#Mali : Équipements d’énergie solaire : À prix d’or !

Cette hausse brusque des prix est consécutive à la forte demande. Des mesures d’accompagnement s’imposent pour permettre aux entreprises et aux particuliers d’acquérir ces équipements à des coûts abordables. La crise énergétique actuelle est une opportunité pour le pays de réduire sa dépendance au thermique en profitant d’une source permanente : le soleil

Publié mercredi 20 mars 2024 à 07:36
#Mali : Équipements d’énergie solaire : À prix d’or !

 Le vice-président de la Fenem, Konimba Dembélé, dans son entreprise

 

Face aux coupures d’électricité, les plus avertis font recours aux panneaux solaires et aux batteries au lithium ou au plomb, soudainement devenus plus populaires. Hôteliers, entrepreneurs et particuliers, chacun s’en procure en fonction des moyens ou des besoins. Cependant, ces équipements ne sont toujours pas à la portée de la plupart de nos compatriotes. Sur le marché, ces appareils sont cédés à prix d’or. Au Grand marché de Bamako et autres points de vente, grossistes et revendeurs de ces appareils se frottent les mains.


Daouda Samaké est vendeur de panneaux solaires et accessoires, et des batteries au lithium et au plomb au Grand marché de Bamako. Nous coïncidons, en cette matinée de mardi dans sa boutique, avec le retour de l’un de ses employés, chèque en main, d’une livraison. Sur la question de L’augmentation, le vendeur explique : «l’augmentation du prix des panneaux solaires et des batteries au lithium est due à la forte demande. Avec les coupures d’électricité, la demande dépasse l’offre. Si le matériel n’est pas sur place, forcément le prix augmente.»

Chez Daouda Samaké, les panneaux solaires qui étaient vendus entre 29.000 et 30.000 Fcfa sont maintenant cédés entre 35.000 et 40.000 Fcfa. Et les batteries au lithium ou au plomb, difficiles à trouver sur le marché, sont vendues entre 760.000 et 2.300.000 Fcfa. En raison de la cherté de ces équipements, certains particuliers, à l’image de Demba Traoré, se contentent des panneaux solaires ou batteries d’occasion. «Les panneaux solaires et les batteries au lithium sont chers et, en plus, il y a beaucoup de contrefaçons sur le marché. Donc, nous préférons acheter les appareils d’occasion à un coût abordable et qui font notre affaire», soutient-t-il.

L’augmentation du prix des batteries au lithium est due à plusieurs facteurs, selon Konimba Dembélé, vice-président de la Fédération malienne de l’électricité, énergie, énergies renouvelables et nouvelles (Fenem). «La demande de batteries en général a augmenté de manière significative à cause des nombreuses coupures à  longue durée longue que le pays connait actuellement. Les effets croisés de la pandémie de la Covid-19 et de la guerre en Ukraine ont sérieusement perturbé la chaîne d’approvisionnement. Les coûts de transport et les délais de livraison ont augmenté. Aussi, la demande des matières premières a augmenté plus rapidement que l’offre, ce qui a entraîné une hausse des prix», explique le promoteur et gérant de l’Emicom. De l’analyse de cet expert de service après-vente des solutions solaires, il est assez courant que lorsque la demande augmente, les prix prennent l’ascenseur. Il précise que les prix ont également augmenté au niveau international.

 

Mesures d’accompagnement- Selon lui, les batteries au lithium sont des batteries rechargeables qui stockent l’énergie produite à partir des panneaux solaires pendant la journée avant de la restituer la nuit ou en période nuageuse. Ces batteries peuvent également être rechargées à partir du courant du réseau de la société Énergie du Mali (EDM-SA) par le biais d’un convertisseur hybride. Pour notre interlocuteur, des mesures d’accompagnement sont nécessaires pour briser la barrière à l’accès à cette technologie.

Il s’agit, entre autres, d’accorder des subventions aux entreprises du secteur des énergies renouvelables incluant les batteries au lithium à travers des appels à projet. Ce qui, selon lui, permettra de baisser le prix de vente des équipements solaires. «Il faut privilégier une production d’énergie solaire décentralisée. Ceci permettra de limiter la nécessité de construire des réseaux de distribution électrique qui, en plus de renchérir le coût d’investissement, permettra de limiter les pertes d’énergie en ligne», conseille le promoteur et gérant de l’Emicom.

Parallèlement, pense Konimba Dembélé, notre pays doit développer sa propre production de batteries au lithium, ce qui réduirait la dépendance aux importations et contribuerait à faire baisser les prix. «Dans cette perspective, la sortie du Mali de la Cedeao offre une merveilleuse opportunité étant donné la découverte du lithium dans la Région de Bougouni. Il y a déjà des business plans en préparation pour la fabrication des batteries au lithium au Mali», révèle-t-il.

À cet égard, le spécialiste estime que le gouvernement doit assainir le climat des affaires, alléger la fiscalité pour les entreprises formelles et éviter que les 90% de la fiscalité soient supportés par 10% des entreprises. «Les entreprises doivent investir dans la recherche et le développement de technologies de batteries au lithium plus abordables», exhorte l’ingénieur. Comme à son domicile, Konimba Dembélé a installé des équipements solaires sur la toiture de l’entreprise Emicom depuis quelques années. À l’aide d’un convertisseur, l’entrepreneur bascule sur le réseau EDM-SA en cas de besoin. Avec ces installations solaires, celui que nous avons rencontré à son bureau sis ACI 2000, a vu ses factures d’électricité baissées considérablement.

