
Aux environs de 18h, le
marché de Médinacoura, le «Sougouni Coura», se vide petit à petit de ses
locataires. C’est en ce moment que les activités de Diébou Kanté commencent. La
dame de 47ans quitte chaque jour Sikoroni , un quartier de la Commune I du
District de Bamako.
Elle vient ramasser les condiments avariés abandonnés
pendant la journée dans ce marché célèbre de la capitale. Vêtue d’un boubou
wax, assorti d’un foulard, Diébou Kanté tient un sachet bleu à la main gauche
et un petit crochet métallique dans l’autre. Elle se promène dans le marché à
la recherche de condiments avariés que les ménagères ne voudraient pas voir
dans leurs achats. à côté d’un tas de pommes de
terre, elle s’assied sur un gros caillou. à l’aide de son petit crochet, elle
trie et sélectionne les tubercules encore comestibles à ses yeux.
La vieille
quadragénaire poursuit son chemin. Elle tombe sur des oignons abandonnés et
ensuite des morceaux de charbon de bois. Dans le résidu poudreux, elle ramasse
les gros morceaux de ce combustible.
Elle enfouit le résultat de sa fouille dans deux sachets noirs. Au niveau du stand d’un boucher, l’habitante de
Sikoroni fouille du regard sur l’étal à la recherche de viande. Le boucher,
Soungalo Tangara, l’occupant de ce stand,
l’appelle pour lui donner un sachet contenant de la viande. L’histoire de Diebou Kanté
est pathétique.
Depuis l’accident de son époux, il y a trois ans, elle utilise
les condiments avariés abandonnés sur place pour assaisonner la nourriture de
sa famille. «Après l’accident de mon mari, nous n’avions plus rien à la maison.
Un jour, je suis venue au marché de
Médina-coura sans un sou. Je pleurais constamment sur mon sort. Puis un jour,
j’ai eu cette idée de ramasser les produits abandonnés.
Mon mari est décédé en
me laissant en charge nos cinq enfants. Ma situation financière s’étant fortement dégradée, je n’ai plus cessé de
pratiquer cette activité. Aujourd’hui,
beaucoup de vendeurs manifestent leur solidarité à mon égard.. Ces
derniers me donnent souvent de petits cadeaux». Le boucher Soungalo Tangara
pense que seule la souffrance extrême peut amener une femme à ramasser des
légumes avariés abandonnés à travers un marché pour se nourrir..
Le ramassage des condiments abandonnés est une
pratique répandue dans les marchés de Bamako. Au marché de Ouolofobougou, Mme
Diakité Fatoumata Boré, la trentaine, vend des éventails. Vers 11heures du
matin, elle déambule avec une bassine contenant ses marchandises sur la tête.
Depuis huit mois, elle en profite pour
ramasser des condiments
abandonnés dans le marché. Arrivée au
niveau des vendeuses de gombo, elle remarque un tas de gombos abandonnés
sur un sac étalé. La vendeuse
d’éventails pose ses marchandises. Elle empreinte un couteau à la vendeuse. Mme
Diakité Fatoumata Boré trie les gombos qui sont bons.
Chez un vendeur de riz, elle
se voit offrir un sac de cette céréale. Elle salue cette générosité constante
de ce vendeur. Ce dernier, dans l’anonymat, soutient que chaque vendeur et
vendeuse du marché devraient aider ces femmes qui sont réellement dans le
besoin. C’est une manière, insiste-t-il,
de lutter contre la pauvreté à Bamako. «Je ne regrette pas d’aider
Fatoumata Boré et je demande à tout le monde de ne pas la juger. On ne choisit
pas son destin. Surtout en cette période de vie chère», lance le généreux
commerçant. Mme Diakité Fatoumata Boré se livre tous les jours au ramassage des condiments.
