
La stratégie
consiste donc à transposer ce qui se fait le mieux chez les autres, ici en
Afrique et dans le reste du monde, pour le bien-être de bon nombre de
populations. Cela est aujourd’hui indispensable pour judicieusement exploiter
les immenses potentiels de la filière lait. La valeur de la production étant
estimée à plus de 85 milliards Fcfa, ce sous-secteur peut être l’une des
locomotives de l’émergence socio-économique du Mali-Kura
Pour accélérer la croissance économique du
Mali, lutter contre la paupérisation galopante et placer le Mali sur l’orbite
des pays émergeants du continent, il faut impérativement créer un Fonds
souverain d’investissement stratégique du Mali (FSISM). Il sera composé d’une réserve
de 10 tonnes d’or afin de permettre au pays d’emprunter à hauteur de ses
besoins, donc l’argent nécessaire à son développement. Et cela en dehors des
contraintes et conditionnalités généralement imposées par des institutions de
Breton Woods, notamment la Banque mondiale et le Fonds monétaire international
(FMI). Ce fonds doit être également doté de 8.000 milliards de Fcfa en espèce
(provenant de l’État, des privés maliens et des partenaires financiers).
Une Banque nationale pour le développement
industriel et économique (BNDIE) sera créée pour gérer les fonds. Elle a pour
but de répondre à l’accès au financement des Petites et moyennes entreprises ou
industries (PME-PMI), des particuliers et d’apporter des réponses globales à
leurs besoins financiers. Divers secteurs d’activités sont visés notamment
l’agriculture, les services, les transports, le Bâtiment et les travaux publics
(BTP)…
Pour rappel, en quête d’amélioration de sa
position à l’échelle mondiale quant aux réserves d’or au niveau des banques
centrales, le Ghana (premier producteur d’or africain) a misé sur les achats du
métal précieux et semble avoir réussi. Vers la fin 2022, le pays a réussi à
presque doubler ses possessions. «Le Ghana a enregistré une hausse considérable
des réserves d’or de sa Banque centrale durant l’année 2022», a déclaré la
semaine dernière le président Nana Akufo-Addo. Alors que les réserves d’or ghanéennes
s’élevaient à près de 8 tonnes d’or entre 1980 et 2021, elles ont atteint 14
tonnes en fin 2022.
Mi-2021, la Banque centrale ghanéenne a lancé
une politique d’achat d’or auprès des producteurs locaux. Et en fin 2022, un
autre programme a été initié par les autorités du pays. Celui-ci a consisté à
acheter 20% de la production d’or des compagnies, grandes et petites, pour
payer en or certaines charges de l’État, notamment dans le secteur pétrolier.
Mais, en dehors de l’or, la filière du lait
est l’un des secteurs clés qui devrait être exploré pour booster la croissance
en faveur de l’émergence socio-économique de notre pays. Cela passe
naturellement par la valorisation du lait local au Mali qui a un potentiel
non-négligeable.
Sa mise en valeur passe par la réalisation d’usines
d’emballage de carton, de production d’aliment bétail, de production d’énergie
de cuisson et d’électricité, biocarburant, production de viande et charcuterie,
valorisation de cuir et peaux... Il faut trouver donc les moyens de mobiliser
les investissements vers cette filière, en faire l’une des locomotives de l’émergence du Mali.
LE LAIT DANS TOUTES SES POTENTIALITÉS
Ce n’est pas de l’utopie, car au Mali, on a
deux grandes opportunités. D’abord, un gros cheptel d’environ 10 millions de
bovins (dont 1 750.624 en lactation/DNPIA 2016) pour une population de plus de
20 millions d’habitants. Un ratio qui démontre que le Mali est un grand pays d’élevage,
comparé par exemple à la France qui a environ 18 millions de bovins (dont 4
millions en lactation) pour 65 millions d’habitants. C’est à peu près le même
ratio. Pourtant, la France est un grand pays exportateur de productions
animales, le lait en particulier.
