Propagande, désinformation, manipulation : Le nouvel impérialisme médiatique

Alors que le Mali remporte des victoires militaires décisives, une nouvelle forme de guerre se profile : la guerre informationnelle. À travers la désinformation, certains acteurs extérieurs tentent d’affaiblir l’État malien, d’asphyxier son économie et de briser l’unité régionale incarnée par l’Alliance des États du Sahel (AES)

Publié mercredi 08 octobre 2025 à 13:21
Propagande, désinformation, manipulation :  Le nouvel impérialisme médiatique

La session ordinaire d’octobre 2025 du Conseil national de transition (CNT) s’est ouverte le lundi 6 octobre au Centre international de Conférence de Bamako (CICB). À cette occasion, le président du CNT, le Général Malick Diaw, a dénoncé les manœuvres extérieures visant à affaiblir le Mali : «Ayant tout essayé contre le Mali, ils veulent nous asphyxier économiquement et financièrement en s’attaquant aux camions de transport et aux citernes. Mais grâce à la résistance et au patriotisme de notre peuple, nous vaincrons ce terrorisme économique.»


Derrière cette déclaration se profile une guerre d’un nouveau genre : la «guerre informationnelle», un conflit insidieux qui se joue sur les plans économique, politique et médiatique.


Ce conflit, bien que localisé au Mali, s’étend à l’ensemble de l’Alliance des États du Sahel (AES) et, plus largement, à toute l’Afrique sur fond de visée géopolitique qui permet à certains États occidentaux, notamment la France, de manipuler l’information. In fine, ce processus ambitionne d’installer un climat de psychose au sein de la population, vise à éroder l’image des dirigeants de l’AES et de provoquer une fracture sociale. Ces pathétiques manœuvres ne prospéreront guère pour peu que les Aésiens continuent de comprendre la volonté de la France de recoloniser le sahel.


L’élan historique et populaire impulsé pour la véritable souveraineté du sahel ne doit en aucun cas s’essouffler. Au-delà du rôle des dirigeants, c’est de la survie collective des populations de l’AES qui est en jeu. Sans conteste, chaque citoyen doit prendre conscience de son rôle de soldat déterminé à réussir sa mission ou à périr pour la cause commune.

 

Contexte géopolitique et instrumentalisation de l’information

Depuis l’échec des tentatives d’isolement du Mali, du Burkina Faso et du Niger — notamment après les changements politiques intervenus dans ces pays —certains sponsors étatiques du terrorisme international, multiplient les actions de déstabilisation. Se voyant perdre leur influence stratégique dans le Sahel, ils recourent désormais à la manipulation de masse, un processus décrit par Sergueï Tchakhotine comme «le viol des foules par la propagande politique».


Leur objectif est de dresser le peuple contre ses dirigeants en instaurant un climat de crise permanente, servant leurs intérêts économiques et géopolitiques. Cette stratégie s’inscrit dans la continuité d’un terrorisme fomenté depuis les indépendances, destiné à légitimer une présence étrangère permanente sous prétexte d’assistance.

 

Information, arme stratégique du XXIe siècle

Jamais depuis les deux Guerres mondiales (1914-1918 ; 1939-1945) le monde n’a été aussi vulnérable qu’en ce XXIe siècle, où l’accès massif à l’information, via les technologies numériques et les réseaux sociaux, a redéfini les règles du jeu. Aujourd’hui, la guerre n’est plus seulement militaire : elle est aussi médiatique et psychologique. D’où le règne de la tyrannie informationnelle. En dissolvant le corps diplomatique, la France, à travers Emmanuel Macron, l’un des présidents les plus contestés de l’histoire de ce pays, avait sans doute sous-estimé la volonté des peuples du sahel à s’offrir un nouvel avenir.


Comme le soulignait Pierre Schaeffer, «la communication, c’est la guerre». Ainsi, les États doivent désormais traiter l’information comme une arme stratégique de haute valeur ajoutée, au même titre que les équipements militaires. Le général Assimi Goïta a lui-même évoqué en juin 2024, lors de sa visite à Sikasso, 3ème région administrative du Mali, le concept de «terrorisme informationnel», aux côtés du «terrorisme économique» et du «terrorisme avec violence armé».

 

Du succès militaire à l’offensive informationnelle

Le Mali, sous la transition menée par le Général Goïta, a remporté d’importantes victoires militaires. La reconquête de Kidal en novembre 2023, par exemple, symbolise la reprise en main de territoires échappant à l’État depuis des années. Cette avancée a permis le retour de l’administration dans ces zones sensibles et permis un travail en profondeur sur le processus de pacification à travers l’adoption de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Une stratégie nationale qui privilégie les solutions endogènes pour la résolution durable des conflits à l’abri de toute menée géopolitique.


