
L’Essor : Quel regard jetez-vous sur la situation
sociopolitique du Mali après plus de 18 mois de Transition ?
Mamadou Namory Traoré : Il faut reconnaître que la situation est vraiment compliquée, très difficile. D’abord, on a traversé une crise sanitaire, avec la Covid-19, qui a plombé beaucoup de choses.
Ensuite, les
crises sécuritaire et politique ont débouché sur le renversement du régime précédent
et l’instauration d’une Transition. Mais, il faut dire que depuis
l’instauration de ce régime de Transition, les choses n’ont pas beaucoup changé.
La crise sécuritaire perdure et la situation s’est brutalement aggravée avec la
seconde phase de la Transition qu’on appelle rectification qui a abouti à des
sanctions sévères de la part des organisations sous régionales.
Il s’agit de la
Communauté économique des états de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et l’Union économique
et monétaire ouest africaine (Uemoa). Ces sanctions ont plombé la vie économique
du pays et les moyens d’action de l’état, si bien qu’aujourd’hui on va vraiment
vers l’impasse si on regarde pas objectivement la situation.
On voit bien que le pays tourne au ralenti, les entreprises
ont des difficultés d’approvisionnement à cause de l’embargo. Ensuite, l’État a
du mal à se faire fonctionner à travers le recours au marché monétaire, parce
que là aussi les transactions sont suspendues. Et c’est presqu’un miracle que
l’état continue à assumer ses fonctions régaliennes, à savoir le paiement des
salaires. Mais jusqu’à quand ? C’est cela la question.
Dernière des nouvelles, c’est que nos partenaires qui nous soutiennent toujours se sont vus dans l’obligation de suspendre leurs décaissements. Ce n’est pas une sanction, mais c’est l’application mécanique de leur principe qui fait que si vous êtes en arriéré de paiement jusqu’à un certain niveau, ils sont obligés de suspendre les décaissements en attendant que vous soyez en mesure de vous mettre à jour.
Si bien que vous avez vu la lettre du ministre des Finances qui annonce les
suspensions de la Banque mondiale. Peut-être que la Banque africaine de développement
(Bad) et les autres institutions financières sont dans la même situation.
Ce
sont des mesures mécaniques qui interviennent suite aux sanctions. Ce n’est pas
que le Mali ne soit pas en mesure de rembourser ses dettes, mais du fait des
sanctions, des blocages des transactions, notre pays n’est plus en mesure de
payer ses dettes, donc ces partenaires bloquent.
Au total, si on continue ainsi et si rien ne change, tous
les projets d’investissement vont s’arrêter. Tous les progrès réalisés en matière
d’investissements publics vont être annihilés. Pour cela, il faut vraiment réagir,
il faut faire quelque chose.
L’Essor : Votre groupe de réflexions vient de formuler des
propositions. Pouvez-vous nous les détailler ? En quoi elles sont susceptibles
d’être une piste de sortie de crise ?
Mamadou Namory Traoré : Notre groupe s’est réuni et a fait des analyses objectives de la situation. Nous avons estimé que les autorités de la Transition ne peuvent pas rester inactives et attendre que la situation dégénère. C’est pour cela que nous avons proposé que le gouvernement de Transition publie un chronogramme de toutes les réformes à entreprendre, étape par étape.
Le
peuple malien doit prendre connaissance de ce chronogramme. Parce jusqu’ici on
parle de délai, on a l’impression qu’il y a un marchandage entre le
gouvernement et la Cedeao. Personne ne sait pourquoi ça bloque.
Il faut au moins que le peuple sache que le Mali, à la suite des Assises nationales de la refondation (ANR), a décidé qu’avant d’aller aux élections, il y a un certain nombre de réformes qu’il faut entreprendre.
Il faut changer la Constitution, créer
l’Organe unique de gestion des élections, un nouveau découpage territorial et
de nouvelles circonscriptions administratives. Il faut également revoir la loi
organique sur le fonctionnement de la Cour constitutionnelle pour éviter la dérive
qu’on a connue lors des élections passées.
Il faut aussi un calendrier pour dire quand est-ce que les élections (communales, régionales, locales, législatives peut-être même sénatoriales s’il y a un Sénat qui est créé) vont avoir lieu. Ainsi, on verra que cet ensemble d’activités tient dans un calendrier réaliste.
Si le peuple est informé de cela, si on soumet cela à l’ensemble de la classe
politique et qu’il y a un consensus qui se dégage, le Conseil national de
Transition (CNT) peut être saisi. Si c’est adopté, je ne vois pas comment la
Cedeao va s’opposer à cela.
L’Essor : Quels sont les avantages si le chronogramme est
adopté par le CNT ?
Mamadou Namory Traoré : Au moins, il y a un organe législatif qui est reconnu par la communauté internationale qui se sera penché sur l’organigramme, qui aura organisé un débat là-dessus. Et peut-être que cela peut renforcer la position du Mali dans les négociations avec la Cedeao.
On
dira qu’il y a un chronogramme qui est adopté au nom du peuple malien. Donc, je
ne vois pas comment la Cedeao peut s’opposer à cela. Il faut évidemment que ce
chronogramme soit réaliste, qu’il permette de réaliser les réformes
indispensables.
Parce qu’il faut absolument faire les réformes avant d’aller aux élections. Si on se précipite pour aller aux élections sans faire les réformes, je ne donne pas chère de la peau du régime qui va s’installer, parce qu’il y aura les mêmes problèmes, les mêmes difficultés et on va encore aller vers des crises.
Il faut que ces réformes se fassent, c’est obligatoire. La Cedeao
elle-même l’avait reconnu avant la crise électorale de 2018. Mais, les réformes
se font dans un temps.
Il faut définir et publier ce temps pour que l’organe législatif
s’en empare et prenne la décision. En ce moment, on est en position favorable
de négociation avec nos partenaires. Il faut aussi que la
Cedeao comprenne que le Mali ne peut plus se hasarder, comme il l’a fait en
2012-2013, à se précipiter pour aller à des élections. Voilà ce que cela a donné.
L’Essor : L’impasse actuelle n’est pas tenable. Quels sont
les risques pour le pays si elle perdure ?
Mamadou Namory Traoré : Si l’impasse perdure, à terme, l’État sera dans l’incapacité d’assurer ses missions régaliennes, parce qu’il sera à court d’argent. Déjà, il y a beaucoup de partenaires qui ont arrêté leurs subventions et aides budgétaires.
Ensuite, les recettes douanières vont
s’amenuiser, parce qu’il y a un embargo. Les taxes des produits qui ne
rentreront plus ne seront pas perçues. En plus, comme l’État a l’habitude de se
financer sur le marché monétaire, il ne peut plus le faire maintenant. À terme, l’État ne pourra plus honorer ses
engagements. C’est ce qu’il faut éviter.
L’Essor : Avez-vous pris contact avec les autorités pour
leur présenter vos propositions?
Mamadou Namory Traoré : On ne l’a pas encore fait. En général, on transmet nos propositions aux autorités. Mais nos récentes propositions ont plutôt été publiées sous forme d’appel. On espère que les autorités, qui connaissent notre existence, prennent connaissance de ce qu’on écrit.
Le
Premier ministre, lui-même, a reçu le Grain. Il a déclaré qu’il reconnaît la
contribution du Grain à la réflexion sur la sortie de crise. Donc, on suppose
qu’il a déjà pris connaissance de notre appel.
Propos recueillis par
Massa SIDIBÉ
Massa SIDIBE
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