Spécial 22 septembre, Secteur minier : Le potentiel enfin rentable

Le secteur minier malien connaîtra d’importantes transformations avec la relecture du Code minier et de la loi sur le contenu local. Ces deux textes ont été adoptés par le Conseil des ministres en sa séance du 21 juin et par les membres du Conseil national de Transition (CNT) le 8 août dernier. Ils ont été promulgués par le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta le 29 août dernier

Publié mercredi 20 septembre 2023 à 18:37
Spécial 22 septembre, Secteur minier : Le potentiel enfin rentable

  Photo de famille après la promulgation des Lois portant Code minier et Contenu local par le président de la Transition, à Koulouba


L’objectif principal de l’exploitation minière est l’amélioration des conditions de vie des populations à travers sa contribution au développement durable du pays. Pour le cas du Mali, il apparait que de l’indépendance à nos jours, la contribution de l’activité minière à l’économie nationale est restée en deçà des attentes malgré les potentialités minières du pays. 

Le Code minier en est à sa 7è relecture après ceux de 1963, 1970, 1991, 1999, 2012 et 2019. La présente relecture est une recommandation des Assises nationales de la Refondation (ANR) durant lesquelles la grande majorité des Maliens ont demandé une autre approche de gestion du secteur minier ainsi qu’un audit de cette sphère d’activité. Le rapport provisoire de cet audit diligenté par les autorités de la Transition a fait ressortir dans la loi minière et ses textes d’application, des insuffisances et des faiblesses qu’il fallait corriger rapidement pour que le secteur puisse profiter à l’économie nationale. 


Ces insuffisances sont, entre autres, la faible intégration de l’activité minière à l’économie nationale malgré le contexte favorable marqué par le renchérissement du cours de l’or, le champ étendu des exonérations qui ne favorise pas une répartition équitable des revenus entre l’investisseur et l’État, le manque d’inclusivité dans la signature des conventions d’établissement et l’approbation des avenants introduits par les sociétés minières. Toujours dans le même chapitre, on peut citer l’insuffisance des moyens de contrôle de l’État sur l’exploitation minière, l’ouverture de comptes offshores pour les sociétés minières souvent en contradiction avec la règlementation des changes, la non-prise en compte dans la législation minière du traitement de minerais par péage. Ce n’est pas tout.


 Il y a aussi les contraintes liées à un système de convention d’établissement unique qui couvre la phase de recherche et la phase d’exploitation. Ce qui impose la prise d’engagements par l’État sur l’exploitation avant même la découverte du gisement ainsi que la faiblesse des textes nationaux par rapport au contenu local, limitant l’implication des acteurs nationaux dans la chaine de l’activité minière. Des études et des réflexions ont d’ailleurs montré que les montants investis dans l’achat des biens et services par les sociétés minières internationales peuvent atteindre 80% des achats se faisant hors du territoire malien.

 

AMELIORER LA TRANSPARENCE- Les deux textes ont donc été initiés pour corriger ces insuffisances. Aujourd’hui, l’objectif de l’État est d’avoir un Code minier de développement. C’est pourquoi, le nouveau Code minier apporte plusieurs innovations notamment l’optimisation du taux de redevance minière dans le cadre d’un dispositif modulaire selon les substances minérales extraites et le niveau de valorisation, l’introduction du concept de substances stratégiques, la suppression totale des exonérations en phase d’exploitation, l’inclusivité dans l’approbation des conventions d’établissement et des titres miniers.


Mais aussi, la mise en place de deux conventions distinctes pour la phase de recherche et celle d’exploitation, la limitation de la durée des conventions d’établissement en phase d’exploitation, l’amélioration de la base de calcul de la Taxe ad valorem (Taxe à valeur ajoutée TVA). A celles-ci s’ajoutent la prise en compte des schémas de traitement par péage dans la législation minière, la détermination du mode de calcul de la prise de participation en numéraire de l’État et des privés nationaux. Ainsi que le renforcement du droit de préemption de l’État dans les actes de cession de titre minier et l’introduction des zones promotionnelles en phase de recherche. 

Avec le nouveau Code minier, des innovations sont aussi introduites pour améliorer la transparence et la bonne gouvernance notamment, la création d’une commission technique composée de représentants des ministères en charge des Mines, des Finances, des Domaines, de l’Environnement, de l’Administration territoriale et de la Sécurité, qui statue obligatoirement sur les projets de convention d’établissement aux fins d’examiner leur conformité avec la législation en vigueur. Aussi, l’approbation des conventions d’établissement se fera-t-elle désormais par le Conseil des ministres pour améliorer la transparence.


Il y aura également la création d’un Commissariat pour le contrôle et la surveillance des activités minières qui sera rattaché à la présidence de la République. Le texte prévoit en plus l’interdiction de l’exportation du minerai en vrac. Cela vise à faciliter le développement d’une réelle industrie de transformation qui permettrait de créer de nouveaux emplois au niveau local et déboucherait sur une augmentation des revenus maliens tirés des mines.


