
Une partie de la classe politique estime, de son côté, qu’une transition doit être courte pour laisser le soin à un pouvoir issu des élections d’opérer
les changements profonds. Dans les lignes qui suivent, deux acteurs politiques et un universitaire se prononcent sur la question
Dr Abdoulaye Amadou Sy, président de la Cofop : «CE CHRONOGRAMME EST CELUI QU’A DÉCIDÉ LE PEUPLE MALIEN LORS DES ANR»
Ce chronogramme est celui qu’a décidé le peuple malien lors
des ANR. Le gouvernement ne fait que se conformer à ce chronogramme. Il correspond à la proposition que la Coalition
des forces patriotiques (Cofop) avait faite au gouvernement et pendant les
Assises. Nous sommes à l’aise de dire que nous sommes d’accord avec ce
chronogramme. Nous sommes prêts à soutenir le gouvernement. Nous demandons
aussi à la Cedeao et à la communauté internationale de soutenir le gouvernement
qui ne fait qu’appliquer, en réalité, les décisions des Assises, c’est-à-dire
du peuple malien tout entier.
Les Assises ont estimé que la Transition doit être prorogée
de six mois à cinq ans. Mais, en réalité, la majeure partie des interventions
ont porté entre trois et cinq ans. Ces intervenants ont demandé que les autorités
actuelles commencent à mettre les choses en place avant les élections. Car, le
problème des élections, ce n’est pas seulement prendre le bulletin et le mettre
dans l’urne. Mais de permettre aux candidats de sillonner le pays et faire leur
campagne. Aujourd’hui, l’Armée du Mali et les forces étrangères qui sont avec
nous ne peuvent garantir, de manière absolue, à personne s’il peut faire une
campagne dans notre pays.
Les solutions qui sont proposées pour lutter contre l’insécurité
sont les meilleures. Il s’agit de renforcer l’Armée de manière à ce qu’elle
reprenne le pays en main ; car le Mali ne peut être libéré que par son armée.
Nous avons fait appel aux forces étrangères, parce que nous n’étions pas en
mesure de régler seuls le problème de la sécurité dans notre pays. Ces Assises
ont demandé un renforcement total et entier des moyens et des conditions de
l’Armée malienne, pour pouvoir prendre en main tout le pays. Ceci est
fondamental.
Dans la situation qui prévaut, les Maliens veulent la paix,
l’union, ils condamnent les détournements et les prévarications. Une décision
importante a été prise à l’issue des ANR, c’est que pour les crimes économiques,
qu’il n’y ait pas de prescription. Parce que jusqu’à présent, au bout de 20
ans, c’est prescrit, même si vous aviez tout pris, vous en devenez propriétaire.
Désormais, ce ne sera plus le cas.
Par ailleurs, tout a été pratiquement passé en revue : foncier, mines, vie des paysans, celle des ouvriers, routes, chemins de fer… Nous estimons que ces Assises sont extraordinaires et sont les bienvenues. Il fallait cela, pour que les Maliens se voient, se parlent et se disent la vérité sur le présent et l’avenir de leur pays.
Moussa Mara, membre du parti Yelema : «JE SOUHAITE
VRAIMENT QUE LE MALI ÉCHAPPE AUX SANCTIONS DE LA CEDEAO»
Ce que les autorités de la Transition ont présenté à la
Cedeao, c’est leur compréhension. Et d’ailleurs, la Cedeao même a indiqué que
c’est un projet. Ensuite, la Cedeao envoie une mission du médiateur à Bamako
pour toujours engager les discussions et essayer d’arriver à un chronogramme
consensuel en vue du sommet qui a lieu dimanche prochain.
Les Assises ont présenté une plage. Le gouvernement a préféré
choisir la partie haute de la plage pour aller la présenter à la Cedeao. C’est
ce que nous disions depuis quelques mois : ce gouvernement a clairement
l’intention de proroger le plus longtemps possible la Transition. Cette
intention n’a jamais fait défaut. Maintenant, la Cedeao doit réagir par rapport
à cela. Seulement, je souhaite vraiment que le Mali échappe aux sanctions de la
Cedeao. La situation est suffisamment fragile et grave pour se permettre de
subir encore des sanctions, surtout celles économiques et financières.
