#Mali : Relations tendues avec l’Algérie : Le Mali dans son bon droit

Les raisons du froid entre Bamako et Alger sont à rechercher dans l’attitude condescendante du médiateur en chef dans les crises maliennes. Notre pays n’a fait que rappeler les exigences d’une relation sincère et respectueuse

Publié mardi 26 décembre 2023 à 08:39 , mis à jour jeudi 09 mai 2024 à 00:52
#Mali : Relations tendues avec l’Algérie : Le Mali dans son bon droit

En diplomatie, le rappel d’un ambassadeur pour consultation est un signal fort, destiné à faire part d’un désaccord profond. Telle est sans doute la nature des relations actuelles entre le Mali et l’Algérie. En application du principe de la réciprocité, le Mali a rappelé en effet vendredi dernier son ambassadeur à Alger, Mahamane Amadou Maïga.

Pour rappel, mercredi dernier, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale avait convoqué l’ambassadeur de la République algérienne au Mali, pour élever une vive protestation du gouvernement, suite aux récents actes “inamicaux posés par les autorités algériennes, sous le couvert du processus de paix” dans notre pays. à cette occasion, Abdoulaye Diop a souligné que les rencontres récurrentes, aux niveaux les plus élevés en Algérie, et sans la moindre information ou implication des autorités maliennes, d’une part avec des personnes connues pour leur hostilité au gouvernement malien, et d’autre part avec certains mouvements signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, ayant choisi le camp des terroristes, sont de nature à entacher les bonnes relations entre les deux pays.


Tout cela intervient dans un contexte où l’état du Mali est en train de renforcer sa présence sur l’ensemble du territoire. Après l’historique entrée des Forces armées maliennes (FAMa) à Kidal le 14 novembre 2023, c’est la non moins symbolique et emblématique ville d’Aguelhok qui est passée mercredi dernier sous le contrôle de l’état.

Fortement diminués et traqués jusque dans leurs derniers retranchements, les terroristes et leurs alliés en sont désormais réduits à n’opérer qu’à travers des harcèlements et des actions perfides. Manifestement, les ennemis de la paix agissent pour faire en sorte que de larges étendues du territoire échappent toujours au contrôle de l’état. Ce faisant, ils continueraient à faire prospérer dans ces «zones grises» des activités criminelles.

Afin d’annihiler les funestes desseins de cette nature, les Forces de défense et de sécurité veillent. C’est sans doute le sens qu’il faut donner aux informations ayant trait aux frappes chirurgicales menées par les vecteurs aériens des FAMa sur des positions terroristes vendredi dernier à Tin-Zouatene, près de la frontière algérienne.

Au terme des opérations, certaines sources ont même annoncé la mort du colonel Assan Ag Fagaga, figure importante des groupes rebelles. Pourtant considérées comme faisant partie des missions régaliennes de l’Armée malienne, ces frappes sont-elles interprétées comme une provocation par Alger ?  Si, à ce stade, l’on ne peut apporter une réponse tranchée à cette question, force est cependant de relever que l’attitude et la posture récemment adoptées par les autorités de ce pays voisin suscitent interrogations et étonnement.  

 

ÉCHEC PATENT- Rappelons que l’Algérie est le chef de file de la médiation internationale dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger. Si tant est qu’elle veuille inscrire sa démarche dans le cadre de la relance du processus de paix, l’Algérie devait consulter les différentes parties signataires dont les autorités maliennes. D’où le bien-fondé de la protestation du chef de la diplomatie malienne qui a invité la partie algérienne à privilégier la voie de la concertation avec les autorités maliennes, seules légitimes pour entretenir des échanges d’état à état  avec les partenaires du Mali.

Le ministre Diop a, par la même occasion, rappelé le contexte dans lequel le Mali, en assumant toute sa responsabilité d’État souverain, a fait appel à l’Algérie, au regard des liens historiques de fraternité et de confiance mutuelle entre les deux pays, pour assurer le rôle de leadership de la médiation internationale dans le cadre du processus de paix. Il reste qu’objectivement les derniers développements inclinent à évaluer la médiation algérienne dans les différentes rebellions dans le Nord du Mali. Ce pays a en effet un rôle de premier plan dans la signature de l’Accord de Tamanrasset en 1991, de l’Accord d’Alger en 2006 et de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali en 2015.


C’est peu de dire, à l’heure du bilan, que les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs. à la vérité, le baromètre de la réussite des différentes séquences de médiations menées par l’Algérie depuis plus 30 ans aurait été la fin de la belligérance. L’échec est donc patent. Car l’évolution du Mali ces trois dernières décennies a été marquée par des rebellions cycliques. Pis, à ce manque de résultats est venu se greffer un sentiment de suspicion nourri par l’attitude jugée partisane du médiateur en chef en faveur de certaines parties signataires de l’Accord de 2015. Les nombreux flagrants cas de violations du texte par les groupes indépendantistes n’ont donné lieu à aucune condamnation formelle de la médiation.

Qui plus est, plusieurs sources donnent du crédit aux informations indiquant que le garant des accords offre le gîte et le couvert aux personnes dont le dessein est aux antipodes de la paix.       Que notre voisin du Nord soit à nos côtés est pourtant à inscrire dans l’ordre normal des choses. Dans sa lutte pour accéder à la souveraineté nationale et internationale, l’Algérie a été fortement soutenue par notre pays. Le président Modibo Kéïta a, en effet, ouvert les frontières du Mali aux « frères Algériens » pendant la guerre d’indépendance de ce pays. Certaines villes du Nord du Mali servaient de base arrière pour les combattants du Front de libération nationale (FLN).

Au-delà, le président Modibo Kéïta a joué en 1963 un rôle majeur de médiation lors du conflit entre le Maroc et l’Algérie. La Conférence de Bamako a notamment permis d’ordonner un cessez-le-feu entre les deux pays.   Au regard de l’ancienneté de nos relations, il est difficile de comprendre le coup de sang d’Alger. Aussi, la réaction virulente de la presse algérienne trahit une certaine condescendance vis-à-vis du Mali qui est pourtant dans son bon droit de réclamer la sincérité dans les relations entre les deux pays.

Massa SIDIBE

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