Au plan fiscal, le nouveau Code favorise l’augmentation des recettes fiscales à travers la suppression du régime fiscal et douanier particulier, la lutte contre la sous-capitalisation, la limitation de la déductibilité des prêts intragroupes, l’imposition de la plus-value, la limitation de la déduction des sommes versées dans des juridictions à fiscalité privilégiée (paradis fiscal). 


Le texte sur le contenu local dans le secteur minier vise à augmenter l’approvisionnement de biens et services des sociétés minières par les opérateurs locaux, à favoriser les entreprises nationales, la participation des nationaux au capital des sociétés. Il ambitionne également d’augmenter l’embauche du personnel venant de la population locale, de restreindre l’emploi des étrangers, et d’accroître les retombées des investissements miniers dans les secteurs non miniers. Le texte permet d’augmenter aussi la production et la transformation locales ainsi que les capacités des entreprises nationales en tant qu’opérateurs miniers.

 

SOUVERAINETE- Pour le ministre des Mines, il s’agit de quitter le péché originel de notre modèle minier qui était fondé sur l’extractivisme alors que cela ne profite pas au peuple. Selon Amadou Keïta, ces deux textes auront pour objectif final que nous ayons un secteur minier totalement intégré à l’économie. Toute chose qui fera que les revenus du secteur minier vont pouvoir être utilisés de façon efficiente et efficace dans le développement économique de notre pays.


De son côté, le ministre de l’Économie et des Finances soutient que ces deux textes sont extrêmement importants et doivent permettre au Mali de retrouver une certaine souveraineté sur ses ressources minières. Pour Alousséni Sanou, en plus, ils permettront de faire briller l’or pour les Maliens. Il rappelle que dès son adoption, le Code de 2019 avait montré quelques difficultés de mise en œuvre. C’est d’ailleurs pourquoi certains décrets d’application n’avaient pas encore été adoptés, a-t-il fait savoir. Avant de soutenir que c’est sur cette base que le gouvernement a décidé de faire un audit du secteur pour comprendre ce qui s’y passe. Et depuis la remise du rapport provisoire de cet audit, le chef de l’État a instruit de faire une relecture du Code minier de 2019.


 Pour le ministre Sanou, le nouveau Code a été élaboré en ayant comme objectif le développement économique. Et en prenant en compte la vision minière africaine de 2009, il nous fait passer d’un code attractif à un code de développement. Parlant des impacts économiques du nouveau Code, le ministre de l’Économie et des Finances précise que selon les chiffres de l’Institut national de la statistique (Instat), l’or représente environ 10% du Produit intérieur brut (PIB). Le métal jaune rapporte aujourd’hui entre 450 et 460 milliards de Fcfa représentant les droits de douane et les impôts perçus sur le secteur, rappelle Alousséni Sanou, ajoutant que l’État reçoit entre 20 et 30 milliards de Fcfa de dividende sur le secteur.


Si le nouveau Code est appliqué, il y aura entre 200 et 300 milliards de Fcfa d’impact supplémentaire sur l’économie, assure le ministre Sanou. Aussi, la participation de l’État va-t-elle s’élever à 30% et celle du secteur privé à 5%. Auparavant, la part de l’État était de 20% et le secteur privé avait 5%. L’impact budgétaire de ce nouveau code sera au minimum de 500 milliards de Fcfa par an, selon Alousséni Sanou.


Les deux textes ont été adoptés à l’unanimité par 141 voix pour, zéro contre et zéro abstention. À l’issue du vote, le président du CNT dira qu’avec l’adoption de ces deux lois, le Mali vient d’opter profondément pour une meilleure contribution du secteur minier à son développement socio-économique.


Pour le colonel Malick Diaw, les différentes innovations que comportent ces textes démontrent à suffisance que les richesses minières du sous-sol malien ne serviront plus jamais les intérêts particuliers de quelques sociétés ou individus. Mais resteront un levier sûr et durable pour la croissance et l’émergence de notre pays. Dorénavant, ce n’est pas seulement l’or qui brillera pour tous les Maliens, mais toutes nos ressources minières profiteront à tout le peuple malien, promet le président du CNT.

Amadou GUEGUERE

Lire aussi : Mali : Les stations-service désormais tenues d’ouvrir 24h/24 sur toute l’étendue du territoire

Dans le souci d’assurer un approvisionnement régulier du pays en produits pétroliers et de mieux encadrer leur distribution, le gouvernement a pris, le jeudi 30 octobre 2025, un arrêté interministériel rendant obligatoire l’ouverture permanente, 24 heures sur 24, des stations-service et sta.