«Si on a près de 2 millions de bovins, on ne
doit pas importer du lait. On devrait être exportateur», nous disait un économiste
dans un échange sur le sujet. Déjà avec 1.750.624 vaches laitières de race
locale en 2016, la production du Mali est estimée à 7.002.496 litres par jour
(4 litres par vache et une fois par jour), soit 2.555.911.040 litres/an. Mais
il faut reconnaître qu’il ne sera pas facile de faire la collecte d’un cheptel
dispersé aux quatre coins d’un pays vaste de plus de 1,241 million km².
Pour exploiter et bénéficier des fruits issus de l’économie de l’élevage, le
Mali doit tout simplement bien organiser le secteur en créant de grandes
fermes.
Le deuxième potentiel, c’est le marché !
Et il est une réalité palpable dans notre pays où les populations consomment énormément
de produits laitiers (lait caillé, yaourt, lait en poudre, fromage…) Selon
certaines statistiques, un Malien consomme annuellement en moyenne 30 kg de
produits laitiers. C’est un pays où il y a un marché de 600 millions de
litres pour les produits laitiers. «Un gros business dont le Mali ne profite
pas parce que l’essentiel des produits sont importés. Il y a, en amont,
beaucoup de potentiel à exploiter et beaucoup d’opportunités à saisir en aval.
Malheureusement, on n’a pas d’industries
structurées pour être un vrai maillon qui relie les 2 millions de vaches aux 18
à 21 millions d’habitants», analysait un économiste dans un forum de
discussion. Cette analyse exprime à suffisance la situation qui prévaut présentement
dans la filière laitière au Mali qui dispose d’un gros potentiel
malheureusement inexploité.
Cet incontestable potentiel fait que la filière a été retenue parmi les piliers de la Stratégie de croissance accélérée (SCA) de notre pays. En 2004, le ministère de l’Élevage et de la Pêche a été justement créé pour valoriser les potentialités économiques et humaines liées à ce secteur. Mais une chose est de disposer d’un potentiel, l’exploiter à fond en est bien une autre. Même si des efforts sont en train d’être faits par des acteurs locaux, force est de reconnaître que tout le potentiel est loin d’être exploité. Avec un total avoisinant les 2 millions de vaches, seuls un tiers de la consommation nationale est produit localement.
UNE FACTURE LAITIÈRE ANNUELLE DE PRÈS DE 137,760 MILLIARDS DE FCFA
C’est surtout à l’État du Mali qu’il revient
de trouver la meilleure stratégie pour booster la filière laitière en générant
surtout de la valeur ajoutée. Chaque année, la facture laitière s’élève à près
de 137.760 milliards de Fcfa pour le lait importé. Et si aujourd’hui la filière
laitière locale peine à se développe pour couvrir la demande nationale, la
raison est à chercher en partie dans l’environnement règlementaire qui, selon
les acteurs locaux, semble plutôt favoriser l’importation au détriment des
producteurs locaux.
«L’environnement réglementaire n’est pas
favorable à l’émergence d’une filière locale car il n’y a pas d’incitation, on
n’y gagne rien. Acheter du lait local, c’est beaucoup plus compliqué parce
qu’il faut aller dans les zones de production, travailler avec une centaine d’éleveurs,
les organiser, les accompagner… Il faut aussi leur apporter des intrants. C’est
toute une activité alors que c’est mille fois plus simple d’importer des
containers de poudre. Si on a une usine à Bamako, on fait des commandes et on
dispose de notre approvisionnement», diagnostique un opérateur économique.
Les importations officielles de lait en poudre
se situeraient autour de 60.000 à 70.000t/an (équivalent lait, soit autour de
10.000 tonnes de poudre). Cependant, les importations réelles pourraient
atteindre 150.000 tonnes/an (équivalent lait), soit entre 1/3 et 1/6 des besoins
en lait du pays.
