Supplément culture : L’envol de l’artiste protéiforme

Ange Dakouo s’inspire de l’univers et des costumes des chasseurs traditionnels du Mali qui revêtent une valeur d’authenticité et de connaissances.

Publié vendredi 23 décembre 2022 à 07:39
Supplément culture : L’envol de l’artiste protéiforme

Cet univers cynégétique exorciserait des démons et préserverait des périls de la vie. De pliages de papier journal, en mémoire de son père imprimeur, au ligotage avec le fil de coton, nait le concept de son œuvre : le grigri, reproduit et relié à l’infini. Il aborde la question essentielle de la refondation de l’Afrique et de l’avènement d’une nouvelle société bonifiée.

A l’image de l’alchimie, ses tentures évoluent vers une quête de perfection, les parcellements de couleurs (noir, blanc, bleu et rouge) qui y sont reflétés renvoient à des difficultés et obstacles comme la pandémie actuelle (Covid-19 s’entend) et dominent.

Parfois, assombrissant l’ensemble de l’œuvre où restent discrets comme les carrés rouges et nous invitent à la vigilance. Les combinaisons font parfois apparaitre des formes figuratives tel «l’envol» avec lequel Ange Dakouo nous élève vers sa vision positive de la possible création d’un monde meilleur.

Ange Dakouo, de son nom Losso Marie-Ange Dakouo, est diplômé du Conservatoire des arts et métiers multimédia Balla Fasseké d’où, il sort major de sa promotion en 2017. Ange a d’abord travaillé de manière figurative avant de développer son travail actuel, qu’il nomme les «gris-gris tissés», à partir de 2018. Il a reçu une distinction en 2015 (lauréat du premier prix de la 9ème édition du concours national «Talents de la cité» dans la catégorie peinture).

Ange est un des fondateurs du collectif Tim’Arts avec lequel, il expose régulièrement à Bamako, Ségou, Dakar. Son travail a par exemple été présenté au Salon d’art contemporain de Ségou, Ségou ’Art en 2016 et 2019; récemment dans le cadre de l’exposition «Les tisseurs de liens» à la Banque internationale pour le commerce et l'industrie du Mali (BICIM) à Bamako et cette année même il participe à la Foire AKAA, dans l’exposition «Hier est la mémoire de demain».

Ange
compte à son actif deux expositions solos, respectivement «Les boites rouges» à Taxi Bamako en 2018 et «Demain sera meilleur» à la Villa Soudan en 2019.

Artiste protéiforme et curieux, Ange Dakouo travaille le dessin, la peinture, la sculpture ou encore la vidéo, testant toujours plus de techniques et de matériaux qu’il colle, frotte ou tisse. En observant le travail d’Ange Dakouo, nous pourrions penser à une sculpture de textile, rappelant celle d’Abdoulaye Konate ou les installations d’El Anatsui.

Elève d’Abdoulaye Konate au Conservatoire des arts et métiers multimédia Balla Fasséké Kouyaté, Ange Dakouo admire la maîtrise de l’équilibre, la justesse des nuances et les jeux de couleurs de son mentor.La technicité méticuleuse des œuvres d’El Anatsui lui donne cette volonté de pousser ses recherches toujours plus loin et l’envie de se dépasser. Car en regardant de plus près le travail d’Ange Dakouo, nous découvrons un travail fin, soigné, mais surtout singulier.

Fils d’imprimeur, Ange Dakouo s’empare tout naturellement du journal en papier pour créer ses «gris-gris». Trace du passé, archive d’une mémoire, le journal qui les compose fige l’histoire et la transporte dans le temps. Ephémère et fragile, cette matière est pour l’artiste à l’image de la vie humaine.


Car c’est un  «univers harmonieux» des liens tissés montrant l’interaction entre les uns et les autres que souhaite représenter Ange Dakouo. Tissés les uns aux autres, ces petits rectangles rappellent l’amulette protectrice de l’enfant, nouveau-né. Il est commun, même systématique qu’à la naissance d’un enfant, celui-ci soit attaché à son poignet ou à son cou.

 Les «gris-gris» d’Ange Dakouo rappellent aussi les amulettes protectrices qui composent les tenues des chasseurs traditionnels en Afrique de l’Ouest. C’est d’ailleurs l’idéologie ésotérique de cette confrérie que l’artiste a choisi comme mémoire de fin d’études.

Il s’est particulièrement intéressé à l’esthétique de ces tenues traditionnelles qui influenceront finalement une grande partie de son travail et font de ses
gris-gris une œuvre d’une belle maturité. Sa première exposition personnelle «Les Boîtes rouges» a eu lieu en 2018 à Taxi Bamako (Mali). En 2019, son travail a été présenté dans l'exposition «Les Tisseurs de Liens» au BICIM, puis dans une installation solo "Demain sera meilleur" à la Villa Soudan, Bamako (Mali).

 Il a également été invité à la foire AKAA 2019 et par Armelle Dakouo pour son exposition à l'Espace Commines à Paris (France). Il a exposé à la Galerie Trames dans le cadre du «Parcours» 2020, avant sa résidence à la Fondation Blachère à Dakar (Sénégal). 

En 2022, Dakouo fait partie de la sélection officielle de la Biennale du Congo et de la documenta fifteen de Kassel avec Abdoulaye Konaté et Seydou Camara, dans le cadre de la sélection présentée par la Fondation Festival sur le Niger.

