
Dr Aly Tounkara
Dr Aly Tounkara
évoque d’entrée la présence des forces étrangères sur le sol nigérien où la
France dispose de plus de 1.200 soldats, les États-Unis plus de
800, l’Italie pas moins de 300, l’Allemagne plus de 200. Le chercheur fait
remarquer à cet effet que le Niger était devenu une sorte de carrefour pour la
présence des forces étrangères dans le Sahel. Lesquelles forces y sont non pas
à la suite d’une demande expresse de l’état nigérien.
L’expert défense et
sécurité au CE3S rappelle que le président Mohamed Bazoum, au début de sa
présidence, avait toujours clamé publiquement qu’il était opposé à une présence
physique des forces étrangères sur le sol nigérien. Et qu’il était plutôt
favorable à ce que des équipements soient mis à la disposition de l’Armée,
ainsi que de la formation pour les militaires nigériens.
Mais du jour au
lendemain, on a assisté à un changement intempestif comportemental de la part
du président Bazoum, souligne Dr Tounkara, pour qui ce changement prouve à
suffisance que les officiers supérieurs n’ont pas été associés à ce projet de
venue massive des forces occidentales sur le sol nigérien. Mieux, il dira que
lorsqu’on échangeait avec une certaine élite politique dans les couloirs, on se
rendait compte que cette présence des forces étrangères a été actée par le
président Bazoum lui-même. «Cette présence est une raison essentielle qui
expliquerait une certaine frustration qu’on pouvait lire au sein de l’Armée
nigérienne», fait remarquer Aly Tounkara.
L’autre élément qui
peut expliquer cet état de fait est que le chef des militaires au pouvoir
aujourd’hui au Niger dirigeait la Garde présidentielle depuis plus d’une
décennie. Il a servi sous le président Issoufou Mahamadou. Selon le chercheur,
tout laisse croire que les rapports de celui-ci avec le président Bazoum
n’étaient pas cordiaux.
Pour corroborer ses explications, le spécialiste
indique que certaines indiscrétions faisaient état d’un possible remplacement
du général Tchiani, le patron de la Garde présidentielle. Lequel remplacement
n’était pas de son goût. «Ces frustrations
individuelles des acteurs de la Garde présidentielle sous-tendraient
aussi ce coup d’État», analyse Dr Aly Tounkara qui ajoute un élément important
qui, pour lui, n’est pas forcément à l’origine du coup d’État mais qui a
facilité l’adhésion des autres militaires au pronunciamento.
C’est le fait que
le président Bazoum a fait certaines sorties fracassantes perçues par une large
partie de l’Armée nigérienne comme de l’affront. L’expert défense et sécurité
rappelle à ce propos que le chef d’état déchu a dénigré les capacités tactiques
opérationnelles des éléments des Forces de défense et de sécurité nigériennes
au profit des groupes radicaux violents en qualifiant ces derniers de mieux
aguerris et mieux aptes au combat.
À cela, le chercheur ajoute que le président Bazoum était une gêne pour la coopération militaire entre le Mali et le Niger et entre le Niger et le Burkina Faso. «Les actions coordonnées dans le Liptako Gourma nécessitent, en vue de lutter contre le nébuleuse terroriste, ces actions conjointes de la part des trois Armées sœurs. Ces actions avaient été suspendues à la suite de la venue du président Bazoum à la tête du Niger», fait savoir Dr Tounkara.
RÉPONSES CONJOINTES-
Parlant des implications de ce coup d’État, le chercheur les classe en deux
phases. Pour la première phase, il dit qu’au cours des mois à venir, les
autorités nigériennes vont être davantage préoccupées par comment se maintenir
au pouvoir que de faire face aux impératifs sécuritaires même si l’argumentaire
sécuritaire a été la raison fondamentale du coup de force. Pour Dr Aly
Tounkara, cette phase doit être courte car si les militaires n’en sortent pas
rapidement, ils risqueront d’avoir les communautés ou les populations sur le
dos.
La deuxième phase qui, selon lui, doit d’ailleurs être impulsée par le
Mali et le Burkina Faso, c’est d’aller rapidement vers les nouvelles autorités
militaires nigériennes en vue de partager leurs expériences du Liptako Gourma
et de proposer de commun accord, le nouveau maillage sécuritaire de la zone
dite des trois frontières. Pour le chercheur, il faut espérer qu’avec ce
changement à la tête du Niger, on puisse assister à un redimensionnement des
réponses conjointes de ces trois pays contre les groupes radicaux violents dans
les mois à venir.
Parlant de la Force
française, l’expert défense et sécurité souligne que son avenir est un peu
incertain au Niger. Toutefois, il pense qu’au regard des leçons apprises du
départ anticipé des forces françaises du Mali et de ce qui se passe au Burkina
Faso en termes de rejet de la présence militaire française, tout laisse croire
que Paris va tirer une meilleure compréhension pour ne pas tomber dans les
mêmes pièges au Niger. L’autre hypothèse que le chercheur avance est que les
premiers communiqués venant des nouvelles autorités du Niger n’ont pas hésité
de nommer expressément la France indiquant qu’elle aurait envoyé des forces
spéciales à bord d’un avion alors que les frontières aériennes ou terrestres
restent momentanément fermées.
D’après Aly Tounkara, tout laisse entendre que les nouvelles autorités nigériennes auront une attitude peu condescendante vis-à-vis de la présence militaire française. À défaut d’un départ immédiat, la force française sera réduite avec ces nouvelles autorités. Pour le spécialiste, ce qui est fort probable, c’est que ces nouvelles autorités vont forcément s’ouvrir à d’autres partenaires comme la Russie, la Turquie et même à d’autres pays qui ne figurent pas dans le bloc occidental pour l’acquisition rapide des moyens aériens dont l’Armée nigérienne a clairement besoin aujourd’hui afin d’engranger un certain nombre de résultats.
NORMALISATION DES
RELATIONS- S’agissant des raisons qui ont poussé l’Armée à se ranger derrière
les putschistes, Dr Tounkara explique cela d’abord par les frustrations nées
suite aux différents contrats entre le président Bazoum et les Armées
partenaires. Selon lui, l’Armée nigérienne s’est également rangée du côté des
putschistes parce qu’elle s’était rendue compte que le président Bazoum
considérait que les Armées étrangères avaient une certaine ascendance sur le
terrain. Une autre raison que le chercheur évoque est que la venue de la France
qui avait été autant vantée n’a pas permis à l’Armée nigérienne de stopper
l’avancée des groupes radicaux violents. Toutes ces raisons, selon lui, ont
amené le reste de l’Armée nigérienne à épouser ou valider le coup d’État perpétré
par la hiérarchie militaire.
Le chercheur pense que le retour à une normalisation des relations diplomatiques entre le Mali et le Niger serait imminent au regard de la nouvelle configuration politique et militaire. Aussi, il est envisageable que des actions conjointes soient conduites entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso dans le Liptako Gourma. L’expert défense et sécurité du CE3S estime que le retour des forces conjointes évoluant sous un même commandement est une hypothèse plausible. Il soutient qu’il y va de l’intérêt des officiers supérieurs nigériens au pouvoir en vue de rendre l’argumentaire qui a sous-tendu le coup d’état pertinent et efficace.
Dieudonné DIAMA
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