
Le
13 février 1997, Joseph Eugène Stiglitz prenait fonction comme économiste en
chef de la Banque mondiale, adoubé du titre de premier vice-président de la
puissante institution financière internationale. Dans son livre La grande
désillusion (Plon, 2002), l’économiste américain raconte son premier jour de
service : «Ce qui a retenu mon regard dès mon entrée dans les vastes locaux
splendides et modernes de son siège central, 19è rue à Washington, c’est sa
devise : «Notre rêve : un monde sans pauvreté ».
Dans une sorte d’atrium de
treize étages se dresse une statue : un jeune garçon conduisant un vieillard
aveugle. Elle commémore l’éradication de l’onchocercose. (…) De l’autre côté de
la rue se dresse un autre monument splendide élevé à la richesse publique : le
siège du Fonds monétaire international. À l’intérieur, l’atrium de marbre,
qu’agrémente une flore luxuriante, rappelle aux ministres des Finances en
visite qu’ils sont au centre de la fortune et du pouvoir.»
Au-delà
de la féerie des lieux, un détail m’a particulièrement interpellé dans le récit
du prix Nobel d’économie : la statue en bronze. Pour un esprit insistant et
persistant, comme le mien, l’évocation de cet objet insolite m’a renvoyé à un
autre symbole, celui d’une Afrique, «aveugle, sourde et muette», craintive et
plaintive, tenue par la canne de la sénilité et de la servilité et guidée par
l’aumônier international dans les dédales d’une mondialisation féroce et
véloce.
L’allusion
aurait assurément prêté à confusion, n’eût été la cruauté d’une réalité
dramatique qui traduit le quotidien de plus d’un milliard quatre cents millions
de personnes sur le continent.
Après six décennies d’indépendance, à mille lieues de la prospérité mondiale, toutes les 10 secondes un enfant africain meurt de faim, toutes les 10 minutes 15 Africains sont tués par le Sida, toutes les 10 heures 450 Africains décèdent de paludisme et pourtant… 246 millions de dollars (environ 155 milliards de francs CFA) sortent, chaque jour, frauduleusement du continent africain pour être transférés et placés dans des pays qui ont déjà bouclé leur cycle de développement.
UN CRÈVE-CŒUR
L’Afrique
est devenue un crève-cœur. La misère, la famine, les épidémies, l’insécurité,
et depuis peu la Covid-19 sont devenues des produits d’appel pour certains
dirigeants africains qui n’hésitent pas à arpenter, avec amis, femmes et
enfants, les grandes allées mondaines des villes aux mille et une lumières ; à
se pavaner dans les palaces et hôtels de luxe ; à faire du shopping dans les
avenues chic et choc ; à apprécier le thé savoureux, le café langoureux et les
liqueurs généreux dans les salons feutrés des palais et des palaces ; pour au
final participer aux sommets, forums, conférences, tables rondes avec, sur le
cartable bien en évidence, «Notre pays est très pauvre et très endetté», et sur
la gibecière fluorescente, «Aidez-nous svp, 5 francs n’est pas peu, 5 000
francs n’est pas trop!» Et la communauté internationale contribue largement –
si elle n’en est pas l’initiatrice – à la perpétuation de ce système immoral et
amoral, à travers la création de multitudes d’instruments financiers, de
projets et de programmes.
Le budget de fonctionnement de beaucoup de ces
projets et ONG (coût des expatriés et des prestataires, achat et entretien de
véhicules, déplacements et missions, etc.) dépasse largement l’apport réel aux
populations censées être les bénéficiaires de l’aide, et dont certains des
responsables se payent même le luxe de détourner une bonne partie du peu qui
reste dans l’assiette.
L’aide
internationale n’est jamais neutre. Il faudrait bien être naïf pour penser que
le monde est aseptisé. Il ne l’a jamais été et il ne le sera jamais. Pas plus
il ne pourrait être un refuge de bisounours et de câlinours, encore moins un
sanctuaire pour les esprits faibles et les âmes sensibles. Les images
exceptionnelles d’une rare féerie, remarquablement mises en scène et diffusées
à profusion sur la Toile, de prédateur portant secours à sa proie, l’émancipant
de sa propre prédation et de celle des autres, font partie des multiples
exercices de manipulation destinés à faire croire que le moustique pourrait
faire usage d’insecticide pour assainir sa riveraineté.
L’économiste Demba
Moussa Dembélé dans une tribune récente publiée par Financial Afrik rappelait :
«L’Afrique est la seule région au monde où l’on fait croire aux populations que
leur sort dépend de la mendicité internationale, appelée «aide au
développement». Mais en réalité, celle-ci est avant tout un instrument de
politique étrangère des pays «donateurs».
En
avril 2020, dans le cadre des mesures d’allégement de la dette en lien avec la
crise sanitaire, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI),
Kristalina Georgieva, avait fait une déclaration surprenante : «Nos pays
membres les plus pauvres et les plus vulnérables recevront ainsi des dons qui
couvriront leurs obligations envers le FMI pour une phase initiale de six mois,
ce qui leur permettra de consacrer une plus grande partie de leurs faibles
ressources financières aux soins médicaux et autres efforts de secours
d’urgence vitale.» Vous avez bien lu !
Le FMI se paye sur la bête en octroyant des «dons» aux pays pauvres d’Afrique pour que ceux-ci puissent s’acquitter de leurs dettes vis-à-vis de l’institution internationale. Quelle trouvaille géniale ! Tout est mis en œuvre pour que la machine de la dépendance se perpétue et se renforce.
LE CHANTAGE À L’AIDE
«L’Afrique
se retrouve dans une situation inextricable. Il faut faire attention à ce qu’on
dit, sinon on n’obtient pas telle aide ou telle assistance. C’est quoi, ce
chantage ? Cela me fait de la peine d’être assis là et de devoir admettre une
telle chose devant vous. Mais voilà la vérité brute. » Ainsi s’exprimait à
l’époque le bouillant président ghanéen Jerry Rawlings face à la presse
étrangère. Ce point de vue semble être partagé par le président sud-africain.
Lors de l’inauguration de la NDB (New Development Bank), en juillet 2014, Jacob
Gedleyihlekisa Zuma a déclaré que « l’aide occidentale à l’Afrique vient avec
des restrictions, des conditions pour nous maintenir dépendants».
Lors
d’une conférence de presse donnée le 4 décembre 2019, à l’issue d’un sommet de
l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) à Watford, près de
Londres, Emmanuel Macron avait tenu des propos fermes pour le moins surprenants
à l’adresse des dirigeants du G5 Sahel : «J’attends d’eux qu’ils clarifient et
formalisent leurs demandes à l’égard de la France et de la communauté
internationale.
Souhaitent-ils notre présence et ont-ils besoin de nous ? Je
veux des réponses claires et assumées sur ces questions.» Visiblement agacé par
la montée du sentiment anti-français sur le continent africain, le président
français a ajouté : «Je ne peux ni ne veux avoir des soldats français sur
quelque sol du Sahel que ce soit à l’heure même que l’ambiguïté persiste à
l’égard de mouvements antifrançais, parfois portée par des responsables
politiques.» «C’est la raison pour laquelle j’ai invité à Pau (…) les cinq
chefs d’État africains impliqués dans le G5 Sahel, pour pouvoir apporter des
réponses précises sur ces points; leurs réponses sont aujourd’hui une condition
nécessaire à notre maintien», a-t-il poursuivi.
L’invitation qui était destinée
à des fins de clarification entre « partenaires» a vite pris l’allure d’une
convocation. Le président burkinabé d’alors Roch Marc Christian Kaboré n’a pas
caché son courroux devant cette façon de faire peu élégante de son homologue
français : «Le partenariat doit être respectueux des uns et des autres et je
crois que cela est très important, a-t-il affirmé. J’estime que le ton et les
termes utilisés avant l’invitation posent des problèmes, parce que ça, c’est le
contenu des débats qu’on doit avoir ensemble.»
Ce
n’est pas la première fois et, certainement, pas la dernière fois que l’Afrique
serve de «paillasson» pour emprunter l’expression de Rama Yade – sur lequel les
dirigeants économiques et politiques du monde entier viennent s’essuyer les
pieds de la salissure de leurs forfaits.
Sinon,
dans quel contexte peut-on situer les propos licencieux de l’ancien président
américain Donald Trump, qui ne s’était point gêné pour qualifier certains États
africains de «pays de merde» («shithole countries») ? Le dirigeant américain
pouvait-il qualifier la Corée du Sud, l’Indonésie, la Malaisie, les
Philippines, Singapour ou la Thaïlande, encore moins la Corée du Nord, de «pays
de merde» ? Assurément, non. Pourtant, au début des années soixante, presque
tous ces pays étaient aussi pauvres que la majorité des États africains.
Qu’ont-ils fait pour accéder au statut respectable et respecté de «Nouveaux
pays industrialisés (NPI)» alors que la majorité des pays africains continuent
à pointer, sans discontinuité, sur la liste peu enviable des pays les plus
pauvres de la planète ? Au-delà des protestations, des indignations et même des
récriminations de l’opinion publique africaine, n’y a-t-il pas mieux à faire
pour répondre à ces grivoiseries répétées, notamment par la capacité et
l’intelligence des Africains à changer fondamentalement et définitivement le
visage de leur continent, de zones de conflits et de pauvreté en havres de paix
et de prospérité partagée ?
Cheickna
Bounajim Cissé
L’émergentier
Rédaction Lessor
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