
Est-ce que les Américains sont bien placés pour parler des droits de l’Homme aux Maliens ? Comment peut-on sanctionner des Maliens en vertu de lois américaines ?
EXTRATERRITORIALITÉ DES LOIS AMÉRICAINES
En 1835, Alexis de Tocqueville disait que
les Américains se croient supérieurs aux autres. Ils « ne sont pas éloignés
de croire qu’ils forment une espèce à part du genre humain » (Pierre
Conesa : Vendre la guerre, édition L’Aube, 2022, P.191).
Ainsi, les états-Unis exigent le respect de
certaines de leurs lois (lutte contre la corruption, sanctions américaines) par
les personnes physiques et morales d’autres pays ! Par exemple : ils
ont décrété des sanctions contre la Russie et le ʺGroupe Wagnerʺ et exigent que
d’autres pays appliquent ces sanctions. C’est ce qu’on appelle ʺl’extraterritorialité
des lois américainesʺ. C’est au nom de cette ʺextraterritorialitéʺ que les états-Unis
ont imposé des sanctions à des officiers supérieurs maliens, accusés de fréquenter
la Russie.
Cela ne s’applique pas qu’au Mali. Des entreprises et banques françaises, accusées d’avoir violé des « sanctions internationales américaines » ont payé des centaines de millions d’euros d’amende aux états-Unis. D’où la colère des députés français qui veulent « faire valoir auprès des états-Unis que certaines pratiques sont devenues abusives et que la France ne les acceptera plus » (Assemblée nationale française, Mission d’information sur l’extraterritorialité de la législation américaine, Paris, 5-10-2016).
LES USA AU SECOURS DE LA FRANÇAFRIQUE
La vraie raison de ces sanctions est la volonté
américaine de reprendre la main au Sahel, après les déboires de la France en
attaquant le Mali considéré comme le foyer de rayonnement de l’influence russe.
Au début de 2022, les états-Unis ont élaboré un projet de loi («HR-7311») dont
le seul but est « la lutte contre les activités russes malveillantes en
Afrique ».
Ce projet prévoit de sanctionner « les
gouvernements africains ainsi que leurs fonctionnaires, des responsables
gouvernementaux russes et d’autres individus ou entités complices », qui
favoriseraient toute forme de coopération avec la Fédération de Russie,
compromettant « les objectifs et les intérêts des états-Unis» en Afrique
(HR-7311 : 2.1, 2.B, 2.E).
En vertu de ce projet de « loi Hr-7311»,
les états-Unis accusent des officiers maliens d’être des « facilitateurs
du Groupe Wagner au Mali », d’avoir « planifié et organisé le déploiement
du groupe Wagner au Mali ». Circonstances aggravantes, ils se sont «rendus
à plusieurs reprises en Russie afin de consolider l’accord de déploiement
entre le groupe Wagner et le gouvernement de Transition malien ». Et de
favoriser « le déploiement du Groupe Wagner au Burkina Faso […] faciliter l’accès du groupe Wagner à
l’exploitation minière de l’or au Mali ».
Cet acte d’accusation traduit le mépris
profond des états-Unis pour le Mali et sa souveraineté : les Américains
nient le droit souverain du Mali de choisir ses partenaires
internationaux ! Ils ne reconnaissent pas le Mali comme un Etat indépendant.
Pendant dix ans, les états-Unis sont restés indifférents aux malheurs des Maliens : villages et villageois brûlés, femmes et filles violées, des pans entiers du territoire national occupés par les hordes djihadistes. Pis, ils se sont opposés, en 2021, à la livraison d’un avion de transport pour l’Armée malienne. Démontrant ainsi que, pour eux, la vie des Maliens est moins importante que leurs préoccupations géostratégiques.
LES USA ET LA CONDAMNATION SÉLECTIVE DES VIOLATIONS DES DROITS HUMAINS
Les USA crient haro sur le Mali à propos de « Moura ».
Mais pour « l’affaire de Bounti » (bombardement d’une cérémonie
de mariage à Bounti par l’Armée française, en janvier 2021) : ni
condamnation, ni sanction américaine contre les militaires français !
Pourtant, « Bounti » a été documentée par la Minusma et par des témoignages
recueillis par le journal allemand Der Spiegel (09 juin 2021). Cette politique
du deux poids deux mesures discrédite les Américains. Ils accusent aussi les
Maliens de recourir aux ʺmercenaires du Groupe Wagnerʺ qui auraient tué de
nombreux civiles.
En Irak, il y a eu « près de trois mille
contrats signés entre le gouvernement américain et ces sociétés [de
mercenaires] entre 1994 et 2004 » (Pierre Conesa : op. cit. P207).
Ces groupes (Blackwater et Military Professional Ressources Incorporated) ont
commis des crimes et des dérives dont « l’administration américaine était
parfaitement au courant », d’après le journal New York Times (Pierre
Conesa : op. cit. P207). Que les USA balaient donc devant leur
porte !
