Cercle de Ségou : La production halieutique en constante progression

Cette année, il y a eu 1.730 tonnes de poissons frais contre 1.694 en 2023. La production dans le cercle reste globalement tributaire de l’état de la crue et de la pluviométrie

Publié jeudi 19 décembre 2024 à 07:56
Cercle de Ségou : La production halieutique en constante progression

Le Cercle de Ségou compte plus d’une centaine d’aquaculteurs

 

 


Pratiquée presque partout, notamment dans divers cours d’eau (fleuves Niger, Sénégal et affluents, lacs et mares), la pêche occupe une place importante dans le développement du pays en termes de création d’emplois. Cependant et malgré son potentiel indiscutable, il ne contribue encore que faiblement à l’économie nationale avec un apport de 2,4% au Produit intérieur brut (PIB).

S’agissant de la consommation annuelle de poissons par tête d’habitant, elle s’élèverait en moyenne à 10,5 kg. La capture des produits halieutiques à Ségou peine à assurer l’autosuffisance alimentaire de la population. La raison ? Des défis liés, entre autres, à la raréfaction de certaines ressources halieutiques, au changement climatique dû à la pression des activités humaines, au manque de financements et au coût élevé des intrants compromettant l’envol du secteur.

Que ce soit sous un soleil de plomb ou dans le froid de la nuit, les pêcheurs embarquent chaque jour sur leurs pirogues et naviguent sur le fleuve Niger et son affluent le Bani à la recherche du précieux animal aquatique, muni de nageoires (poisson). Il est 8h du matin, ce mercredi du mois de décembre. Oumar Salamanta revient de la pêche avec quelques poissons frétillants dans son filet. Selon notre interlocuteur, il lui arrive souvent de sortir de l’eau avec 5 à 6 kilos de poissons, selon les jours. Un peu plus loin, Boureïma Koné, assis dans sa pirogue, s’active à retirer les poissons de son filet constitués de tilapias.

Tirant la majeure partie de ses revenus de la pêche, Boureïma Koné reste préoccupé comme bon nombre de pêcheurs par la dégradation progressive du fleuve Niger par l’ensablement, la prolifération des plastiques et les effets du changement climatique qui bouleversent l’écosystème et mettent en péril les populations de poissons. «Cette situation qui n’est pas porteur d’optimisme  menace gravement nos moyens de subsistance», déplore-t-il.Les embarcations utilisées par les pêcheurs sont composées de pirogues de 4 à 10 mètres, voire plus  ainsi que des engins de pêche comme des filets dormants et maillants, des sennes, éperviers et nasses. Lassine Sinayoko, un autre pêcheur, note que la filière pêche a d’immenses potentialités. Elle demeure le parent pauvre des financements pour améliorer les conditions de vie et de travail des pêcheurs, selon lui.

DES MISES EN DÉFENS- D’après le président régional des producteurs de poissons et de l’association des pêcheurs résidant au Mali, les carpes et les silures figurent parmi les poissons les plus pêchés. Mamady Dembélé dit avoir constaté ces dernières années, la disparition de certaines espèces comme le citharinus et l’heterobranchus communément appelées «Tala» et «Polio» en langue bamanankan. Il révèle qu’actuellement, la demande en poissons est forte et les pêcheurs peinent à satisfaire la clientèle à cause de la faible quantité de poissons pêchée.

A
vec la raréfaction des ressources halieutiques, Mamady Dembélé propose comme solution la promotion de l’aquaculture (l’élevage contrôlé des poissons dans des étangs, bassins ou des cages flottantes). «Cette pratique s’est généralisée dans la région à la demande des pêcheurs pour créer des emplois et améliorer leurs conditions de vie», fait-il savoir. Le président régional ajoutera que les mares et étangs communautaires contribuent grandement au développement du secteur et à l’amélioration des revenus des pêcheurs. Comme exemple, il cite la Commune rurale de Dougoufè, située dans le Cercle de Barouéli, où plus de 5 tonnes de poissons ont été produites. 


Mamady Dembélé estime que la gestion durable des ressources halieutiques passe par un renforcement des capacités des acteurs du secteur pêche et aquaculture. Pour réduire la surpêche, des mises en défens sont instaurées le plus souvent. Ce repos biologique favorise la reproduction des poissons, mais aussi le retour de certaines espèces qui avaient disparues, explique-t-il. L’État et ses partenaires ont un rôle à jouer dans la levée des obstacles. Cet appui permettra au secteur d’être plus productif, tout en préservant l’écosystème, ajoute le président régional des producteurs de poissons.

La direction régionale de la pêche de Ségou a en charge la mise en œuvre des plans et programmes, l’aménagement des pêcheries, la promotion et la valorisation des filières et productions halieutiques, le développement de l’aquaculture ainsi que la création des mises en défens dans les milieux piscicoles de l’État. D’après le chef du secteur pêche de Ségou, la production halieutique est en constante progression dans le Cercle de Ségou. «On a pu enregistrer cette année 1.730 de poissons frais contre 1.694 tonnes en 2023. La crue de cette année a beaucoup favorisé la production de poissons notamment en fretins. La production dans le cercle dépend globalement de l’état de la crue et de la pluviométrie.

 Quand ces deux éléments sont réunis, on peut s’attendre à une bonne production», analyse Baréma Koïta.S’exprimant sur les contraintes, il dira que le secteur est confronté au manque d’infrastructures et d’accès au financement des pêcheurs. S’y ajoutent l’insuffisance d’aménagement des pêcheries et d’effectif au niveau de la direction régionale pour assurer l’encadrement des activités de pêche dans l’ensemble de la région et le coût élevé des intrants de pêche et d’aquaculture.

Baréma Koïta soutient qu’il faut davantage développer l’aquaculture à travers l’installation des cages flottantes, des bacs hors sols et des étangs piscicoles le long du fleuve, aménager les mares et empoissonner les plans d’eau pour réduire notre dépendance extérieure en protéines halieutiques. 
Le Cercle de Ségou compte plus d’une centaine d’aquaculteurs. L’un des défis majeurs reste l’accès aux intrants (alevins et aliments) à moindre coût pour booster la production.

 Le chef du secteur pêche de Ségou, sur ce point, relève que l’État fait des efforts, cependant la quantité d’intrants subventionnés est insuffisante. Il suggère également de vulgariser dans les langues locales les textes qui régissent la pêche et l’aquaculture, afin que les pêcheurs sachent ce qui est autorisé ou pas. 


Amap-Ségou

Mamadou SY

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