Le vice-président de la Fenem, Konimba Dembélé, dans son entreprise
Face
aux coupures d’électricité, les plus avertis font recours aux panneaux solaires
et aux batteries au lithium ou au plomb, soudainement devenus plus populaires.
Hôteliers, entrepreneurs et particuliers, chacun s’en procure en fonction des
moyens ou des besoins. Cependant, ces équipements ne sont toujours pas à la
portée de la plupart de nos compatriotes. Sur le marché, ces appareils sont
cédés à prix d’or. Au Grand marché de Bamako et autres points de vente,
grossistes et revendeurs de ces appareils se frottent les mains.
Daouda Samaké
est vendeur de panneaux solaires et accessoires, et des batteries au lithium et
au plomb au Grand marché de Bamako. Nous coïncidons, en cette matinée de mardi
dans sa boutique, avec le retour de l’un de ses employés, chèque en main, d’une
livraison. Sur la question de L’augmentation, le vendeur explique :
«l’augmentation du prix des panneaux solaires et des batteries au lithium est
due à la forte demande. Avec les coupures d’électricité, la demande dépasse
l’offre. Si le matériel n’est pas sur place, forcément le prix augmente.»
Chez
Daouda Samaké, les panneaux solaires qui étaient vendus entre 29.000 et 30.000
Fcfa sont maintenant cédés entre 35.000 et 40.000 Fcfa. Et les batteries au
lithium ou au plomb, difficiles à trouver sur le marché, sont vendues entre
760.000 et 2.300.000 Fcfa. En raison de la cherté de ces équipements, certains
particuliers, à l’image de Demba Traoré, se contentent des panneaux solaires ou
batteries d’occasion. «Les panneaux solaires et les batteries au lithium sont
chers et, en plus, il y a beaucoup de contrefaçons sur le marché. Donc, nous
préférons acheter les appareils d’occasion à un coût abordable et qui font
notre affaire», soutient-t-il.
L’augmentation du prix des batteries au lithium est due à plusieurs facteurs, selon Konimba Dembélé, vice-président de la Fédération malienne de l’électricité, énergie, énergies renouvelables et nouvelles (Fenem). «La demande de batteries en général a augmenté de manière significative à cause des nombreuses coupures à longue durée longue que le pays connait actuellement. Les effets croisés de la pandémie de la Covid-19 et de la guerre en Ukraine ont sérieusement perturbé la chaîne d’approvisionnement. Les coûts de transport et les délais de livraison ont augmenté. Aussi, la demande des matières premières a augmenté plus rapidement que l’offre, ce qui a entraîné une hausse des prix», explique le promoteur et gérant de l’Emicom. De l’analyse de cet expert de service après-vente des solutions solaires, il est assez courant que lorsque la demande augmente, les prix prennent l’ascenseur. Il précise que les prix ont également augmenté au niveau international.
Mesures
d’accompagnement- Selon lui, les batteries au lithium sont des batteries
rechargeables qui stockent l’énergie produite à partir des panneaux solaires
pendant la journée avant de la restituer la nuit ou en période nuageuse. Ces
batteries peuvent également être rechargées à partir du courant du réseau de la
société Énergie du Mali (EDM-SA) par le biais d’un convertisseur hybride. Pour
notre interlocuteur, des mesures d’accompagnement sont nécessaires pour briser
la barrière à l’accès à cette technologie.
Il s’agit, entre autres, d’accorder
des subventions aux entreprises du secteur des énergies renouvelables incluant
les batteries au lithium à travers des appels à projet. Ce qui, selon lui,
permettra de baisser le prix de vente des équipements solaires. «Il faut
privilégier une production d’énergie solaire décentralisée. Ceci permettra de
limiter la nécessité de construire des réseaux de distribution électrique qui,
en plus de renchérir le coût d’investissement, permettra de limiter les pertes
d’énergie en ligne», conseille le promoteur et gérant de l’Emicom.
Parallèlement,
pense Konimba Dembélé, notre pays doit développer sa propre production de
batteries au lithium, ce qui réduirait la dépendance aux importations et
contribuerait à faire baisser les prix. «Dans cette perspective, la sortie du
Mali de la Cedeao offre une merveilleuse opportunité étant donné la découverte
du lithium dans la Région de Bougouni. Il y a déjà des business plans en
préparation pour la fabrication des batteries au lithium au Mali», révèle-t-il.