Elle explique
que c’est le besoin criard qui lui impose cette activité. «Ce n’est pas une chose aisée pour moi de
ramasser ces condiments jetés devant
tout le monde. Parfois, j’ai honte mais sans cela mes enfants ne vont pas manger, car tout est
cher pour moi», confie celle dont le conjoint les a abandonnés pour s’installer
dans une zone minière, il y a un ans et demi. Sans soutien, Fatoumata vend les
éventails pour payer le loyer de la maison qu’elle occupe avec ses gosses. «La sauce que je prépare dépend
des condiments que je ramasse dans la journée», se lamente la mère de 6 enfants, l’habitante de
Lafiabougou Taliko (Commune IV).
Légumes ramassés -Le marché
Wonida de Bozola n’échappe pas au ramassage des condiments abandonnés.
Hadiaratou Fomba, une sexagénaire, fait
partie de celles qui pratiquent le ramassage. Elle prend soin de cacher son visage à l’aide d’un
foulard multicolore. Vers 19H, elle se promène dans ce marché de légumes un sac à la main. Elle ramasse sur son
passage les légumes dispersés par terre et ceux qui constituent des tas
abandonnés. Choux-pommes, tomates, piments, poivron et patate douce, tous se
retrouvent dans le sac de la vieille dame. Selon Hadiaratou Fomba, tous les
soirs elle ramasse les condiments au marché Wonida, depuis de nombreuses
années. «Je peux trouver de bons condiments aussi bien que des condiments
partiellement avariés. J’arrive à tout vendre », indique la ramasseuse.
Avant d’assurer qu’elle ne vole pas ses marchandises contrairement à ce que
beaucoup de vendeuses pensent.
Tous les jours, après le
ramassage, Hadiaratou Fomba expose ses condiments ramassés devant sa maison.
Elle casse les prix. «Mes clients n’ont pas assez de moyens. Ils ne se
plaignent pas de la qualité de mes marchandises. Ils ignorent aussi que ce sont
des condiments ramassés. C’est pourquoi, quand j’exerce cette activité au
marché je prends le soin de cacher mon visage avec mon foulard. J’ai peur
d’être reconnue par des voisins du quartier. Ils vont mal interpréter ce que je
fais. Mais à chacun sa vie», explique
Hadiaratou. L’argent qu’elle gagne, est utilisé pour satisfaire ses besoins
personnels et ceux de sa famille.
Quant à Adiaratou Coulibaly,
la quarantaine, elle ne vend pas ses condiments ramassés. Elle les met dans sa
sauce chaque fois qu’elle doit cuisiner. Assise sur une calebasse devant sa
cuisine, dans sa cour familiale à Bozola, cette ménagère précise que depuis
plus de deux ans, elle fréquente le marché Wonida à la recherche de condiments
abandonnés. «Ces ingrédients m’aident beaucoup. L’argent qu’on me donne pour la
popote ne suffit pas. Donc j’ai eu cette idée et grâce à cela je prépare de la
bonne sauce», se réjouit-elle. Et elle justifie le ramassage en ces
termes : « si ces condiments ne sont pas ramassés, ils vont se gâter.
Ce sont de bons légumes qui sont jetés ou oubliés par les vendeuses. Koro
Touré, assise à côté d’ Adiaratou verse son avis dans la conversation:
«Nombreuses sont les femmes qui ramassent les condiments, parce que ce sont de
bons légumes et ils ne sont pas gâtés comme le pense tout le monde.
Moi aussi, je les ramasse
d’ailleurs au su des membres de ma famille. Il n’y a pas de différence entre
une nourriture préparée avec les condiments ramassés et ceux qui ont été
achetés. Ils sont lavés et le feu tue
tous les microbes ». Nantogoma Diarra, vendeuse
de choux pommes au marché Wonida, témoigne que du petit matin à la nuit,
beaucoup de femmes viennent ramasser les condiments. Ces ramasseuses sont
connues de tous les vendeuses. Selon Nantogoma, ces dames trouvent assez de
condiments au marché Wonida.
Elle explique que les ramasseuses ciblent les produits en voie de décomposition, notamment la tomate et les feuilles comestibles abandonnées par les vendeuses. Elle conclut : «Je ne suis pas contre les ramasseuses de condiments. Elles sont dans le besoin et nous devons nous entraider en cette période difficile. »
Rédaction Lessor
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