Entre 2010 et 2015, le nombre de nouvelles boulangeries dont celles utilisant exclusivement le bois comme source d’énergie est passé de 133 à 313
Dans son livre «l’Arbre Monde», publié en 2018, l’auteur américain Richard Powers écrit ceci : «Après des années passées seule dans la forêt à étudier les arbres, la botaniste Pat Westerford en revient avec une découverte sur ce qui est peut-être le premier et le dernier mystère du monde : la communication entre les arbres…». Cette révélation alerte l’humanité sur le caractère sacré des espèces végétales et leur rôle dans notre existence.Au-delà de leur bienveillance et leur générosité qu’ils expriment à travers différents services qu’ils nous rendent au quotidien (fruits, ombrages, produits pharmaceutiques, etc.), les arbres procurent au Mali, près de 80% de l’énergie domestique composée du bois et du charbon de bois. Si cette courbe n’est pas renversée dans les années à venir, il serait trop tard pour la survie de nos forêts, prédisent les spécialistes. Alors que notre pays vient de célébrer avec la communauté internationale, le 21 mars dernier, la journée des forêts, les chiffres de la déforestation de son territoire sont alarmantes.
En 2015, le
Programme de gestion décentralisée des forêts (Gdefor) a mené une étude sur la
problématique de l’utilisation du bois comme source d’énergie par les
boulangeries au Mali. Elle a couvert les six communes du District de Bamako
ainsi que la Commune de Kati et la Commune rurale de Kalaban-coro. Selon les
résultats, entre 2010 et 2015, le nombre de nouvelles boulangeries dont celles
utilisant exclusivement le bois comme source d’énergie, a explosé en passant de
133 à 313 soit, une augmentation de 180 unités en 5 ans. L’étude constate la prolifération des boulangeries au
cours des cinq dernières années avec 36 nouvelles unités par an.
Ce phénomène est
imputable au faible coût économique du bois, concluent les auteurs. Alors qu’à
l’origine, ces unités industrielles sont conçues pour utiliser l’électricité,
le gasoil, le gaz ou le DDO. Mais les promoteurs de boulangeries modifient
unilatéralement leurs machines et le type d’énergie, pour une reconversion
d’usage du bois de forêt dont les modes d’acquisition sont mêmes souvent
frauduleux, indique l’étude. En plus de ces industries, il y a les huileries
artisanales, les tanneries et certaines usines semi artisanales et les ménages,
dont plus de 90% en milieu urbain et presque 100% en milieu rural, utilisent le
charbon pour la cuisine.
Chaque jour, ce sont des colonnes de camions 10 tonnes, très prisés pour le transport du bois, que l’on croise sur les routes d’approvisionnement (les régions du sud et du sud-ouest) en direction de la capitale. Selon une enquête menée par la Direction générale des eaux et forêts en 2010, les boulangeries constituent le plus grand maillon de consommation de bois de feu à Bamako. Elles utilisent 60% de la quantité de bois qui entre dans la ville.
400.000 HA DE FORÊTS
DÉTRUITES- En conséquence, les seuls prélèvements pour le bois de chauffe et le
charbon de bois qui constituent la principale source d’énergie domestique, sont
estimés globalement à 5 millions de tonnes par an. C’est l’équivalent de
400.000 ha de forêts détruites. De nos jours, ce chiffre devrait atteindre ou
dépasser les 7 millions de tonnes, soit 560.000 ha du couvert végétal détruit
chaque année.
Selon un rapport de
l’Organe des Nations unies en charge de l’agriculture (FAO) en 2000, la
superficie forestière du Mali a diminué de 0,72% par an entre 1990 et 2000 à
cause du déboisement, contre 0,78% en moyenne par an en Afrique et 0,24% par an
au niveau mondial. Aujourd’hui, dans un contexte d’explosion démographique
marqué par des besoins de plus en plus accrus des populations en bois, une
attention particulière doit être accordée à cette problématique en vue d’y
remédier en urgence, compte tenu des effets néfastes du changement climatique
qui apporte de l’eau au moulin.
Comment trouver une
adéquation entre les maigres ressources forestières en dégradation et les besoins
sans cesse croissants d’une population qui évolue de façon exponentielle ? Un
véritable imbroglio écologique qui rend l’équation difficile à résoudre. Des
efforts ont été faits, ils sont en cours et seront toujours faits pour trouver
une solution, répond le colonel-major des eaux et forêts, Abdoulaye Tamboura, directeur général adjoint
des eaux et forêts. Il y a seulement trois décennies, la couverture végétale
nationale assurait convenablement ses fonctions écologique, économique et
social. Cela malgré les coups durs portés par la sécheresse de 1972-1973,
rappelle le responsable forestier.
