Certains affirment passé par des agents d’auto-école pour avoir le document
Mardi, nous sommes
dans la cour de l’Office national des transports (ONT) à Sogoniko en Commune VI
du District de Bamako. Il est environ 8 heures 30 minutes, les candidats aux
permis de conduire pour la catégorie B (poids léger) attendent impatiemment le
démarrage de l’épreuve théorique qui concerne les règles de la circulation
routière). Pendant ce temps, l’heure est à la confidence. «Il (un agent) m’a
dit de passer après», chuchote un postulant à un ami. «C’est pour que tu donnes
le blé», réplique le compagnon. Et de renchérir : «J’ai un grand frère, il est
venu un jour prendre son permis de conduire en trente minutes sans passer les
examens».
Quelques minutes
plus tard, un agent ouvre la porte d’une salle, plongée dans le noir du fait de
la coupure d’électricité, où les épreuves théoriques doivent se dérouler. Puis, un
autre agent appelle et rassemble les candidats devant le portail de la salle et
leur explique les consignes à respecter strictement. Selon ce dernier, l’accès
à la salle est conditionné à la présentation soit d’une carte nationale
d’identité, soit d’une fiche description individuelle avec la photo (Nina), le
passeport ou encore la carte scolaire. «Nous acceptons les cartes professionnelles
pour certains cas», indique l’agent sans donner plus de précision.
Il dira également
que les «képis» et les «turbans» ne sont pas autorisés dans la salle. Idem pour
les lunettes à condition qu’elles soient prescrites par un médecin. «Il faut
répondre présent parce qu’on ne donne pas le permis à un sourd», signale notre
interlocuteur sur un ton humoristique, ajoutant que l’utilisation des
téléphones est aussi interdite dans la salle. «Si on voit quelqu’un entrain de
filmer dans la salle, nous retirons son dossier. Cependant, cela ne voudrait
pas dire que nous nous reprochons quelque chose», prévient l’agent, les bras
chargés de dossiers. Il est assisté par deux agents de la police nationale qui
assurent la sécurité autour de l’opération.
Derrière cette scène
insoupçonnable, beaucoup de nos compatriotes pointent des irrégularités sur les
examens d’obtention du permis de conduire. Moh est le surnom que nous donnons à
un interlocuteur. Ce dernier affirme avoir passé par un «pot-de-vin», à travers
son agent d’auto-école, pour avoir son permis de conduire dans la catégorie
poids lourds, il y a une année. Il explique son histoire : «Avant d’aller aux
épreuves, notre agent d’auto-école nous a demandé de payer chacun 10.000 Fcfa
en vue de négocier les agents chargés du permis de conduire». Il estimait que
beaucoup d’entre nous ne pourraient pas faire sortir le véhicule entre les
piquets sans les toucher. Le jeune homme d’une vingtaine d’années poursuit :
«Si tu es malin, tu peux dire que tu ne payes pas sans faire d’abord les
examens. Maintenant, en cas d’échec, tu donnes. Mais, ceux qui ont urgemment
besoin du permis s’acquittent séance tenante.»
Notre interlocuteur
explique avoir refusé de payer dans un premier temps avant de céder.
«Malheureusement, à mon retour en marche arrière, j’ai percuté les piquets avec
un camion benne. C’est ainsi que j’ai accepté et négocié à 5.000 Fcfa avec mon
agent d’auto-école qui a ramené après mon permis», souligne celui qui est
conscient du danger de cette situation. Moh déclare avoir cherché ce précieux
sésame pour une offre d’emploi dans une société d’exploitation minière, un
poste qu’il n’a pas eu finalement.
Contrairement à lui,
S.S (les initiales d’un interlocuteur) n’a déboursé aucun centime,
frauduleusement, à travers son agent d’auto-école, pour son parchemin.
Toutefois, il dit à qui veut l’entendre que lors de son examen pratique, il a
renversé les barres sans reprendre. Alors qu’en l’espèce, selon les
spécialistes du domaine, si le candidat échoue une première fois, il doit se
représenter, la semaine suivante. S’il échoue une deuxième fois, il doit se
représenter dans un mois. Après six tentatives, il reprend dans les conditions
d’un nouveau candidat.
Pour un autre interlocuteur, négocier pour avoir le permis n’est pas grave d’autant plus que les personnes concernées pourront avoir la maîtrise de l’engin au fur et à mesure qu’elles conduisent. «Mais, ce qui est grave, c’est d’avoir son permis de conduire sans même passer les épreuves», estime-t-il.
Le formateur en
sécurité routière de l’auto-école «Kanaga», Anaye Guindo, balaye d’un revers de
la main le fait que des gens paient de l’argent pour avoir leurs documents.
Toutefois, dira-t-il, à l’examen pratique, en marche dans la circulation, s’il
y a des hésitations au niveau des dépassements, des croisements et des arrêts,
les inspecteurs de permis peuvent pardonner ces situations. «Mais, négocier
pour faire passer un mauvais candidat, je ne pense que cela est possible»,
indique le spécialiste d’un air d’étonnement.
