
La ménagère Salimata N’diaye achète
1.000 Fcfa de tomate chez une vendeuse de légume au marché de Médine à qui elle
remet 2.000 Fcfa. La marchande lui rend la monnaie, un billet usé de 1.000
Fcfa. «Je ne prend pas ce billet. Il est trop maculé. Si je le prends personne
ne l’acceptera.
Changez-le !», adjure Salimata. Visiblement déçue d’avoir échoué
à se débarrasser de ce billet encombrant, la négociante tend deux billets de
500 Fcfa à sa cliente. «Je n’ai pas fait attention en prenant cet argent, il
sera probablement une charge pour moi», lance-t-elle, le visage ressemblant à
celui qui se fait un sang d’encre.
Autre lieu, scène similaire. Nous
sommes cette fois dans un Sotrama (mini bus de transport en commun) qui se dirige vers Baco Djicoroni Golf, en
Commune V du District de Bamako. Juste après la descente du Pont Fahd, une dame
tend un billet de 500 Fcfa enduit d’encre à l’apprenti chauffeur. Celui-ci
crie : «Non, je ne prend plus ce genre d’argent. J’en ai un depuis plus de
deux mois, tout le monde le refuse.
Changez-le ou descendez du véhicule»,
tranche-t-il, en cognant la main contre la carrosserie comme pour signaler au
chauffeur qu’un client doit descendre. L’air choquée, la cliente change de
billet et répond : «Et pourtant, c’est dans un Sotrama qu’on m’a remis cet
argent-là». La sérénité ainsi retrouvée, l’apprenti s’explique : «Avant
j’acceptais les billets usés, mais les passagers eux-mêmes les refusaient. J’ai
donc arrêté de les prendre».
Les stations services qui
constituaient un recours pour beaucoup d’usagers semblent de plus en plus
regardantes sur la qualité des billets qu’elles reçoivent. «Nous acceptions les
billets usés sans demander de l’argent en retour. Il suffisait que le numéro
soit visible. Mais, nous avons souvent des soucis au niveau de la Banque
centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) quand l’argent est trop abimé»,
confie un pompiste travaillant pour une station Shell de la place.
Malgré cela,
assure Moumini Traoré, il se retrouve avec des billets en très mauvais état
parce que certains clients introduisent les mauvais billets entre les bons pour
les dissimiler. Ces scènes de vie sont
symptomatiques des difficultés qu’éprouvent des usagers à faire circuler les
billets de banque usés lors des opérations d’achat/vente, etc. Ces billets
s’abiment au fil du temps à force de passer de main à main.
QU’EST-CE QU’UN BILLET MUTILÉ- La
Foire aux questions de la BCEAO les appelle billet mutilé. Selon cet outil
virtuel automatique répondant aux questions des usagers, il s’agit d’un billet
incomplet, très fortement abîmé notamment par l’eau ou par le feu ou qui a subi
d’autres formes de détérioration. Il est généralement trop endommagé ou friable
pour servir de moyen de paiement, ou son état est tel que l’on doit recourir à
un examen spécial pour en déterminer la valeur.
En effet, la BCEAO offre un
service d’échange pour de tels billets à ses guichets. Elle rembourse, sous
certaines conditions, les billets de l’espèce. Certains échanges peuvent
toutefois être différés en fonction de la dégradation du billet présenté. Pour
pouvoir bénéficier de ce service, la demande de remboursement ou d’échange
s’effectue obligatoirement au guichet de la BCEAO en présence du titulaire qui
doit être muni d’une pièce d’identité. L’échange est gratuit, sauf dans des cas
très particuliers.
Certains usagers tel ce vendeur
informel d’essence qui a requis l’anonymat, est au courant de ce service.
Rencontré devant son kiosque de fortune où il vend du carburant dans des
bouteilles, il est en possession d’un billet de 500 Fcfa coupé en deux. «C’est
un client qui l’a donné la nuit à un de mes apprentis. Je n’ai plus d’autres
choix que de le donner aux échangeurs contre 250 Fcfa. C’est mieux que d’aller à
la banque pour observer une longue file à cause de 500 Fcfa», explique-t-il.
Cette impatience est à l’origine
de l’émergence du métier d’échangeur de billets mutilés. Des jeunes en ont fait
une source de profit en décidant de changer ces billets abimés moyennant rémunération.
Youba Fofana est l’un de ces nombreux échangeurs de billets usagés. Il opère
dans les alentours de la BCEAO.
Le diplômé de l’École centrale pour l’industrie, le commerce et l’administration (Écica) brandit des billets usés en l’air, une manière d’attirer l’attention d’éventuels clients. «Je le fais juste pendant les vacances ou lors des grèves à l’école pour gagner un peu de l’argent», explique Youba Fofana. Selon lui, les frais d’échanges pour le client dépendent de l’état du billet. «En principe le billet de 5.000 Fcfa est échangé à 1.000 Fcfa et 2.000 Fcfa pour le billet de 10.000», précise-t-il.
DÉCLARÉS «SANS VALEUR»- Pour ce
faire, Youba Fofana amasse des billets de banque déchirés ou coupés, il les
scotche. «Dès que j’ai assez de billets, je les attache à l’aide d’une barrette
pour aller faire la queue devant la Banque, très tôt le matin. L’appel est fait
par ordre d’arrivée. On nous remet une fiche sur laquelle chacun enregistre le
nombre de ses billets. Après cette étape, tu mentionnes la somme totale en bas
de la même fiche», explique celui qui se rend à la BCEAO une fois par mois.
Pour être parmi les 20 à 30 premières personnes, il faut y être vers 4h du
matin.
En face de la Banque de développement
du Mali (BDM), opère Salia Camara. En train de courir après une voiture, il
confirme que le métier peut nourrir son homme. «Nous avons toujours et régulièrement
des clients. Cela est dû au fait que les gens gardent mal l’argent. Certaines
personnes plient les billets n’importe comment», explique Salia Camara. Qui précise
que la BCEAO fait les échanges chaque jeudi et mardi. Salia Camara s’y
rend généralement avec 200.000 à 300.000 Fcfa constitués de billets abimés.
Habillé d’un pantalon Jean et d’un
tee-shirt de couleur jaune, Drissa Keita tournait ce jour dans une rue à
Djicoroni Para. Coiffé d’un bonnet noir, il hèle les passants en les invitant à
venir échanger leurs billets usagés. Interrogé, celui qui dit travailler tous
les jours sauf dimanche explique : «Je me promène dans les rues en quête de
clients.
Il m’arrive de me déplacer chez certains clients à leur demande».
Toutefois, déplore-t-il, l’activité est quelque peu plombée à cause des
sanctions imposées à notre pays. «Mais, nous avons des contacts au niveau des
pays voisins à qui nous envoyons les billets pour les changer», détaille-t-il,
précisant qu’il peut faire un profit de plus de 5.000 Fcfa par jour.
Tous les billets mutilés ne sont
pas échangés. Sont déclarés «sans valeur», donc non remboursables, les billets
mutilés dont l’ensemble des fragments présentés est inférieur aux deux tiers
(2/3) de la superficie de la vignette d’un billet entier. Il y a aussi les
billets volontairement mutilés, les billets reconstitués frauduleusement à
l’aide de fragments appartenant à plusieurs billets, ainsi que les billets
endommagés par une encre provenant d’un dispositif antivol.
Fatoumata M. SIDIBÉ
Rédaction Lessor
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