À
cet égard, le spécialiste estime que le gouvernement doit assainir le climat
des affaires, alléger la fiscalité pour les entreprises formelles et éviter que
les 90% de la fiscalité soient supportés par 10% des entreprises. «Les
entreprises doivent investir dans la recherche et le développement de
technologies de batteries au lithium plus abordables», exhorte l’ingénieur.
Comme à son domicile, Konimba Dembélé a installé des équipements solaires sur
la toiture de l’entreprise Emicom depuis quelques années. À l’aide d’un
convertisseur, l’entrepreneur bascule sur le réseau EDM-SA en cas de besoin.
Avec ces installations solaires, celui que nous avons rencontré à son bureau
sis ACI 2000, a vu ses factures d’électricité baissées considérablement.
Le président directeur général du Groupe Azalaï Hôtels, Mossadeck Bally, est l’un de ceux qui n’ont pas attendu cette crise énergétique pour s’intéresser aux énergies renouvelables, notamment le solaire. Depuis plusieurs années, tous les nouveaux projets au niveau du Groupe Azalaï, géant de l’hôtellerie, exigent systématiquement que les architectes et les ingénieurs y introduisent de l’énergie renouvelable. «On est l’un des pays les plus ensoleillés au monde avec plus de 4.000 heures de soleil dans l’année, soit plus de 10 heures d’ensoleillement dans la journée. Le Mali est l’un des rares pays qui pourraient avoir un mix énergétique quasiment 100% tourné vers l’énergie solaire», explique Mossadeck Bally.
Investissement
rentable- Il perçoit la crise énergétique actuelle comme une opportunité pour
le pays de profiter d’une source énergétique gratuite : le soleil. Tout de
blanc vêtu, coiffé d’un chapeau blanc, Mossadeck Bally nous fait visiter, un
mercredi de mars, le toit d’Azalaï Hôtel Bamako (Salam) où se trouve le premier
projet pilote de l’installation d’équipements solaires du Groupe Azalaï. Au
total, 1.411 panneaux d’une capacité de 240 watt/heures chacun sont installés
par endroits sur la toiture de cet hôtel 5 étoiles qui, en moyenne, consomme 10
kilowatt/heures par jour.
«Nous avons décidé de mettre de l’énergie solaire
dans tous nos hôtels. Nous avons fait le choix de mettre des panneaux solaires,
c’est grâce à l’accompagnement de la Coopération allemande GIZ. Un ingénieur
est venu ici et a travaillé avec nos équipes de maintenance. Ils ont fait une
étude sur la consommation de l’hôtel et ont préparé un cahier de charges qui
nous a permis de faire une consultation des entreprises spécialisées dans
l’installation de l’équipement solaire», confie le PDG. Et de poursuivre :
«Nous avons cette installation depuis plus de sept ans. C’est un modèle qui
permet à des gros consommateurs comme nous de ne pas investir dans
l’équipement, d’avoir une entreprise spécialisée en la matière qui investit,
qui nous vend l’électricité et à la fin du bail, l’installation devient notre
propriété. Si nous sommes satisfaits de cette collaboration, nous allons
dupliquer ce modèle dans les dix autres hôtels du Groupe».
Pour
le moment, Azalaï Hôtel Bamako n’est pas totalement autonome en énergie solaire,
mais cette solution couvre 50% de ses besoins. Mossadeck Bally compte augmenter
cette part de l’énergie solaire. Dans cette optique, il entend mettre des
panneaux solaires comme abris dans son parking et utiliser une partie de la
grande réserve foncière Azalaï Hôtel, s’il le faut.
L’idée, pour lui, c’est d’arriver à couvrir au moins 70% des besoins en électricité de l’hôtel par l’énergie solaire. Depuis maintenant un an, une ingénieure énergéticienne malienne a été recrutée et elle s’occupera uniquement des projets sur les énergies renouvelables dans les 10 pays où le Groupe est présent.