Face à ces succès militaires, les opposants au processus de transition ont ouvert un nouveau front : la désinformation, destinée à émouvoir et manipuler les masses. Cette stratégie repose sur une redoutable efficacité émotionnelle : images sorties de leur contexte, fausses rumeurs de pénurie de carburant, ou mise en scène de camions incendiés, malgré la présence d’escortes militaires.

 

Une guerre contre l’économie malienne

Depuis le retrait définitif des pays de l’AES de la CEDEAO en janvier 2025, les attaques informationnelles d’envergures se sont intensifiées. L’objectif est de saper l’économie aésienne qui s’est jusqu’ici montré assez résiliente face aux multiples adversités géopolitiques. Il s’agit aussi pour les sponsors étatiques du terrorisme de chercher à provoquer un soulèvement populaire, et ainsi empêcher l’organisation du prochain sommet de l’AES, repoussé à décembre 2025.


L’exemple le plus marquant reste celui de la prétendue crise du carburant. Des groupes armés appuyés par des ennemis du Mali tentent d’empêcher les camions-citernes d’entrer sur le territoire malien afin de ravitailler les stations-services, simulant ainsi un «blocus économique» déguisé. Une telle stratégie vise à asphyxier l’économie et à briser la dynamique d’unité régionale enclenchée par l’AES en restreignant la liberté de mouvement et de commerce.

 

Les précédents et les complicités régionales

D’autres tentatives de déstabilisation ont été observées dans cet espace, notamment en 2024, à travers des ONG étrangères, organisait la transhumance de troupeaux maliens vers un pays voisin, a expliqué le président de la transition lors de sa visite à Sikasso. L’objectif caché était d’affaiblir un secteur vital pour le Mali. Rappelons que l’élevage représente 80% du revenu des populations rurales du Nord et près de 18 % dans le Sud.


À cela s’ajoute la crise diplomatique avec l’Algérie après la destruction d’un drone malien à Tinzaoutène en avril 2025, suivie d’accusations infondées de violation d’espace aérien. Comment ne pas s’étendre sur ce malheureux cas de l’Algérie, un État qui doit sa souveraineté actuelle au sacrifice du Mali pour l’avoir aidé activement à combattre le colon français, pour lui avoir cédé une partie de son territoire pour servir d’espace de coordination et de refuge. Rappelons-nous également que le président Modibo Kéïta avait joué les premiers rôles pour la signature d’un accord de paix entre l’Algérie et le Maroc sous l’égide du Négus, l’empereur Ailé Sélassié d’Éthiopie. Visiblement l’Algérie est saisie d’amnésie historique ou même tente de faire du révisionnisme.


En plus de l’exploitation permanente et éhontée des ressources maliennes aux abords de ses frontières, l’Algérie n’a de cesse contribué à la transplantation de populations maliennes en leur offrant abris et nationalité factice dans l’espoir d’en faire des relais pour renforcer leur influence sur le territoire malien. Comme si cela ne suffisait pas, l’Algérie héberge, entraine, oriente et appuie activement les terroristes contre le Mali et le sahel. Tout en refusant d’admettre la réalité de cette situation, l’Algérie se complait dans l’imposture.

Rappelons aussi l’arrestation de plusieurs officiers maliens, impliquant des ressortissants étrangers en août 2025, a donné lieu à une vague de désinformation contre le Mali destinée à brouiller la perception de la réalité.

 

Maîtriser la guerre de l’opinion

Aujourd’hui, celui qui maîtrise l’information maîtrise la conquête de l’opinion publique. La désinformation, loin d’être une simple nuisance, est devenue une véritable arme de conquête politique, comme l’ont démontré certains épisodes électoraux à l’échelle mondiale. La guerre informationnelle est une bataille stratégique où ni les manipulateurs ni les vérificateurs de faits (fact-checkers) n’ont véritablement intérêt à faire cesser les fake news, car tous tirent profit du chaos informationnel.


Face à cette nouvelle forme de guerre, chaque État doit repenser sa stratégie de communication. L’enjeu est de taille : il ne s’agit plus seulement d’informer, mais de défendre sa souveraineté par l’information. Le Mali, au cœur de ce bras de fer, incarne un laboratoire d’expérimentation géopolitique où la survie d’une nation passe aussi par la maîtrise du récit.

 

Baddou SYLLAH Chercheur indépendant Bamako

Rédaction Lessor

Lire aussi : Axe Bougouni-Bamako : Vigoureuse riposte des FAMa suite aux tirs de terroristes contre un convoi de citernes

L'état major général des armées, dans un communiqué datant de ce samedi 6 décembre, informe l’opinion qu'une escorte des Forces armées maliennes (FAMa) de convoi de citernes a essuyé aujourd'hui des tirs des terroristes sur l’axe Bougouni-Bamako..

