
À l’instar de l’ensemble des autres secteurs d’activité, la
presse malienne subit les contrecoups de la crise. Le ralentissement de
l’activité économique s’accompagne de la réduction des contrats publicitaires,
avec comme conséquence la baisse drastique des revenus des médias. Cette
situation se traduit par la précarité qui sévit dans les rédactions. La
floraison des organes médiatiques n’est pas pour arranger la situation. La
formule consacrée des confrères qui ont le sens de l’autodérision est : «Chaque
journaliste, un journal».
Comme si les effets de la crise économique ne suffisaient
pas, il y a aussi l’impact des réseaux sociaux et le problème de l’insécurité
qui plane sur la tête des journalistes. Le directeur du journal «Le Pays»,
Boubacar Yalcoué, pense que malgré le contexte défavorable, les professionnels
de la presse ne doivent pas baisser les bras.
Il partage aussi l’avis sur
l’urgence et la nécessité de faire le plaidoyer auprès des autorités pour
l’adoption des six textes de la presse, déposés sur la table du secrétariat général
du gouvernement. «Ces textes traitent de la refondation de la presse malienne
et mettent chaque catégorie de canal d’information à sa place», indique le
patron de presse. Il estime que l’entrée en vigueur de ces textes signera la
fin de la précarité et surtout réglera la question de l’aide à la presse
actuellement fixée à 200 millions de Fcfa.
BON VOULOIR DE L’EMPLOYEUR- Parlant des conditions de vie et
de travail des journalistes, Boubacar Yalcoué confirme que dans la plupart des
rédactions, les journalistes ne sont pas bien payés ou ne le sont pas du tout.
Beaucoup ne sont pas immatriculés à l’Institut national de prévoyance sociale.
Autrement dit, ils ne sont pas couverts par un régime de protection sociale.
Dans ces conditions, si un journaliste tombe malade, il est obligé de battre le
rappel de ses parents et connaissances pour la prise en charge des frais médicaux.
Il arrive aussi que la Maison de la presse vole au secours de nombreux confrères
malades.
Il y a des journalistes qui ne sont même pas liés à leurs
employeurs par un contrat de travail. Ainsi, tout dépend du bon vouloir de
l’employeur (le patron de presse). Notre interlocuteur déplore le fait que les
journalistes qui officient dans ces conditions écument les hôtels de la place
en quête d’évènements à couvrir pour ce qu’on appelle dans le milieu
journalistique «le communiqué final». Autrement dit le per diem ou les
indemnités que leur accordent les organisateurs de l’activité. Boubacar Yalcoué
parle de ce phénomène avec une pointe d’amertume. Il explique que c’est à cause
de l’insuffisance des ressources financières que les patrons de presse ont du
mal à faire face aux charges de fonctionnement et au paiement des salaires.
TRAVAILLER DANS L’INSÉCURITÉ- Notre interlocuteur parle
aussi de l’insécurité qui plane sur la tête des journalistes dans l’exercice de
la profession. En effet, l’insécurité liée à la menace terroriste, conjuguée à
l’instabilité politique, met en péril la sécurité des journalistes et compromet
l’accès à l’information. Cette situation est contraire aux dispositions du Code
de déontologie de la profession qui, en son article 4, stupide que «le
journaliste a droit sur toute l’étendue du territoire national et ce, sans
condition ni restriction à la sécurité de sa personne, à la protection légale
et à la sauvegarde de sa dignité».
Beaucoup s’accordent à dire que le phénomène d’insécurité
existait bien avant la Transition. La situation ne s’améliore pas. Le cas d’enlèvement
le plus récent est celui du journaliste français, Olivier Dubois. Enlevé en avril
2021, il a été détenu durant 711 jours. En plus des enlèvements, le patron du
journal Le Pays donne aussi l’exemple des agressions comme celle de Saouti
Labass Haïdara de l’Indépendant en 2012. Ce «Dieu de la plume» a été molesté et
inquiété pour sa ligne éditoriale, supposée être contre les militaires.