Exposées au Mali et à l'international, ses œuvres sont entrées dans les collections de la Fondation H, Madagascar ; de la Société ivoirienne de Banque, Côte d'Ivoire ; de la Fondation Blachère, France et Sénégal et de multiples collections privées

Youssouf DOUMBIA

Lire aussi : Biennale artistique et culturelle, Tombouctou 2025 : Koulikoro n’entend pas faire de la figuration

Le gouverneur de la Région de Koulikoro, le Colonel Lamine Kapory Sanogo, a présidé, vendredi dernier dans la salle de conférence du gouvernorat, une réunion sur les préparatifs de la prochaine Biennale artistique et culturelle qui doit se tenir en décembre à Tombouctou..

Lire aussi : Festival international Triangle du Balafon : Un nouveau souffle de vie

La 9è édition de ce rendez-vous du balafon, un instrument mythique propre à certaines communautés africaines, se tiendra sous le thème : «Le Balafon, symbole de la transformation sociale dans un nouvel espace souverain». Rendez-vous est pris du 9 au 11 octobre prochains dans la capitale du K.

Lire aussi : Tourisme : Des sites et des guides maintiennent l’espoir à Bamako

Il se nomme Aly Guindo, mais tout le monde l’appelle par le sobriquet Waka qui signifie «vient en mossi». Sa profession : guide individuel, une activité qu’il exercice depuis 2013 et qui fait aujourd’hui de lui un acteur presque incontournable du tourisme national..

Lire aussi : Nuit du textile africain : Rendez-vous pour le 8 septembre au CICB

La capitale malienne (Bamako) accueillera la 2è édition de la Nuit du textile africain (NTA). Elle se tiendra du 8 au 14 septembre prochain sous le thème : «Textiles africains : impacts culturels et économiques»..

Lire aussi : Année de la culture : Mimi Pedro habille désormais les présentatrices du dimanche

Le moins que l’on puisse dire est que «2025, décrétée Année de la culture» fait des émules. Depuis janvier dernier, les présentateurs et présentatrices du JT de 20h du dimanche sur les antennes de l’Ortm s’habillent en made in Mali..

Lire aussi : San : La phase locale de la Biennale artistique et culturelle évaluée

Les forces vives du Cercle de San ont procédé, jeudi dernier à l’évaluation de l’organisation de la phase locale de la Biennale artistique et culturelle qui s’est déroulée du 22 au 24 juillet dernier dans la région..

Les articles de l'auteur

31è anniversaire de PMU Mali : Les performances poussent à franchir un nouveau cap

L’entreprise a décidé de faire un clin d’œil aux parieurs en mettant en jeu un jackpot de 100 millions de Fcfa en deux tranches de 50 millions de Fcfa. Ce qui atteste de sa solidité financière.

Par Youssouf DOUMBIA


Publié mardi 02 septembre 2025 à 07:11

Année de la culture : Mimi Pedro habille désormais les présentatrices du dimanche

Le moins que l’on puisse dire est que «2025, décrétée Année de la culture» fait des émules. Depuis janvier dernier, les présentateurs et présentatrices du JT de 20h du dimanche sur les antennes de l’Ortm s’habillent en made in Mali..

Par Youssouf DOUMBIA


Publié mercredi 27 août 2025 à 08:53

Sociétés de loteries et PMU de l’AES : Vers la création d’un pari confédéral

À l’issue de leurs travaux de trois jours, tenus à l’hôtel Salam du 18 au 20 août, les experts des sociétés de Pari mutuel urbain de l’AES ont décidé de la création d’une masse commune entre les trois États. C’est du moins la principale recommandation présentée par le directeur général de PMU- Mali, Fassery Doumbia..

Par Youssouf DOUMBIA


Publié lundi 25 août 2025 à 08:23

Conservatoire Balla Fasséké Kouyaté et Musée national : Le Premier ministre burkinabé marque un grand intérêt pour l’art et la culture

Rimtalba Jean-Emmanuel Ouédraogo qui a visité hier ces deux structures, a invité les pays membres de la Confédération AES à s’appuyer sur nos savoirs et savoir-faire pour bâtir le futur.

Par Youssouf DOUMBIA


Publié jeudi 21 août 2025 à 08:17

Biennale artistique et culturelle : On s’attend à un rendez-vous grandiose

C’est une sorte de préfiguration de la Biennale artistique et culturelle qui a été montrée, hier dans la salle de banquet du Centre international des conférences de Bamako (CICB)..

Par Youssouf DOUMBIA


Publié mercredi 20 août 2025 à 10:02

Fête de l’indépendance de l’Inde : Un festival de cinéma pour booster la coopération entre nos deux Pays

Pour célébrer le 79è anniversaire de l’accession de l’Inde à l’indépendance, l’ambassade de ce pays au Mali a organisé un festival de cinéma. Selon le chargé d’affaire de l’ambassade, le cinéma est l’un des meilleurs moyens de rapprochement entre nos deux pays qui partagent de nombreuses similitudes..

Par Youssouf DOUMBIA


Publié mercredi 20 août 2025 à 09:36

AES : Les sociétés de loteries et de pari mutuel urbain sur la voie de l’intégration

Le renforcement de la coopération entre les sociétés de loteries et de Pari mutuel urbain (PMU), la promotion de l’intégration de leurs produits, l’assurance de l’interopérabilité des systèmes et la responsabilité sociétale qui fondent la légitimité de leurs activités auprès des populations, sont les différents objectifs de cette première rencontres des sociétés de loteries nationales et de PMU des pays de l’AES..

Par Youssouf DOUMBIA


Publié mercredi 20 août 2025 à 09:34

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner