Cour d’assises de Bamako : Le vigile pédophile a pris le maximum

Il a coincé la fillette dans l’escalier et l’a violée sous la menace d’une arme blanche. Il rééditait la même chose pour la troisième et dernière fois

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Publié mardi 25 octobre 2022 à 08:07
Cour d’assises de Bamako : Le vigile pédophile a pris le maximum

Jugé par contumace,  Bakary Sidibé a écopé de 20 ans de réclusion criminelle outre le paiement d’une amende d’un million de Fcfa. Son tort est d’avoir été mouillé dans une histoire de pédophilie dont M Sissoko, une mineure de 12 ans au moment des faits, était la victime. Ces faits se sont passés courant 2018 dans un quartier de la Commune IV du District de Bamako.   

Trois fois pour le même but

Le dossier d’accusation ne fait pas ressortir si le suspect et la victime vivaient dans le même local. Toute fois, c’était en février 2018 à l’aube alors que la fillette descendait de l’étage d’un immeuble. Elle partait verser de l’eau usée dans la rue, comme elle en avait l’habitude. En ce moment, Bakary Sidibé, gardien de la pharmacie, au rez-de-chaussée du même immeuble se trouvait à son poste.

Ce dernier qui suivait certainement la fillette a rapidement gravi les marches de l’escalier pour se retrouver nez à nez avec cette dernière. Contre toute attente, il l’a subitement menacée avec un couteau, et lui a demandé de se déshabiller. à la vue de l’arme blanche, la pauvre ne pouvait qu’obtempérer. Son agresseur en a mis à profit pour abuser d’elle sexuellement avant de disparaître.

La fillette n’a pas résisté à la tentation de divulguer toute l’histoire. Et c’est à son logeur, S. Fomba qu’elle a tout raconté. Convaincu de ce que la petite lui a raconté, il s’est précipité au commissariat de police du 5ème arrondissement pour porter plainte contre le vigile pédophile.


Sans perdre de temps, des policiers ont été dépêchés pour aller cueillir l’indélicat gardien sur son lieu de travail. Par la suite, les enquêtes ont formellement établi que l’homme n’était pas à son premier coup sur la même victime. Bien au contraire. Il venait d’abuser de cette fillette pour la troisième fois consécutive. Et toujours, il usait du même modus operandi pour le même but.   

Accusé absent à l’audience

Interpellé et conduit au commissariat de police où il a été interrogé, Bakary Sidibé a entièrement reconnu les faits. Il a expliqué avoir à l’aube, apostrophé sa victime dans les escaliers. Lorsque cette dernière s’est arrêtée, il l’a menacée avec une arme blanche et a abusé d’elle. Mieux, le suspect a reconnu qu’il n’était pas à sa première fois d’agir de la sorte contre la même fillette. Il a poursuivi que cette dernière a finalement décidé de rompre le silence pour le dénoncer.


C’est comme cela que le procureur du Tribunal de grande instance de la Commune IV du District de Bamako a instruit l'ouverture d'une information judiciaire à l'encontre du susnommé pour des faits de pédophilie. à l'information, l’inculpé a spontanément reconnu les faits lors de sa première comparution. Mais, interrogé sur le fond, il a préféré se rebiffer.

Curieusement, il est allé jusqu’à nier les faits qu’il avait pourtant reconnu au cours de l’enquête préliminaire. Bizarrement, en dépit du fait que la procédure judicaire est arrivée à terme sans anicroche, l’inculpé Bakary n’a pas comparu pour des raisons qui restent jusque là inconnues. Néanmoins, les jurés ont estimé qu’il existait des preuves suffisantes en son encontre. Reconnu coupable des faits de pédophilie, le gardien a été condamné par contumace, à la peine citée plus haut.


 

…Et trois ans pour cet autre

 

 

C’est une autre histoire de sexe qui a conduit Salif Traoré devant les jurés à la barre, juste après le cas du vigile Bakary. Cet inculpé, mis sous mandat de dépôt courant 2020 aurait enceinté une fillette âgée d’à peine 11 ans à l’époque. Ces faits sont prévus et punis par les dispositions de l’article 228 du code pénal.

De l’acte d’accusation, il est ressorti qu’au mois de mars 2020, O.D, une élève du fondamentale était venue passer ses congés de Pâques chez son grand-père à Nèguelaba-Coura, dans le Cercle de Kati. Fortuitement, la vacancière a fait la connaissance du nommé Salif au cours des préparatifs d’un évènement social chez ce dernier. Ainsi, Salif a profité de l’innocence de la fillette et, par des propos malicieux, il l’aurait entraîné dans une chambre pour entretenir des rapports intimes avec elle sous la contrainte.

