autre des frontières. Il me semble
qu’une approche régionale coordonnée permettra de relever plus efficacement les
défis sécuritaires, économiques et sociaux auxquels le Mali fait face dans la
Région de Kidal.
En conclusion, la reconquête de Kidal représente une
opportunité unique de réintégrer cette région stratégique dans le giron malien.
Cependant, le succès à long terme dépendra de la capacité du gouvernement à
mettre en œuvre une stratégie globale alliant sécurité, gouvernance,
développement et réconciliation. L’implication active des communautés locales,
le renforcement des institutions étatiques et une coopération régionale
renforcée seront essentiels pour relever les défis persistants et assurer la
paix dans la Région de Kidal.
Dr Abdoul Sogodogo,
Enseignant-chercheur
à l’USJPB
Rédaction Lessor
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