Pour
celui qui envisage d’installer des panneaux solaires à son domicile, le système
solaire est un investissement rentable. «Nous avons fait toutes les études», affirme
le président du Patronat malien, ajoutant qu’il a rencontré des entrepreneurs
maliens qui envisagent d’installer une usine de production des panneaux
solaires au Mali.
De son avis, notre pays peut être un gros producteur de l’énergie pour faire face aux besoins qui augmentent chaque année de 10% et exporter l’excédent. Aujourd’hui, dit-il, les opérateurs économiques (grands et petits) qui ont besoin de l’électricité pour produire n’ont d’autre choix que d’utiliser cette crise énergétique comme une opportunité pour changer leur mix énergétique.
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Énergie
solaire : l’alternative qui s’impose
De
l’avis des experts en la matière, les énergies renouvelables peuvent jouer un
rôle important dans la réduction des coupures d’électricité que traverse le
pays depuis des mois. Avec 300 jours d’ensoleillement par an en moyenne, le
solaire est l’une des solutions les plus adaptées pour répondre au défi
énergétique au Mali, selon le vice-président de la Fédération malienne de
l’électricité, énergie, énergies renouvelables et nouvelles (Fenem). Konimba
Dembélé préconise la reconsidération du système. «Le défi du solaire n’est ni
technologique ni technique, mais réside dans la structure même de gestion de la
société Énergie du Mali (EDM-SA)», relève le spécialiste des énergies
renouvelables.
Pour lui, avant d’investir dans les nouvelles centrales solaires, le gouvernement doit impérativement améliorer la viabilité financière de la société EDM-SA.
Plaidant
en faveur des systèmes «C&I», Konimba Dembélé explique que ce sont des
systèmes solaires installés sur les toits des bâtiments. Il rappellera que le
gouvernement a initié une relecture des textes régissant la production, le
transport et la distribution de l’énergie électrique au Mali. Ces textes prévoient,
entre autres, la possibilité de revente de l’électricité à la société EDM-SA
par chaque consommateur disposant d’une installation solaire sur son toit.
Avec
ce système, un consommateur disposant d’une installation d’énergie renouvelable
dans sa maison dont la production dépasse ses besoins, a la possibilité de
revendre le surplus à EDM-SA.
«Cette
relecture qui dure depuis bientôt 10 ans mérite d’être accélérée en s’assurant
que les projets de textes ne soient pas dépassés avant leur adoption», selon
Konimba Dembélé qui encourage, par ailleurs, le gouvernement à s’investir afin
de doter notre pays de centrales nucléaires. «Parallèlement, il faut lever
toutes les barrières à l’accès aux énergies renouvelables. L’État a la
responsabilité de veiller à la qualité des équipements d’énergie solaire sur le
marché malien.
L’absence de contrôle de qualité a permis à des sociétés maliennes et étrangères d’inonder le marché avec des équipements de très mauvaise qualité», déplore le promoteur et gérant de l’Emicom. Ainsi, certains clients ne croient plus à cette technologie.
Babba COULIBALY
Lors de la rencontre de nombreuses questions liées aux stratégies de développement des entreprises privées en complémentarité avec les investissements publics ont été abordées.
Notre pays devient ainsi le premier client de ce pays voisin avec lequel nous partageons l’Alliance des États du Sahel. Cet approvisionnement en carburant à un tarif préférentiel de 328 Fcfa le litre permettra à EDM-SA d’améliorer la fourniture d’énergie à nos compatriotes.
Maliens et Burkinabè ont estimé que les échanges ont été très fructueux, tout en confirmant une harmonie entière sur l’analyse des situations.
La Banque de développement du Mali (BDM-SA) est fidèle au rendez-vous cette année encore. L’institution financière a sacrifié, hier, à sa traditionnelle «Opération Ramadan solidaire» à l’intention des fidèles musulmans de treize mosquées dans le District de Bamako. Pour accomplir cet.
L’atelier de formulation du Projet de développement des chaines de valeurs de l’horticulture au Mali (PDCVH-Mali) se tient depuis hier à l’hôtel Diamcis de Banankoro, Commune rurale de Sanankoroba..
Ce processus de digitalisation en cours permettra de mettre fin aux nombreux litiges fonciers dans notre pays. Il traduit la volonté du gouvernement d’assainir le climat des affaires dans le but de mettre la terre au service du développement en attirant des investissements.