Depuis 2022, la tonne de lait en poudre se négocie
entre 3 et 4.000 euros, soit environ 2 à 2,6 millions de Fcfa. Selon certains
experts, la consommation rurale est essentiellement couverte par
l’autoconsommation de lait local et la consommation de la capitale est
essentiellement couverte par les produits transformés ou reconditionnés au Mali
(ou dans la sous-région), mais issus de lait en poudre importé. Les villes
secondaires seraient dans une situation intermédiaire (90 à 95 % de poudre à
Bamako, 85 % à Ségou, 80 % à Sikasso et 50 % à Mopti).
Avec une dizaine d’entreprises recensées par
le regroupement et une production estimée à plus de 85 milliards Fcfa, la filière
lait est un sous-secteur à fort potentiel. Mais au vu de l’environnement réglementaire
peu favorable, du manque de formation des acteurs, de l’importance de la
quantité de lait importé, force est de reconnaître que le potentiel n’est pas
entièrement exploité.
Abdou Karim DRAMÉ
Journaliste freelance-Analyste
des Enjeux, Actions et Innovation du Développement Durable
Tél. +223 68 52 03 03
N’Tabacoro Bamako Mali
STRATÉGIE DE CROISSANCE ACCÉLÉRÉE
Depuis l’indépendance, notre pays est confronté
à de nombreux problèmes de développement. Un pays riche et pauvre dans la même
proportion et qui accuse de gros retards dans beaucoup de domaines clés du développement.
Mais, de nos jours, il est clair que la filière lait dispose d’un gros
potentiel. C’est pourquoi, elle a été retenue parmi les piliers de la Stratégie
de croissance accélérée (SCA). Le défi aujourd’hui, c’est de construire un plan
de l’émergence du Mali en partant de ce secteur
L’étude diagnostique de la problématique de l’émergence
économique du Mali n’est guère encourageante, car les obstacles sont nombreux. à
commencer par la crise énergique qui n’est plus seulement saisonnière. L’électricité
n’est jamais disponible en quantité et en qualité. Le Mali est ainsi obligé
d’en importer de la Côte d’Ivoire. Et cela malgré nos nombreux barrages et un énorme
potentiel d’ensoleillement. Selon de le ministre de l’énergie, dans une récente
déclaration sur l’ORTM, le déficit serait 500 Mwh. Nous sommes tentés de dire
seulement ! Le gaz était subventionné depuis 30 ans à hauteur de 6
milliards/ans. Notre pays n’en importe que 18.000 tonnes contre 200.000 au Sénégal
et 300.000 à la Côte d’Ivoire. Malgré tout, le gaz est un produit de luxe réservé
aux nantis de la République.
En ce qui concerne les intrants agricoles
comme les engrais, selon un moniteur d’agriculture, le Mali consomme plus
d’engrais que les états-Unis quand on fait le ratio surfaces cultivées et
quantité d’engrais importé. N’empêche que notre pays exporte aussi des engrais.
Les contraintes ne manquent non plus dans ce domaine. Tout comme dans celui des
hydrocarbures avec le litre de l’essence qui est passé de 600 Fcfa en 1992 à
plus de 800 Fcfa en 2023. Cependant, la politique de biocarburant a été lancée
en 2004 pour atténuer la souffrance des consommateurs, dépendant des dérivés du
pétrole sans cesse instable.
Malgré son grand potentiel (2 millions de vaches en lactation), le Mali est contraint d’importer ce produit d’Europe et de certains pays voisins qui ne disposent cependant pas de cheptel. Et le prix du kilo de viande qui était de 500 Fcfa à Sido (25 km de Bougouni en 2002) est passé à 3.000 Fcfa en 2022. «L’aliment bétail serait devenu trop cher et les éleveurs n’ont plus accès aux pâturages à cause de la crise armée qui secoue notre pays depuis 2012», justifie un opérateur du secteur. «Au niveau du textile et des vêtements, jusqu’au linceul, le Mali importe tout», ironise un compatriote ! Le montant des importations à ce niveau est estimé à 160 milliards de nos francs par an. Cependant, notre pays est l’un des trois plus grands producteurs de la fibre du coton.
RÉPONSES À LA PROBLÉMATIQUE DE L’ÉMERGENCE ÉCONOMIQUE
Notre pays exporte principalement de
l’or, notamment 72,9 % des exportations totales en 2019-2021, selon COMTRADE
qui est la plateforme de données sur le commerce mondial la plus complète au
monde. Selon certaines informations, notre pays ne perçoit plus de dividendes
au motif que toutes les mines présentes sur notre sol exploitent à perte. Elles
n’arrêtent leurs activités, mais prennent gratuitement l’or de 20 millions de
pauvres au vu et su de tout le monde. Selon la même source, 1.250 milliards
appartenant au Mali issus des ventes de l’or seraient bloqués à l’étranger
depuis 2021.
Pendant ce temps, notre pays dégringole dans
la production de ses principaux produits d’exportation. De premier producteur
coton en Afrique subsaharienne (11,6 % du PIB), notre pays n’est plus que 4e en
2022-2023. Le manque à gagner est énorme et le Trésor public est ainsi amputé
de substantiels revenus. Nous sommes également passés de 3e à 4e pays
producteur d’or en Afrique. Notre pays exporte également des animaux vivants
vers le Sénégal, la Côte d’Ivoire, la République de Guinée et d’autres pays de
la sous-région.
Ce commerce, sans valeur ajoutée, ne profite nullement à notre économie.
La conclusion est que le salut malien doit reposer sur le lait, un pilier de la
Stratégie de croissance accélérée (SCA). Comme vous le savez, en économie, il y
a ce qu’on appelle interdépendance entre les secteurs. Par exemple, entre
l’agriculture et l’industrie agroalimentaire. L’élevage a besoin des céréales
pour apporter des protéines aux bovins et le sol à son tour, reçoit des
fertilisants fumiers des bovins. Les bouses de vaches et autres lisiers d’élevage
sont capables de produire du gaz pour faire fonctionner nos voitures, cuire nos
aliments et surtout fournir de grandes quantités d’électricité propre, bon
marché et renouvelable à souhait et à vie.
Il faut aussi ajouter que beaucoup de produits
manufacturés ont besoin d’emballage pour être vendus. Il est important de
souligner que les hommes sont forcément sollicités pour faire fonctionner tous
ceux-ci. Partant de cet ensemble organisé d’idées, de concepts abstraits
appliqués à cette autre théorie qui dit : «rien ne se perd, rien ne se crée,
tout se transforme». Nous proposons au peuple malien et à ses dirigeants
actuels, une Stratégie de croissance accélérée (SCA). Elle repose sur un projet
intégré, porté obligatoirement par l’état et les privés maliens.
Nous savons que les systèmes dits industriels
représentent moins de 10 % des volumes produits dans le monde et se
distinguent par une alimentation qui dépend à 90 % d’achats principalement
de concentrés, mais aussi de fourrage. Ils sont aussi parfois qualifiés de «hors-sol»,
car déconnectés de la production des terres de l’exploitation.
Développés depuis les années 1960 en réponse à
l’augmentation de la demande, ces systèmes sont représentés à l’échelle
internationale par les feed-lots laitiers des États-Unis ou de Chine avec
plusieurs dizaines de milliers de vaches, et les systèmes laitiers israéliens
très intensifs en termes de production par animal (15.000 litres/an), mais avec
des effectifs plus faibles. «En Europe, ils restent une exception, la
production des fourrages étant plus rentable que sa délocalisation, en raison
de frais de transport supplémentaires», reprend Jean-Louis Peyraud.
A. K. D
Rédaction Lessor
Semoirs, charrues de labour, pièces de rechange des tracteurs sont fabriqués par nos artisans. La plupart de ces équipements sont vendus dans les zones de production comme Kita, Sikasso, Bougouni ou Koutiala. Certains fabricants arrivent aussi à écouler leurs produits dans des pays voisins.
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