Que dire du cas de Boukary Daou, directeur de publication du
Républicain? Ce journaliste a été détenu au secret pour avoir publié la lettre
d’un miliaire au front. Enfin, il y a le cas de notre confrère Birama Touré qui
reste toujours introuvable depuis sa disparition en 2016. Le directeur du
journal Le Pays ne passe pas sous silence les cas des confrères agressés lors
des manifestations. Et d’autres traînés devant les unités d’enquête pour des
questions de délits de presse. à tous ceux-ci s’ajoutent des cas d’assassinat,
notamment des journalistes français Claude Verlon et Ghislaine Dupont.
La série continue, déplore Boubacar Yalcoué. Il cite à ce propos les enlèvements du journaliste et activiste connu sous le pseudonyme «Aziz ne ment pas», enlevé au nord du pays, de Issiaka Tamboura dans la zone de Mopti et de Aliou Touré à Bamako. Ces événements ont suscité l’indignation de la corporation qui interpelle l’état censé sécuriser tous les citoyens et leurs biens.
CLIMAT D’INSÉCURITÉ- Conséquence de ce climat d’insécurité
dans l’espace médiatique, dans le classement sur la liberté de la presse en
2022, réalisé par Reporters sans frontières, notre pays a perdu 12 points. Il
passe ainsi du 99è au 111è rang mondial. Pour une presse forte, l’état et les
hommes de médias ont chacun un rôle à jouer. Le résultat recherché ne peut être atteint sans le partenariat
entre les deux en toute indépendance.
Parlant de l’importance de la presse dans la société, Alexis
Kalambry du journal Mali Tribune rappelle que les médias ont joué un rôle
d’abord dans la lutte contre la colonisation, ensuite contre le régime du parti
unique. Aujourd’hui, la presse doit mener le combat pour la démocratie et la
justice sociale.
«Aujourd’hui, du fait des intérêts épars et souvent
divergents, l’engagement de la presse n’est pas unidirectionnelle et cela se
comprend, ou du moins, s’explique», analyse notre interlocuteur. Et de préciser
que la presse malienne a connu ses heures de gloire et sa plus grande victoire
a été sa contribution à l’avènement de la démocratie en mars 1991.
Malheureusement, par la suite, elle a vite été instrumentalisée, car les
politiques en ont fait juste un instrument de conquête et de conservation du
pouvoir, au lieu de lui faire de l’espace et lui donner les moyens de grandir
et de s’émanciper des différentes chapelles. Il reconnaît que la situation
actuelle de la presse n’est pas enviable. «Elle a été maintenue dans des
situations qui desservent la démocratie et l’opinion plurielle. Aujourd’hui, la
presse végète, discréditée et chargée de tous les péchés d’Israël».
Selon Alexis Kalambry, le thème de la Journée de la presse célébrée le 3
mai : «Façonner un avenir de droit : la liberté d’expression comme moteur
de tous les autres droits de l’Homme», tombe à point nommé dans le contexte
malien. En effet, la liberté de la presse, poursuit-t-il, a fait les frais de
notre contexte et de la réalité du pays. La pluralité des opinions est devenue
un délit, du coup, toutes les autres libertés et droits en pâtissent.
Dr étienne Fakaba Sissoko, professeur d’économie à la Faculté
des sciences économiques et de gestion et non moins directeur de publication de
l’hebdomadaire «Mission», rappelle que la liberté d’expression est un droit
constitutionnel, consacré par la Constitution de 1992. Ce droit s’est matérialisé
par l’existence des médias de plus en plus nombreux. D’un point de vue global,
le paysage médiatique a subi une pleine évolution depuis le 26 mars 1991 avec
l’apparition de nouveaux médias sur l’initiative des opérateurs privés ou
associatifs et l’évolution des techniques et technologies de télécommunication.
Dr étienne reconnaît que notre pays est l’un des pays où, l’essor des médias a été spectaculaire, ces dernières années. Cependant, affirme-t-il, l’existence de ces médias en nombre ne doit pas nous faire perdre de vue les difficultés qui existent depuis quelques années dans l’exercice et la pratique de la liberté d’expression. Ces difficultés sont, entre autres, les évènements violents et fâcheux, les situations contraignantes qui affectent de la façon la plus nuisible la vie de tous les citoyens dans la pratique de leur liberté d’expression.
Anne Marie KEITA
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