Au cours de cette période de sécheresse, les forêts ont constitué un recours important pour les communautés rurales, par la fourniture d’aliments ou compléments alimentaires à travers les fruits, les feuilles, les tubercules, etc. Les résultats du Projet inventaire des ressources ligneuses du Mali (PIRL1985-1991) qui excluent les zones pastorales et désertiques, estimaient le domaine forestier national à 100 millions ha. Sur cette superficie, seulement 21 millions ha présentaient une certaine production forestière, notamment les forêts classées, les réserves de faune ou formations végétales agricoles (savanes vergers). La succession des années de sécheresse (1972-1973 et 1984-1985) a sérieusement éprouvé les formations végétales, estime l’officier. Ainsi du Sud au Nord, une régression de la pluviométrie a été constatée, donc un manifeste du changement climatique qui a progressivement impacté les formations forestières.
Le vent de la
démocratie- Malgré ces contraintes, l’État, à travers le service des eaux et
forêts, jouait pleinement son rôle régalien de gestionnaire et de protecteur
des forêts. Des souvenirs de Moussa Ouologuem, ancien bûcheron, âgé de 70 ans
aujourd’hui, il ressort une anecdote qu’il partage avec nous. C’était en 1987,
dans une forêt au Centre du pays, il a été surpris par un agent forestier, en
train d’abattre un grand arbre avec une hache. Sommé en vain par ce dernier
d’arrêter son activité, il usa de son statut d’homme âgé et pauvre et répond au
forestier : «Si je ne coupe pas cet arbre pour le vendre aujourd’hui, ma
famille ne mangera pas demain.»
L’agent en larme lui tendit un billet de banque
et le supplia de laisser l’arbre en vie, pendant qu’il était temps de le
sauver. Cette scène qui a marqué à vie le vieux bûcheron, prouve à suffisance
l’intégrité, l’amour des plantes, la loyauté au serment et la pédagogie qui
caractérisaient un agent forestier.
C’est après la
révolution de 1991 que tout a basculé, est convaincu Youssouf Konaté, président
de l’Association des anciens forestiers du Mali. Il argue qu’à la faveur des
intérêts politiques suscités par le multipartisme à l’époque, chacun devrait
trouver son bouc émissaire pour plaire aux populations, surtout rurales, en vue
de gagner des voix aux élections. Les discours haineux à l’égard des forestiers
qui ont été indexés comme des oppresseurs, ont contribué à l’affaiblissement du
service. Ses agents ont été percutés. Le nom du service a même changé pendant
un long moment, avant de revenir à sa dénomination initiale.
Tous ces facteurs
ont joué en faveur de la situation actuelle, résume l’ancien soldat de
l’environnement. L’abandon des postes forestiers a donné lieu à un haro sur les
ressources forestières. Le domaine forestier national est devenu un «Far west».
Les exploitants de bois et du charbon, les orpailleurs et autres petits
exploitants des ressources naturelles ont tenu leurs quartiers dans les forêts
sans aucune inquiétude. D’autres effets pervers de ce basculement sont le
comportement mercantiliste de nombre d’agents forestiers. Certains sont prêts à
monnayer leur service avec un entourloupe ou se rendre complice des pratiques
frauduleuses telles que l’exploitation et le transport illicites du bois et la
production et le transport illicites du charbon de bois.
Cet avis, bien que partagé par nombre de Maliens, est mitigé pour Abdoulaye Tamboura. Ce dernier pointe du doigt, l’insuffisance du personnel et des moyens logistiques collectifs et individuels pour un contrôle efficace. Les effectifs du personnel forestier de la direction générale des eaux et forêts sont de 842 agents forestiers composés de 157 ingénieurs des eaux et forêts, 310 techniciens des eaux et forêts, 299 agents techniques des eaux et forêts et 76 agents gardes forestiers. Cette configuration des effectifs n’est pas conforme aux exigences de la pyramide d’encadrement qui indique un ratio de un ingénieur pour deux techniciens quatre agents techniques.
975 agents-
L’effectif reste en deçà de celui indiqué dans le cadre organique. Cette
insuffisance reste une contrainte majeure à l’exécution correcte des missions
assignées au service des eaux et forêts, déplore son directeur général adjoint.
En effet, les effectifs de la DGEF tournent autour de 975 agents (toutes
catégories confondues) pour tout le territoire soit 1.241.238 km2. Avec les 842
agents forestiers, cela correspond à un ratio de 147.415 ha par agent contre la
norme internationale qui est de 5.000 ha/agent.