Oui, mais avec son consentement

Les choses auraient pu s’arrêter là, si l’obsédé sexuel n’avait pas laissé libre cours à sa libido. L’habitude s’est installée. Et, à chaque fois que l’occasion se présentait à lui, Salif en profitait pour assouvir sa libido. Le scénario se serait répété à trois reprises avant que les choses ne prennent une tournure dramatique. Dans la foulée, les parents ont constaté que l'apparence physique de leur progéniture a changé. à la suite d’un examen médical, il a été établi que  la pauvre était enceinte de presque 6 mois. Coincée par ses géniteurs, elle a expliqué alors avoir été abusée sexuellement et à plusieurs reprises, sans le vouloir, par Salif Traoré.


Sans perdre de temps, ils ont saisi la Brigade territoriale de Kati. Peu de temps après, Salif a été interpellé avant qu’une procédure judiciaire ne soit engagée en son encontre. Le jeune homme a reconnu les faits tant à l’enquête préliminaire que devant le magistrat instructeur. Il s’est défendu insistant sur le fait qu’il a commis son acte avec le consentement de sa victime qui, selon lui, a été la première à lui déclarer son amour.


L’inculpé est allé jusqu’à préciser qu’ils (lui et sa petite victime) avaient un projet de mariage. Et, durant toute la procédure, il est resté constant dans ses déclarations. Mais une fois face aux jurés, le pédo-criminel est revenu et a tenté de noyer le poisson dans l’eau. Il a reconnu sa faute et s’est excusé de son comportement peu recommandable envers sa victime qui, dit-il, est la mère de son enfant de 2 ans.

En rapport avec les faits, la cour a eu un avis différent. Elle pense que la victime avait moins de 13 ans à l’époque. Ainsi, pour les jurés, à cet âge, il ne saurait y être question de consentement de la victime comme prétend  soutenir l’inculpé. Les juges pensent que l’auteur des faits a agi par contrainte et violence tout en profitant de la vulnérabilité de sa victime. Mieux, explique-t-on à la cour, les documents médicaux versés au dossier prouvent à suffisance que l’acte de pénétration sexuelle a été consommé et qu’une grossesse s’en est suivie.

Pour éclairer leur lanterne, les jurés ont fait comparaitre la petite fille à la barre. Cette dernière a détaillé la façon dont les choses se sont passées entre son bourreau et elle. C’est ainsi qu’elle a expliqué que la 1ère fois, l’homme l’avait entraînée dans une chambre avant d’abuser d’elle. « Quant aux deux autres fois, il m’a pris par surprise », ajoute-t-elle. à la question du président de la Cour de savoir pourquoi elle a gardé le silence jusqu’à trois reprises, la réponse de la fillette a été, on ne peut plus claire. « C’est parce que je ne savais pas les conséquences de son acte ». Et le juge de poursuivre. Comment tes parents ont découvert ta grossesse ? « Ma corpulence avait changé à leurs yeux et j’ai été soumise à une visite médicale. C’est ainsi qu’ils ont constaté que j’étais enceinte de 6 mois ».

Lorsqu’il est passé à la barre, le père de la victime n’a pas caché sa surprise. « Je n’avais jamais imaginé que ma fille avait commencé à fréquenter les hommes à son âge. J’ai été alerté par une voisine par rapport au changement physique consécutif à son état de grossesse. Lorsque je l’ai interrogée, elle m’a relaté les circonstances dans lesquelles les faits se sont passés. J’étais tellement remonté au point que je voulais qu’elle s’en débarrasse de son bébé », a dit un père visiblement sous le choc. Cependant, il a dit être revenu à la raison à la suite des pourparlers des uns et des autres. « Ces derniers ont attiré mon attention sur les risques qu’elle courait au cas où. J’ai finalement accepté qu’elle la garde son bébé. Dieu merci, aujourd’hui, elle se porte bien de même que son bébé », a-t-il déclaré fataliste.



Sur les faits, le parquet a expliqué n’avoir pas de mots pour qualifier cet accusé. Parlant de la victime, il dira qu’elle est tombée précocement enceinte (11 ans). En plus, elle a perdu une année scolaire pour pouvoir entretenir son bébé. Pis, elle est devenue fille-mère. Le défenseur des citoyens pense que l’accusé ne doit bénéficier d’aucune circonstance atténuante.

Quant à l’avocat de la défense, il a plaidé la clémence de la Cour. Pour lui, la prolifération des films brésiliens et la banalisation de l’acte sexuel sur les réseaux sociaux sont à la base de tout. « Oui les faits sont graves, c’est pourquoi nous plaidons coupables. Le retrait de la plainte de la partie civile nous a soulagé. Nous ne pouvons que demander la magnanimité de la Cour », a-t-il plaidé. Au terme des débats, la Cour a reconnu l’accusé coupable et lui accordé des circonstances atténuantes. Toute fois, le jeune homme a écopé de 3 ans d’emprisonnement ferme.

Tamba CAMARA

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