LES DROITS HUMAINS DES NOIRS AUX USA : DU LYNCHAGE DU KKK AUX TUERIES POLICIÈRES
Les états-Unis, qui ne respectent pas la vie
de leurs citoyens noirs, peuvent-ils donner au Mali des leçons sur le respect
des droits humains ? Quelques rappels sur les souffrances infligées
aux Noirs aux états-Unis, hier et aujourd’hui. La faute originelle : le passage
condamnant l’esclavage a été retiré de la déclaration finale d’indépendance en
1776, pour permettre aux états-Unis de continuer l’esclavage (aboli en 1865).
à l’abolition de l’esclavage, des suprémacistes
blancs ont formé des cellules terroristes, appelées Ku Klux Klan, qui ont
commis assassinats, attentats, viols, tortures et incendies sur les Noirs et
leurs biens aux états-Unis, jusqu’au milieu des années 1960, souvent lors de véritables
pogroms, comme dans la ville de Tulsa (dans l’Oklahoma) en 1921 : Dick
Rowland, un jeune noir cireur de chaussures « pénètre dans l’immeuble abritant
les seules toilettes du quartier autorisées aux Noirs. En entrant dans
l’ascenseur, il aurait malencontreusement écrasé [marché sur] le pied de l’opératrice
blanche. » La jeune femme blanche sonne l’alerte. Le jeune est arrêté et
conduit au tribunal. Une foule de Blancs en colère se rassemble. « Des
Afro-Américains, dont des anciens combattants de la Première Guerre mondiale,
s’y rendent aussi pour protéger le jeune homme ».
« Après deux jours d’attaques, de
pillages, de mises à mort expéditives et de dévastation […] trois cents
victimes sont comptabilisées. Selon des témoins, des corps sont chargés sur des
trains et jetés dans la rivière Arkanzas du haut des ponts. Mais la plupart
sont enterrés à la hâte dans des fosses communes. […] Au total, plus de
1.000 habitations et commerces seront détruits, mettant à la rue quelque 8.000
des 11.000 Noirs vivant alors à Tulsa » (lemonde.fr/international/article/2019/12/23/a-tulsa-).
Aucun des responsables blancs n’a jamais été
poursuivi ! Pourtant, d’après un document de 1937 portant sur 4.674
lynchages, « Les statistiques révèlent que 78,4% de l’ensemble des Nègres
qui ont été lynchés au cours des cinquante dernières années ont été accusés de
crimes (jamais prouvés) dont aucun, légalement jugé, même devant la cour la
plus sévère, n’aurait pu entraîner la peine de mort. Les statistiques disent en
outre que 11% des Nègres lynchés n’ont été accusés d’aucun crime. »
(lemonde.fr/idees/articles/2020/06/13/1937-lynchage-en-alabama).
Entre 1964 à 1968, les autorités américaines
ont pris des mesures vigoureuses prohibant toutes les lois et réglementations ségrégatives.
Soit 192 ans, après la proclamation de l’indépendance américaine. Mais le Ku
Klux Klan existe toujours. Selon le « Rolling Stone », média en ligne
(26 /06/2017) : « L’organisation raciste et xénophobe fondée en
1865 reste même présente dans 33 états. […] Pis même, alors qu’en 2016 quelque
37 groupes affiliés au Ku Klux Klan étaient recensés, il en existe 42 en
2017 ».
Selon le journal Washington-Post qui gère,
depuis 2015, une base de données concernant les personnes tuées par les
policiers : « Bien que la moitié des personnes abattues par la police
soient blanches, les Noirs-Américains sont tués à un rythme disproportionné.
Ils représentent environ 14% de la population américaine et sont tués par la
police à plus du double du taux des Américains blancs. (https :
www.washingtonpost.com/graphics/investigations/police-shootings-database/).
Les auteurs de ces violences policières sont
rarement condamnés ! «La Vie des Noirs Compte » (Black Lives Matter,
en anglais), est le nom du mouvement de protestation des Noirs contre cette
impunité. Certains assassinats ont provoqué des émeutes : Trayvon Martin
(2012), éric Garner (2014), Stephon Clark (2018), George Floyd (2020), etc.
Le soutien des états-Unis n’a jamais fait défaut
au régime raciste d’Apartheid en Afrique du Sud. En septembre 1986 encore, le
président Ronald Reagan opposait son véto aux sanctions économiques contre
l’Afrique du Sud.
Enfin, quand on pense aux expéditions meurtrières
organisées par les états-Unis qui ont fait des millions de morts (Haïti,
Vietnam, Irak, Syrie, Libye, Afghanistan, etc., on comprend pourquoi Nelson
Mandela a dit que « S’il y a un pays qui a commis des atrocités
innommables dans le monde, ce sont bien les États-Unis d’Amérique. Ils s’en
moquent, ils ne se soucient pas de la vie des êtres humains. » (30 janvier
2003, Johannesbourg).
Le Mali n’a aucune leçon à recevoir d’un pays avec un «palmarès» aussi triste en matière de respect des droits humains. Depuis la Charte de Kurukan Fuga de 1236, le Mali s’est distingué par sa capacité à faire cohabiter, pacifiquement, toutes ses composantes ethniques. La situation actuelle du Mali est la conséquence directe du saccage de la Libye par les états-Unis.
Yaya TOGORA
Rédaction Lessor
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