Cette situation pose
donc toute la problématique de la gestion durable des ressources forestières et
fauniques, de leur surveillance et de l’appui conseil à apporter aux
collectivités territoriales. Elle est exacerbée par la dégradation de la
situation sécuritaire nationale. Par ailleurs, face à la dégradation constante
du domaine forestier nationale, la Loi n° 010-028 du 12 juillet 2010,
déterminant les principes de gestion des ressources du domaine forestier
national ainsi que ses différents décrets d’application, en son art. 32,
conditionne toute exploitation des domaines forestiers de l’État et des
collectivités à l’élaboration préalable de plan d’aménagement.
Pour l’officier des
eaux et forêts, les dispositions de cette loi garantissent la durabilité des
forêts. Cependant, force est de constater que l’élaboration et la mise en œuvre
des plans d’aménagement et de gestion par les sociétés d’exploitation
forestière ne garantissent pas la survie des forêts, prévient-il. Car, selon
lui, la société est toujours amenée à faire un calcul économique. Ainsi,
l’exploitation prend le dessus sur les actions d’aménagement forestier. Cet
état de fait constitue un nouveau facteur de déforestation et de dégradation de
nos forêts.
Les formations
forestières naturelles du Mali sont estimées à près de 37 millions d’hectares
dont seulement 21 millions assurent une réelle production forestière. Avec 107
forêts classées et périmètres de protection couvrant une superficie totale de
788.111 ha et 26 Aires protégées d’une superficie de 9.010.757ha, ces domaines
classés représentent environ 7,89% de la superficie du pays, alors qu’il est
requis au moins 15% de taux de classement du territoire national nécessaire à
la stabilisation ou l’amélioration du régime hydrique et du climat ou pour la satisfaction
des besoins du pays en bois ou tout autre produit forestier.
Les différentes
campagnes de reboisement lancées depuis 1995 dénommées «Opération Mali vert» et
la mise en œuvre du partenariat public-privé à travers les contrats
d’amodiation qui consistent à céder la gestion d’une forêt classée à un
particulier sur une période donnée, ont montré leur limite. C’est pourquoi,
l’accomplissement de la mission du service exige la présence des agents
forestiers sur le terrain, dans les forêts et les Aires protégées qui sont des
zones à la fois difficiles et dangereuses. L’application rigoureuse des textes
législatifs et règlementaires relatifs à la gestion des ressources forestières
et de l’environnement permettra, sans doute, de dissuader les contrevenants,
préconise Abdoulaye Tamboura.
La réalisation des actions de restauration des forêts sur le budget spécial d’investissement (BSI), notamment les reboisements, les redélimitations, les bornages des forêts classées et des Aires protégées et les immatriculations, doit être renforcée. Pour ce faire, la solution qui s’impose donc à l’État est d’élaborer et mettre en œuvre une Stratégie nationale pour la sortie progressive du bois comme source d’énergie domestique. Cela, en rapport avec les départements en charge de l’Énergie, des Mines et de l’Eau, et de l’Économie et des Finances. C’est à ce seul prix que nous pouvons espérer inverser la courbe, pour assurer un avenir meilleur aux générations futures.
Cheick Amadou DIA
La campagne agricole a atteint sa vitesse de croisière. Les paysans de l’Office du Niger demandent la mise à disposition de l’engrais subventionné qui tarde à leur parvenir. L’État, tout en précisant que l’appui de la Fédération de Russie a porté sur 22.179, 5 tonnes d’Urée céd.
Les opérateurs profitaient du monopole de fait du secteur privé pour faire de grands profits. Certains estiment que la crise énergétique qu’ils subissent aujourd’hui doit être une opportunité pour l’État pour investir dans le secteur, afin de rendre l’eau minérale accessible au maxim.
Cette rencontre d’échanges entre acteurs économiques maliens et chinois, sous l’égide du ministère de l’Industrie et du Commerce et l’ambassade de Chine au Mali, vise la promotion des secteurs industriel et commercial, en s’appuyant sur la production et l’exportation des produits et .
Il s'agit de la subvention des intrants agricoles dont le prix de l'Urée à 14.000 Fcfa, l'engrais organique à 3.000 Fcfa et la DP à 17.500 Fcfa. Le prix de vente du coton a été majoré de 250 à 300 Fcfa le kilogramme. Pour une fois, c'est un Plan triennal de campagne agricole consolidé et ha.
Elles sont consignées dans un document actualisé de Programme quinquennal de développement de l’élevage dans la région.
Depuis quelques semaines, les Bamakois vivent sous une brume de poussière. Ce phénomène météorologique comme tant d’autres, est causé par un renforcement de la pression atmosphérique au niveau de l’océan Atlantique, appelée anticyclone des Açores.