Lire aussi : Œuvres sociales: Le Président de la Transition offre des vivres et moyens roulants aux personnes atteintes de la lèpre

Dans le cadre de la commémoration de la Journée internationale des personnes handicapées, le Président de la Transition, le Général d'armée Assimi Goïta a remis, ce vendredi 5 décembre, un important kit alimentaire ainsi que des moyens roulants aux personnes atteintes de la lèpre.

Lire aussi : Guerre informationnelle : Le ministre de la Communication salue la Maison de la presse pour ses efforts

Dans un communiqué rendu public ce vendredi 5 décembre 2025, le ministre de la Communication, de l'Économie numérique et de la Modernisation de l'Administration a adressé ses félicitations et remerciements au président de la Maison de la presse.

Lire aussi : Élimination des violences à l’égard de la femme : Des avancées mais des défis

À l’instar de la communauté internationale, notre pays a commémoré la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Le clou a été une conférence-débat organisée, hier au siège de la Coordination des associations et ONG féminines (Cafo)..

Lire aussi : 2è Conférence mondiale sur l’exploitation des données pour améliorer la mesure de la corruption : Le Mali expose ses réalisations

Notre pays a participé à la 2è Conférence mondiale sur l’exploitation des données pour améliorer la mesure de la corruption qui s’est tenue du 2 au 4 décembre au siège des Nations unies à New-York. La délégation malienne était conduite par le secrétaire général du ministère de la.

Lire aussi : Violences psychologiques : Les tourments d'une victime

Les activités de la campagne intitulée : «16 jours d'activisme contre les Violences basées sur le genre (VBG)» battent leur plein. Dans ce cadre, une victime de violences psychologiques a accepté de se confier sous anonymat. L'habitante de la Commune I du District de Bamako dit avoir été aba.

Les articles de l'auteur

Niamey : Bientôt l’ouverture d’un institut d’études diplomatiques et stratégiques

Le mémorandum d’entente relatif à l’ouverture à Niamey de l’institut National des Etudes diplomatiques et Stratégiques, (I.N.E.D.S.) a été paraphé à Rabat au Maroc, le mardi 2 décembre, par les ministres des Affaires Étrangères du Niger et du Maroc, respectivement Bakary Yaou Sangaré et Nasser Bourita, rapporte un communiqué conjoint dont l’ANP a reçu copie..

Par Rédaction Lessor


Publié vendredi 05 décembre 2025 à 09:29

Niamey : Le Président de la République visite le Site Hydro-Agricole de Saguia Amont

Le Président de la République, Chef de l’État, le Général d’armée Abdourahamane Tiani, a effectué, le mercredi 3 décembre, une visite sur le site de l’Aménagement Hydro-Agricole de Saguia Amont, situé dans les environs de la ville de Niamey..

Par Rédaction Lessor


Publié vendredi 05 décembre 2025 à 09:26

Conférence sur les victimes du terrorisme : le Burkina Faso appelle à cesser l’utilisation du terrorisme comme un instrument de politique étrangère

La première conférence internationale consacrée aux victimes africaines du terrorisme s’est tenue le mardi 2 décembre dans la capitale marocaine..

Par Rédaction Lessor


Publié vendredi 05 décembre 2025 à 09:25

Burkina Faso : Le Capitaine Ibrahim Traoré est désormais détenteur de la carte biométrique AES

Le Président du Faso, Chef de l’État, le Capitaine Ibrahim Traoré, a reçu sa Carte d’identité biométrique de la Confédération des États du Sahel (CIB-AES), le lundi 1er décembre 2025, des mains du ministre de la Sécurité..

Par Rédaction Lessor


Publié vendredi 05 décembre 2025 à 09:17

Cacao : l’ICCO revoit à la baisse le surplus de production pour la campagne 2024/2025

Après plus de trois années de déficit, le marché mondial du cacao semble amorcer un retournement au terme de la campagne 2024/2025. Les dernières estimations publiées par l’Organisation internationale du cacao (ICCO) confirment en effet un passage vers un léger excédent durant cette campagne..

Par Rédaction Lessor


Publié jeudi 04 décembre 2025 à 13:36

Kéniéba : La récompense des élèves méritants

L’Académie d’enseignement de Kéniéba a organisé, le week-end dernier, la 1ère édition de la «Journée de reconnaissance et du mérite scolaire».

Par Rédaction Lessor


Publié jeudi 04 décembre 2025 à 13:27

Chavirement d’une pirogue surchargée à Galoukoné : les eaux emportent 6 élèves

Dans le Cercle de Bafoulabé, la tragédie survenue, vendredi dernier, à Galoukoné à une vingtaine de kilomètres de son chef-lieu de commune (Mahina), a pris aux tripes parce que rarement un drame d’une telle ampleur n’aura secoué les habitants de la ville. La quiétude de la ville a été brutalement interrompue par un drame déchirant sur le fleuve «Bakoye»..

Par Rédaction Lessor


Publié jeudi 04 décembre 2025 à 13:09

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner