
ses premières heures, il tenait à l’inclusivité des membres en termes d’appartenance communautaire et ethnique pour arriver à une acceptation locale de son offre.
Le Groupe mettait l’exergue sur l’unicité de l’identité de ses combattants dans
les différents communiqués diffusés lors de sa période de pleine expansion. Par la
suite, le GNIM a décidé de garder en toute confidentialité l’appartenance
ethnique de ses combattants, même dans les cas de décès enregistrés. Il faut
préciser qu’il a connu de profondes divisions internes pour des raisons allant
de la stratification sociale à un sentiment de supériorité chez certains
membres au nom de leur «réelle ou supposée supériorité identitaire» vis-à-vis
des autres membres. Cela n’est pas sans conséquence sur la dynamique du groupe
et l’efficacité de ses actions sur le terrain. Dès lors, le recours
opportuniste au référentiel ethnique est de nouveau de retour.
CLIVAGES
IDENTITAIRES- Dans un élan de fédérer les membres et de remonter le moral, les
responsables du groupe terroriste JNIM ont procédé officiellement, le 2 mars
2017, à travers une vidéo diffusée par Az-Zallaqa1, au regroupement d’un
certain nombre de katiba sous leur bannière et par là, se sont attaqués aux
considérations partisanes pour une meilleure coordination des actions
violentes. Dès lors, le GNIM est parvenu à réduire de façon drastique les
clivages à l’interne et à réunir les groupuscules dissidents en son sein. Pour
ce faire, le Groupe a adopté la neutralité ethnique dans les revendications à
partir de 2018; en abandonnant la terminologie ethnicisante qu’il utilisait
jusqu’alors, comme AlFulani (le Peul), pour désigner les combattants
d’obédience Peule, Al-Targui (le Touareg) pour les combattants touaregs,
Al-Barboushi (le Berabich), Al-Bambari (le Bambara) pour ceux issus de l’ethnie
bambara, entre autres.
De ce fait, le Groupe opta pour la neutralité et l’inclusivité. Il sera question de qualifier tous les combattants maliens de Al-Ansari (autochtones) et al-Muhhajir (exilés) pour désigner les combattants autre que sahéliens. Cette dénomination permettra de créer un esprit de cohésion autour de l’idéologie du «djihad fi sabililah» au sein du groupe, notamment avec la diversification du modus operandi permettant ainsi l’intégration de tous les profils et toutes les compétences dans le groupe. Cette nouvelle reconfiguration permettrait au groupe d’étendre la violence sur des pays côtiers en permettant l’adhésion de nouveaux membres, et éventuellement une «endogénéisation» plus rapide au sein des ethnies et des communautés.
VIOLENTES
MÉTASTASES- Avec cette reconfiguration, le JNIM progresserait vers le
Burkina-faso dont il se sert comme tremplin en vue de descendre de façon
musclée vers le Park du W (Bénin) dont la sanctuarisation facilite l’engagement
dans les parties nord des pays du Golfe de Guinée. De même, le groupe entame,
depuis 2019, une descente vers les zones ouest du Mali, à la lisière du Sénégal
et de la Guinée-Conakry, après des phases de prospection en 2015. Il passe
alors à la prédication avec l’irruption de petites unités combattantes sur des
engins à deux roues dans les villages et mosquées des zones de Nara (Koulikoro)
et de Yélimané (Kayes).
La sanctuarisation de la forêt du Baoulé permettrait au
groupe de se rapprocher de la capitale du Mali (Bamako) que cette forêt lie aux
zones de Mourdiah (Koulikoro) au nord-est et à la zone du Mandé au sud. Ce qui
permettrait au groupe de recruter parmi les communautés du sud comme les Bambaras,
les Soninkés, les Minyanka, les Dafing, etc.
D’ailleurs, les récents communiqués du groupe sont aussi lus en langue soninké. Tentative d’enrôler certains acteurs frustrés au sein de cette communauté ? C’est pour montrer cette capacité de recrutement que depuis l’attaque terroriste du 17 septembre 2024 à Bamako, le Groupe met en avant Abou Houzeyfa AlBambari, un Bambara, pour prouver que son «djihad» ratisse large et n’est pas confiné aux seuls djihadistes Peuls ou Touaregs, voire Sahéliens. Donc. il met en avant des stratégies de communication opportunistes et contextuelles.
