![Manuscrits anciens et culture de la paix : éclairer le chemin de la paix](http://admin.lessor.ml/assets/img/posts/1645605412.jpg)
Ces documents restituent les valeurs qui ont toujours permis à notre pays de régler les rapports collectifs et individuels dans la paix et la concorde
La salle de conférence du Mémorial Modibo Keïta a abrité,
lundi dernier, la cérémonie de lancement du Projet «Inspiration des manuscrits
anciens pour la réconciliation et la paix». Ce programme est initié et piloté
par l’ONG Sauvegarde des manuscrits anciens du Mali pour la défense de la
culture islamique (Savama-DCI) sur financement du Royaume de la Grande-Bretagne
à hauteur de 50.000 euros, soit environ 30 millions de Fcfa pour une durée de
trois ans. Il couvrira Bamako, Kayes, Ségou et Tombouctou.
Le secrétaire général du ministère de l’Artisanat, de la
Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme, Hamane Demba Cissé, a
remercié particulièrement le gouvernement et le peuple britanniques pour leur
accompagnement. Pour lui, un soutien financier de cette portée mérite d’être
apprécié à sa juste valeur. Selon lui, ce projet participe de la mise en œuvre
du Plan d’action gouvernemental à travers les engagements du département en
charge de la Culture pour un Mali réconcilié et en paix.
«Depuis 2012, le Mali est le théâtre d’une crise sans
précédent, marquée par des évènements tragiques et funestes ayant répandu la
terreur et semé la psychose partout. Malgré la signature de l’Accord pour la
paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, force est de constater que
les attaques et conflits meurtriers n’ont cessé d’endeuiller notre peuple,
mettant en mal le vivre ensemble millénaire d’un pays universellement reconnu
pour son humanisme et sa riche diversité culturelle», a expliqué le secrétaire
général du département en charge de la Culture.
Selon lui ces crises sécuritaires et institutionnelles ont
provoqué une déchirure profonde du tissu social, entraîné la méfiance, voire la
haine, le repli identitaire, communautaire, des conflits armés entre
communautés ayant vécu en parfaite harmonie depuis des siècles, un effritement
des valeurs sociétales comme, la tolérance, le pardon, la solidarité,
l’entraide, valeurs qui constituent le socle sur lequel s’est bâtie l’unité de
la Nation malienne. La perte de ces valeurs laisse progressivement place à
l’intolérance et à la violence qui réduisentt considérablement les effets des
actions mises en œuvre pour promouvoir la paix et le développement.
Il relèvera aussi que face à cette situation, de nombreuses
voies ont été explorées, notamment celles politique et diplomatique. Malgré
l’appui de la communauté internationale, la crise paraît inextricable et
persistante. Hamane Demba Cissé soulignera aussi que le Mali est un pays de
traditions et de culture millénaires, creuset de vertus et de valeurs qui ont
toujours permis de réguler les rapports individuels et collectifs de sorte à
assurer en permanence l’unité, la paix et la concorde. Pour lui, il est clair
que notre pays doit faire recours à la culture comme alternative à la violence
et pour préparer les esprits à cultiver durablement la paix.
La culture malienne renferme tous les ingrédients et les
ressorts sur lesquels notre peuple devrait s’appuyer pour rebâtir le havre de
paix qu’a toujours été notre pays. «Nos lettrés, nos érudits et nos
jurisconsultes ont légué à la postérité des mécanismes traditionnels de gestion
des conflits et du vivre ensemble», a-t-il rappelé. Toutes ces bonnes pratiques
ont été consignées dans les manuscrits anciens. Les manuscrits constituent une
source d’inspiration pour l’éclosion d’un Mali tolérant, pluriel et ouvert au
monde, ajoutera-t-il.
à titre d’exemple, on peut citer : Ar-rissalah
algal-lawilla de Cheikh Sidi Alkounti Alkabir, Ousmane Fodio. Les manuscrits
anciens sont le support de réalités africaines les plus diverses (sociales,
économiques et culturelles), de valeurs sur lesquelles, il faut s’appuyer pour
définir notre identité, construire le vivre ensemble, la paix et le développement.
Le secrétaire général s’accorde avec d’autres bons esprits sur une évidence.
L’avenir de l’Afrique doit se bâtir sur la compréhension de son passé, dont les
manuscrits rendent compte. La stabilité et le développement du Mali et de
l’Afrique doivent s’enraciner dans la culture et le passé. Cette mission passe
nécessairement par la préservation et la valorisation du patrimoine
documentaire.
Dr Abdel Kader Haïdara, président exécutif de l’ONG
Savama-DCI a surtout remercié tous les partenaires qui ont aidé sa structure,
depuis l’exfiltration des manuscrits anciens de Tombouctou à Bamako en 2012. Il
expliquera que tous ces manuscrits ont été sauvegardés avec l’appui de nombreux
partenaires. Le présent projet vise à démocratiser le contenu des manuscrits anciens
à travers des conférences-débats, des émissions radiophoniques et télévisées et
permettra de cultiver dans l’esprit des jeunes des valeurs de paix, d’amour, de
vivre ensemble et de réconciliation.
Barry Lowen, ambassadeur de la Grande-Bretagne et de l’Irlande du Nord au Mali a apprécié particulièrement les valeurs humanistes de la culture de notre pays. Il s’est dit impressionné par la Charte du Mandé ou «Kurukan Fuga», avant d’expliquer que le Royaume Uni accompagnera notre pays dans la recherche de la paix et de la réconciliation sur la base de valeurs endogènes. Enfin, il dit avoir du respect pour le contenu des manuscrits anciens du Mali qui ne méritent de rester entre les quatre murs des bibliothèques.
Youssouf DOUMBIA
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