Donc, que les uns et les autres fassent des efforts pour
qu’un chronogramme consensuel entre le Mali et ses partenaires et à l’intérieur
du pays soit convenu. C’est le souhait, il faut sortir des qualificatifs, des
classements et dire que nous devons nous entendre dans l’intérêt de nous tous.
Donc, que des discussions se fassent, et là, il faut que nous demandions à nos
partenaires de la Cedeao de faire preuve de compréhension à notre égard. Et
d’accepter d’échanger et de voir quel délai raisonnable on peut se fixer tous
ensemble. Il s’agira ensuite de nous mettre autour de la Transition pour que ce
dernier délai soit respecté et que tous les préalables soient mis en œuvre pour
le finaliser. Ce sont des souhaits, j’espère qu’on ira dans ce sens.
Par ailleurs, la plupart des recommandations des Assises
nationales de la refondation recoupent celles faites dans le cadre du Dialogue
national inclusif. Cela est d’ailleurs tout à fait normal, parce que les mêmes
maux nécessitent les mêmes remèdes. Et ce sont généralement les mêmes acteurs
qui ont participé à ces exercices. Ils ont simplement proposé les voies et
moyens qui leur semblent appropriées pour résoudre des problèmes identifiés.
Les problèmes étant les mêmes qu’en 2019.
La différence qu’il faut noter, et que le président du Panel
des hautes personnalités m’a indiqué quand je l’ai rencontré, c’est qu’il y
aura un dispositif de suivi et de mise en œuvre. Donc, c’est ce dispositif qui
va avoir la responsabilité de traduire les recommandations en réformes. Et d’échelonner
ces réformes sur une période d’au moins 25 ans, puisque évidemment le redressement
durable de notre pays nécessite des changements qui prendront du temps. On ne
peut pas les envisager en quelques mois, ou en un an ou deux ans, il faudrait
vraiment les étaler dans le temps.
Donc, nous devons tous faire le maximum pour participer à ce
travail. Sous réserve que les conditions politiques soient créées, pour que les
Maliens se mettent ensemble et se donnent la main. Ce qui n’est pas le cas
jusqu’à présent, il faut le déplorer.
Dr Aly Tounkara, enseignant-chercheur : «UN CHRONOGRAMME D’UN AN ME PARAÎT PLUS CONSENSUEL ET RÉALISTE»
Le chronogramme soumis aux chefs d’état de la Cedeao sur la
base des recommandations formulées à la suite des ANR est, certes, clair mais à
la lecture, il pourrait poser deux problèmes majeurs. D’abord, comment
convaincre les chefs d’état de la nécessite même de commenter un tel
chronogramme qui s’étend sur cinq ans. La temporalité du chronogramme me paraît
très problématique. Donc, à ce niveau, les chefs d’état de la Cedeao qui
estimeraient que l’élite militaire au pouvoir au Mali entend s’éterniser au
pouvoir, un tel chronogramme pourrait
conforter en partie cette hypothèse.
Le deuxième problème que poserait ce chronogramme, c’est
comment fédérer la classe politique, la société politique ou la société civile
sur la nécessité d’aller avec une période de transition qui va s’étendre sur
cinq ans. Objectivement, même la partie de la classe politique qui a pris part
aux différentes assises trouverait, à coup sûr, ce chronogramme qui, certes,
reste une base de discussions, ambitieux. Or, la période transitoire, comme son
nom l’indique, s’appelle le court temps.
Concrètement, comment couper court à la fois aux préoccupations
de la Cedeao, de la classe politique malienne et de la société civile ? Il
apparaît aujourd’hui urgent pour les autorités de la Transition, afin d’éviter
d’être butées à d’autres formes de soulèvements venant de la classe politique,
de la société civile ou même des mécontentements au sein de l’appareil étatique,
de prioriser davantage les recommandations et de voir celles qui sont réalisables
dans un délai d’un an. Et, également de dire concrètement quel pourcentage de
territoire aujourd’hui est entre les mains des groupes radicaux violents que l’élite
politique entend d’abord récupérer, en vue d’organiser les élections. Un
chronogramme d’un an paraitrait plus soutenable et aurait l’avantage d’avoir
plus d’adhésion qu’un calendrier, certes, qui reste une base de discussions et
qui s’étend sur cinq ans.
Il faut sortir de cet esprit que certains seraient manipulés
par l’étranger ou seraient, à la limite, peu patriotes. Un chronogramme de cinq
ans est difficilement consommable même si on succombe au charme du patriotisme
et on est partisan de la Transition. Cinq ans apparaissent aux yeux des observateurs
comme un chronogramme qui pourrait difficilement obtenir le consensus dont il a
besoin.
Donc, il est urgent que l’élite politique au pouvoir
comprenne ces deux défis : comment d’abord faire adhérer une bonne partie
des Maliens à ce chronogramme tout en se posant des questions. Est-ce que dans
la durée, n’est-il pas possible de se heurter à la résistance des mentalités
qui pourraient se manifester de façon brutale ? Aussi, l’élite politique
au pouvoir doit avoir à l’esprit en permanence qu’on ne peut pas évoluer en
solo. On n’a beau été bien intentionné, il est aussi de notre responsabilité
quand on est gouvernement de faire en sorte que nos différents engagements
soient respectés. De garder à l’esprit que ces engagements nous sont étiquetés.
De ce fait, un chronogramme d’un an me paraît plus consensuel et réaliste.
Au-delà, les autres hypothèses qui pourraient être émises çà et là ne sont pas à
rejeter.
Par ailleurs, la phase finale des Assises nationales de la
refondation a permis de revenir sur les différentes recommandations qui ont été
formulées par les Maliens de l’intérieur et de la diaspora. Des questions
majeures méritent d’être posées au terme de ces Assises : comment les différentes
recommandations formulées par les Maliens vont-elles être concrètement mises en
application ? C’est vrai que les Assises ne sont pas des endroits appropriés
pour faire ce travail technique, lequel demande pas mal d’ingéniosité. Mais
quand on regarde les assises antérieures, cette question de comment opérationnaliser
ces recommandations demeure légitime.
Ces différents chantiers ouverts par les Maliens, qui ont
pris part aux différentes assises, seront-ils bâtis sous la transition ou dans
cinq, dix ans ? Par exemple, les réformes institutionnelles,
administratives amorcées prendront du temps. Ces réformes vont-elles être engagées
par les autorités de la Transition ou par celles issues des élections ? De
la même manière, est-il opportun aujourd’hui d’ouvrir un dialogue avec la
Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), la Plateforme et la communauté
internationale en vue de relire l’Accord pour la paix et la réconciliation ?
Cela, quand on sait que, d’emblée, la CMA s’est toujours opposée à une
quelconque relecture de l’Accord. La question de la création du Sénat ou de la
Cour des comptes ne font pas non plus l’unanimité. Ce sont des questions qu’il
faut clairement trancher.
Les différentes recommandations sont, sans équivoque,
pertinentes, mais elles souffrent de cette non précision temporelle. La non précision
temporelle fait de ces recommandations similaires à celles issues de la Conférence
d’entente nationale de 2017, à celles également formulées à la suite du
Dialogue national inclusif.
Il est urgent aujourd’hui qu’on sache déjà l’horizon fixé
par la Transition. C’est partant de là qu’on peut mesurer quels sont les
changements qui peuvent être opérés dans l’intervalle déterminée à cet effet.
Une fois que la durée de la Transition est connue, il est plus qu’urgent que
les autorités en place décident clairement d’afficher un tableau à partir
duquel les Maliens peuvent lire les temporalités qui sont assignées aux différentes
recommandations. De là, effectivement on peut dire que ces conclusions ont été
utiles pour le pays et pour les Maliens.
Propos recueillis parMassa SIDIBÉ et
Mariétou KOITÉ
Rédaction Lessor
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