De son côté, le directeur régional des Transports du District de Bamako, Diakadia Diallo nie catégoriquement le fait qu’on peut avoir «frauduleusement» son permis. «Je m’inscris en faux concernant ces affirmations. Les gens peuvent dire ce qu’ils pensent, nous, nous sommes là et nous travaillons dans les règles de l’art. Nous n’accepterons jamais ce genre de pratiques dans notre structure», déclare-t-il sans ambages. D’après le directeur, la réussite à l’examen pratique dépend de l’appréciation des inspecteurs de permis de conduire.
ARRANGEMENT-
Contrairement aux deux précédents interlocuteurs, un ancien agent d’une
auto-école de la place, sous couvert de l’anonymat, confirme l’existence
d’irrégularités autour de l’accès au document. Ce dernier rappelle que les frais
de formation de leur établissement d’enseignement de la conduite s’élevaient à
60.000 Fcfa. En plus de ce montant, l’auto-école prenait 15.000 Fcfa comme
«arrangement» avec ses clients qu’elle utilisait pour négocier des agents
chargés de ce précieux sésame, raconte notre interlocuteur. «Une fois qu’ils
paient cette somme, ils sont libres de passer ou pas les examens, puisqu’après
tout, ils auront leurs permis.
Cependant, s’ils décident de le faire, comme
c’est le cas très souvent, par curiosité, en cas d’échec, ils déboursent une
somme supplémentaire de 7.500 Fcfa comme arrangement», explique l’ancien
formateur en sécurité routière. Normalement, indiquera-t-il, lorsqu’on renverse
les piquets lors de l’examen pratique, on doit le reprendre. Notre interlocuteur
raconte une anecdote selon laquelle, il a fait sortir le permis de conduire
d’un de ses frères sans que celui-ci se déplace pour passer les épreuves.
«Quand je suis rentré à la maison avec son permis, il n’en croyait pas ses
yeux. Il m’a fait savoir qu’il voulait faire les épreuves», déclare l’ancien
agent d’auto-école.
Cette situation
représente des conséquences sur la sécurité routière de notre pays avec ses
corolaires d’accidents souvent mortels. Les statistiques en la matière sont
alarmantes. En 2022, 8.189 cas d’accidents ont été enregistrés avec 8.297
blessés et 684 tués. Ce nombre est légèrement passé en hausse, en 2023, avec
689 tués. Pis, les statistiques annuelles d’accidents de la route, collectées
par l’Agence nationale de la sécurité routière (Anaser), révèlent qu’une
personne est tuée toutes les 14 heures dans notre pays.
Ces accidents,
souvent graves et qui peuvent être évités, sont la première cause
d’encombrement des services d’urgence dans les hôpitaux. Et parmi les facteurs,
celui humain occupe,à lui seul, 82%. Le
reste étant réparti entre les défaillances techniques du véhicule (10%), les
infrastructures routières et son environnement (08%), selon les données
officielles. Même si les statistiques ne le précisent pas, il est aisé de
comprendre que ce taux élevé lié au facteur humain est dû, en partie, aux
irrégularités autour du processus d’accès au permis de conduire.
Car, on imagine mal qu’une personne qui a eu son
permis dans ces conditions, puisse bien conduire dans la circulation, à plus
forte raison, respecter les règles en la matière. Sur ce sujet, une étude pour
l’amélioration de la sécurité routière dans le District de Bamako, parue en
2018, signale que «la méconnaissance généralisée des règles du Code de la route
et de la signalisation est en grande partie la raison de la plupart des
accidents».
Il y a quelques
mois, la ministre des Transports et des Infrastructures, Mme Dembélé Madina
Sissoko, a affiché son ambition de ramener le taux de mortalité par accident de
la circulation routière à un niveau de «25 tués pour 100.000 habitants». Cela,
conformément à la Stratégie nationale de sécurité routière qui «vise à réduire
le taux de mortalité des accidents de la route de 50% en le ramenant de 25 à 12
tués par 100.000 habitants à l’horizon de 2030». Elle a noté que l’utilisation
de stupéfiants par les conducteurs et le «manque de matrise des engins» sont
des facteurs favorisant les accidents.
La ministre a, par ailleurs, exhorté les
usagers de la route à respecter scrupuleusement le Code de la route, avec des
recommandations de vitesse de 50 km/h en agglomération et 90 km/h en rase
campagne. Cela est d’autant plus nécessaire que «l’excès de vitesse est la
cause de plus de 33% des accidents mortels», selon les données officielles.
Les frais des dossiers liés au permis de conduire s’élèvent à 14.750 Fcfa (toute catégorie confondue). Selon l’article 319 du Code pénal, conduire sans permis ou autorisation de conduire valable est passible d’un emprisonnement de 11 jours à 3 mois et d’une amende de 20.000 à 200.000 Fcfa. Cependant, il faut «corriger les dysfonctionnements détectés dans le système pour prévenir les accidents de la route», prévient l’étude pour l’amélioration de la sécurité routière dans le District de Bamako.
Bembablin DOUMBIA
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