Lire aussi : Carburant : La vente dans le bidon est désormais soumise à une autorisation préalable

Face aux difficultés liées à la fourniture du carburant qui perturbe le ravitaillement dans plusieurs stations du pays, le Centre de Coordination et de Gestion des Crises (CECOGEC) a pris des dispositions particulières pour assurer l’approvisionnement de chaque Malien. L'une de ces mesures con.

Lire aussi : Régions de Ménaka et Gao : Les FAMa intensifient les frappes aériennes et neutralisent plusieurs terroristes

Sur la base de renseignements précis, les Forces armées maliennes (FAMa) ont mené, le jeudi 30 octobre 2025, plusieurs opérations aériennes ciblées contre des groupes armés terroristes dans le nord du pays.

Lire aussi : Pêche à la ligne : Un passe-temps à Bamako

Au-delà du loisir de pêcher, ce hobby permet à des férus de l’activité de deviser tranquillement sur les berges du fleuve Niger et de profiter des effluves de la brise de terre nocturne.

Lire aussi : CFP-Sénou : 46 jeunes bouclent leur formation en langue chinoise

La cérémonie de remise des attestations de fin de formation en langue chinoise aux candidats ayant réussi aux différents tests pour la bourse offerte par l’Institut de technologie du Shaanxi (Chine) s’est tenue, hier, au Centre de formation professionnelle de Sénou (CFP-Senou). Ils sont 46 .

Lire aussi : Relance de l’Agence nationale de presse : Des propositions concrètes

Les dernières activités des Journée de relance de l’Agence nationale de presse du Mali, organisées par l’Agence malienne de presse et de publicité (Amap), se sont déroulées hier au CICB..

Les articles de l'auteur

Journées de relance de l’Agence nationale de presse : Les Médias publics à l’épreuve de la vérité et du contexte sécuritaire

Les Journées de relance de l’Agence nationale de presse du Mali se sont poursuivies hier au Centre international de conférences de Bamako (CICB). Plusieurs thématiques ont été abordées au cours de la table ronde organisée à cet effet, notamment celle relative aux défis pour les médias publics dans un contexte de terrorisme et de transition politique.

Par Amadou GUEGUERE


Publié mercredi 29 octobre 2025 à 12:41

CMDT : un bénéfice net de 3,7 milliards Fcfa, malgré une campagne difficile

Malgré une campagne perturbée par l’infestation des jassides et les retards dans l’approvisionnement en engrais, la Compagnie malienne pour le développement des textiles (CMDT) a clôturé l’exercice 2024 sur une note positive..

Par Amadou GUEGUERE


Publié jeudi 16 octobre 2025 à 13:33

Sahaba 2025 : Penser la ville autrement face aux défis urbains

Ce salon s’impose désormais comme un rendez-vous incontournable de réflexion, d’innovation et d’action face aux défis urbains actuels. Il répond à une préoccupation de brûlante actualité parce que le logement est, selon le Premier ministre, le Général de division Abdoulaye Maïga, le socle de la dignité humaine et de la stabilité sociale.

Par Amadou GUEGUERE


Publié vendredi 10 octobre 2025 à 11:52

Réunion des Douanes de l’AES et du Togo : Cap sur l’interconnexion et l’harmonisation des procédures

Ces rencontres de deux jours font suite aux travaux des experts qui portaient sur l’évaluation de l’interconnexion des systèmes informatiques des administrations douanières et à l’examen des avant-projets de textes relatifs au Code des Douanes de l’espace AES et au Tarif extérieur commun.

Par Amadou GUEGUERE


Publié vendredi 03 octobre 2025 à 07:33

Douanes maliennes : Plus de 359 tonnes de produits prohibés incinérés à Dio

Près de 359 tonnes de produits prohibés et impropres à la consommation ont été incinérés par la Direction du renseignement et de la lutte contre la fraude des Douanes maliennes..

Par Amadou GUEGUERE


Publié mardi 30 septembre 2025 à 08:38

Le Premier ministre Abdoulaye Maïga : «Même s’il faut aller chercher le carburant à pied avec des cuillères, nous allons le faire»

Le Chef du gouvernement a fait cette déclaration hier lors de sa rencontre avec une délégation du Groupement des Maliens professionnels du pétrole. Il a assuré que des mesures sont en cours pour renforcer la sécurité sur les principaux axes routiers. Il a aussi exhorté les pétroliers à rester mobilisés et solidaires.

Par Amadou GUEGUERE


Publié mercredi 17 septembre 2025 à 12:03

Vision Mali Kura 2063 : Le document présenté aux partenaires techniques et financiers

Assurer l’indépendance économique, renforcer la souveraineté et bâtir un avenir durable pour les générations futures : telle est l’ambition portée par la vision «Mali Kura Ɲɛtaasira ka bɛn san 2063 ma »..

Par Amadou GUEGUERE


Publié lundi 15 septembre 2025 à 08:12

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner