Global Growth Conférence (GGC 2025) à Rabat : L’état de l’économie du monde à la loupe de la transition énergétiques

«L’Ukraine et Gaza ont démontré que le multilatéralisme conduit par l’ONU a échoué. Il faut repenser la solidarité entre le Nord et le Sud. Le paternalisme et la condescendance du Nord doivent laisser place à un partenariat sincère. Les ressources de la RDC et des régions des Grands Lacs gagneraient à être exploitées et transformées sur place.»

Publié mercredi 21 mai 2025 à 07:36
Global Growth Conférence (GGC 2025) à Rabat : L’état de l’économie du monde à la loupe de la transition énergétiques

 Les panels ont été animés par des experts aux profils variés

 

Cette réflexion du ministre d’État belge André Flahaut a marqué l’ouverture de la Global Growth Conférence (GGC 2025) à Rabat hier, mardi, sous le thème «Financer la croissance, façonner la transition énergétique». Elle s’inscrit parfaitement dans la philosophie des débats organisés par l’Institut Amadeus : poser les enjeux globaux avant d’aborder des discussions plus spécifiques. 

L’Institut Amadeus, connu pour son prestigieux forum MEDays en fin d’année, entend à mi-parcours, créer une nouvelle dynamique de réflexion sur les grands défis économiques du monde. Cette année, le choix s’est porté sur la montée du protectionnisme, les tensions commerciales sino-américaines toujours plus vives et la fragmentation des chaînes de valeur, autant de facteurs influençant l’économie mondiale. 

Le débat d’ouverture a particulièrement exploré les grandes approches géoéconomiques et les dynamiques qui façonnent les règles du commerce international.  L’ancienne Première ministre sénégalaise Aminata Touré, aujourd’hui haute représentante du Président Bassirou Diomaye Faye, a insisté sur la nécessité pour l’Afrique de développer son propre modèle de croissance économique. Selon elle, «le modèle d’Adam Smith n’est pas adapté à l’Afrique. Il faut accélérer nos processus industriels et cesser d’importer des cure-dents. Les États africains doivent miser sur la formation professionnelle afin de disposer d’un capital humain au service de la modernisation.» 

Sur la question énergétique, Aminata Touré a affirmé qu’«il n’y a pas d’industrialisation sans énergie. Il est impensable que certains pays possèdent des gisements sans les mettre au service de leur développement. Ce développement est possible et peut s’accélérer grâce à l’énergie verte, dans une Afrique bénéficiant d’un ensoleillement permanent.»   S’appuyant sur la forte influence du Maroc et son positionnement stratégique, Younes Sekkouri, ministre de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, s’est félicité des avancées du pays dans l’industrialisation à travers la transition énergétique. Selon lui, «le développement industriel du Maroc est maîtrisé, et la croissance repose sur des réformes volontaires.» 

Daniel Mukoko Samba, vice-ministre de l’Économie nationale de RDC, a dressé un tableau contrasté de son pays, mêlant réalités économiques et ambitions de développement. Il a souligné la nécessité de bâtir une souveraineté nationale tout en intégrant les dynamiques régionales, évoquant des projets énergétiques ambitieux avec les pays voisins comme la Zambie et l’Angola.  Il a également mis en lumière les enjeux liés à la stabilité, indispensable à l’attractivité économique. «La beauté des régions des Grands Lacs ne rime malheureusement pas avec stabilité. Ces lacs ont vu couler le sang des enfants d’Afrique», a-t-il déclaré avec gravité. 


Chakib Alj, président de la Confédération des entreprises du Maroc, s’est voulu plus optimiste, affirmant que la transition énergétique est une nécessité économique plus qu’un débat idéologique. Il a rappelé que «60% des terres arables du monde se trouvent en Afrique, mais le continent ne capte que 3% des flux mondiaux de capitaux», invitant ainsi à une mobilisation en faveur d’un développement économique accéléré. 

Dans la continuité des discussions, un panel dédié à la «Marque Maroc» a réuni des experts aux profils variés : avocats d’affaires, décideurs politiques, gestionnaires de maisons d’art et conservateurs de musées. Tous ont reconnu que «l’artisanat, l’architecture, le cadre juridique, le tourisme et les musées doivent s’appuyer sur l’humain» afin de renforcer l’industrie touristique et culturelle du pays et consolider l’image du Maroc à l’international. 

Un autre panel clé s’est penché sur «l’investissement dans le sport, ses nouvelles dynamiques et opportunités». Fouzi Lekja, ministre délégué marocain chargé du Budget et président de la Fédération royale de football, a mis en avant les enjeux économiques liés à l’organisation de la Coupe du Monde 2030, dont le Maroc est co-candidat aux côtés de l’Espagne et du Portugal. 

Selon lui, «ce Mondial sera celui du continent africain, car un continent de 800 millions de jeunes est un atout majeur à valoriser».  

La GGC 2025 se clôture ce mercredi avec plusieurs panels et tables rondes. Parmi les intervenants attendus figurent l’ancien Premier ministre de l’île Maurice, Patrice Emery Trovoada, l’ancien Premier ministre du Mali, Moussa Mara, ainsi que Brahim Fassi Fihri, président de l’Institut Amadeus et hôte du Forum.

Envoyé spécial 

Alassane Souleymane

Lire aussi : Fonctions publiques au Mali : Les agents non identifiés seront radiés des effectifs après le délai de grâce

Les agents qui ne se sont pas présentés lors des opérations d'identification biométrique ont un délai de grâce de trois mois, allant du 8 septembre au 8 décembre 2025 pour régulariser leur situation administrative.

Lire aussi : Incivisme : L’artiste Black M. interpelé

De son vrai nom, Alpha Diallo, le rappeur Franco-guinéen, connu sous le nom d'artiste « Black M », en séjour en Côte d'Ivoire et se trouvant dans une situation de conduite imprudente, a été interpellé..

Lire aussi : Insolite: Neymar désigné hériter d'un autre homme que son père

Nouvelle incroyable au Brésil concernant Neymar Jr. En effet, le footballeur a été désigné hériter d'un milliardaire en dollars autre que son père. Le testament a été rédigé à son nom..

Lire aussi : Goundam : Le geste philanthropique d’El Hadj Alphamoye Haîdara

Une habitante de la ville de Goundam a vu sa maison effondrer suite aux multiples érosions et intempéries survenues au cours de la saison d’hivernage..

Lire aussi : Kayes : EDM-SA rétablit l’électricité dans le secteur des logements sociaux

Après avoir passé trois nuits dans le noir, certaines familles des logements sociaux de Kayes et ses alentours ont enfin poussé un ouf de soulagement suite au rétablissement de l’électricité dans leur secteur. Rappelons que certaines concessions de la cité ATT Bougou (logements sociaux) et .

Lire aussi : Mopti : Plusieurs points à l’ordre du jour de la 2è session ordinaire du CROCSAD 2025

La salle de conférence du gouvernorat de Mopti a abrité du lundi au mardi dernier les travaux de la 2è session ordinaire du Comité régional d’orientation, de coordination et de suivi des actions de développement (Crocsad) de la région au titre de l’année 2025..

Les articles de l'auteur

Perspectives sahéliennes : Yeux doux pour l’AES, d’Ouest en Est

La diplomatie américaine sous le Président Donald Trump continue de surprendre les observateurs des relations américano-africaines, à la lumière des récentes déclarations de hauts responsables diplomatiques..

Par Alassane Souleymane


Publié mardi 02 septembre 2025 à 07:47

Perspectives sahéliennes : La citoyenneté sahélienne, par les jeunes, entre camps et brigades

Au moment où il répondait à l’invitation de son homologue malien, le Général de Division Abdoulaye Maïga, pour le lancement de la Brigade citoyenne au Mali le 20 août dernier, le Premier ministre burkinabè, Rintalba Jean Emmanuel Ouédraogo, laissait derrière lui, dans son pays, les dernières séquences d’une initiative citoyenne nationale dénommée Camp Vacances Faso Mêbo..

Par Alassane Souleymane


Publié mardi 26 août 2025 à 09:32

À l’heure du Mali : Dans la marche du monde, bas les mythes !

Elle a captivé l’attention du monde entier, le temps d’un éclair. Et deux mois après sa fin, qui s’en souvient encore ? Nous parlons de la désormais célèbre «guerre des 12 jours» entre l’Iran et Israël. Les conflits les plus brefs sont souvent le fruit d’une conclusion tacite sur le vainqueur ou d’un compromis autour des intérêts vitaux des puissants protagonistes..

Par Alassane Souleymane


Publié vendredi 22 août 2025 à 08:17

Perspectives sahéliennes : L’impératif d’un cadre humanitaire coordonné

Du 7 au 9 juillet dernier, la ministre malienne en charge du Développement social a eu la lumineuse initiative de réunir à Bamako les acteurs humanitaires de l’espace AES, ainsi que quelques pays amis, pour réfléchir à une problématique brûlante d’actualité : «Politiques humanitaires et mécanismes de financement de l’action humanitaire dans l’espace AES : enjeux, défis et perspectives»..

Par Alassane Souleymane


Publié mardi 19 août 2025 à 08:09

À l’heure du Mali : Les racines du Mali contre les sirènes de la France

Les obsèques de l’ancien ministre Tiébilé Dramé n’ont pas été seulement un moment de recueillement et de mémoire pour un homme politique qui aura été de toutes les luttes pour la démocratie et les libertés. Elles ont aussi marqué un moment de retrouvailles pour une certaine classe dirigeante ayant régné sur le Mali durant une époque charnière que l’on peut appeler «l’ère démocratique»..

Par Alassane Souleymane


Publié lundi 18 août 2025 à 08:06

Perspectives sahéliennes : Salkadamna ou le début de la révolution industrielle au Sahel par le charbon

Il est des propositions qui tombent à point nommé, et pour étayer un proverbe : l’union fait la force. La proposition du Niger en fin de semaine dernière, invitant ses partenaires du Mali et du Burkina Faso à s’associer à l’exploitation de sa mine de charbon de Salkadamna, mérite une attention immédiate..

Par Alassane Souleymane


Publié mardi 12 août 2025 à 08:46

À l’heure du Mali : «Mali kura taasira», avec la torche de Sika Koné

Du 29 mai au 4 août, le décompte nous donne deux mois et six jours. Cet intervalle correspond à la période consacrée à la publication des comptes rendus des émissions du programme de communication gouvernementale intitulé «Mali kura taasira», qui en était à sa troisième édition, sous la férule du Centre d’Information Gouvernementale (CIGMA)..

Par Alassane Souleymane


Publié vendredi 08 août 2025 à 10:06

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner