Noix de cajou : Une pépite pour les femmes de Madina Kouroulamini

Grâce à la cueillette de ce fruit sec, elles assurent la prise en charge de plusieurs besoins, notamment les condiments pour les repas familiaux

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Publié mardi 25 avril 2023 à 07:37 , mis à jour vendredi 29 mars 2024 à 08:44
Noix de cajou : Une pépite pour les femmes de Madina Kouroulamini

En l’absence du propriétaire de la plantation des femmes coupent les fruits avec le bâton

 


Dans les zones rurales, la cueillette des fruits constitue l’activité principale des femmes pendant la saison sèche. Les noix de cajou ou anacardes sont, en cette période, des pierres précieuses. Selon le bilan de la campagne 2019 du Projet d’appui à la filière anacarde au Mali (Pafam), la production de l’anacarde occupe plus de 200.000 personnes en milieu rural dans notre pays.


Environ 90.000 tonnes sont produites par an, avec des recettes d’exportations évaluées à près de 32,5 milliards de Fcfa. Pour la collecte de ces noix dans les champs, filles, mères et sœurs marchent des kilomètres. Dans le village de Madina Kouroulamini dans la Région de Bougouni, les revenus de cette activité prennent en charge une grande partie des besoins des dames.

 Un jour du mois de mars dernier aux environs de 17 heures, le gazouillement des oiseaux mettait fin au silence des pommiers de cajou dans un champ? Et les coups de bâton géant assénés par une femme aux branches de ces arbres touffus pour qu’ils larguent les pommes de cajou. Une autre récupérait les fruits et retirait la noix de cajou. Pendant ce temps, d’autres femmes empruntaient, à pied, une voie en latérite pour rentrer à la maison. Certaines portaient sur leurs têtes des récipients contenant des noix de cajou.

Alimatou Ballo, 45 ans, et une autre femme étaient assises dans une charrette tirée par un âne. À côté d’elles, se trouvaient deux récipients remplis de noix de cajou. Les deux dames rentraient d’une partie de collecte de noix de cajou. «Nous venons de notre champ, situé à plusieurs kilomètres du village. On y va deux fois par semaine», explique la quadragénaire. Selon elle, du fait que l’étape de fructification de l’anacardier tend vers sa fin, elle peut collecter 15 kg de cette noix par jour. Au début de la cueillette (mois de février), indique Alimatou Ballo, elles pouvaient obtenir entre 30 à 50 kg.

Selon la paysanne, elle amasse ces noix pour les vendre quand elles atteignent un prix plus conséquent sur le marché. Elle précise que l’année dernière, elle a vendu 300 kg au prix unitaire de 200 Fcfa. Avec l’argent provenant de ce commerce, la quadragénaire achète des condiments pour la préparation des repas quotidiens.

Depuis l’enfance, Sitan Diawara accompagne ses parents à la cueillette des noix de cajou. Cette année, elle a 30 ans. L’activité, dit-elle, l’aide à acheter les condiments pour la cuisine.  «Nous passons souvent toute la journée au champ à collecter ces produits. Quand nous avons faim, nous retournons à la maison. Si tu fais une semaine sans aller, d’autres personnes passeront après toi», confie la trentenaire qui a collecté l’année dernière, 250 kg de noix de cajou.

 

Cacao du village- Quant à Salimata Doumbia, elle explique que les revenus de cette cueillette servent également à la prise en charge des besoins des enfants notamment l’achat de vêtements. Elle rappelle qu’il y a plusieurs années, le kilogramme de l’anacarde était vendu à 50 Fcfa. «Pendant une saison, on peut avoir 300 kg. L’année dernière, j’ai eu 200 kg», se souvient-elle, avant de se réjouir de la bonne récolte de noix cette année. Salimata Doumbia estime que la noix de cajou représente le «cacao» du village.


«Certaines femmes ne peuvent s’empêcher de choper ces produits dans les champs d’autrui pour subvenir à leurs besoins pressants», confie-t-elle, déclarant que les coupables de ces pratiques sont soumises au payement de 1.000 Fcfa d’amende par noix de cajou. Et d’indiquer qu’il y a des femmes qui déposent leur mil au moulin et partent, pendant ce temps, au champ cueillir des noix pour avoir les frais de condiments.

Diakaridia Diawara est propriétaire de 8 hectares de plantation de pommies de cajou. Il confirme que la cueillette des noix permet aux femmes de prendre en charge leurs dépenses liées aux besoins personnels, aux frais des condiments et aux charges des enfants. «Dans ma famille, les femmes nous aident à ramasser les anacardes. Après la vente, nous leur donnons de l’argent», affirme le cultivateur de 38 ans. En l’absence du propriétaire de la plantation, regrette-t-il, des femmes coupent les fruits avec le bâton.


Par conséquent, poursuit-il, les fruits non mûrs tombent et l’arbre perd ses fleurs. «Chaque année, nous tenons des échanges avec les femmes sur la manière de cueillir les noix», fait-il savoir. Diakaridia Diawara aussi bien que les femmes citées plus haut souhaitent voir naître dans le village, un projet portant sur la valorisation des noix de cajou et de la pomme de cajou.

En la matière, les défis à relever restent énormes. Selon la Pafam, moins de 1% de la production est transformé, la transformation des produits de l’anacarde occupe plus de 3.000 personnes dont 80% de femmes majoritairement en milieu rural. Le bilan de la campagne 2019, souligne que la filière ne bénéficie pas suffisamment de l’accompagnement de l'État, malgré son importance socioéconomique. Cette insuffisance se traduit par le faible niveau de règlementation de la filière et la faible capacité des services techniques concernés.

Dans une de nos parutions, le chef de la section des cultures sèches et cultures irriguées à la direction nationale de l’agriculture (DNA), affirmait que le document de la stratégie nationale de la filière anacarde avec son plan d’action budgétisé est validé par les services techniques. Cette stratégie prend en compte tous les acteurs de la filière, des producteurs aux transformateurs en passant par les commerçants et les transporteurs.

Mohamed DIAWARA

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