Le départ du président IBK avant l’heure (son mandat devait s’achever en septembre 2023) a ainsi ouvert la page d’une nouvelle transition politique dans notre pays
L’année
2020 aura été très pénible pour feu Ibrahim Boubacar Keïta et son gouvernement.
Pendant plusieurs mois, les écoles étaient restées fermées à cause de la grève
des enseignants. La crise de la Covid-19 était venue s’ajouter, amenant les
autorités à prendre certaines mesures dont le couvre-feu, contesté par une
partie de nos compatriotes. Entre-temps, des voix se sont élevées pour dénoncer
la mauvaise gouvernance, l’insécurité grandissante, le détournement des fonds
destinés à la Loi d’orientation et de programmation militaire (Lopm),
l’acquisition des équipements militaires.
Dans ce
contexte, l’ancien président du Haut conseil islamique, l’Imam Mahmoud Dicko
fut convoqué au Tribunal de la Commune IV pour «affaire le concernant». La
raison, selon son porte-parole de l’époque Issa Kaou N’Djim, était que le
leader religieux avait, au cours d’un meeting, dénoncé « la corruption,
l’affaire des avions cloués au sol, des blindés en carton, la mauvaise
gouvernance…».
À cause de
la mobilisation de ses partisans au niveau dudit tribunal, son audition avait
été reportée sine die. La foule en colère, s’était alors transportée à la
mosquée où il officie à Badalabougou. Dans la foulée, un meeting spontané fut
organisé au palais de la Culture pour appeler à un plus grand rassemblement
quelques jours plus tard.
Les propos
tenus par l’Imam Dicko avaient, en son temps, fait réagir les présidents des
institutions de la République qui, dans un communiqué conjoint, avaient dénoncé
la «diffusion sur les médias et les réseaux sociaux de propos insurrectionnels,
subversifs et séditieux tenus par l’Imam Mahmoud Dicko et la coordination se
réclamant de ses idéaux contre les autorités légitimement établies par le
peuple malien». Ils ont condamné ces agissements et engagé le gouvernement à
«mettre fin à l’impunité par une application rigoureuse des dispositions
pénales, pour la préservation de l’ordre public et de l’état de droit».
Pendant ce
temps, la situation se crispait davantage sur le plan politique avec la
prorogation des mandats des membres du Haut conseil des collectivités, des
conseillers communaux et des députés à deux reprises sur un avis favorable de
la Cour constitutionnelle. Ce qui, de l’avis de nombre de Maliens, s’est fait
en violation de la Constitution et des conventions internationales en matière
de démocratie et de gouvernance.
À cela s’est ajoutée l’insécurité grandissante
avec son cortège de morts civils et militaires qui a exacerbé le mécontentement
général de la population. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase est la
proclamation des résultats définitifs des élections législatives de mars-avril
2020 par la Cour constitutionnelle. La contestation sociale a en effet atteint
son point culminant après que la Cour ait rendu son Arrêt.
PRESSION
POPULAIRE- C’est dans ce contexte qu’à l’appel du Front pour la sauvegarde de
la démocratie (FSD), de Espoir Mali Koura (EMK) et de la Coordination des
mouvements, associations et sympathisants de l’Imam Mahmoud Dicko (Cmas), des
milliers de personnes vont se retrouver le 5 juin 2020 à la place de
l’Indépendance pour un meeting.
La manifestation annoncée comme pacifique s’est
achevée par des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre au niveau
de Djicoroni-Para. Les manifestants exigeaient la démission du chef de l’État
«le même jour avant 18 heures». À l’expiration de l’ultimatum, certains
s’étaient dirigés vers sa résidence à Sébénicoro pour «exiger sa démission».
Les forces de l’ordre ont dû faire usage de gaz lacrymogènes pour les
disperser.
Après cette
manifestation, les contestataires décidèrent de maintenir la pression. Suite au
succès retentissant de ce rassemblement, les différentes entités politiques et
de la société civile ayant pris part vont se constituer en Mouvement du 5
juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP). La Cour
constitutionnelle était dans leur viseur suite à son Arrêt controversé sur les
résultats définitifs des législatives de mars-avril 2020. De même, ils
réclamaient la démission du président de la République pour mettre en place une
Transition. Sous la pression, quatre membres de la Cour constitutionnelle
avaient rendu le tablier.