Le président directeur général du Groupe Azalaï Hôtels, Mossadeck Bally, est l’un de ceux qui n’ont pas attendu cette crise énergétique pour s’intéresser aux énergies renouvelables, notamment le solaire. Depuis plusieurs années, tous les nouveaux projets au niveau du Groupe Azalaï, géant de l’hôtellerie, exigent systématiquement que les architectes et les ingénieurs y introduisent de l’énergie renouvelable. «On est l’un des pays les plus ensoleillés au monde avec plus de 4.000 heures de soleil dans l’année, soit plus de 10 heures d’ensoleillement dans la journée. Le Mali est l’un des rares pays qui pourraient avoir un mix énergétique quasiment 100% tourné vers l’énergie solaire», explique Mossadeck Bally.

 

Investissement rentable- Il perçoit la crise énergétique actuelle comme une opportunité pour le pays de profiter d’une source énergétique gratuite : le soleil. Tout de blanc vêtu, coiffé d’un chapeau blanc, Mossadeck Bally nous fait visiter, un mercredi de mars, le toit d’Azalaï Hôtel Bamako (Salam) où se trouve le premier projet pilote de l’installation d’équipements solaires du Groupe Azalaï. Au total, 1.411 panneaux d’une capacité de 240 watt/heures chacun sont installés par endroits sur la toiture de cet hôtel 5 étoiles qui, en moyenne, consomme 10 kilowatt/heures par jour.

«Nous avons décidé de mettre de l’énergie solaire dans tous nos hôtels. Nous avons fait le choix de mettre des panneaux solaires, c’est grâce à l’accompagnement de la Coopération allemande GIZ. Un ingénieur est venu ici et a travaillé avec nos équipes de maintenance. Ils ont fait une étude sur la consommation de l’hôtel et ont préparé un cahier de charges qui nous a permis de faire une consultation des entreprises spécialisées dans l’installation de l’équipement solaire», confie le PDG. Et de poursuivre : «Nous avons cette installation depuis plus de sept ans. C’est un modèle qui permet à des gros consommateurs comme nous de ne pas investir dans l’équipement, d’avoir une entreprise spécialisée en la matière qui investit, qui nous vend l’électricité et à la fin du bail, l’installation devient notre propriété. Si nous sommes satisfaits de cette collaboration, nous allons dupliquer ce modèle dans les dix autres hôtels du Groupe».

Pour le moment, Azalaï Hôtel Bamako n’est pas totalement autonome en énergie solaire, mais cette solution couvre 50% de ses besoins. Mossadeck Bally compte augmenter cette part de l’énergie solaire. Dans cette optique, il entend mettre des panneaux solaires comme abris dans son parking et utiliser une partie de la grande réserve foncière Azalaï Hôtel, s’il le faut.

 L’idée, pour lui, c’est d’arriver à couvrir au moins 70% des besoins en électricité de l’hôtel par l’énergie solaire. Depuis maintenant un an, une ingénieure énergéticienne malienne a été recrutée et elle s’occupera uniquement des projets sur les énergies renouvelables dans les 10 pays où le Groupe est présent.

Pour celui qui envisage d’installer des panneaux solaires à son domicile, le système solaire est un investissement rentable. «Nous avons fait toutes les études», affirme le président du Patronat malien, ajoutant qu’il a rencontré des entrepreneurs maliens qui envisagent d’installer une usine de production des panneaux solaires au Mali.

De son avis, notre pays peut être un gros producteur de l’énergie pour faire face aux besoins qui augmentent chaque année de 10% et exporter l’excédent. Aujourd’hui, dit-il, les opérateurs économiques (grands et petits) qui ont besoin de l’électricité pour produire n’ont d’autre choix que d’utiliser cette crise énergétique comme une opportunité pour changer leur mix énergétique.


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Énergie solaire : l’alternative qui s’impose

De l’avis des experts en la matière, les énergies renouvelables peuvent jouer un rôle important dans la réduction des coupures d’électricité que traverse le pays depuis des mois. Avec 300 jours d’ensoleillement par an en moyenne, le solaire est l’une des solutions les plus adaptées pour répondre au défi énergétique au Mali, selon le vice-président de la Fédération malienne de l’électricité, énergie, énergies renouvelables et nouvelles (Fenem). Konimba Dembélé préconise la reconsidération du système. «Le défi du solaire n’est ni technologique ni technique, mais réside dans la structure même de gestion de la société Énergie du Mali (EDM-SA)», relève le spécialiste des énergies renouvelables.

Pour lui, avant d’investir dans les nouvelles centrales solaires, le gouvernement doit impérativement améliorer la viabilité financière de la société EDM-SA.

Plaidant en faveur des systèmes «C&I», Konimba Dembélé explique que ce sont des systèmes solaires installés sur les toits des bâtiments. Il rappellera que le gouvernement a initié une relecture des textes régissant la production, le transport et la distribution de l’énergie électrique au Mali. Ces textes prévoient, entre autres, la possibilité de revente de l’électricité à la société EDM-SA par chaque consommateur disposant d’une installation solaire sur son toit.

Avec ce système, un consommateur disposant d’une installation d’énergie renouvelable dans sa maison dont la production dépasse ses besoins, a la possibilité de revendre le surplus à EDM-SA.

«Cette relecture qui dure depuis bientôt 10 ans mérite d’être accélérée en s’assurant que les projets de textes ne soient pas dépassés avant leur adoption», selon Konimba Dembélé qui encourage, par ailleurs, le gouvernement à s’investir afin de doter notre pays de centrales nucléaires. «Parallèlement, il faut lever toutes les barrières à l’accès aux énergies renouvelables. L’État a la responsabilité de veiller à la qualité des équipements d’énergie solaire sur le marché malien.

L’absence de contrôle de qualité a permis à des sociétés maliennes et étrangères d’inonder le marché avec des équipements de très mauvaise qualité», déplore le promoteur et gérant de l’Emicom. Ainsi, certains clients ne croient plus à cette technologie.

Babba COULIBALY

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