RECOURS
CIRCONSTANCIEL- À l’analyse, cette tendance semble devenir une règle, car la
même terminologie ethnicisante revient lors de la revendication de l’attaque de
Ber (Tombouctou) où le groupe parle de l’utilisation de 3 véhicules piégés
conduits par Abou Idriss Al-Targui, Abou Oumar Al-Fulani et Jalal Adin
Al-Targui. La terminologie ethnicisante abandonnée par le JNIM en 2018 est de
plus en plus mise en avant par le groupe qui voudrait certainement montrer
qu’aucune ethnie ou communauté ne serait en marge du jihad en termes de
recrutement et de commission d’actes terroristes. Par conséquent, le groupe
semble ne pas disposer de règles générales en la matière. Sa stratégie concourt
plutôt à créer de la discrimination.
Pendant que plusieurs personnes et groupes de personnes seraient victimes par endroits et par moments d’amalgames et de clichés en fonction de leur appartenance ethnique, sous prétexte que les auteurs des attaques du 17 septembre étaient de leur communauté, le GNIM révèle l’identité du commando principal, un Bambara. Du coup, les masques tombent, et la confusion serait encore plus grande car cette révélation agrandirait la suspicion entre les ethnies et au sein de la société où désormais il serait difficile de savoir «qui est qui».
ASTUCES
TROMPEUSES- Le groupe terroriste semble procéder à un savant dosage d’ethnicité
et de tentations de neutralité et d’inclusivité. Dans la lutte contre la
nébuleuse terroriste, il est impérieux de se prémunir du piège de l’escalade
ethnique. Le numérique du point de vue ethnique en matière d’engagement dans
les groupes radicaux violents ne saurait justifier l’ethnicisation de la
violence. Il convient de rappeler avec insistance qu’aucun élément terroriste
n’a été mandaté par sa communauté ou son ethnie. Les groupes radicaux violents
chercheraient à opposer les communautés les unes aux autres et, par ricochet, à
pousser les acteurs de la prévention et de la lutte à succomber au charme du
raccourci et du simplisme.
Le niveau
de la territorialisation (recrutements endogènes des combattants) et du profil
difficilement saisissable des entrepreneurs de la violence ont atteint un seuil
où les réponses militaires, à elles seules, certes indispensables pour extraire
la violence, ne pourraient asseoir une paix durable. L’État est dans son rôle
régalien et très légitime de combattre tous les entrepreneurs de la violence
sur toute l’étendue du territoire. Cependant, au regard de l’ancrage local du
phénomène (métastase et hybridité), le faible maillage du territoire sur le
plan de l’offre et de la demande de sécurité en dépit des efforts en cours, les
réponses militaires devaient davantage intégrer les facteurs pluriels et
dynamiques d’engagement dans les groupes et les variables sociales et
culturelles dans les terroirs en vue d’arriver à des réponses plus
contextualisées et circonstanciées.
L’appartenance
identitaire plurielle de certains éléments des groupes radicaux violents
(binationaux, voire tri nationaux) interrogerait la nécessité de pacifier
davantage le rapport avec des pays comme la Côte d’Ivoire, l’Algérie et la
Mauritanie en vue d’une meilleure coordination de la lutte. Faut-il avoir
besoin de le rappeler, la quiétude d’un État souverain ne devrait pas dépendre
de l’humeur et du sentiment d’un État tiers. Néanmoins, la realpolitik
commanderait aux autorités actuelles de faire entorse à certains principes
cardinaux de la diplomatie et du bon voisinage, non pas pour adosser la
stabilité du pays au sentiment de l’Autre, mais plutôt pour ne pas trop l’avoir
sur son dos au risque de voir ses efforts, combien louables, s’étioler dans la
durée.
Dr Aly Tounkara,
directeur exécutif du Centre des études
sécuritaires et
stratégiques au Sahel (CE3S)
Rédaction Lessor
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