Leur démission avait été précédée par le décès d’un
des leurs. Toujours sous pression, le 11
juin 2020, le gouvernement a démissionné et le chef de l’État a renouvelé sa
confiance en Dr Boubou Cissé comme Premier ministre, qui a mis en place une
équipe restreinte de six ministres en attendant la suite du dialogue avec les
contestataires.
Quelques jours après, pour tenter de calmer la tension sociale, au cours d’une rencontre avec les forces vives de la Nation au Centre international de conférences de Bamako, le président de la République avait annoncé « l’application immédiate de l’article 39 ». Une autre mesure qu’il a prise est l’abrogation du décret de nomination des membres restants de la Cour constitutionnelle et son remembrement par le décret n°2020-0342/P-RM du 7 juillet 2020. Mais rien n’y fit. Les manifestations se sont poursuivies et les contestataires du régime continuaient à durcir le ton, ne réclamant désormais plus que la démission pure et simple du président Keïta.
MÉDIATION
DE LA CEDEAO- Face à cette situation, la Communauté économique des États de
l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) va offrir sa médiation. À cet effet, une première
délégation ministérielle va rencontrer les protagonistes à la mi-juin 2020 à
Bamako, avant de faire des propositions parmi lesquelles, la reconstitution de
la Cour constitutionnelle. Cette proposition avait été réitérée par la mission
conduite par l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan, médiateur de la
Cedeao dans la crise malienne et ensuite par cinq chefs d’État de
l’Organisation ayant fait le déplacement à Bamako le 23 juillet 2020.
Il s’agit
d’Issoufou Mahamadou du Niger, Alassane Ouattara de la Côte-d’Ivoire, Macky
Sall du Sénégal, Muhammadu Buhari du Nigeria et Nana Akufo-Addo du Ghana. Après
leur visite dans notre pays, les présidents ouest-africains ont tenu un sommet
extraordinaire le lundi 27 juillet 2020 par visioconférence où ils avaient
indiqué que la Cour constitutionnelle devait être recomposée rapidement, tout
en proposant également la «démission immédiate» des 31 députés dont l’élection
était contestée parmi lesquels, le président de la 6è législature de
l’Assemblée nationale Moussa Timbiné.
Entre-temps,
le M5-RFP a proposé un mémorandum qui a été rejeté par le camp présidentiel. À
travers ce document, le Mouvement proposait, entre autres, la dissolution
immédiate de l’Assemblée nationale, la mise en place d’un organe législatif de
Transition, le renouvèlement intégral des membres de la Cour constitutionnelle,
la mise en place d’un gouvernement de Transition avec les caractéristiques
ci-après : le Premier ministre est désigné par le M5-RFP, il ne peut être demis
par le président de la République que dans les conditions prévues par la Charte
de la Transition, il forme son gouvernement en entier, nomme aux hautes
fonctions nationales, etc. Les alliés politiques du président Ibrahim Boubacar
Keïta avaient en son temps dénoncé «une action qui s’apparenterait à un
pronunciamiento, une proposition antidémocratique, antirépublicaine et
anticonstitutionnelle qui n’est, ni plus ni moins, qu’une tentative déguisée de
coup d’État, des propositions qui s’apparentent davantage à un schéma de
conquête du pouvoir par des voies non constitutionnelles…».
Face au
rejet de ces propositions, le Mouvement de contestation a rompu le dialogue.
Dos au mur, le chef de l’État va rencontrer l’Imam Mahmoud Dicko qui était
l’autorité morale des contestataires en vue de trouver une ultime solution à la
crise. Mais la situation va dégénérer le 10 juillet 2020 lorsque le M5-RFP va
entrer en désobéissance civile à l’issue d’un rassemblement populaire, le même
jour, à la place de l’Indépendance. L’Assemblée nationale, le Haut conseil des
collectivités, l’ORTM ont été saccagés, vandalisés, des matériels emportés et
des voitures calcinées. Et toutes les routes de la capitale étaient coupées par
des barricades pendant plusieurs jours.
Dans le sillage de ces évènements,
certains leaders du Mouvement ont été interpellés notamment Issa Kaou N’Djim,
président de la Cmas et Choguel Kokalla Maïga, président du comité stratégique
du M5-RFP. Des échauffourées ont éclaté entre manifestants et forces de l’ordre
les 10, 11 et 12 juillet 2020 entraînant des morts (côté manifestants) et
plusieurs blessés (côté manifestants et forces de l’ordre).
Ni la
diplomatie préventive de la Cedeao, ni les concessions faites par le pouvoir
encore moins les bons offices des forces vives et des religieux n’ont suffi
pour calmer le M5-RFP qui a continué ses manifestations. C’est dans cette
atmosphère délétère que le 18 août 2020, il y a eu une mutinerie dans certaines
casernes près de Bamako, poussant l’Armée à intervenir. Le président Ibrahim
Boubacar Keïta a été arrêté à son domicile puis conduit à Kati par un groupe de
cinq colonels qui va plus tard constituer le Comité national pour le salut du
peuple (CNSP).
Maintenu en lieu sûr, le président Keïta va annoncer dans la
soirée sa démission. Dans son discours de démission lu à la télévision
nationale, il a annoncé qu’il quittait ses fonctions et avec toutes les
conséquences de droit : la dissolution de l’Assemblée nationale et celle du
gouvernement. Les Maliens vont alors découvrir les visages des cinq colonels
qui ont pris le pouvoir avec à leur tête, un certain Assimi Goïta alors méconnu
du grand public.
La
démission d’Ibrahim Boubacar Keïta a été suivie quelques semaines après par des
Assises nationales qui ont adopté une Feuille de route et une Charte de la
Transition sur la base desquelles, l’ensemble des organes ont été mis en place
pour une durée de 18 mois.
L’ancien ministre de la Défense Bah N’Daw a été
choisi comme président, chef de l’État et le colonel Assimi Goïta,
vice-président, chargé des questions de défense et de sécurité. Ils ont tous
deux prêté serment le 25 septembre 2020. Ensuite, il y a eu la nomination du
Premier ministre Moctar Ouane qui a formé son
gouvernement et la mise en place du Conseil national de Transition
(CNT).
RECTIFICATION
DE LA TRANSITION- Après huit mois de mise en œuvre de la feuille de route, des
évènements sociopolitiques ont conduit à la «rectification de la trajectoire»
de la Transition après la démission du président Bah N’Daw et du Premier
ministre Moctar Ouane le 24 mai 2021. Suite à la constatation de la vacance de
la présidence de la Transition par la Cour constitutionnelle, le colonel Assimi
Goïta a été investi le 7 juin 2021 comme chef de l’état. Il confiera ensuite le
poste de Premier ministre à Dr Choguel Kokalla Maïga qui a mis en place son
gouvernement le 11 juin 2021.
Le Premier
ministre Maïga a présenté le Plan d’action du gouvernement (PAG) le 30 juillet
2021 devant le Conseil national de Transition qui l’a adopté le 2 août de la
même année à l’issue de plusieurs heures de débats sur le document. Et depuis,
de nombreuses actions ont été réalisées notamment la tenue des Assises
nationales de la refondation (ANR).
Ces Assises ont fait plusieurs
recommandations dont la mise en œuvre est en cours pour la refondation de
l’État.
Outre la refondation de l’État, les autorités de la Transition s’attellent énormément à la sécurité du territoire national et à l’affirmation de la souveraineté du Mali. Une Charte pour la paix et la réconciliation est aussi en cours d’élaboration.
Dieudonné DIAMA
Le Burkina Faso, la Türkiye et le Niger étaient les invités de la cérémonie d’ouverture de cette session consacrée essentiellement à l’examen du budget d’État 2025. Les conseillers en profiteront pour se prononcer sur une trentaine de projets et propositions de loi.
C’est le lundi prochain que va s’ouvrir la session d’octobre du Conseil national de Transition (CNT), également appelée session budgétaire. La cérémonie d’ouverture qui se tiendra dans la salle Djéli Baba Sissoko du Centre international de conférences de Bamako (CICB) à partir de 16h.
Pour un développement durable et véritable de notre pays, l’organe législatif suggère, entre autres, de garantir l’égalité, la justice, la protection et d’accorder le pardon pour tous les cas qui ne heurtent pas la conscience collective. Il recommande également d’ériger la promotion .
La Transition que dirige le colonel Assimi Goïta depuis le 7 juin 2021, a décidé de mener des réformes en profondeur pour une refondation de l’État. D’où les Assises nationales de la refondation, tenues du 11 au 30 décembre 2021 sur l’ensemble du territoire.
L’expert du Centre des études sécuritaires et stratégiques au Sahel livre son analyse sur l’attaque lâche et barbare des terroristes contre les Forces armées maliennes et leurs partenaires russes dans cette localité du Nord du Mali. D’après lui, l’Ukraine va.
De nombreuses actions prioritaires sont en cours de réalisation dans le cadre de la mise en œuvre des recommandations des Assises nationales de la refondation (ANR)..